Noureddine Hached

Noureddine Hached
Noureddine Hached
Mandats
Ministre du Travail tunisien
23 octobre 198523 juin 1986
Président Habib Bourguiba
Premier ministre Mohamed Mzali
Prédécesseur Mohamed Ennaceur (Affaires sociales)
Successeur Ridha Hamza (Prévoyance sociale)
Biographie
Date de naissance 22 juillet 1944 (1944-07-22) (67 ans)
Lieu de naissance Sfax, Tunisie
Nationalité tunisienne
Parti politique Parti socialiste destourien

Noureddine Hached, né le 22 juillet 1944 à Sfax, est un homme politique tunisien. Il est le fils aîné de Farhat Hached, syndicaliste assassiné par la Main rouge le 5 décembre 1952, et d'Emna Hached, dite Oum El Kheyr Hached.

Sommaire

Biographie

Enfance

Hached a huit ans à peine lorsque son père est assassiné. Pour éviter tout mouvement de foule, les autorités françaises remettent à la famille le cercueil plombé en pleine mer, entre Sfax et les îles Kerkennah.

Avant l'enterrement, sa mère, ayant un doute sur le contenu du cercueil, utilise un subterfuge pour vérifier l'identité du cadavre : elle explique aux autorités que son mari devait être lavé avant d'être enterré, alors que ce rituel ne s'applique pas aux martyrs. C'est ainsi qu'accompagnée de son fils Noureddine, elle ouvre le cercueil et fait semblant de procéder au lavage mortuaire.

Hached, étant l'aîné de la famille, il en devient peu à peu le chef et s'évertue à suivre la scolarité de son frère et de ses sœurs. Il étudie au Collège Sadiki puis suit une double formation universitaire en histoire et économie du tourisme à Paris.

La famille refuse toute concession ou licence proposée après l'indépendance par la présidence de façon arbitraire, se contentant d'une indemnité mensuelle allouée par l'État.

Vie professionnelle

Après une carrière dans le tourisme, de 1974 à 1976, comme PDG de la Société tunisienne de tourisme des jeunes, il devient gouverneur de Mahdia en 1976. Alors qu'un bras de fer oppose Bourguiba et l'UGTT en 1978, Hached refuse de faire tirer sur les manifestants de Mahdia et démissionne de son poste de gouverneur.

Les syndicalistes de tous bords l'appellent en 1980 pour intervenir comme médiateur entre le gouvernement et l'UGTT. C'est à ce titre qu'il préside la commission nationale syndicale qui organise le congrès de l'UGTT à Gafsa qui se tient les 29 et 30 avril 1981[1].

En 1981, à l'âge de 37 ans, il est nommé ambassadeur de Tunisie en Belgique et auprès de la Communauté économique européenne. Il est nommé ambassadeur en Algérie en 1984 puis ministre du Travail le 23 octobre 1985. Il découvre qu'il est atteint d'un cancer qui l'oblige à se tenir à l'écart pendant quatre mois avant de démissionner le 23 juin 1986, après la tenue de la conférence du Bureau international du travail à Genève.

À partir de 1987, il représente l'Organisation de l'unité africaine auprès de l'Office des Nations unies à Genève. En 1993, il est nommé ambassadeur de Tunisie en Italie.

En 1997, il devient secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, dont il dirige le centre de Tunis, puis, de 2001 à 2006, vice-secrétaire général au Caire dans le but de réformer l'institution[2]. Avec l'augmentation du racisme en Europe, après les attentats du 11 septembre 2001, il propose en tant que vice-secrétaire général de mettre en place un observatoire des droits des immigrants arabes en Europe[3]. En 2005, s'agissant des caricatures de Mahomet, il exprime son attachement à la liberté d'expression, tout en insistant sur les limites de cette liberté qui doit respecter la dignité des peuples dans un monde de plus en plus en interrelation[4], et intervient dans de nombreuses conférences pour appeler au dialogue des civilisations et au respect des résolutions de l'ONU sur les droits des Palestiniens[5].

Le 13 novembre 2007, il est accrédité comme ambassadeur de Tunisie au Japon et en Australie, basé à Tokyo[6]. Durant ses fonctions, une exposition itinérante intitulée Legacy of Carthage, incluant plus de 150 pièces archéologiques et mosaïques provenant de Tunisie, passe dans une dizaine de villes japonaises[7]. L'Arab-Japanese Economic Forum se tient par ailleurs à Tunis les 11 et 12 décembre 2010[8]. La Tokyo International University lui offre en 2010 une chaire de professeur comme specially appointed professor.

Il démissionne le 20 janvier 2011 « par solidarité avec le peuple tunisien et ses martyrs »[9]. Le 29 août, il est nommé président du Comité supérieur des droits de l'homme[10].

Recherche de la vérité sur Farhat Hached

Tout au long de sa vie, Hached met une grande énergie pour que la vérité sur l'assassinat de son père soit dévoilée par les autorités françaises. Il accumule de nombreuses archives et fait des recherches dans chacun des pays où il passe, y compris à Washington où il récupère des copies d'environ 5 000 pièces de rapports du département d'État sur Farhat Hached.

En 2005, on l'autorise, après plusieurs années de tergiversations, à créer l'Association tunisienne d'études historiques et de recherche sociale (Fondation Farhat Hached) qui a pour objet de promouvoir la recherche sur l'histoire des mouvements sociaux et leur actualité, et plus particulièrement sur l'œuvre de Farhat Hached. Pour ce faire, l'association gelée pendant quelques années, commence en 2011 à mettre en ligne tous les documents numérisés concernant Farhat Hached, organise une bibliothèque composée de milliers d'ouvrages d'histoire, de relations internationales, de sciences sociales et politiques accumulés par Noureddine Hached, et compte offrir des bourses de recherche.

Hached ne cesse de demander à l'État français de déclassifier les archives sur Farhat Hached et dévoiler la vérité sur un crime que certains considèrent comme perpétré par l'État français. C'est ainsi qu'à la fin des années 1990, il engage une procédure en Belgique, grâce à la loi sur la compétence universelle, qui est abrogée en 2003. En 2010, il envoie une lettre au président Nicolas Sarkozy en vue d'obtenir la déclassification de ces archives. Puis, avec toute sa famille, il se constitue partie civile dans un procès pour apologie de crime de guerre contre un ancien membre de la Main rouge, Antoine Méléro, qui, dans un documentaire diffusé sur Al Jazeera, déclare à propos du meurtre de Farhat Hached : « Moi, je trouve cela légitime, et si c'était à refaire, je le referai ». Les parties civiles demandent principalement l'accès aux documents classifiés sur Farhat Hached[11].

Vie privée

Depuis 1974, Hached est marié à Anissa El Materi, qu'il rencontre en 1973, alors qu'elle fait des recherches historiques sur son père Mahmoud El Materi.

Ils ont deux enfants.

Références

  1. (fr) [PDF] Hubert Michel et Maurice Flory [sous la dir. de], Annuaire de l'Afrique du Nord, éd. du CNRS, Paris, 1981, p. 904
  2. (fr) « Vers une réforme radicale pour la Ligue arabe », Le Matin, 21 mai 2003
  3. (en) Andrew Borowiec, « Europe tightens migration: critics say Europe's treatment of immigrants is damaging the relationship between the Mediterranean's north and south. Arabs are calling for observers to monitor abuses », Insight on the News, 7 janvier 2002
  4. (fr) « Affaires des caricatures blasphématoires : les raisons de la colère », Le Quotidien, date inconnue
  5. (en) Discours de Noureddine Hached (Fondation AISI Sicilia - Mediterraneo per la pace)
  6. (fr) « Promouvoir nos relations de coopération et protéger les intérêts de la communauté tunisienne à l'étranger », La Presse de Tunisie, 14 novembre 2007
  7. (fr) Exposition Legacy of Carthage au Japon (Institut national du patrimoine)
  8. (en) « Tunisia: Arab-Japanese Economic Forum in Tunis. December 11-12 », Babnet, 9 décembre 2010
  9. (fr) « Démission de Noureddine Hached, ambassadeur de Tunisie au Japon », Businessnews, 26 janvier 2011
  10. (fr) « Noureddine Hached succède à Farhat Rajhi à la tête du Haut comité des droits de l'Homme », Leaders, 29 août 2011
  11. (fr) Abdelaziz Barrouhi, « Justice pour Farhat Hached », Jeune Afrique, 2 avril 2010

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Noureddine Hached de Wikipédia en français (auteurs)

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