- Armorique Au Haut Moyen Âge
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Armorique au Haut Moyen Âge
Cet article traite de l'Histoire de l'Armorique et évoque la transition, à compter du Ve siècle, de la confédération armoricaine qui s'était battue contre César, qui soumet les tribus celtes autochtones et les intègre dans la civilisation romaine, à la Bretagne.
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- La partie liée à l'antiquité est décrite dans l'article Armorique.
Chronologiquement, la période traitée est celle qui date du départ des Romains de l'île de Bretagne, jusque l'avènement du souverain Nominoë en 819. Elle est indissociable des mouvements de population qui ont lieu sur la Bretagne insulaire, compte tenu de l'apparition de Saxons également dans le domaine gallo-romain.
Sommaire
Chaos en Gaule romaine
Les Armoricains font partie de la coalition réunie par Aetius pour contrer l'avancée de l'Empire hunnique en Gaule en 451. Il semble qu'ensuite ils se structurent indépendamment de l'administration romaine. Le commandement militaire du "tractus Armoricanus et Nervicanus", de la Gironde au Pas de Calais et instauré en 380, a donc vécu ; il perd de son intérêt sous les coups de boutoir des colonnes de peuples entrant en Gaule romaine par l'est (406), le nord (Francs, puis Saxons face au comte Paul, et le sud (apparition du royaume wisigoth). Ces mêmes peuples recevant le droit de s'installer dans l'empire par foedus reçurent souvent des territoires frontaliers avec pour mission la protection des frontières.
Cependant une flotte dont le commandement est attribuée aux Britto-romains entre en confrontation avec la migration des Anglo-saxons sur l'île de Bretagne. Auparavant elle avait réglé des conflits de piraterie provenant de l'Hivernie (Eire) et des Bagaudes d'Aquitaine venus en Armorique.
En 463, Euric (roi des Wisigoths) voulut occuper les régions au nord de la Loire (dont l'Armorique) restée fidèle à Rome. Mais les wisigoths furent arrêtés par Ægidius (le magister militum des Gaules), aidé par le roi franc Childéric, père de Clovis Ier. En 469, Euric recommença ses entreprises et les Bretons, débarquant avec leur roi Riothamus sur la basse Loire, tentèrent de faire jonction à Déols avec les Francs de Childéric et du comte Paul. Mais Euric parvint à les en empêcher et les écrasa (Bataille de Déols), les rescapés Bretons parvinrent à trouver refuge chez les Burgondes.
L'Armorique connaît alors une période d'instabilité liée à l'immigration des Bretons de Grande-Bretagne et la prise de pouvoir par Syagrius de la Gaule romaine (région entre la loire et la somme). Celui-ci pris ses distances avec l'empire et se proclama roi. C'est après la victoire de Clovis à Soissons en 486, que l'ouest du royaume passe officiellement sous l'autorité du roi franc par attribution de titres par l'empereur. La région reste toutefois instable notamment de part les luttes entre les chefs locaux et les héritiers Mérovingiens qui se battirent entre eux comme l'illustre le conflit entre Clotaire Ier et son fils Chramne, allié de Childebert Ier. Chramne mobilisa une armée avec Conomor, un comte Breton, et entreprit de défier le pouvoir du roi Clotaire mais l'affaire tourna court et Chramne fut exécuté.
L'Armorique retrouva plus de tranquillité lors de l'affermissement du pouvoir central avec l'avènement des maires du palais d'Austrasie et la renaissance carolingienne.
Politiquement, la période couverte est donc du milieu du Ve siècle à l'avènement de l'empire carolingien, premier unificateur de l'Occident tombé en délitement depuis les Grandes invasions. Décrire la zone à cette époque est problématique, la migration des Britto-romains n'étant pas toujours perçue comme l'invasion d'un peuple telle que les peuples germaniques : peu de différences culturelles (culture celtique) et affaiblissement du pouvoir romain amène à une situation sans légitimation par foedus contrairement aux autres royaumes sédentarisés. Des princes apparaissent dans trois zones au moins, éventuellement nommées des royaumes.
Désignation des potentats
Au Haut Moyen Âge, l'Armorique se divisa en deux, puis trois royaumes :
- la Domnonée
- le royaume de Cornouaille
- le Bro Waroch, puis Broërec, troisième royaume, conquis et créé au VIe siècle
Par ailleurs un état breton, plus ou moins autonome, exista entre 410 et 491 autour de Blois [1].
Les liens externes supplémentaires ci-bas indiquent également des princes régnant dans la zone du futur diocèse de Léon, et une apparition précoce du comté du Poher.
Ces potentats furent réunis sous l'autorité des ducs et rois de Bretagne au IXe siècle, sous l'égide de Nominoë perçu par l'historiographie comme personnage historique fondateur du Duché de Bretagne (Nominoë ayant reçu le titre de Dux des mains de l'empereur Louis le Pieux).
Ce territoire s'érige en royaume au milieu du IXe siècle mais à peine plus de 50 ans plus tard détruit par les Vikings au début du Xe siècle.
Historiographie
- Léon Fleuriot dans Les Origines de la Bretagne est partisan d'un terme, les « Létaviens[2] », pour décrire le peuple qui occupe l'Armorique de culture latine à l'époque. Les Vénètes opposants de Jules César ont bien changé. Son point de vue n'est pas unanimement reconnu.
- Il considère également que le personnage légendaire de Ambrosius Aurelianus est Riothamus, mort au combat à Déols en se battant contre le royaume wisigoth.
- (hagiographie) À compter du XIIe siècle, Geoffroy de Monmouth en tête introduit le cycle arthurien, embrayé par des auteurs qui viennent agréger leurs écrits. Le résultat est si ancien aujourd'hui que la situation des deux îles et de la péninsule (Eire, Grande-Bretagne et Petite-Bretagne) ne peut être décrite sans tenir compte de cette légende. Le mythe concerne un royaume unique sur cet ensemble [3], unité/harmonie qui fut brisée. Or le commandement romain de la flotte abandonne la zone en ..[4]. En réalité, la construction identitaire celtique est effectivement un bloc commun, à défaut d'une unité politique au Ve siècle (voir la carte plus haut). D'ailleurs, l'Irlande a elle-aussi sa liste de souverains légendaires, qui se perd dans la brume des temps[5]. Alors que le monde antique disparaît, que la chronologie se perd jusqu'au IXe siècle au moins, que la culture des peuples se modifie compte tenu de la survenue de la civilisation germanique dans un contexte gallo-romain, on ne parle bientôt plus ni de Celtes, de Gaulois ni de Gallo-romains, mais bien de Francs, Mérovingiens puis Carolingiens. Face à eux, la mise en place de l'identité régionale bretonne tire donc fierté d'avoir préservé l'héritage celte au cours des Grandes invasions (ce qui faillit pour les royaumes insulaires face à l'heptarchie, rupture amenant une nostalgie traduite poétiquement dans le cycle arthurien).
Histoire
Chronologie
- 451 : les Armoricains font partie de la coalition d'Aetius dressée face à Attila lors de la bataille des Champs Catalauniques ou Campus Mauriacus (Troyes).
- 469 : les Armoricains alliés au domaine gallo-romain pour la bataille de Déols
Apparition de la Bretagne
Article détaillé : Liste des souverains de Bretagne#Rois de Bretagne.Évangélisation
- Avant l'arrivée des bretons, les Armoricains sont peu christianisés en dehors des villes. Les Bretons insulaires migrent et avec eux des moines, sans volonté véritable d'évangéliser l'Armorique, mais pour pourvoir aux besoins des émigrants. Six évêchés furent créés :
- À l'intérieur de la Province ecclésiastique de Tours (IIIe Lyonnaise, ancienne Armorique), création des évêchés de Nantes (IVe siècle), Rennes (IIIe siècle) et Vannes (Ve siècle) dans les chef-lieux de ces trois comtés gallo-francs, bien établis au Ve siècle.
- En Bretagne proprement dite, les pouvoirs épiscopaux auraient été exercés par les abbés-évêques, mais un « évêque des Bretons » est cité en 461 au concile de Tours.
- Création des évêchés de Léon (St-Pol) (VIe siècle), Dol (843), Alet et Cornouaille (en latin, Corisopitensis, Quimper) (Ve siècle)
- Création des évêchés de Tréguier (848) et Saint-Brieuc (Ve siècle).
- Articles : Saints bretons | Sept saints fondateurs | Diocèses de Bretagne
- Alain du Cleuziou [6] et La Borderie [7] soulignent l'importance des monastères bretons dans la reconstruction d'un pays en ruine et la constitution de la nation bretonne.
Les difficultés de l'Église bretonne
Tandis que les Bretons s'installaient en Armorique, les évêchés gallo-francs de Rennes et de Vannes sont fondés pour permettre l'évangélisation de ce qui est aujourd'hui la Haute-Bretagne. Les évêques bretons ne participèrent pas aux différents conciles de Tours. Ils ne recevaient pas davantage l'accord du siège métropolitain, avec qui ils n'étaient guère familiarisés, pour les ordinations épiscopales. L'organisation de l'Église bretonne (abbés, évêques, ordres monastiques, calendrier...) était condamnée par l'Église gallo-franque. La division reposait moins sur une divergence de confession que sur un problème de discipline. La séparation des deux Églises prenait souvent une connotation politique en raison des guerres qui opposaient les deux peuples. [8]
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Léon Fleuriot. Les Origines de la Bretagne. Paris : Payot, 1980, ISBN 2-228-12711-6
- ↑ Létaviens : dérive des Lexoviens ?
- ↑ La liste chronologique fabriquée remonte glorieusement à l'origine littéraire dans la civilisation occidentale avec Brutus de Troye : (en) List of legendary kings of Britain.
- ↑ lire Britto-romains.
- ↑ Les plus anciens de la liste sont les Fir Bolg, dans : Liste des rois suprêmes d'Irlande.
- ↑ Alain du Cleuziou, p57
- ↑ La Borderie, Histoire de Bretagne T1, p529-530
- ↑ Dom Gougaud
Liens internes
Liens externes
- (en) Rois légendaires des Bretons continentaux
- (en) Prince du Poher (légendaire)
- (en) Princes du Léon (légendaire)
- <pour les autres, lire les articles des trois royaumes, plus pérennes>
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