Philosophie punk

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Le mouvement punk a privilégié l'action et l'amour du chaos au contraire de la philosophie qui est l'amour de la sagesse. Le punk a fourni une pensée (textes de chansons, presse alternative, fanzines), un graphisme et une esthétique (Sex Pistols, The Clash, Jamie Reid, ...) et ses variantes dans le temps. Son action liée au Do it yourself est ouvertement politique, liée à la contestation de l'ordre établi, à la notion de liberté individuelle, à l'anarchisme (Crass, Jello Biafra, Bérurier Noir, etc). De nombreux auteurs comme Greil Marcus ont, après 1977, éclairés d'un jour nouveau les origines d'un mouvement qui a son importance dans la culture occidentale depuis son apparition à la fin des années 1970.

Soulignons aussi que l'idéologies punk est basé sur le concept existentialiste de l'être humain. Tout ce que l'on peut comme comportement punk est relié à la pensée de liberté sociale soutenue par les existentialistes. Par exemple l'anarchie est un acte de répréhension de la loi voulant, la liberté personnelle des individus qui agissent d'une telle sorte.

Le punk est le genre musical qui a le plus utilisé la spontanéité des slogans : « No Future » (Pas d'avenir), « Punk's Not Dead » (Le punk n'est pas mort) ; les titres des Clash comme White Riot (émeute blanche). La philosophie du punk, est d'abord l'urgence, le cri, la singularité et l'énergie voire l'émeute. Craig O'Hara a publié en 1995 un ouvrage ensuite édité en plusieurs langues, intitulé en français La philosophie du Punk, philosophie alternative qui selon lui a un bel avenir.

Sommaire

Vie et mort d'une idée neuve

« Punk's not dead »

Lester Bangs, dès 1977, déclare le punk mort. Pourtant, il est lui-même l'auteur d'un article de référence sur The Clash. Ce point de vue s'expliquerait en revenant à ce qui fonde le punk pour se faire une idée : le mot lui-même vient de l'argot cockney et signifie pourri, sale. Pour the Crobard[1]. L'épingle à nourrice, érigée en symbole du punk, est le sommet de le représentation du néant. Le punk est donc, considéré sous cet angle, associé à une symbolique du néant, nihiliste au point de nier sa propre existence : en toute logique, s'il ne peut exister, il est mort à l'avance. Or, avec son explosion médiatique en 1977, le punk a nécessairement existé, ce qui aurait provoqué sa mort. En un sens, le punk est le néant : il porte un nom, mais n'existe pas tangiblement. Il est donc mort mais existe quand même.

Punk is dead est aussi le titre d'une chanson de Crass, sur l'album The Feeding Of The 5000 (1978), où le groupe reproche au punk d'être devenu une mode, notamment en s'en prenant à la tournure qu'a prise The Clash à cette époque (signature avec une grosse maisons de disque), alors que son principe premier tenait justement dans son indépendance vis-à-vis de l'establishment. En ce sens, on peut parler aujourd'hui d'une résurrection du punk, la mode commerciale étant passé et le mouvement se faisant toujours actif de façon souterraine (underground) en Europe. Le punk n'est en principe pas égo-centré : il ne s'intéresse pas à la question, de savoir s'il est punk ou pas, mais se concentre sur son action, qui est plus importante que le fait d'exister ou non. L'idée est que « punk » ne soit pas une simple étiquette, mais bel et bien un mouvement actif, une attitude dont le but n'est pas de s'afficher en tant que punk, mais d'agir pour des causes qui touchent à cœur ceux qui participent au mouvement. On peut citer les chansons militantes du groupe Brigada Flores Magon, dont les membres appartiennent à la mouvance anarchiste, notamment Banlieue rouge 2[2] À l'origine, se reconnaître dans l'énergie et l'appel d'air créé par le mouvement était un acte singulier et original à part entière, une façon de marquer une différence fondamentale avec la société, un choix (parfois quasi-aristocratique) de la singularité et du décalage, voire d'une certaine marginalité assumée.

Nihilisme vs. avenir

À l'origine, les punks, qui baignent dans la fin des illusions hippies des années 1970, sont souvent des individus créatifs qui redoublent d'énergie devant la vision très négative du monde et de l'avenir, l'ennui et l'asphyxie qui se présente à la jeunesse. Alors que le Disco est dominant, ils vivent l'amusement frivole comme une tromperie ringarde et se tournent vers une autre musique brute et rebelle, expression du désœuvrement moral de la jeunesse. Beaucoup plongent dans la drogue, le refus de tout, la musique non-conventionnelle, etc. C'est aussi par esprit de révolte contre un système qui ne leur offrait pas cet avenir que les Sex Pistols lancèrent le « No Future », appelant à la révolte contre l'ordre établi et la morale bourgeoise. Un membre de Métal Urbain a écrit qu'à cette époque, le monde n'était pas en couleurs mais en noir et blanc.

Ce discours, souvent à l'origine extrêmement sombre et pour certains tourné vers l'auto-destruction cohabite avec l'ambiance fun et destroy, des concerts et une certaine insouciance alcoolisée à la bière qui règne souvent dans les concerts. Dès le début des années 1980, une nouvelle forme de révolte prend la place : beaucoup de groupes punk se politisent et abandonnent le nihilisme des débuts on se bat pour avoir un avenir, on lutte pour le droit des femmes, contre le racisme, etc. Il ne s'agit plus de se shooter pour se couper d'un monde dégueulasse, on agit pour l'améliorer. Au désespoir des premiers temps a succédé l'espoir d'un autre monde. C'est notamment ce que portent les Bérurier Noir, dénonçant l'état du monde, l'égoïsme des hommes, et militant en musique pour un monde plus noble, plus libre, d'où seraient éradiqués racisme, sexisme, pollution, guerres, etc.

Le cynisme punk

Figure de Diogène de Sinope, philosophie cynique.

On considère souvent les punks comme les héritiers du cynisme diogénien et du nihilisme. Les cyniques plaçaient comme valeur première l'auto-suffisance, c'est-à-dire le fait de savoir se contenter du minimum sans accorder d'importances aux luxes superflus. On retrouve ce principe dans l'idéal d'autogestion des punks. Un autre point commun est l'aspect populaire de ces deux courants. Le cynisme était considéré comme « la voie la plus courte vers la philosophie », parce qu'il était censé permettre de devenir sage sans passer par de longues études à l'académie, au portique, au lycée ou autre. De la même manière, le mouvement punk (souvent porté par des fils de la bourgeoisie qui ont étudié dans les écoles d'art anglaises) s'appuie peu à peu avec la multiplication spontanée des groupes, sur une base populaire, à commencer par les milieux ouvriers, et propose un mode de vie se voulant cohérent sans requérir des dispositions intellectuelles élevées. Le punk reprend aussi certains aspects de la philosophie de Nietzsche, méprisant les conventions sociales, l'ordre établi, la hiérarchie, ironisant sur la valeur de la vie sans avenir (le punk a été appelé "Dole queue rock", c'est-à-dire rock des files d'attentes de chômeurs) ou par la suite sur l'état désastreux du monde.

Dans les années 1990 avec le rock alternatif (descendant naturel du punk), l'idée de solidarité est souvent associés aux punks; on trouve un exemple de cette solidarité dans la chanson Kan Ar Kann[3] reprise par Hexazone. Cette solidarité est nécessaire pour affronter les problèmes dont ils sont victimes[4], d'autre part, comme le souligne le titre de l'album de Didier Super, « mieux vaut en rire que s'en foutre ».

Art punk : un art de vivre ?

La symbolique visuelle comporte souvent des images associées à la mort, à la violence, à la destruction[5] : en vérité, les punks ne sont pas tournés vers le morbide pour lui-même. C'est dans une interprétation nihiliste du cynisme que le punk trouve le recul nécessaire à ne pas percevoir la mort comme un désir, mais comme un sujet de rire. Ce n'est donc pas une symbolique de mort mais une symbolique de néant qui est construite, la mort étant l'image suprême du néant pour l'humain. Le punk se construisant le plus souvent en dehors de la religion ou faisant lui-même office de religion[6], la mort est perçue comme inconnue, étrangère à l'humain, ainsi que l'explique Épicure, et sa représentation dans l'art punk est le signe d'un amusement face à la mort, avec laquelle est parfois engagé une sorte de flirt à travers la consommation de drogues ou d'alcool.

La représentation ou la symbolisation graphique du chaos, quant à elle, renvoie à sa représentation musicale qu'est la musique punk originelle : les Sex Pistols, mais aussi les Damned, ont créé, musicalement et visuellement, une représentation du chaos ; que ce soit par des chansons considérées comme brutales ou par la célèbre photo des Damned[7] couverts de crème de rasage, ou la pochette[8] de Nevermind the bollocks des Sex Pistols.

L'aspect noir de la tragédie sociale et la flamboyance éclatée

Certains (Lou Reed, Sid Vicious, Joey Ramone ou même Daniel Darc) ont rejoué dans le Punk la vieille "suicidal tendency" du jeu avec la mort et du chaos comme les icônes du passé (James Dean, Brian Jones...) et de nombreux rockeurs, survivants ou non, de l'histoire du rock'n'roll. Avec ou sans drugs mais de préference avec. C'est ce que The Crobard[1] définit pour la défonce, «  D comme Défonce : parce qu'un mouvement dont l'un des leaders se présente sur scène avec un pansement fraîchement posé au pli du coude ne peut nier ses origines, parce que la certitude du No Future ôte beaucoup de ces limites qu'impose un système et permet l'expérimentation de soi et ses propres limites - voire de leur dépassement -, parce que flirter avec la mort possède un délicieux parfum de j'm'en-foutisme, et puis, parce que simplement... c'est bon. » A l'époque de la bombe, des mass-médias, de la servitude mondialisée devant les stock-options et l'actionnariat boursier et des accidents nucléaires : pulsion de vie et de mort se rejoignent chez les punks comme dans le reste du corps social. L'esthétique punk est souvent la marque d'une volonté d'éclatement des codes et des formes traditionnelles du rock dépassées, de détruire ( pour recréer), de déconstruire, et/ou de sublimer un monde dont la structure sociale sclérosée, d'après les punks, opprime l'humain et ou la Paix et le bien-vivre sont exclus de l'ambiance dominante.

L'accélération du tempo et le thème du collage, les vêtements déchirés, le noir et blanc, les cheveux verts, l'éclatement visuel et sonore, la déflagration, une certaine fascination passagère (il ne faut pas oublier n'est souvent qu'un passage) pour le néant, le vide, le lettraset font partie de l'esthétique punk 1977. Mais aussi la flamboyance et l'outrage (Look du Bromley Contingent, groupe de fan suiveurs des Pistols avec Siouxsie Sioux)

After-punk,Néo Punk, Skate Punk etc

L'esprit punk presque dadaïste de contestation de l'ordre établi (musical et social) et de créativité adolescente brute (cf « art brut ») a très souvent cédé la place à des démarches de « suivisme » ou d'argument commercial par certains groupes et par presque toutes les maisons de disques de la planète. Dés 1982, le groupe The Exploited et son look « à crête », assimile le look punk à un look presque banal que l'on retrouve vite sur les cartes postales de Londres. .

Avec le mouvement Néo punk, plus récent, des groupes soutenus par de grandes maisons de disques ou par des groupes comme Sum 41, Blink-182 font leur apparition. Un nouveau sous-genre, plus commercial, fait donc son apparition : le Skate punk. Ainsi, à la fin des années 1990, le punk s'est réduit à un aspect « fun », insistant plus sur l'aspect musical et d'apparence, plutôt qu'idéologique. Le punk rock plus récent devient une musique pour les adolescents, et n'est presque plus un mouvement contestataire.

Cependant, quelques labels obscurs comme Crash Disques ou FZM en France et quelques groupes plus subversifs entretiennent toujours la flamme et l'esprit du punk alternatif et militant, qui s'est diffusée dans d'autres domaines artistiques (fanzine) ou sociaux (les squatts, l'antispécisme).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Craig O'Hara, The Philosophy of Punk, AK Press, Edimbourg, 1992 (ISBN 1873176163) ; (fr) Craig O'Hara, La Philosophy du Punk, Rytrut, St Mury-Monteymond, 2003 (ISBN 2952008302) [1]
  • Pierre Mikaïloff "Some clichés" L'Harmattan 2005
  • Patrick Eudeline "Gonzo"
  • The Crobard : Les punks, petit précis d'ethnologie urbaine, Éditions K-inite, 2004, (ISBN 2-91555-104-9)
  • Punk-Rawk (magazine) no 32: interview de Fat Mike (NOFX) apportant des éclairages sur la conception positive de la déconne dans le punk, Juillet 2006, (ISSN 1631-1450)
  • Punk-Rawk no 22: Interview des Bérurier Noir et dossier sur le label FZM, montrant l'importance du mouvement punk en France dès les années 1980, Janvier 2006, (ISSN 1631-1450)

Articles connexes


Notes et références

  1. a  et b Le Punk pour les nuls
  2. Écouter la chanson: Banlieue rouge 2 par la Brigada Flores Magon
  3. Écouter la chanson: Kan Ar Kann par Heaxazone
  4. On trouve cette idée dans certains titres engagés, tels Pour ma classe de la Brigada Flores Magon : ce n'est pas pour un individu en particulier que l'on lutte, mais bien pour un groupe, ici la classe.
  5. Voir le logo de la Brigada Flores Magon, qui comporte deux angelots à tête de mort.
  6. Il existe des groupes de punk chrétien, tels MxPx, qui trouvent paradoxalement leur bonheur dans une certaine interprétation du punk.
  7. Voir la photo des Damned
  8. Voir la pochette de Never mind the bollocks
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