Pays d'al-Andalûs

Pays d'al-Andalûs

Al-Andalus

Histoire d'al-Andalus
Gazelle sur une poterie à l'Alhambra
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711 - 756 La Conquête

756 - 1031 Les Omeyyades de Cordoue


1031-1086 Les Taïfas


1086-1147 Les Almoravides


1147-1226 Les Almohades


1238 - 1492 Le royaume de Grenade


Reconquista
Thèmes connexes
Souverains d'al-Andalus
Sciences et techniques
Cartes d'al-Andalus

Al-Andalus ( الأندلس en arabe) est le terme qui désigne l'ensemble des terres de la péninsule Ibérique et de la Septimanie qui furent à un moment donné sous domination musulmane au Moyen Âge (711-1492)[1],[2],[3],[4].

La conquête et la colonisation du pays par les musulmans fut aussi rapide qu'imprévue et correspondit avec l'essor du monde musulman. Al-Andalus devint alors un foyer de haute culture au sein de l'Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et d'où a résulté l'un des plus riches épanouissements culturels qu'ait connus l'histoire des civilisations[5],[6].

Sommaire

Étymologie

Histoire

La conquête de l'Espagne et de la Septimanie

Article détaillé : Conquête musulmane de l'Hispanie.

L'Afrique du Nord à peine conquise, le gouverneur Mûsâ eut l'idée de détourner vers l'extérieur les guerriers berbères en qui il n'avait pas une grande confiance. En 711, il envoie donc, sous le commandement du général Târiq ibn Ziyad, environ 12 000 soldats, dont une majorité de berbères[7], franchir le détroit de Gibraltar - qui tire son nom de Târiq lui-même (« djebel al tariq » signifie en arabe « montagne de Tariq ») - et conquérir l'Espagne, alors en proie aux divisions. L'écrasement imprévu du roi wisigoth Rodrigue à la bataille de Guadalete (juillet) amène Mûsâ, malgré les réticences du calife, à passer lui-même en Espagne. Il fait la jonction avec Tarîq et entre avec lui à Tolède.

Drapeau historique d'al-Andalus

La faiblesse du parti wisigothique mené par le prétendant Akhila, qui avait d'ailleurs appelé Mûsâ à l'aide contre Rodrigue, permit aux musulmans de s'installer durablement, une prise de possession facilitée d'ailleurs par les voies romaines et des accords avec les chefs locaux. En 713, Mûsâ a déjà dépassé Saragosse. Mais en 714 Târiq et lui sont appelés à Damas pour enquête. Le nouvel émir al-Hurr poursuit de 716 à 719 la conquête et parvient jusqu'aux Pyrénées, détruisant Tarragone et occupant Barcelone. Ses successeurs iront même au-delà des Pyrénées, vers la Septimanie wisigothique, d'où ils lanceront des expéditions vers le Nord.

En 719 la Septimanie est conquise et Narbonne devient sous le nom d'Arbûna le siège d'un wâli pendant quarante ans, la capitale d'une des cinq provinces d'al-Andalus, aux cotés de Cordoue, Tolède, Mérida et Saragosse. Les musulmans laissèrent aux anciens habitants, chrétiens et juifs, la liberté de professer leur religion moyennant tribut[8]. En 759 Narbonne est reprise par Pépin le Bref et les musulmans chassés de la Gaule.

L'arrêt de la conquête musulmane en Occident s'explique certes par la contre-attaque des Francs[réf. nécessaire], mais surtout par l'insurrection berbère au Maghreb, appuyée sur le kharidjisme (740). Les Berbères d'Espagne se soulèvent eux aussi, formant plusieurs colonnes qui menacent Cordoue et Tolède. Face à ce péril, les Arabes, peu nombreux, n'étaient pas unis : une opposition traditionnelle existait entre Kaisites (bédouins nomades de l'Arabie du nord et du centre) et Kalbites (cultivateurs sédentaires originaires du Yémen). La révolte berbère fut malgré tout matée par le Kaisite Baldj, avec quelques milliers de Syriens qui avaient été évacués de Ceuta assiégée, et qui restèrent finalement en Espagne.

Les troubles internes

La période suivante est marquée par la succession de 21 gouverneurs, de 711 à 726, qui prennent de plus en plus d'indépendance par rapport au califat de Damas. À partir de 720 les conflits internes s'aggravent alors que la tendance Kaisite l'emporte. En 739 une grande révolte des Berbères éclate dans le Maghreb occidental et se répercute en Espagne. D'abord victorieux à Cordoue, ils seront vaincus et doivent quitter la péninsule. La guerre civile perdurera pendant une quinzaine d'années.

Le renversement des Omeyyades par les Abbassides a pour conséquence l'émancipation de l'Espagne : Abd al-Rahmân, petit-fils du dernier calife omeyyade, se réfugie en Afrique du Nord, parmi les tribus berbères dont sa mère est issue. Son affranchi Badr lui ayant obtenu le ralliement des Syriens et d'une partie des Kalbites d'Espagne, il passe dans ce pays et s'empare de Cordoue en 756, où il se proclame émir.

L'émirat de Cordoue

L'émirat doit lutter aussi bien contre les Berbères que contre divers chefs arabes. Deux d'entre eux, les gouverneurs de Barcelone (Sulayman ben Yaqzan ibn al-Arabi) et de Saragosse, provoquent même l'intervention de Charlemagne (778 : épisode de Roncevaux)[réf. nécessaire]. Juste avant sa mort, Abd al-Rahmân avait fait construire une partie de la Grande mosquée de Cordoue (785-788). Après la mort d'Abd al-Rahmân Ier (788), ses descendants réussissent à consolider sa dynastie.

Le califat omeyyade de Cordoue (929-1031)

Article détaillé : Califat de Cordoue.
La péninsule Ibérique de 925 à 929.

L'émirat est alors si florissant qu'il ambitionne le titre de califat. C'est Abd al-Rahman III (912-961) qui en 929 se coupe de Bagdad et se proclame calife du troisième califat du monde musulman (avec celui abbasside sunnite de Bagdad qui existe depuis 750, et celui fatimide chiite instauré en Égypte en 909). C'est l'apogée d'al-Andalus. Son fils Al-Hakam II (962-976) possède la plus grande bibliothèque de son temps et encourage les arts et les lettres.

L'expansion du califat de Cordoue sous Almanzor (977-1002).

À sa mort, son fils Hisham II n'a que 11 ans. Sa régence est assurée par le vizir Ibn Abi Amir qui s'efforcera de réorganiser le califat pour prendre le pouvoir. Il est surnommé Almanzor (le victorieux). Il attaque le royaume chrétien de Leon et détruit Saint-Jacques-de-Compostelle en 997. Il essayera d'imposer la dynastie des Amirides ce qui cause une guerre civile avec les légitimistes. En 1010 Cordoue est incendiée et en 1031 les possessions musulmanes explosent en une vingtaine de taïfas (en espagnol : bande, faction)

L'époque des taïfas (1031-1086)

Article détaillé : Époque des taifas.
Carte historique de la péninsule Ibérique présentant l'époque des taïfas et les petits royaumes chrétiens émergents.

Dans chaque taïfa, les rois encouragent l'administration, l'économie et la culture. C'est une période de concurrence et d'entrainement mutuel. Au fur et à mesure les taïfas les plus faibles sont absorbés par les autres. Les troubles facilitent la Reconquista par les rois chrétiens et les Berbères sont de nouveau appelés. Ils débarquent en 1086, dirigés par les Almoravides

Les Almoravides et les Almohades (1086-)

Articles détaillés : Conquête almoravide et Conquête des Almohades.
Expansion des Almoravides au Maghreb et al-Andalus.

Les Almoravides rétablissent l'unité politique de l'Espagne musulmane et freinent la Reconquista. Ils sont renversés par les Almohades en 1147. En 1212 l'armée almohade est battue à Las Navas de Tolosa.

Les royaumes chrétiens face à la conquête almohade (1210).

Le royaume de Grenade (1238-1492)

Article détaillé : Royaume de Grenade.

Le royaume de Grenade a été le dernier État musulman en Espagne.

Bien que militairement relativement faible, il a connu un grand essor culturel et architectural.

Il prend fin en 1492, à la suite de la conquête de Grenade par les Rois Catholiques d'Espagne. Ce qui a permis l'achèvement du mouvement de Reconquista et a mis fin à la présence arabo-musulmane dans la péninsule Ibérique.

La culture et les sciences

La diversité religieuse

L'Espagne musulmane

L'islam sunnite a été la religion officielle de l'Espagne musulmane de la conquête en 711 jusqu'à la chute du royaume de Grenade en 1492. Les autres religions du Livre furent acceptées avec, toutefois, des périodes de répression.

La présence chrétienne

Avant les années 1200, l'al-Andalus était essentiellement sous domination musulmane. Lorsque les chrétiens commencèrent à s'unir pour repousser les musulmans installés depuis les années 720, la région était dirigée par un calife, le calife de Cordoue. Plus tard, la Reconquista, reconquête chrétienne, commença, et finit après la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, victoire catholique, aux portes de Grenade.

En 1237, en pleine déroute, un chef musulman nasride prend possession de Grenade et fonde le royaume de Grenade, reconnu vassal par la Castille en 1246 et qui devait ainsi lui payer un tribut. De temps en temps, éclataient des conflits par le refus de payer et qui se terminaient par un nouvel équilibre entre l'émirat maure et le royaume chrétien. En 1483, Muhammad XII devient émir, dépossédant son père, événement qui déclencha les guerres de Grenade. Un nouvel accord avec la Castille, provoqua une rébellion dans la famille de l'émir et la région de Málaga se sépara de l'émirat. Málaga fut pris par la Castille et ses 15 000 habitants furent faits prisonniers ce qui effraya Muhammad.

Ce dernier, pressé par la population affamée et devant la suprématie des Rois Catholiques, qui avaient même de l'artillerie, capitule le 2 janvier 1492, terminant ainsi onze ans d'hostilité pour Grenade et sept siècles de présence du pouvoir islamique en Espagne. La présence de populations musulmanes ne prit fin qu'en 1609, lorsqu'elles furent totalement expulsées d'Espagne par Philippe III.

Les juifs

Article détaillé : Séfarade.

Notes

  1. "Los arabes y musulmanes de la Edad Media aplicaron el nombre de al-andalus a todas aquellas tierras que habian formado parte del reino visigodo : la Peninsula Ibérica y la Septimania ultrapirenaica."("Les Arabes et les musulmans du Moyen-Age ont appliqué le nom de al-Andalus à toutes les terres qui faisaient auparavant partie du royaume wisigoth: la péninsule ibérique et la Septimanie"), Eloy Benito Ruano, Tópicos y realidades de la Edad Media, Real Academia de la Historia, 2000, p.79
  2. "Para los autores árabes medievales, el término al-Andalus designa la totalidad de las zonas conquistadas - siquiera temporalmente - por tropas arabo-musulmanas en territorios actualmente pertenecientes a Portugal, Espana y Francia" ("Pour les auteurs arabes du Moyen-Âge le terme al-Andalus sert à désigner toutes les zones conquises - même temporairement - par les troupes arabo-musulmanes dans des territoires appartenant aujourd'hui au Portugal, à l'Espagne et à la France"), José Ángel García de Cortázar, V Semana de Estudios Medievales: Nájera, 1 al 5 de agosto de 1994, Gobierno de La Rioja, Instituto de Estudios Riojanos, 1995, p.52
  3. "la Narbonnaise (ou Septimanie) fut considérée comme incluse dans les limites d'al-Andalus", François Clément, « La province arabe de Narbonne au VIIIe siècle » in Histoire de l'islam et des musulmans en France, Albin Michel, 2006, p.18
  4. "Narbonne continuera d'occuper une place importante chez les auteurs arabes du Moyen-Âge qui y voient l'une des limites de la Péninsule ibérique : ainsi Ahmad al-Râzî écrit-il qu'al-Andalus a la forme d'un triangle et que le second de ses angles se trouve dans la partie orientale d'al-Andalus, entre la ville de Narbonne et celle de Barcelone", Philippe Sénac, Les Carolingiens et al-Andalus, Maisonneuve et Larose, 2002, p.40
  5. "Le mécénat des califes, émirs et gouverneurs est un des facteurs qui expliquent une civilisation aussi brillante. Il en résulte une valorisation des travaux de l'esprit et l'un des plus riches épanouissements culturels qu'ait connus l'histoire des civilisations. Un véritable enthousiasme intellectuel fait que l'on poursuit toutes les formes du savoir : l'histoire, la géographie, la philosophie, la médecine, les mathématiques", Anne-Marie Delcambre, L'Islam, La Découverte, 2004, p.48
  6. "La plupart des chrétiens qui cherchaient à s'instruire, surtout en médecine, se rendaient dans leurs école. Gerbert, archevêque de Reims, l'un des grands hommes du siècle, et qui devint pape sous le nom de Sylvestre II, avait fait ses études à Cordoue", Georges Cuvier, Histoire des sciences naturelles, Fortin, Masson et cie, 1841, t. 1, p. 396
  7. Guichard 2000, p. 22.
  8. Philippe Sénac, « Présence musulmane en Languedoc » in Islam et chrétiens du Midi, Cahier de Fanjeaux, n°18, 2000, p.50-51

Voir aussi

Bibliographie

  • Thomas F. Glick, Cristianos y musulmanes en la España medieval (711-1250), Alianza Editorial, Madrid, 1991.
  • Évariste Lévi-Provençal, Histore de l'Espagne musulmane, 3 vol., Maisonneuve et Larose, Paris, 1967.
  • Pierre Guichard, Al-Andalus, 711-1492 : Une histoire de l'Espagne musulmane, Hachette Littératures, coll. « Pluriel », 2000 (ISBN 2012790308) 
  • Rachel Arié, L'Espagne musulmane au temps des Nasrides, 1232-1492, E. de Boccard, Paris, 1973
  • Ignacio Olagüe, les arabes n'ont jamais envahi l'Espagne, Paris, Flammarion, 1969
  • Brigitte Foulon et Emmnuelle Tixier du Mesnil Al Andalous (Anthologie) Garnier-Flammarion 2008

Articles connexes

Liens externes

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