- Parler des langues
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Glossolalie
La glossolalie (du grec ancien γλῶσσα / glôssa, « langue » et λαλέω / laleô, « parler ») est la faculté de parler ou de prier à haute voix dans une langue étrangère (xénolalie) totalement inconnue de la personne qui parle. Ce phénomène est rencontré entre autres dans le christianisme, le chamanisme et le spiritisme[1].
Pour les chrétiens, la glossolalie correspond au « parler en langues », phénomène décrit dans les Actes des Apôtres (II, 6 sq.). Il s'agit parfois de la « langue des anges » (glossolalie vraie). Saint Paul insiste sur l'interprétation des langues dans la première épître aux Corinthiens[2].
Sommaire
Christianisme
Le parler en langues dans les Écritures
Dans les évangiles le parler en langues est évoqué seulement dans l'évangile selon Marc :
- « Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons, ils parleront en langues nouvelles, il saisiront des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux infirmes, et ceux-ci seront guéris. » (Mc 16. 17-18)
Selon les Actes du Nouveau Testament (Ac 2. 1-4), le Saint-Esprit descend lors de la Pentecôte sur les disciples réunis, dont les apôtres. Toujours selon les Actes des Apôtres, cet évènement se fait avec un bruit qui attire la foule extérieure. Chacun des membres de la foule les entend parler et adorer dans sa propre langue maternelle.
On peut penser que Paul de Tarse fait allusion à la glossolalie dans la 1re lettre aux Corinthiens :
«Je pourrais être capable de parler la langue des hommes et des anges, mais si je n'ai pas d'amour, mes discours ne sont plus rien qu'un tambour bruyant ou qu'une cloche qui résonne.
»Ici l'expression "langue des anges" peut, éventuellement, être interprétée comme une langue inconnue aux hommes. Si Paul en parle dans cette lettre, il y a de forte chance pour que certains corinthiens parlassent cette "langue des anges" et qu'ils s'en prévalussent. Mais, comme tout le monde le sait il n’y avait aucun appareil d’enregistrement audio à l’époque. Toute tentative de reconstruction de ce que pouvait être cette langue des anges ne peut être fondée historiquement. Cependant, de nos jours, cette manifestation du parler en langue est vécue. En effet, dans les assemblées chrétiennes et charismatiques, on peut entendre des chrétiens prier en langue et soient eux-mêmes, soient d'autres chrétiens interpréter le message contenu dans la prière.
Description
La glossolalie est donc, pour les chrétiens, une manifestation du don qui permet au fidèle, par le pouvoir du Saint-Esprit, de parler une langue qu'il n'a jamais apprise. (1Cor 12:7-10) Ce dernier intervient parfois dans la prière par des « gémissements ineffables » (Romains 8).
Il peut s'agir également, suivant l'interprétation de Fulcanelli, d'un langage secret maintenu incompréhensible pour ne pas être détecté, à l'image de la langue des oiseaux, synonyme de langue des anges.
Souvent, le sujet ne se comprend pas lui-même, et n'est pas compris de son entourage. Certains mouvements évangéliques protestants, tels que les pentecôtistes, et les charismatiques catholiques à leur suite accordent une grande importance à ce type de manifestation. Cependant Paul de Tarse, qui évoque le phénomène, le définit comme « le plus petit des dons du Saint Esprit » bien qu'il se réjouisse de « parler en langues plus que vous autres » (1 Co 14). Ce charisme est considéré comme le plus petit car c'est par lui que l'on peut s'ouvrir à une multitude d'autres, en effet, il dispose la personne à être surprise par le Saint Esprit en faisant preuve d'humilité et de liberté.
Cependant, le don du "parler en langue" n'édifie pas le peuple (les membres de l'église), mais celui qui l'emploie uniquement, car la langue n'est pas toujours comprise des hommes. C'est pour cela que Paul dit « En effet, celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c'est en esprit qu'il dit des mystères. » (1 Co 14:2) C'est pour cela que Paul dit également, si les propos ne peuvent être traduit, de s'abstenir et de parler en langue comprise de tous.
Interprétation des langues
Cependant, cette interprétation reste très discutable. Le sujet de Saint Paul dans le chapitre 14 de la première épître aux Corinthiens est de respecter l'Église et sa bienveillance. Il réclame donc que ceux qui parlent en d'autres langues aient aussi le don d'interpréter (ce qui est complémentaire du parler en langues) :
- « C'est pourquoi celui qui parle en langue doit prier pour pouvoir interpréter. Car si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n'en retire aucun fruit. Que faire donc ? Je prierai avec l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence. Je dirai un hymne avec l'esprit, mais je le dirai aussi avec l'intelligence. » (1Co 14, 13-15)
Il ne s'agit donc pas d'une langue inconnue des hommes. L'élément qui soutient cette thèse est que le parler en langues sert à l'évangélisation (1Co 14, 21), donc à parler à d'autres hommes dans des langues actuelles.
Selon le catéchisme de l'Église catholique, l'Esprit Saint est l'interprète de l'Écriture. [3]
Article détaillé : L'Esprit Saint, interprète de l'Écriture.Le parler en langues dans les Églises charismatiques
De nos jours, les Églises charismatiques mettent en avant les dons du Saint Esprit avec en particulier le parler en langues, et parfois sans que ces langues soient de véritables langues connues. Cela provoque un réel débat car nul ne peut donc vérifier si ce don est réel ou juste un désir d'avoir des talents surnaturels venant de Dieu.
Pourtant, Paul demande à l'assemblée de vérifier les dires des prophètes (1Co14:29), mais cela devient impossible lorsque l'on affirme parler dans un langage inconnu. C'est pourquoi Paul demande à ceux qui parlent en langue de se taire s'il n'y a pas d'interprétation (1Co14:28).
Le parler en langues dans le pentecôtisme
Certains pentecôtistes croient qu'il existe trois types de cas différents du parler en langues :
- Le premier, c'est le parler en langues comme preuve initiale du baptême du Saint-Esprit ;
- le deuxième est un langage de prière développé dans la prière quotidienne avec Dieu ;
- le troisième, c'est le parler en langue en public suivi de son interprétation.
Ils croient que tous les chrétiens peuvent obtenir le baptême du Saint-Esprit s'ils se sont au moins repentis, et qu'ils en ont fait la demande à Dieu et attendent le moment qu'il a choisi pour que cela ait lieu. Les pentecôtistes croient que dans les assemblées publiques, une personne ayant le don du parler en langues peut parler en langues lors d'un service d'Église pour que tous entendent. Ils croient que Dieu donnera à un autre chrétien présent le don de l'interprétation et que le chrétien avec le don de l'interprétation sera habilité à répéter dans la langue de l'auditoire ce que la première personne a dit afin que chacun puisse comprendre ce qui a été dit et en être édifié. Ils croient que quelques personnes seulement reçoivent le don du parler en langues, tandis que tous ont la possibilité de recevoir le baptême du Saint-Esprit et développer un langage de prière avec Dieu. C'est ce qui était évoqué par l'apôtre Paul dans 1 Corinthiens 12-14.
Cependant un autre avis se fait entendre :
- D'autres courants évangéliques pensent le contraire, et disent que "Le croyant reçoit le Saint-Esprit en s'unissant à Jésus-Christ par la foi sans qu'on puisse dissocier dans le temps ces deux aspects c'est à dire Conversion ,et Réception du Saint Esprit, ou Baptême du Saint Esprit, ou encore Don du Saint Esprit (Les différentes expressions données au même évènement) de commencement dans la vie chrétienne."
Acte 2 : 38-39 "Pierre leur dit: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit."
- De plus "Le parler en langues n'est pas un signe indispensable ni certain du baptême du Saint-Esprit."
Et s'appuient sur les références biblique suivantes : 1 Cor chapitre 12 et le Chapitre 10 verset 7-13 et 28-30.
Le parler en langues chez les Mormons
Le fondateur Joseph Smith (1805-1844) de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, croyait à la glossolalie.
Le parler en langues dans le spiritisme
Selon le spiritisme, il existerait une autre dimension peuplée d’esprits, dont certains seraient les esprits des défunts. Ces esprits, dépourvus d’un corps matériel, seraient capables de se manifester en utilisant les organes d’une personne volontaire, appelée médium. Lorsque les organes prêtés temporairement par le médium sont les organes de la voix, il s’agit d’un médium parlant[4]. Dans le cas où l’esprit qui se manifeste par les organes vocaux parle une langue totalement inconnue du médium (le russe ou le grec ancien par exemple), il s’agit d’un médium polyglote[5]. Pour les adeptes du spiritisme, ce phénomène de « parler en langues » prouverait que les paroles prononcées par le médium proviennent d’une intelligence extérieure au médium[6]. Les spirites utilisent peu le terme glossolalie et utilisent plutôt le terme psychophonie pour mentionner le même phénomène[7].
Critiques
Les critiques disent que cette doctrine ne colle pas bien aux critiques de Paul formulées à l'égard de l'Église corinthienne primitive au sujet du parler en langues. Paul affirmait que le parler en langue n'est qu'un seul des dons de l'Esprit et n'est pas accordé à tous ; il y a d'autres dons qui sont accordés à d'autres, dont le don de prophétie. (Voir 1 Corinthiens, chapitres 12 à 14 dans le Nouveau Testament)
D'autre part, la conversion de Corneille (Actes, chapitre 10 et 11) montre que l'Esprit manifesté par le parler en langue est comparable à l'événement de la pentecôte (Actes 11:15). 10 ans se sont écoulés entre les deux faits. Le cas des disciples de Jean convertis à Jésus en Actes 19 est encore différent, puisque l'on voit l'apôtre imposer ses mains aux disciples, geste de transmission des dons miraculeux de l'Esprit, qui n'était réservé qu'aux apôtres, selon Actes 8:18.
Les adhérents du parler en langues affirment que la position pentecôtiste est étroitement en ligne avec l'emphase de Luc dans le livre des Actes et reflète un usage plus sophistiqué de l'herméneutique. De plus, ils font valoir que le parler en langues comme don du Saint Esprit et le parler en langues comme signe initial du baptême du Saint-Esprit sont deux choses différentes qui ne doivent pas être confondues. Ils croient que le baptême du Saint-Esprit décrit dans les Actes des Apôtres doit avoir lieu avant qu'une personne ne puisse être utilisé pour aucun des dons de l'Esprit décrits dans la première épître aux Corinthiens.
Neurologie
Le terme a été repris en neurologie pour désigner l'ensemble des phrases agrammaticales que certains sujets parlants produisent souvent inconsciemment. Elle diffère du code-switching puisqu'il s'agit d'une déconstruction totale du langage (du sémantisme et de la grammaire). C'est une forme de l'aphasie linguistique.
Note
- ↑ médiums parlants, Le livre des médiums, 2ème partie, chapitre 14
- ↑ Première épître de Saint-Paul apôtre aux Corinthiens, chapitre 14
- ↑ Catéchisme de l'Église catholique, numéros 109 à 119.
- ↑ Allan Kardec, Le livre des médiums, seconde partie, chapitre XIV (médiums parlants)
- ↑ Allan Kardec, Le livre des médiums, seconde partie, chapitre XVI
- ↑ Allan Kardec, Le livre des médiums, seconde partie, chapitre III
- ↑ Psychophonie : Communication des Esprits par la voix d'un médium parlant. Allan Kardec, Le livre des médiums, seconde partie, chapitre XXXII, vocabulaire spirite
Voir aussi
- Esprit Saint
- L'Esprit Saint, interprète de l'Écriture
- L'Esprit comme don de Dieu, fruits de l'Esprit Saint
- Dons du Saint Esprit
- Langue
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