- Pierre de rosette
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Pierre de Rosette
La pierre de Rosette est un fragment de stèle d'origine égyptienne portant trois versions d'un même texte, dans deux langues (égyptien ancien et grec ancien) et trois systèmes d'écritures (hiéroglyphes, démotique et grec). Elle fut la pièce-clef dans le déchiffrement de l'égyptien hiéroglyphique par Jean-François Champollion en 1822.
D'une dimension de 112 par 76 centimètres (par 28 cm d'épaisseur), la pierre est en granodiorite, un matériau fréquemment assimilé à tort à du basalte ou du granite. Elle fut découverte dans le village de Rachïd (Rosette) le 15 juillet 1799 durant la campagne d'Égypte de Bonaparte.
Depuis 1802, elle est exposée au British Museum. Elle a toutefois été prêtée au Musée du Louvre dans les années 1980. Une reproduction de la pierre est actuellement présentée du 22 avril 2009 au 4 avril 2010, au Musée de la civilisation de Québec, dans le cadre de l'exposition Fascinantes momies d'Égypte.
Le texte reproduit un décret ptolémaïque de -196 reconnaissant Ptolémée V Épiphane roi de Haute et de Basse-Égypte.
Sommaire
Découverte
C'est un jeune officier du génie, Pierre-François-Xavier Bouchard, qui remarqua cette pierre noire de plus d'un mètre de haut lors de travaux de terrassement dans une ancienne forteresse turque. Cette forteresse avait été nommée Fort Jullien par Bonaparte, en hommage à son aide de camp Thomas Prosper Jullien assassiné durant l'été 1798. Lors de la capitulation de 1801, les Britanniques victorieux exigèrent la livraison des monuments antiques, dont la pierre de Rosette. Mais dès 1800, une reproduction du texte avait été envoyée en France pour y être étudiée.
L'importance de ce document fut immédiatement perçue, comme l'illustre la publication le 15 septembre 1799 dans le Courrier d'Égypte d'une relation de la découverte mentionnant : « Cette pierre offre un grand intérêt pour l'étude des caractères hiéroglyphiques, peut-être même en donnera-t-elle enfin la clef ».
Déchiffrage
Les trois inscriptions portées sur cette pierre se sont révélées être le même texte reproduit selon trois systèmes d'écritures différentes : des hiéroglyphes, du démotique et du grec. On crut, à ce moment-là, que le mystère des hiéroglyphes allait être rapidement percé.
Akerblad et Silvestre de Sacy se lancèrent dans la première tentative de déchiffrage, mais elle demeura vaine. Ce fut ensuite au tour d'un savant britannique Thomas Young de se lancer dans un travail qui sembla promis au succès. Hélas, Young ne connaissait pas le copte et peu de textes anciens. Sur les signes hiéroglyphiques pour lesquels il proposa une valeur, cinq seulement s'avéraient exacts, et il s'obstinait à lire sur la pierre de Rosette Arsinoé, alors qu'y était mentionné, en réalité, Autocrator. Si certains des signes présents dans les cartouches étaient assez simples à trouver, ce fut parce qu'ils avaient été créés pour rendre les voyelles des noms d'origine étrangère des derniers souverains (Ptolémée, Cléopâtre, Alexandre).
Jean-François Champollion, qui n'avait pas encore dix ans au moment de la découverte de la pierre, se lança très jeune dans la bataille du déchiffrage des hiéroglyphes. Il pressentit que la clé était la connaissance des textes anciens et surtout du copte, langue parlée en Égypte, et descendant de l'ancien égyptien. Un ami, l’architecte Jean-Nicolas Huyot, avait envoyé des documents à Champollion le jeune. Dans un cartouche, ce dernier repéra le signe solaire de Râ (Rê), un autre signe qu'il savait être MS et deux S : RâMSS, donc Ramsès, ce qui en même temps signifie « Rê l’a mis au monde ». Idem pour ThôtMS, Thoutmôsis. Après huit années de travail acharné, en 1822, il peut annoncer à la communauté scientifique qu'il a percé le secret. Sa méthode était bonne, puisqu'elle s'appliqua à la traduction d'autres textes hiéroglyphiques.
Texte
Le texte inscrit sur la pierre est un décret ptolémaïque énonçant les décisions prises le 27 mars -196 18e jour du deuxième mois d'hiver de l'an 9 du règne de Ptolémée V Épiphane par l'assemblée des prêtres égyptiens réunis à Memphis pour honorer Ptolémée V Épiphane et Cléopâtre Ire.
Le décret reconnaît Ptolémée V (alors âgé de 14 ans) comme étant le roi de Haute et de Basse-Égypte.
Ce type de décret a déjà existé auparavant en Égypte, car on connaît aussi le décret de Canope, où l'assemblée des prêtres égyptiens se réunit à Canope, ville voisine d'Alexandrie, en -238 (an 9 du règne de Ptolémée III Évergète), pour statuer sur des sujets relatifs à la pratique du culte et l'organisation des temples.
La partie grecque de la pierre de Rosette commence ainsi : Basileuontos tou neou kai paralabontos tén basileian para tou patros… (Le nouveau roi, ayant reçu le royaume de son père…). C'est un décret de Ptolémée V Épiphane, décrivant des impôts qu'il abrogea (dont l'un est mesuré en ardebs (grec artabai) par aroure) et instituant l'ordre d'ériger des statues dans des temples. La dernière phrase indique que ce décret devra être inscrit sur une stèle de pierre dure, dans l'écriture des mots des dieux (hiéroglyphes), l'écriture populaire (démotique) et la langue grecque.
Reproduction
Une immense reproduction (quatorze par sept mètres), sculptée dans du granite noir du Zimbabwe par Joseph Kosuth, ainsi que sa traduction en français sont accessibles au public sur la place des Écritures à Figeac.
Pièce vedette du British Museum, la pierre de Rosette est déclinée en une foule d'objets dérivés.
Bibliographie
- Robert Solé et Dominique Valbelle, La Pierre de Rosette, Éditions du Seuil (ISBN 202061197X)
Liens externes
- (en)La pierre de Rosette au British Museum
- (en)La pierre de Rosette au British Museum, sur le site consacré à l’Égypte ancienne.
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