- Las Navas de Tolosa
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Bataille de Las Navas de Tolosa
Pour les articles homonymes, voir Navas.bataille de Las Navas de Tolosa
Peinture à l’huile du XIXe siècle, de F.P van Halen, exposée au palais du Sénat à Madrid. Informations générales Date 16 juillet 1212 Lieu lieu-dit Castillo de la cuesta (de nos jours Castro Ferral province de Jaén - Espagne) Issue déroute Almohade Belligérants almohades, Al-Andalus coalition générale des rois ibériques chrétiens Commandants Muhammad an-Nâsir Alphonse VIII de Castille, Pierre II d'Aragon, Alphonse IX de León, Sanche VII de Navarre Forces en présence 200 000 4 fois 50 000 Pertes supérieures à 100 000 quelques milliers Notes morcèlement de l'Espagne musulmane en Taïfas autonomes reconquista La bataille de Las Navas de Tolosa, ou Hisn al-Iqab, se déroula au lieu-dit Castillo de la cuesta (de nos jours Castro Ferral, dans la province de Jaén, en Espagne) le lundi 16 juillet 1212, entre, d'une part, des troupes sous commandement de Muhammad an-Nâsir de la dynastie des Almohades et, d'autre part, une coalition de circonstance, moins nombreuse mais plus aguerrie, de plusieurs États chrétiens de la péninsule ibérique.
Sommaire
Les faits
Depuis que les Almohades ont unifié en 1147 la quasi totalité du Maghreb et de l'Espagne du Sud, la reconquête du territoire par les chrétiens se fait plus difficile.
À partir de 1172, les attaques almohades contre les frontières chrétiennes s’intensifient. Dès lors, guerres et trêves se succèdent entre musulmans et chrétiens. Les Castillans remportent une grande victoire avec l’occupation de Cuenca en 1177, mais ils sont écrasés à Alarcos en 1195. L’offensive almohade anéantit le système de défense que les ordres militaires d’Alcántara, de Santiago et de Calatrava ont établis dans la Manche. Désormais, devant la fougue guerrière des Almohades, l'union des princes ibériques paraît indispensable.
Entre 1206 et 1209, Rodrigo Jiménez de Rada (archevêque de Tolède entre 1208 et 1247), chroniqueur de cette bataille, réussit à rétablir la paix entre les rois chrétiens au traité de Guadalajara. Il obtient du pape Innocent III (pape de 1198 à 1216) qu'il décrète une croisade contre les Almohades, avec les mêmes indulgences pour les croisés que celles accordées aux combattants en Terre Sainte.
Alphonse VIII préparait la revanche d'Alarcos en appelant au secours tous les souverains d'Espagne, le roi du Portugal, les chevaliers et aventuriers accouraient de toute l'Europe[1].Situation stratégique
Les croisés se rassemblent, fin mai, à Tolède, ville symbole de la Reconquista. Il y a là :
- 60 000 Castillans, conduits par Alphonse VIII le Grand (1155-roi 1158-1214),
- 50 000 Aragonais et Catalans, emmenés par Pierre II (1148-comte-roi 1196-1213),
- 50 000 vassaux d’Alphonse IX (1171-roi 1188-1230),
et plus de 60 000 Francos avec les prélats de Narbonne, Bordeaux et Nantes.
L'armée s'ébranle dans la chaleur du mois de juin et fait route vers le sud. Calatrava, importante cité, qui commande l'accès vers l'Andalousie, est bientôt conquise : sa perte est un grand désastre pour les musulmans. Son défenseur, Yusuf ben Kadis, est exécuté par le IVe calife Muhammad an-Nâsir (vers 1168-calife 1199-1213), connu sous le nom de Miramamolin, pour avoir échoué.
Cette victoire provoque la défection de la plupart des croisés non ibériques, qui s'estiment quittes de leur vœu de croisade, à l’exception de ceux qui ont suivi le légat du pape et archevêque de Narbonne, Arnaud Amaury (1150-1225), le chef spirituel d'une autre croisade, celle contre les Albigeois en Languedoc. De plus, ces soldats fanatiques[non neutre] ne comprennent pas que le roi de Castille épargne les populations musulmanes : sa tolérance les irrite. Car pour Alphonse VIII, ce sont des nouveaux sujets qu'il s'agit avant tout de ménager.
Le prince Yaqub ben Yusuf, fils du calife Muhammad an-Nâsir, inquiet des mouvements et des victoires récentes des chrétiens, quitte précipitamment l'actuel Maroc à la tête de ses guerriers berbères et arabes, et s’empare de la forteresse de Salvatierra que tenaient les chrétiens. Le 24 juin 1212, l’armée chrétienne quitte Tolède.
C'est une armée essentiellement espagnole qui marche contre le prince des Almohades. Car après la victoire de Calatrava, Sanche VII le Fort, roi de Navarre (1152-roi 1172-1221), rejoint l'Ost.
La traversée de la Sierra Morena, par des sentiers détournés que ne surveillent pas les Maures, est pénible et périlleuse. Un berger indiqua aux chrétiens un chemin pour éviter le défilé dans la Sierra Morena. Cela leur permit de s'installer sur un plateau (dit du roi).
Arrivés le vendredi 13 juillet, à 9 km au nord-ouest du petit village de Las Navas de Tolosa, au pied de la Sierra Morena, dans l'actuelle province de Ciudad Real, au creux d'une de ces larges vallées aux pentes douces (que les Castillans appellent nava et les Arabes al-Iqab), les croisés aperçoivent enfin l'immense armée almohade.
Le porte-drapeau du roi de Navarre, Diego López de Haro, est monté jusqu’au « puerto de la Losa » accompagné par le berger du lieu qui connaissait bien le terrain. Depuis ce lieu il a pu observer l’emplacement des troupes musulmanes, ce qui a grandement favorisé les troupes chrétiennes.
Sur le site de Las Navas, le prince Yaqub ben Yusuf avait eu le temps d'en exploiter au mieux les ressources. Ses troupes, fortes de 200 000 hommes environ, sont disposées en deux ailes de cavalerie formées de volontaires berbères et de contingents andalous, de part et d'autre des troupes régulières Almohades. Celles-ci occupent un tertre, où est dressée la tente du prince, elles regroupent des abids, esclaves armés de longs javelots, qui constituent la garde spéciale du chef, et des archers, qui, de cette position, se préparent à accueillir la cavalerie chrétienne. La position est renforcée de pieux soutenant de lourdes chaines, le tout constituant une muraille de circonstance mais solide.
Face à eux, l'emplacement choisi par les chrétiens est un peu moins favorable, un plateau, qui s'élève de la plaine. Les Castillans et les Ordres Militaires formaient le centre flanqués à droite par les Navarrais et les milices urbaines d’Avila, de Ségovie et de Medina del Campo, et à gauche par les Aragonais.
Pendant le samedi et dimanche se produisent de nombreuses escarmouches.
Déroulement
Après s'être confessés et avoir reçu la communion, les chrétiens lancent l'offensive à l'aube du lundi 16 juillet 1212.
L'assaut commence très mal pour les forces de la Reconquista. Tandis que les flèches lancées depuis le fortin où se trouvent les musulmans font des ravages, la cavalerie légère des Berbères et des Andalous enveloppent les ailes des chrétiens. Le risque est grand et plusieurs corps de bataille commencent à se débander.
Mais, avec des cavaliers d'élite, le roi de Castille et l'archevêque de Tolède prennent alors la tête d'une charge furieuse qui enfonce le centre des Berbères. Les rois d'Aragon et Navarre, voyant ce fait, chargent à leur tour sur les flancs droit et gauche des troupes musulmanes.
Les chrétiens parviennent jusqu'au retranchement des archers maures. À ce moment, les troupes musulmanes, décontenancées, lâchent pied et fuient en désordre. Enhardis par ce succès, les chrétiens se lancent à leur poursuite. Le prince almohade lui-même s'échappe avec sa garde personnelle, et la fuite de leur chef accentue la panique des soldats musulmans, qui sont littéralement massacrés.
Sur le champ de bataille où gisent d'innombrables cadavres, les croisés se rassemblent et, menés par l'archevêque de Tolède, entament un Te Deum pour rendre grâces à Dieu de cette victoire qui a bénéficié de l'intervention de Notre-Dame de Rocamadour.
Yaqub ben Yusuf a le temps de se replier sur Baeza, mais il est contraint à nouveau de quitter cette ville pour regagner le Maroc, lorsque Alphonse VIII, poursuivant son avance, attaque Baeza et s'en saisit.
La fuite précipité de Yaqub ben Yusuf, permit aux chrétiens de récupérer un immense butin de guerre. De ce butin on a conservé le Pendon, un Étendard musulman, dont le motif en étoile reprend les exhortations des enluminures figurant sur les exemplaires du Coran de l'époque. Il est actuellement exposé au Monastère de Santa Maria de las Huelgas Reales, à Burgos.
Conséquences
La bataille de Las Navas de Tolosa n'a pas de conséquences immédiates importantes, à l'exception des raids sur Baeza et la haute vallée du Guadalquivir (de l’arabe wâdî al-Kebir - la rivière Grande.) Le château de Calatrava la Nueva, près d’Almagro, a été construit par l’Ordre de Calatrava, en utilisant des prisonniers musulmans de la bataille des Navas de Tolosa, entre 1213 et 1217.
Mais, à plus long terme, elle ouvre la voie à la conquête de la majeure partie du sud de l'Espagne en cassant le mythe de l'invincibilité des Almohades, et, ainsi, brisant leur férule sur la péninsule ibérique. L'union réussie par le père et le grand père de Muhammad an-Nasir n'est plus, l'empire Almohade se morcèle en plusieurs royaumes, les Taïfas, dans la péninsule ibérique.
C'en est fini de l'unité à tel point que l'une de ces entités, le futur émirat de Grenade, signe un accord de vassalité avec les Castillans, ce qui le préserve pour longtemps encore et laisse les mains libres aux espagnols pour engranger les bienfaits de cette victoire sous forme de territoires conquis ; la Frontera nouvelle se stabilise pour les deux siècles à venir, elle sera militarisée car non pacifiée tout du long.
Après une trêve d’une dizaine d’années, l’expansion chrétienne reprend : Cordoue tombe en 1236, Séville en 1248, Cadiz en 1261.
La légende raconte que le roi Sanche de Navarre a traversé la dernière défense, avec une troupe choisie spécialement pour sa bravoure, et a cassé les chaînes qui entouraient les réserves de Yaqub ben Yusuf.
En mémoire de son geste, le roi de Navarre aurait incorporé les chaînes à son blason et qui apparaissent de même dans le quart inférieur droit des armes d'Espagne.
La recherche historique penche plutôt pour une évolution d'un écu à rais d'escarboucle vers l'écu actuel, mais la légende est belle.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean Watelet compte cette bataille parmi Les Batailles Les Plus Sanglantes De L'histoire (ed. famot, 1977)
Liens externes
Notes
- ↑ Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord. Des origines à 1830, éd. Payot, Paris, 1966, p. 117
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