- Notre-Dame la Grande
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Église Notre-Dame la Grande de Poitiers
Église
Notre-Dame la Grande de PoitiersVue générale de l'édifice Latitude
LongitudeNon renseigné
(Chercher ce lieu)Pays France Région Poitou-Charentes Département Vienne Ville Poitiers Culte Catholique romain Type Église paroissiale Rattaché à Archidiocèse de Poitiers Début de la construction XIe siècle Fin des travaux XIIe siècle puis XVe et XVIe siècles (chapelles) Style(s) dominant(s) Roman Classé(e) Monument historique (1840)< modifier Notre-Dame-la-Grande est une église collégiale de style roman située à Poitiers. Sa façade sculptée est un chef-d'œuvre unanimement reconnu de l'art religieux de cette période. Les murs sont peints à l'intérieur.
Sommaire
Histoire et architecture
Le quartier était fortement occupé à l'époque romaine. Les vestiges antiques d'une construction en pierres rectangulaires et en briques sont repérables sur le mur gouttereau nord de l'actuelle église.
L'église est mentionnée dès le Xe siècle, sous le vocable de "Sancta Maria Major", référence à l'église romaine du même vocable, Sainte-Marie-Majeure.
Possédant un double statut, collégiale et paroissiale, elle fait partie du domaine de l'évêque de Poitiers. Sa position jouxte le Palais des Comtes de Poitou-Ducs d'Aquitaine (actuel palais de justice de Poitiers), n'est certainement pas innocente du point de vue politique, les évêques de Poitiers étant barons du Poitou.
L'ensemble de l'édifice est reconstruit dans la seconde moitié du XIe siècle, en pleine période romane, et consacré en 1086 par le futur pape Urbain II.
Le plan de l'église se compose d'une nef centrale avec des collatéraux très élevés selon un schéma fréquent dans l'architecture romane poitevine. De l'intérieur on a l'effet d'une "église halle" à un seul niveau d'élévation. La voûte en berceau a une silhouette légèrement aplatie, alors que les collatéraux sont couverts d'une voûte d'arêtes. A l'extérieur, les collatéraux étaient couverts d'une terrasse plate, la toiture étant réservée à la nef : ainsi on avait l'effet d'une élévation basilicale à deux niveaux. Cette silhouette disparut avec les remaniements gothiques. Un déambulatoire avec chapelles rayonnantes se développe autour du chœur qui a conservé une partie de ses peintures murales. Une crypte du XIe s., creusée a posteriori sous le chœur, conserve également des fresques d'époque. Le plan ne présente pas de transept, certainement par souci de place : des édifices se trouvaient au nord, et la rue principale passe au sud. C'est peut être aussi pour cela que le chœur est légèrement désaxé par rapport à la nef. Le portail roman est conservé en partie au sud. Amputé de son étage, on y trouvait avant la Révolution, une statue équestre représentant Constantin. Cette statue était la réplique d'une autre plus ancienne détruite par les huguenots en 1562. On ignore si l'identité du premier cavalier était la même. Derrière cette statue à l'étage est mentionnée au Moyen Âge une petite chapelle dédiée à sainte Catherine. Le clocher date du XIe siècle. Il était à l'origine beaucoup plus marqué : le premier niveau est aujourd'hui dissimulé par les toitures. Situé à l'emplacement de la croisée, il présente une base carrée puis un niveau circulaire surmonté d'un toit en écailles. Ce type de toiture, fréquent dans le sud-ouest, fut souvent copié par les architectes du XIXe siècle, notamment Paul Abadie à Angoulême, Périgueux et Bordeaux.Durant le deuxième quart du XIIe siècle, l'ancien clocher-porche qui se trouvait en façade fut rasé et l'église fut agrandie de deux travées vers l'ouest. Au sud, la tourelle d'escalier marque l'emplacement de cet agrandissement. C'est à cette époque que l'on édifia la célèbre façade-écran.
Au nord se trouvait un cloître du XIIe siècle. Il fut rasé en 1857 pour la construction des halles métalliques. Il reste la porte (murée). Trois arcs soutenus par des colonnes dédoublées avec des chapiteaux à feuillage ont été remontés dans la cour de l'université de droit en face, de même qu'un pilier d'angle.
Des chapelles privées furent ajoutés au bâti roman durant les XVe et XVIe siècles. De style gothique flamboyant ou renaissance, elles appartenaient aux familles bourgeoises de la ville, devenue marchande durant la fin du Moyen Âge. La plus grande fut construite au sud par Yvon du Fou, grand sénéchal du Poitou au XVe siècle. On y trouvait sa tombe avant la Révolution.
Décor intérieur
Des fresques romanes ne subsistent que celles du cul-de-four au-dessus du choeur et de la crypte. Au-dessus du chœur, on distingue encore une représentation peu fréquente de l'apocalypse : la Vierge à l'Enfant est représentée dans une mandorle, le Christ est en majesté sur la voûte, entre un cercle et un carré, puis l'Agneau Mystique est représenté dans un cercle. Tout autour, sous des arcatures, les 12 apôtres sont représentés assis, comme sur la façade. Les historiens de l'art pensent aujourd'hui que cette peinture a servi de modèle pour les sculptures de la façade, les attitudes et la composition étant identiques. Dans les angles, des anges accompagnent les âmes au paradis. Dans la crypte, les fresques représentent des saints anonymes. Quelques traces de représentations d'animaux apparaissent sous les enduits dans le collatéral nord. L'ensemble de l'église fut restaurée par Joly-Leterme en 1851. Ce dernier fit repeindre les colonnes et les voûtes avec des motifs "romano-byzantins", partant d'un principe courant chez les restaurateurs du XIXe siècle, celui de l'influence des croisades sur l'art roman. Fantaisistes et un peu lourdes, ces peintures furent critiquées dès l'époque. L'écrivain Joris-Karl Huysmans les traita de "tatouages". Les sculptures des chapiteaux sont sobres, composées de feuillages stylisés dits "feuilles grasses". Un seul chapiteau est historié : situé dans le déambulatoire côté sud, il représente l'Ascension avec Christ debout dans une mandorle. Les chapiteaux du choeur s'inspirent des chapiteaux corinthiens de l'antiquité romaine. On y lit le nom "Robertus", sans savoir à qui il fait référence. Des croix pattées sont sculptées un peu partout sur les colonnes, dans les combles et sur le clocher. Dans la chapelle Ste-Anne, dite "du Fou", se trouve une mise au tombeau sculptée en pierre polychrome. Datant des premières heures du XVIe siècle, elle provient de l'ancienne abbaye de la Trinité.
Mobilier
L'église fut remeublée après la Révolution. Ainsi, on y trouve une chaire baroque en bois sculpté du XVIIe siècle, provenant du couvent des filles de Notre-Dame, deux lutrins en bronze du XVIIe siècle représentant l'aigle de St-Jean. La statue de Notre-Dame des Clefs date de la fin du XVIe ou du début du XVIIe siècle. La tradition dit qu'il s'agit d'une copie de la statue miraculeuse, détruite par les huguenots en 1562. Son style hiératique, étranger au goût de la fin du XVIe siècle, rappelle en effet plutot les vierges romanes. On conserve les manteaux, couronnes et ornements qui servaient lors de la procession du Lundi de Pâques. Un tableau du XVIIe siècle représente le Miracle des Clefs, de même qu'un vitrail du XIXe siècle. L'ensemble des vitraux date des XIXe et XXe siècles. L'orgue de chœur est de la fin du XIXe siècle, alors que les grandes orgues sont de 1996.
La façade
Rajoutée vers le deuxième quart du XIIe siècle, la façade-écran de Notre-Dame-la-Grande a une silhouette propre au roman poitevin. On retrouve ce type de composition à l'église St-Hilaire de Melle et à St-Jouin-de-Marnes. La façade, plate, est beaucoup plus haute que l'édifice, faisant l'effet d'un fond de scène. Elle est structurée d'arcatures superposées et encadrée par deux tourelles. La sculpture orne à profusion la façade. On y trouve des motifs fréquents de l'art roman : rinceaux, bestiaire, modillons sculptés de têtes grimaçantes et de figures fantastiques. Un chapiteau représente des éléphants affrontés. Au-dessus du portail, une frise comporte des scènes bibliques.
La frise de façade
Au-dessus de la porte, on peut contempler une frise de haut-reliefs illustrant des passages de la Bible. Les scènes choisies, prises dans l'Ancien et le Nouveau Testament, racontent l'annonce et la venue de Dieu sur terre en la personne de Jésus-Christ pour sauver l'humanité du péché originel. Elle est parfois appelée frise de l'Incarnation. De gauche à droite on y voit le péché originel, Nabuchodonosor roi de Babylone, les prophètes Daniel, Moïse, Isaïe et Jérémie. Ils sont suivis par l'Annonciation, l'Arbre de Jessé et le roi David. Cette première moitié de frise, montrant ceux qui voient la venue d'un sauveur dès l'Ancien Testament, l'Annonciation et les ancêtres de la Vierge, évoque la filiation qui existe entre l'Ancien Testament et le Nouveau dans l'Église chrétienne. De l'autre côté du portail, on voit la Visitation, entre les villes de Nazareth et de Jérusalem. Représentées comme des villes médiévales, la ville de Nazareth représente aussi la Synagogue, celle de Jérusalem l'Église. On représente ainsi, au XIIe siècle, le passage de la loi juive à la nouvelle loi chrétienne. Cette scène est suivie de la Nativité Jésus et du Bain de l'Enfant scène tirée des écrits apocryphes. La coupe dans laquelle on lave Jésus est aussi le calice de la messe, qui évoque ici son sacrifice. A la fin, Saint Joseph, perplexe, assiste à la scène. Sous Joseph, deux hommes sont représentés en train de lutter. Selon une étude récente (cf. bibliographie) il s'agirait de la lutte entre Jacob et l'Ange.
Juste au-dessus, les arcades abritent les douze apôtres et deux évêques. La tradition locale y voit Saint-Hilaire et Saint-Martin. Les historiens de l'art préfèrent y voir non pas des portraits mais des représentations de l'évêque comme héritier des apôtres, donc représenté au même niveau. Les tenues sont d'ailleurs différenciées : à droite, un évêque rappelle le pouvoir épiscopal des évêques de Poitiers, barons du Poitou. A gauche, l'évêque porte la tenue papale du XIIe siècle : c'est l'évêque de Rome, rappel du pouvoir papal en une période marquée par la réforme grégorienne.
Enfin au sommet est représenté la Parousie: le Christ est représenté debout dans une mandorle, entouré du Tétramorphe et surmonté du Soleil et de la Lune.
On distingue l'œuvre d'au moins deux ateliers de sculpture différents : l'un avec un goût pour le mouvement et les plis, visible dans l'Annonciation par exemple, et l'autre avec un travail plus statique, en aplats (cf la Visitation). Les sculptures avaient été réalisées avant le montage de la façade, ainsi que l'indique certains rinceaux qui ne se suivent pas ou certaines sculptures qui ne sont visiblement pas à l'emplacement initialement prévu.
Des traces de polychromie et d'inscriptions peintes ont été repérées sur la frise et les personnages. Elles sont surtout visibles pour le spectateur autour de la scène de l'Annonciation.
En 1562, lors du sac de Poitiers, les huguenots ont cassé les têtes des figures qu'il jugeaient hérétiques. Au XVIIe siècle, la présence de marchands sauniers qui avaient placé leurs échoppes contre la façade, va provoquer une détérioration de la pierre calcaire par le sel.
En 1992 on a commencé une grande campagne de restauration de l'église. Les pierres furent désalées en laboratoire et réinstallées. L'inauguration de la façade restaurée eut lieu en 1995. C'est à cette occasion que les artistes de Skertzò ont crée le spectacle des Polychromies de Notre-Dame-la-Grande.
La légende du miracle des clefs
En l'an 1202, les Anglais assiégeaient la ville. Le clerc du maire leur promet de leur livrer la ville en leur fournissant les clés de la ville en échange d'une grande somme d'argent et ce, le jour de Pâques.
Dans la nuit, le clerc rentre dans la chambre du maire pour lui voler les clés mais, au moment de les saisir, elles avaient disparu.
À son réveil, le maire se rend également compte de la disparition et, effrayé, sait qu'il y a eu trahison. Il prévient donc son armée et se rend à Notre-Dame-la-Grande pour prier. Il y découvre la statue de la Vierge Marie, les clés en main.
Pendant la nuit, sous les remparts, effrayés par les apparitions de la Vierge, de Saint-Hilaire et de Sainte-Radegonde, les Anglais se sont entretués et se sont enfuis.
Elle est représentée dans l'église sur un vitrail du XIXe siècle et sur un tableau du XVIIe. L'Église St-Hilaire-le-Grand de Poitiers conserve trois statues en pierre (la Vierge à l'Enfant, Saint Hilaire et Sainte Radegonde) qui ornaient autrefois la porte de la Tranchée, lieu du miracle.
La légende est invraisemblable du point de vue historique puisqu'en 1202 le Poitou faisait partie du duché anglais d'Aquitaine, sous les règnes d'Henri II et d'Aliénor d'Aquitaine. Le récit le plus ancien remonte à Jean Bouchet, dans ses Annales d'Aquitaine. La légende est devenue très populaire surtout après le siège de l'amiral Gaspard II de Coligny à Poitiers en 1569.
Les Poitevins ont célébré jusqu'en 1887 cette protection divine par une procession solennelle dans toute la ville et une statue a été érigée au milieu du chœur au XVIIe siècle.
Bibliographie
Andrault-Schmitt, Claude, et Camus, Marie-Thérèse, Notre-Dame-la-Grande, l'œuvre Romane, éditions Picard, CESCM, 2002
Riou, Yves-Jean, la Collégiale Notre-Dame-la-Grande, collection Itinéraires du Patrimoine, éditions du C.P.P.P.C., 1995Liens externes
- Romanes.com : Chapîteaux de la façade
- diocese-poitiers.com : Histoire de l'église sur le site du diocèse de Poitiers
- : Site de l'office du Tourisme et du Service Patrimoine de Poitiers
- : Les Clefs de Notre-Dame-la-Grande, une association culturelle pour faire rayonner ce patrimoine par la création artistique
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