Nom binominal

Nom binominal

En taxinomie (botanique, zoologie, etc.), le nom binominal[1], ou binôme, provient de la combinaison de deux noms, servant à désigner un taxon de rang inférieur au genre. Formalisée par Linné au cours du XVIIIe siècle, la nomenclature binominale, ainsi que d’autres aspects formels de la nomenclature biologique, constituent le « système linnéen ».

Sommaire

Les différents binômes

Au-dessous du rang de genre, tous les noms de taxons sont appelés combinaisons.

  • Entre genre et espèce (sous-genre, section, sous-section, série, sous-série, etc.), les combinaisons sont infragénériques et binominales : nom de genre, puis après indication du rang, une épithète infragénérique.
Par exemple le cèpe appartient à la section « Boletus sect. Edules ». Edules correspond à un nom infragénérique (inférieur au genre), au rang d'une section réunissant plusieurs espèces de même affinité ;
  • Au rang d'espèce, les combinaisons deviennent spécifiques et binominales. C'est le sujet principal traité dans cette page ;
  • En dessous de l'espèce (variété, forme, etc.) les combinaisons sont infraspécifiques et trinominales.

Pour les détails, chaque discipline biologique ayant des règles nomenclaturales sensiblement différentes, voir les articles suivants : Rang (bactérien), Rang (botanique), Rang (zoologique).

Historique de la nomenclature binominale

Jean Bauhin (1541-1612) est le premier à avoir pensé à une nomenclature regroupant Genre et espèce au début de la Renaissance. Malgré sa brillante idée, encore valable chez les zoologistes actuels, celui-ci ne put l'imposer dans le monde scientifique de l'époque.

Il faut attendre plus d'un siècle pour que Carl von Linné (1707-1778), naturaliste suédois influent, introduise et impose cette nomenclature dite binaire, puis binominale. C'est Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) qui, dans son Institutiones rei herbariae (1700), popularise l'usage du genre et du nom générique comme de l'espèce et du nom de celle-ci. Puis c'est Karl Niklaus Lang (1670-1741) qui, en 1722, utilise le premier cette méthode en zoologie (Melville, 1995), il a formalisé un ensemble de règles qui a favorisé son adoption par les communautés scientifiques.

Le premier ouvrage français à avoir utilisé cette nomenclature binominale est un catalogue des espèces cultivées au jardin botanique de Montpellier, l'Hortus regius monspeliensis du botaniste Antoine Gouan (1733-1821).

Les règles de nomenclature sont modulées en fonction des disciplines ; celles s'appliquant aux taxons du règne végétal et du règne fongique sont édictées par le Code international de nomenclature botanique (CINB) ; celles du règne animal par la Commission internationale de nomenclature zoologique (CINZ). Ces règles ne restent pas immuables. Elles font l'objet de réajustements périodiques lors des congrès internationaux (tous les six ans).

Le principal avantage de cette terminologie est, depuis Linné, d'avoir offert un langage commun. Par delà les noms vernaculaires propres à chaque langue pour désigner l'espèce humaine ou les membres de celle-ci (Human, Mensch, Ser humano…) et parfois multiples au sein d'une même langue (l'espèce humaine, l'homme, l'humain…), Homo sapiens se présente comme un vocable de référence, certes de nature scientifique, mais qui a su par ailleurs acquérir une notoriété dépassant celle du jargon.

Binômes spécifiques

Ils demeurent les plus importants car toute espèce du monde vivant est désignée par un binôme. Ce binôme spécifique se compose d'un nom de genre suivi d'un nom d'espèce, dont l'ensemble constitue le nom scientifique international sous lequel tout « individu » identifié à cette espèce peut être désigné.

Les deux termes du binôme sont appelés respectivement nom générique et nom spécifique (ou épithète spécifique). Toutefois, le nom scientifique complet de l’espèce exige l’ensemble du binôme et pas seulement l'épithète spécifique.

Exemple : Homo sapiens Linné, 1758.

  • Homo constitue le nom de genre (au nominatif latin, avec première majuscule et en italique) qui a donné le mot « Homme » en français.
  • sapiens provient d'un adjectif latin (en minuscule italique) signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », et qui désigne ici l'espèce.
  • Linné identifie le nom du naturaliste qui a nommé et décrit l'espèce.
  • 1758 situe l'année de publication de la diagnose, ou de sa validation.

Définition nomenclaturale

Les binômes sont établis selon des règles précises, fixées par la nomenclature scientifique des noms des espèces vivantes :

  • Ils sont réputés latins, quelle que soit leur origine : un des deux noms, voire les deux pouvant être transcrits du grec ancien comme Abramis, du chinois comme Agrocybe chaxingu, ou du japonais comme Lentinula shiitake. En effet, ils sont impérativement écrits en alphabet latin (aucun diacritique ou accent ne sont tolérés, les ligatures Æ, æ, Œ, œ, ß sont écrites sans ligature : Ae, ae, Oe, oe, ss) et reçoivent une désinence latine ou se déclinent en latin chaque fois qu'il est morphologiquement possible. Le trait d'union est autorisé en botanique mais son usage est codifié. Toujours en botanique, la présence d'un point au sein d'un nom n'est pas strictement impossible[2] mais est très rare et sans doute très codifiée[3]
  • À partir d'une certaine date de publication, variable selon les disciplines, les binômes doivent être accompagnés d'une diagnose latine, avec description et typification, dans la même publication (ou ultérieurement, voir plus bas « : » ou « ex »).
  • Ils sont censés contenir une valeur descriptive, notamment l'épithète qualificative ou génitif de qualité. Il ne s'agit ici que d'une recommandation du Code aux auteurs, mais la plus grande liberté est admise dans le choix du nom de baptême. Ce peut être un patronyme (rouxii), un prénom (mariae), un pseudonyme (otaksa), un toponyme (brasiliensis, japonica…), un nom indigène quelle que soit sa langue d'origine, ou un mot composé savant (voir ci-après).
  • Il est à présent également recommandé d'en expliquer le sens (recommandation 60 H.1.) particulièrement lorsqu'elle n'apparaît pas évidente. Par exemple, Clitocybe acromelalga Ichimura, décrit un nom savant composé du grec acro- « extrémité », -mel- « articulation » et alga « douleur », ce champignon provoquant des douleurs atroces des extrémités (doigts et orteils). Il est toutefois mal décliné (acromelalges eût été correct), mais la correction, qui doit faire l'objet d'une demande, relève d'une décision officielle.

Quelques exemples de binômes, suivis du nom de leurs auteurs :

Présentation formelle

Il faut respecter certaines règles de composition (orthographe et grammaire latine) et de typographie :

  • La première lettre du premier terme (le nom de genre) s'écrit en majuscule et tout le reste en minuscules. La recommandation 60 F.1. précise : La lettre initiale de toute épithète spécifique ou infraspécifique devrait être une minuscule ; cependant, les auteurs qui désirent utiliser une majuscule peuvent le faire pour des épithètes directement dérivées de noms de personnes, réelles ou mythiques, de noms vernaculaires (ou non latins) ou d'anciens noms de genres.
  • Comme le binôme est écrit en latin, il est d'usage de l'écrire en italique, ce qui a en outre l'avantage de le faire ressortir visuellement. Quand on ne peut mettre le binôme en italique, en écriture cursive courante par exemple, l'usage typographique veut qu'il soit souligné.

Mention de rangs intermédiaires

Le nom de sous-genre ou d'autres rangs intercalaires, est parfois inséré entre parenthèses entre le nom de genre et le nom d'espèce. Par exemple Hylobius (Callirus) abietis (Linnaeus, 1758). Ils sont tolérés pour indiquer une phylogénie, mais ce nom de sous-genre ne fait en aucun cas partie du binôme.

Quand le binôme devient trinôme

En dessous du rang d'espèce (variété ou race, sous-espèce, forme), le nom des taxons devient trinominal, avec le nom de genre, une épithète spécifique suivis d'une seule épithète infraspécifique : Panthera leo persica. Dans les cas de la botanique et de la mycologie cela se fait après l'indication du rang : Tricholoma saponaceum var. fagetorum.

La citation d'auteurs

Chaque fois que la rigueur devient nécessaire, on doit faire suivre le binôme de la citation d'auteurs et de la date de publication (l'année suffit) de la description originale, éventuellement complétée de sa référence bibliographique.

Par exemple, toujours pour le guépard :

Il existe quatre catégories d'auteurs :

  • L'auteur du taxon d'origine ou basionyme.
  • L'auteur d'une nouvelle combinaison à partir de ce basionyme (changement de genre ou changement de rang taxinomique). Chaque recombinaison créant autant de synonymes.
  • L'auteur sanctionnant un basionyme invalide.
  • L'auteur sanctionnant une recombinaison invalide.

Lorsque le taxon est publié pour la première fois, la citation est toujours simple : le nom est suivi du nom de l'auteur qui le publie. Ce nom de personne peut être donné au long, mais on utilise très souvent une abréviation plus ou moins acceptée par l'usage. L'auteur peut se substituer à un collectif d'auteurs (l'ensemble des auteurs publiant conjointement le nom et qui en assument la responsabilité).

Parenthèses dans la citation d'auteurs

Lorsqu'un systématicien estime que le genre choisi n'est pas le meilleur pour cette espèce, notamment suite à la création d'un nouveau genre, il peut décider de transférer l'espèce dans un autre genre. Dans ce cas, le nom de l'auteur de la combinaison princeps demeure, mais il est placé entre parenthèses.

Chaque fois qu'une espèce est transférée dans un autre genre, on doit obligatoirement mentionner à la suite de la parenthèse fermante, le nom de celui qui, le premier, a publié cette nouvelle combinaison (abrégée comb. nov.).

Autrement dit, chaque fois que le taxon auquel le nom (supposé publié de manière valide) s'applique initialement a été changé de genre et que l'épithète est conservée (ce qui n'est pas toujours possible), on procède comme suit :

  • Le nom de l'auteur initial (ou son abréviation) est cité entre parenthèses et l'on fait suivre cette parenthèse du nom de l'auteur du transfert au genre d'accueil.
  • Ceci s'applique aussi s'il y a changement de rang (transfert entre les rangs d'espèce, de sous-espèce, de variété, etc.).

La règle s'applique même si au lieu d'un seul auteur, le transfert est le fait de plusieurs auteurs conjointement dans la même publication (publications signées par plusieurs auteurs).

Mention de l'année de publication

Cette date situe l'année de publication effective du livre ou de la revue dans lequel l'espèce a été décrite la première fois sous ce binôme. Cette date est indispensable pour retrouver, notamment quand on consulte des ouvrages anciens (plus de cinq ans suffisent dans certaines disciplines), une espèce citée même si elle a changé de genre. La mention de l'année est cependant facultative, de même que la citation bibliographique complète.

Notes et références

  1. En botanique, on dit aussi nom binomial. Avant 1953 on trouve en français les termes "binomial" ou "binominal", aussi bien en botanique qu'en zoologie
  2. Par exemple, le nom Sideroxylon st.-johnianum (H.J.Lam & B.Meeuse) Smedmark & Anderb. est valide et accepté
  3. Le Code International de Nomenclature Botanique ne semble faire ni état d'une interdiction ni d'une autorisation...

Voir aussi

Bibliographie

  • Thierry Hoquet (2005). Les fondements de la Botanique — Linné et la classification des plantes, Vuibert, Paris, (ISBN 978-2-7117-9145-3)
  • Richard V. Melville (1995). Towards stability in the names of animals : A history of the International Commission on Zoological Nomenclature 1895-1995, International Trust for Zoological Nomenclature (Londres) : viii + 92 p. (ISBN 978-0-85301-005-0)

Articles connexes

Sur la citation d'auteurs :

Sur les autres aspects nomenclaturaux :

Liens externes



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  • Binominal — Bi*nom i*nal, a. [See {Binomial}.] Of or pertaining to two names; binomial. [1913 Webster] …   The Collaborative International Dictionary of English

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