Panthera spelaea

Panthera spelaea

Panthera spelaea

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Lion des cavernes
 Lion des cavernes, peint par Mauricio Anton
Lion des cavernes, peint par Mauricio Anton
Classification classique
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Carnivora
Sous-ordre Feliformia
Famille Felidae
Sous-famille Pantherinae
Genre Panthera
Nom binominal
Panthera spelaea
(Goldfuss, 1810)

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Le lion des cavernes (Panthera spelaea, Goldfuss) est un représentant éteint du genre Panthera. Il a été l’un des plus importants prédateurs du Pléistocène moyen et supérieur. Probablement originaire d’Afrique, descendant du lion (Panthera leo, Linnaeus), il s’installa en Europe, avant de s’étendre peu à peu vers l’Asie, puis l’Amérique du Nord. Le lion des cavernes disparut il y a environ 11 000 ans, en même temps que ses proies adaptées au climat steppique qui prit fin lors du réchauffement climatique relativement rapide marquant le début de l'Holocène.

Sommaire

Origine et signification du taxon

Le lion des cavernes était généralement de très grande taille, excepté dans quelques régions nordiques où une grande taille n'était pas nécessaire [1]. Certains auteurs considèrent la taille comme un indicateur chronologique ; selon Ballesio [2], il existe deux formes : une grande, présente notamment à Gailenreuth, Lherm, ou Jaurens, et une petite, présente à la grotte du Bois de Cantet et dans d'autres sites magdaléniens d’Europe septentrionale. Il semble plutôt s’agir d’un dimorphisme sexuel [3], d’autant que les spécimens magdaléniens, très fragmentaires, se rapprochent plus de Panthera leo que de Panthera spelaea, présent en Europe jusqu’en 300 [4].

L’apparence des lions des cavernes a souvent été contestée durant ces deux derniers siècles, du fait que tantôt il a été considéré comme une sous-espèce de lion moderne [5], et tantôt comme une sous-espèce du tigre [6]. Les auteurs modernes tendent à croire qu’il s’agit d’une population de lions africains s’étant adaptés très tôt à un climat froid. Une étude basée sur quelques individus européens provenant d’Allemagne et d’Autriche montre que le phylum des lions des cavernes s’est détaché très tôt du phylum des lions modernes ; cette étude [7] inclut les lions des cavernes au sein du taxon Panthera leo mais l’éloignement génétique, en plus de l’adaptation flagrante au froid, porte à croire qu’il s’agit plutôt d’une espèce distincte [1],[8].

Le lion des cavernes dans l'art préhistorique

Les peintures de la grotte Chauvet (Ardèche) sont probablement les meilleurs indicateurs pour déterminer l’apparence de ces grands fauves. Les peintures de lions des cavernes sont assez rares dans l’art paléolithique européen : la grotte Chauvet (Aurignacien) possède plus de représentations que toutes les autres réunies avec un nombre record de 75 figures ; la grotte de Lascaux (Solutréen ?) n’en possède que 11 et la grotte des Trois-Frères 6 (Magdalénien).

Dans la grotte Chauvet – et les autres –, les figures attribuées à des lions des cavernes sont semblables ; on retrouve toujours de grands félins à pelage épais et unis, à « pinceau » (bout de la queue) noir, à oreilles rondes, à trois ou quatre rangées de vibrisses, à truffe arrondie et à museau allongé ; curieusement, les figures représentant des mâles (comme l'atteste la figuration des testicules) ne possèdent pas de crinières, mais simplement une boursouflure au niveau du cou [9].

Principales caractéristiques physiques

Les nombreux squelettes découverts dans des grottes ou dans les sédiments quaternaires montrent de grands animaux de taille comparable au tigre de Sibérie, voire plus grande. Par rapport au reste du corps, le crâne est en moyenne plus court que celui du lion ou du tigre, on note également des différences au niveau des épaules et du cou, des membres, de la colonne vertébrale et de la boîte crânienne. Les lions des cavernes mâles étaient environ 25 % plus larges que les lions actuels ; ils pouvaient parfois atteindre plus de 300 kg.

Phylogénie et répartition géographique

Il existe plusieurs formes de lions des cavernes, dont la plus ancienne est Panthera spelaea fossilis (Reichenau, 1906), divergeant de la forme type de Gailenreuth par une plus grande taille ; elle a été trouvée dans les dépôts du Pléistocène moyen dont les plus anciens, sur le site d’Isernia La Pineta (Italie), sont datés d’environ 700 000 ans ; on en trouve également à Mosbach II (syn. Panthera mosbachensis), Mauer (Allemagne), Atapuerca TD11-10 (Espagne) et Arago I-III (France) ; également considéré parfois comme sous-espèce de lion ou espèce distincte, cette forme serait venue d’Afrique et aurait laissé place à la forme type il y a environ 350 000 ans. De grands spécimens tel celui de Vence (Alpes-Maritimes) et de Cajare [10], marquent la transition entre Panthera spelaea fossilis et P. s. spelaea, souvent distingué par une plus petite taille ; néanmoins, selon Argant [11], ce n’est pas un caractère pour différencier les deux sous-espèces du fait que certains spécimens du Pléistocène moyen terminal, tel celui de La Fage [12], sont de petites tailles ; à l’inverse, certains spécimens du Pléistocène supérieur sont de grande taille, comme à Siegsdorf [13], Arrikrutz [14] ou Gailenreuth [15].

Le lion des cavernes typique, P. s. spelaea, était présent de l’Espagne à la Russie, en passant par de nombreux pays tels la France, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse, la Grande-Bretagne, l’Autriche et des Pays de l’Est jusqu’à la plaine russe et l’Oural.

Comme l'avait déjà proposé Kurtén [16], les formes de plus petite taille, de Sibérie orientale, d’Alaska et du Yukon (Canada), appartiennent à une sous-espèce distincte, nommée P. spelaea vereshchagini [1] ; ces spécimens ont une taille plus restreinte et un crâne plus court que les formes européennes de la même époque.

À partir de 110 000 ans, au cours d’une période interglaciaire, les lions débarquèrent en Alberta et aux États-Unis. Caractérisés par une énorme taille, plus grande encore que celle de Panthera spelaea fossilis, ces lions des cavernes appartiennent à la sous-espèce Panthera spelaea atrox, parfois considérée comme sous-espèce de lion, ou plus souvent comme espèce distincte. Une mâchoire de lion de taille importante fut trouvée en Alaska et fut rapportée à P. spelaea atrox [17], ce qui contredit en partie la sous-espèce P. s. vereshchagini ; on peut donc en conclure que certains spécimens alaskiens évoluèrent déjà vers P. s. atrox. De très grands spécimens provenant du gisement de Rancho La Brea sont considérés comme les plus grands félins de la planète [18]. Une mâchoire provenant de Natchez (Mississippi) fut décrite par Leidy [19]. De nombreux fossiles proviennent des États-Unis, notamment de Californie, de Floride, du Kansas, du Nebraska, du Texas, du Dakota du Sud, plus rarement du Canada [20] et du Mexique [21].

Le lion des cavernes disparut avec le radoucissement climatique marquant la fin de la dernière glaciation, il y a environ 11 000 ans. Néanmoins, certains spécialistes tendent à croire qu’il survécut quelques temps en Sibérie, où le climat lui était encore favorable. Le lion actuel (Panthera leo) arriva en Europe il y a environ 12 000 ans et y disparut il y a environ 300 ans, au Nord de la Grèce [22].

Régime alimentaire

Le régime du lion des cavernes était, à l’instar du lion actuel, carnivore, mais également nécrophage. Le statut de prédateur dominant lui était alloué, avec comme principales proies des bisons, des cerfs, des chevaux ou même de jeunes mammouths. Une carcasse momifiée de bison (Bison priscus, Bonajus) a été retrouvée en 1979 en Alaska et a été datée d’environ 31 000 ans. Il semble que ce bison ait été tué par des lions ; sa peau porte de nombreuses traces de griffures, son museau porte des traces de morsures caractéristiques des grands félins. Une carnassière a été retrouvée dans la peau de l’animal [23]. L’hypothèse de cette chasse n’est pas à exclure car dans la grotte Chauvet ont été peints des panneaux associant ces deux espèces [9]. Il a souvent été admis que les lions des cavernes vivaient en petits groupes de quelques individus, à la manière des lions actuels.

Liste des sous-espèces et leurs principaux gisements

Isernia La Pineta, Mauer (Heidelberg), Mosbach, Atapuerca, Azé, Arago

Gailenreuth, Grotte de Goyet, Arrikrutz, Siegsodrf, Artenac, Vence, La Fage, Jaurens, Lherm…

Kolyma, Fairbanks Creek, Last Chance Creek, Grotte de Bluefish, Kaolak…

Rancho La Brea, Natchez, LiverMore Valley, Medecine Hate, Lost Chicken Creek…

Synonymie et nomen dubium de Panthera spelaea

  • P. s. fossilis (Reichenau, 1906) : P. fossilis, P. leo fossilis, P. mosbachensis (Mosbach).
  • P. s. spelaea (type, Goldfuss, 1810) : Felis spelaea, F. leo spelaea, P. leo spelaea, P.tigris spelaea, P. spelaea, Felis youngi (Chou Kou Tien), F. leo ‘Edwardsi’ (Vence), P. (leo) spelaea ‘Cloueti’ (Bois de Cantet), F. spelaea ‘Bayoli’ (La Balauzière).
  • P. s. vereshchagini (Baryshnikov & Boeskorov, 2001) : P. leo vereshchagini.
  • P. s. atrox (Leidy, 1853) : Felis atrox, P. atrox, Felis imperialis (Livermore Valley), Felis atrox var. bebbi (Rancho La Brea), Felis atrox ‘Alaskensis’ (Fairbanks Creek), P. tigris atrox.

Notes et références

  1. a , b  et c Baryshnikov & Boeskorov, 2001 [réf. souhaitée]
  2. (1980) [réf. souhaitée]
  3. Turner, 1984 [réf. souhaitée]
  4. Sommer & Benecke, 2005 [réf. souhaitée]
  5. Ballesio, 1975 [réf. souhaitée]
  6. Groiss, 1996 [réf. souhaitée]
  7. Burger & al. 2004 [réf. souhaitée]
  8. Sotnikova & Nikolskiy, 2005 [réf. souhaitée]
  9. a  et b Clottes, J. et Azéma, M. (2005) - Les Félins de la grotte Chauvet, Seuil, 125 p.
  10. Boule, 1906 [réf. souhaitée]
  11. (1991) [réf. souhaitée]
  12. Ballesio, 1975 [réf. souhaitée]
  13. Gross, 1992 [réf. souhaitée]
  14. Altuna, 1967 [réf. souhaitée]
  15. Goldfuss, 1810 [réf. souhaitée]
  16. (1985) [réf. souhaitée]
  17. Whitmore & Foster, 1967 [réf. souhaitée]
  18. Merriam & Stock, 1932 [réf. souhaitée]
  19. (1853) [réf. souhaitée]
  20. Harington, 1969-1971 [réf. souhaitée]
  21. Jackway, 1958 [réf. souhaitée]
  22. Sommer & Benecke, 2005 [réf. souhaitée]
  23. Guthrie & Guthrie, 1990 [réf. souhaitée]

Voir aussi

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