Paul Kérès

Paul Kérès

Paul Keres

Paul Keres
Па́уль Ке́рес
Naissance 7 janvier 1916
Narva, Estonie
Décès 5 juin 1975 (à 59 ans)
Helsinki, Finlande
Nationalité Estonie Estonie
URSS Union soviétique
Profession(s) Joueur d'échecs
Un timbre-poste soviétique de 1991 à l'effigie de Paul Keres

Paul (Petrovitch) Keres (7 janvier 1916 à Narva, Estonie - 5 juin 1975 à Helsinki, Finlande) est un joueur d'échecs estonien, puis soviétique. Il fut l'un des plus grands joueurs d'échecs de la fin des années 1930 au milieu des années 1960.

Sommaire

Biographie

Il apprit à jouer aux échecs à l'âge de 5 ans. Il devint grand maître à l'âge de 21 ans et fit des études de mathématiques à l'Université de Tartu, mais consacra sa vie aux échecs.

Il était aussi un excellent joueur de tennis. Dans sa jeunesse, il fut vice-champion d'Estonie.

Il décéda d'un infarctus à l'aéroport d'Helsinki, alors qu'il revenait en vainqueur du tournoi de Vancouver et était en transit pour retourner en URSS.

Début de carrière (1929-1936)

Il fit ses premiers pas en 1929 au championnat de la ville de Pärnu où, à l'âge de 13 ans, il occupa la 2e place (+13 -4 =1).

En 1933 et 1934, il participa aux demi-finales du championnat d'Estonie et à partir de 1935, après avoir remporté ex aequo ce championnat, il rencontra en match d'autres joueurs estoniens plus expérimentés que lui. Ainsi il domina Gunnar Friedemann (+2 -1) et Feliks Kibbermann (+3 -1). Ceci lui valut de jouer au premier échiquier de l'Estonie lors de l'Olympiade de Varsovie en 1935. La même année, il termina 2e des tournois internationaux de Tallinn (+5 -2 =1) et Helsinki (+6 -1 =1).

1936 fut une année de rôdage pendant laquelle il finit 1er-2e à Bad Nauheim (+4 =5), 8e-9e à Dresde (+2 -4 =3) et 3e-4e à Zandvoort (+5 -3 =3).

Premiers succès (1937-1939)

Ce fut en 1937 que Keres entra véritablement dans l'élite mondiale. Il remporta les tournois de : Margate : 1er-2e (+6 =3), Ostende : 1er-3e (+5 -2 =2), Prague (+9 =2), Vienne (+4 -1 =1), Pärnu (+3 -1 =3) et Semmering (+6 -2 =6). Seul résultat en demi-teinte : Kemeri : 4e-5e (+8 -2 =7).

En 1938, après les tournois d'Hastings où il termina 2e-3e (+4 =5) et Noordwijk où il occupa la 2e place (+4 =5), il remporta, à 22 ans, un triomphe au tournoi AVRO disputé dans différentes villes des Pays Bas en finissant 1er ex æquo avec Reuben Fine (+3 =11) et devançant Mikhail Botvinnik et trois champions du monde Jose Raul Capablanca, Max Euwe et Alexandre Alekhine. Après ce succès, il fut considéré comme le légitime successeur d'Alekhine, le champion du monde en titre, qui était alors âgé de 46 ans.

En 1939, après un revers au tournoi de Leningrad - Moscou où il finit 12e-13e (+3 -4 =10), il se rattrapa à Margate (1er avec +6 =3) et au tournoi de Buenos Aires (1er-2e avec +7 -1 =3).

1940-1945

En 1940, il gagna un match contre l'ancien champion du monde Max Euwe (+6 -5 =3) et ce fut à ce moment que l'URSS annexa l'Estonie.

À partir de cette année, Keres fit partie des meilleurs joueurs soviétiques et participa aux championnats d'URSS. Il finit ainsi 4e du XIIe championnat d'URSS de 1940 (+9 -4 =6) et 2e du match-tournoi pour le titre de champion absolu de l'URSS de 1941 (+6 -4 =10)

Cependant, lorsque l'Allemagne attaqua l'URSS et occupa l'Estonie en 1941, il choisit de jouer dans les tournois organisés dans des pays occupés par l'armée allemande et en Espagne franquiste. Ainsi il participa aux tournois suivants : en 1942 : Salzbourg, Munich et Tallinn où se disputait le championnat d'Estonie qu'il remporta. En 1943 : Prague, Poznan, Salzbourg, Madrid et à nouveau Tallinn où il conserva son titre de champion d'Estonie.

À la fin de la guerre, il fut capturé par l'Armée rouge, ramené en URSS et temporairement détenu en captivité. Pourtant, il fut rapidement autorisé à rejouer, mais pas à se rendre à l'étranger. À partir de là, il redevint citoyen soviétique et joua pour son nouveau pays. Pendant trente ans, il connut une formidable seconde carrière bien qu'il n'accédât jamais au titre suprême. Son activité durant la Seconde Guerre mondiale explique, peut-être en partie, ses déboires. Beaucoup d'experts pensent qu'après la guerre les autorités soviétiques, souhaitant un Russe de pure souche comme champion du monde, firent pression sur lui[1].

Quand on lui demanda pourquoi il n'avait jamais été champion du monde, il répondit : « Je n'ai pas été chanceux, comme mon pays. »

Match-tournoi de 1948 pour le titre de champion du monde

Le champion du monde Alexandre Alekhine étant décédé en 1946, le titre était vacant et la Fédération internationale des échecs orginisa à La Haye et Moscou un match-tournoi où les cinq meilleurs joueurs mondiaux du moment étaient invités et se rencontrèrent en matchs individuels de cinq parties.

Keres termina à la 3e-4e place, ex aequo avec Samuel Reshevsky, après avoir battu Vasili Smyslov (+2 -1 =2) et Max Euwe (+4 =1) et perdu contre Mikhail Botvinnik (+1 -4) et Samuel Reshevsky (+1 -2 =2).

Championnats d'URSS (1940-1973)

Keres participa à treize finales du championnat d'URSS. Après sa première participation, 4e en 1940, il termina 2e du championnat d'URSS absolu, disputé juste avant l'invasion de l'URSS, en juin 1941. De retour en URSS, en 1947, Keres remporta trois fois le titre : en 1947, à Léningrad (+10 -1 =8), en 1950, à Moscou (+8 -2 =7) et en 1951, à Moscou (+9 -2 =6), devant Geller, Petrossian, Smyslov, Averbakh, Bronstein et Botvinnik.

En 1955, il battit Botvinnik lors de sa dernière partie dans un championnat d'URSS, le privant d'une septième première place. En 1957, il finit 2e-3e, derrière Mikhaïl Tal. Il fut 6e en décembre 1965, et ne participa plus jusqu'en 1973.

Tournois interzonaux et tournois et match des candidats

1950-1956

En 1950, Keres disputa le tournoi des candidats de Budapest. Il y termina 4e (+3 -2 =13)

Sa victoire au XIXe Championnat d'URSS de 1951 le qualifia pour le cycle des candidats suivant et il participa au Tournoi des candidats de Zurich 1953 qui allait déterminer l'adversaire qui défierait Mikhail Botvinnik. Smyslov s'imposa et Keres finit 2e-4e (+8 -4 =16).

On le retrouva au tournoi interzonal de Göteborg de 1955 où sa 2e place (+9 -2 =9) lui permit de participer au tournoi des candidats d'Amsterdam de 1956. Il y fut à nouveau devancé par Smyslov et finit 2e (+3 -1 =14).

1959-1962

Ce classement lui assura sa participation au match-tournoi des candidats de 1959 qui eut lieu en Yougoslavie à Bled, Zagreb et Belgrade. Il affronta chaque joueur quatre fois et il battit Mikhail Tal (+3 -1), Svetozar Gligorić (+2 =2), Fridrik Olafsson (+3 -1) et Pal Benko (+4), annula contre Vasili Smyslov (+1 -1 =2) et Bobby Fischer (+2 -2) et perdit contre Tigran Petrossian (-1 =3). Cette fois encore il occupa la 2e place et dut laisser Tal affronter Botvinnik.

En 1962 à Curaçao, au tournoi des candidats suivant, il termina à l'éternelle 2e place ex aequo avec Efim Geller après avoir battu Viktor Kortchnoï (+1 =3), Pal Benko (+3 -1) et Miroslav Filip (+2 =2) et annulé contre Tigran Petrossian (=4), Efim Geller (=4) et Bobby Fischer (+1 -1 =2). Tal, souffrant, s'était retiré après 21 parties. Cette fois, ce fut Petrossian qui s'en alla affronter Botvinnik. Afin de déterminer qui était le deuxième et lui assurer une place au tournoi des candidats du cycle suivant, Keres et Geller se rencontrèrent dans un match que Keres gagna (+2 -1 =5).

1965-1973

À partir du cycle suivant, les tournois des candidats furent remplacés par des matchs à élimination directe. En 1965, à 49 ans, il fut éliminé dès les quarts de finale par Boris Spassky (+2 -4 =4).

Absent des cycles 1966 - 1969 et 1969 - 1972, il revint en 1973 au tournoi interzonal de Petropolis où il termina 12e-13e (+3 -4 =10).

Compétitions par équipes

Championnat d'Europe par équipes : Il ne joua que trois fois pour l'URSS qui remporta la première place.

  • 1957 Vienne - 2e échiquier (+1 =4) - Médaille d'or
  • 1961 Oberhausen - 3 e échiquier (+4 =4) - Médaille d'or
  • 1970 Kapfenberg - 8e échiquier (+5) - Médaille d'or

Match URSS contre le Reste du monde : En 1970 à Belgrade, il joua au 10e échiquier et domina Borislav Ivkov (+2 =2).

Olympiades

Avant la Deuxième guerre mondiale, Keres participa à trois Olympiades au premier échiquier de l'Estonie. Elle remporta la médaille de bronze en 1939.

Dès la première participation de l'URSS à cette compétition, il la représenta à sept reprises et remporta chaque fois la médaille d'or.

  • 1952 Helsinki - 1er échiquier (+3 -2 =7)
  • 1954 Amsterdam - 4e échiquier (+13 =1) - Médaille d'or
  • 1956 Moscou - 3e échiquier (+7 =5) - Médaille d'or
  • 1958 Munich - 3e échiquier (+7 =5) - Médaille d'or
  • 1960 Leipzig - 3e échiquier (+8 =5) - Médaille d'or
  • 1962 Varna - 4e échiquier (+6 =7) - Médaille de bronze
  • 1964 Tel Aviv - 4e échiquier (+9 -1 =2) - Médaille d'or

Divers

Le billet de 5 couronnes de l'Estonie est à son effigie[2].

Deux parties

Il inflige ici au champion du monde une des plus cinglantes défaites de sa carrière et le prive d'un septième titre de champion d'URSS.

Paul Keres - Mikhail Botvinnik, XXIIe championnat d'URSS, Moscou, 1955

1. e4 e6 2. d4 d5 3. Cd2 Cc6 4. c3 e5 5. exd5 Dxd5 6. Cgf3 Fg4 7. Fc4 Fxf3 8. Db3 Ca5 9. Da4+ Dd7 10. Fxf7+ Rd8 11. Dxd7+ Rxd7 12. Cxf3 exd4 13. Cxd4 c5 14. Cf3 Re7 15. Fd5 Cf6 16. Fg5 h6 17. Fxf6+ Rxf6 18. 0-0-0 Fd6 19. g3 The8 20. Cd2 Ff8 21. Ce4+ Rf5 22. f3 Tad8 23. h4 Cc6 24. h5 Fe7 25. The1 Ce5 26. Cf2 g5 27. hxg6 1 - 0

Paul Keres - Mikhaïl Tal, Tournoi des candidats, Bled, 1959[3] :

1. c4 Cf6 2. Cc3 g6 3. g3 Fg7 4. Fg2 O-O 5. f4 c5 6. Cf3 d5 7. cxd5 Cxd5 8. O-O Cc7 9. b3 Cc6 10. Fb2 Tb8 11. Ca4 Fxb2 12. Cxb2 b6 13. Cc4 Fb7 14. e3 Cd5 15. a3 e6 16. Dc2 De7 17. g4 b5 18. Cce5 Cxe5 19. fxe5 Tbc8 20. a4 b4 21. Tf2 a5 22. h4 Dc7 23. Db2 c4 24. bxc4 Dxc4 25. Cd4 Fa8 26. Ff1 Dc5 27. Cb3 Dc7 28. Fa6 Cxe3 ?! (Tb8 est plus prudent) 29. Tc1 (si Fxc8 ? Dc6 menace de mat, et si 30. Th2 Cxg4 31. Cxa5 Db6+ 32 d4 Txc8) De7 30. dxe3 Dxh4 31. Rf1 Dh3+ 32. Re2 Dxg4+ 33. Rd2 Tfd8+ 34. Cd4 Dg3 35. Tf4 Txc1 36. Dxc1 Dg2+ 37. Fe2 Dd5 38. Dc7 Td7 39. Dc4 Rg7 40. Dxd5 Fxd5 41. Fb5 Tc7 42. e4 Fa8 43. Re3 Tc3+ 44. Fd3 b3 45. Tf1 Tc5 46. Cxb3 Txe5 47. Tc1 Th5 48. Tc7 Rf6 49. Cc5 Re5 50. Cd7+ Rd6 51. Ta7 e5 52. Txa8 Rxd7 53. Txa5 Th3+ 54. Rd2 Th2+ 55. Rc3 h5 56. Ta7+ Rc6 57. Txf7 g5 58. a5 g4 59. a6 Ta2 60. Fc4 Ta1 61. Tf1 Txf1 62. Fxf1 h4 63. Fe2 g3 64. Ff1 1-0

Références

  1. Kingston a écrit un article en deux parties en 1998 : (en) The Keres-Botvinnik Case: A Survey of the Evidence - Part I et (en) Part II et un autre article en 2001, (en) The Keres-Botvinnik Case Revisited: A Further Survey of the Evidence. Après la publication, Youri Averbakh déclara dans une interview que Joseph Staline n'a pas donné d'ordre à Keres de perdre contre Botvinnik, que Smyslov était le candidat favori du pouvoir, que Keres était soumis à une pression psychologique importante en raison des invasions multiples de son pays et pas son traitement pas les officiels jusqu'à fin 1946, et qu'il était moins résistant psychologiquement que ses rivaux (en) Yuri Averbakh: An Interview with History - Part 1 et Part II
  2. (en)site de la banque d'Estonie
  3. Keres-Tal Bled 1959 sur ChessGames.com

Sources

  • Paul Keres, The Road to the Top, Batsford, (traduit en anglais par Harry Golombek, édité par John Nunn), 1996.

Liens externes

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