Partis politiques sous la monarchie de Juillet

Partis politiques sous la monarchie de Juillet

Sommaire

Les partis constitutionnels

Dès les débuts de la monarchie de Juillet s'établit une distinction entre parti du Mouvement et parti de la Résistance :

La gauche

Les Républicains, partisans de la République. Déçus par l'issue de la Révolution de Juillet, ils tentent une insurrection républicaine à Paris en juin 1832.

Le centre-gauche

Le Parti du Mouvement est une aile de l'orléanisme dont les partisans estiment que la Charte d’août 1830 n’était qu’une étape vers un régime plus démocratique et sont favorables à toutes les mesures permettant l’extension du pouvoir de suffrage, notamment par un abaissement du cens d'élection et/ou d'éligibilité. Sur le plan extérieur ils sont favorables à une politique visant à favoriser l'émancipation des nationalités cherchant à se dégager des tutelles étrangères. Le parti du Mouvement est au pouvoir dans un premier temps jusqu’au mois de mars 1831, avec le banquier Jacques Laffitte. Les principales forces du parti du Mouvement sont :

Le centre

Le Tiers Parti, dont la principale figure est André Dupin, est une force politique charnière entre la droite et la gauche, qui vote tantôt avec l'une, tantôt avec l'autre. Il a commencé à faire parler de lui dans la Chambre élue en 1831, mais sans se constituer véritablement en force politique organisée.

Son véritable essor date des élections législatives anticipées du 21 juin 1834. D'emblée, le Tiers Parti parvient à porter son leader, Dupin, à la présidence de la Chambre et obtient en outre deux vice-présidences sur quatre (Hippolyte Passy et Jean-Louis Calmon), non sans revendiquer une troisième concurramment avec les ministériels (Joseph Pelet de la Lozère).

Le Tiers Parti affirme appartenir à la majorité ministérielle, mais il se dérobe souvent au moment décisif, au gré de ces « majorités d'idées » que revendiquait Edgar Faure sous la Quatrième République. « Il se définit moins par un programme politique précis, juge Guy Antonetti, que par une somme d'ambitions personnelles, enrubannées des grandes vertus d'impartialité, d'indépendance, de largeur de vues, mais nourries en réalité de susceptibilités froissées et de petites jalousies rancunières. »[1]

Dans sa réponse au discours de Guizot le 24 mars 1836 (cité supra), le garde des sceaux, Sauzet, développe ainsi, en réponse aux thèmes de la résistance – « intimidation », « rigueurs », « persévérance » – la rhétorique propre au Tiers Parti : « conciliation », « oubli du passé », « apaisement » :

« Ce serait un gouvernement insensé que celui qui, au moment où les esprits se rapprochent, les irriterait par les souvenirs du passé, voudrait les contraindre à confesser leurs erreurs, leur imposerait des amendes honorables et des génuflexions, et chercherait péniblement de quel côté furent les torts dans le passé. Un tel gouvernement ne comprendrait ni son pays ni son siècle. »[2]

Son organe de presse est Le Constitutionnel, qui conserve audience et prestige dans la classe politique, bien qu'il ait perdu les trois quarts des abonnés qu'il avait sous la Restauration.

Le centre-droit

Le Parti de la Résistance estime que l’essentiel a été accompli avec la Charte de 1830. Il accède au pouvoir avec Casimir Perier et y restera pour l'essentiel jusqu'à la fin du règne, mettant en œuvre une politique modérée et bourgeoise désignée sous le nom de « juste milieu »[3].

Dans un célèbre discours, prononcé lors du débat sur les fonds secrets qui se tient à la Chambre des députés les 24 et 25 mars 1836, peu après l'avènement du premier ministère Thiers, Guizot justifie la politique de résistance en récusant son assimilation au conservatisme :

« C'est vous, Messieurs, s'écrie-t-il à l'adresse du centre gauche, qui traînez dans une ornière ; c'est vous qui répétez ce qu'on disait dans d'autres temps, sans vous apercevoir que tout est changé autour de vous, que la société est changée, que ses besoins sont changés. C'est nous, nous qui avons l'intelligence des temps nouveaux... (mouvements divers). Oui, Messieurs, c'est nous. Je comprends très bien que vous pensiez autrement ; c'est de quoi je vous accuse. [...] Je vous accuse de n'avoir pas compris ce qui s'est passé en France depuis quarante ans, je vous accuse d'être en arrière (mouvement prolongé). »[4]

Les principales forces du parti de la Résistance sont :

  • Les doctrinaires, dont le leader est François Guizot : ces doctrinaires, dit la duchesse de Maillé, « qui n'ont pas de doctrine, sont des hommes spéciaux, positifs comme l'habitude du travail et des hommes en crée chaque jour [...] Ils cherchent à mettre la réalité dans la politique à la place de l'imagination. Je suis donc bien aise de les voir au pouvoir pour ma tranquillité, car derrière eux je ne vois que le règne du sabre ou la république. [...] Ce que l'on veut dans ce pays-ci, ce qui fait le mouvement de notre époque depuis 1789, c'est [...] l'émancipation de la classe moyenne, la destruction des droits de naissance, l'égalité des droits et des charges parmi les gens qui possèdent. »[5]

La droite

Les Légitimistes : Après l'avènement de la monarchie de Juillet, on appelle légitimistes les représentants de la droite contre-révolutionnaire restés fidèles à la branche aîné des Bourbons. Ils cultivent avec l'éloignement du pouvoir le culte de la France d'Ancien Régime, catholique et royale. Parmi ceux-ci, le célèbre orateur Pierre-Antoine Berryer.

La duchesse de Berry tente de relancer la Guerre de Vendée et la Chouannerie en 1832 en Vendée et en Bretagne.

Les Bonapartistes : Selon ces derniers, le prétendant légitime au trône de France et le neveu de Napoléon Bonaparte. Cependant ce parti n'a pas beaucoup d'influence puisqu'il ne disposent pas d'un fort soutien populaire.

Références

Notes

  1. Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 2002, p. 725
  2. cité par Guy Antonetti, Op. cit., p. 753
  3. Sous la Restauration le « juste milieu » ralliait les partisans du libéralisme et de la monarchie constitutionnelle, opposés aux « ultras », légitimistes d’opinions extrêmes.
  4. cité par Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 2002, p. 753
  5. cité par Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 2002, p. 730


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