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Nirvāna
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Sommaire
Acception dans le bouddhisme
Dans son acception bouddhique, qui est la plus commune aujourd'hui, ce terme désigne le « but » de la pratique bouddhique, l'Éveil (bodhi). Il est au-delà de toute description et ne peut être défini que négativement comme la fin de l'ignorance, facteur essentiel de la coproduction conditionnée, et des trois soifs : désir des sens (kāma-taṇhā), désir d'existence ou vouloir-vivre (bhava-taṇhā) et désir d'annihilation (vibhava-taṇhā). Le nirvana est une forme d'achèvement qui peut être comparé, selon les textes, à l'extinction d'une flamme : de même qu'on ne peut définir un feu qui ne brûle pas, on ne peut définir une personne qui a « exsufflé » les agrégats d'existence (désirs, volitions, conceptions erronées) qui entraînent une personne non éveillée de renaissance en renaissance.
Une définition moins négative est celle d'une paix intérieure totale et permanente, provenant du détachement. L'acquisition de cet « état » (qui est défini comme un « non-état ») est réputée possible pendant la vie, ou, éventuellement, lors de la mort. L'idée assez vulgarisée dans le public du nirvāna comme d'un « paradis » où l'on continuerait à exister après la mort est absurde (et contradictoire avec la thèse bouddhiste du non-soi et de la vacuité des phénomènes et de l'Absolu). On ne peut donc ni y « entrer » ni y « rester ». Le nirvāna n'est pas non plus la mort, mais plutôt la fin de la croyance en un ego autonome et permanent.
Des termes proches sont : éveil, extinction, libération, illumination, délivrance, vacuité absolue, paix suprême, réalité ultime.
Pour le bouddhisme hīnayāna, le nirvāna est "l'autre rive", qui "existe" par opposition au cycle du devenir, le saṃsāra, alors que pour le bouddhisme mahāyāna nirvāna et saṃsāra sont ultimement identiques, de par la non-dualité de la nature des choses.
On distingue au moins deux types de nirvāna :
- nirvāna avec reste d’existence (pali : sa-upādisesa-nibbāna, sanskrit : sopadhisesa nirvana) : celui qu'obtient un arhat ou un bouddha au cours de sa vie ;
- nirvāna sans reste d’existence (pali : an-upādisesa-nibbāna, sanskrit : nirupadhisesa nirvana) : appelé aussi parinirvâna (pali : parinibbāna), ou extinction complète, lors de la mort d'un arhat ou d'un bouddha.
L'école Cittamātra du Mahāyāna rajoute deux autres types :
- prakrti-visuddha-nirvāna : tous les êtres sont dans un nirvāna originellement pur ;
- apratisthita-nirvāna : nirvāna "non fixé", celui des bodhisattvas qui ne demeurent ni dans le samsâra ni dans le nirvāna, pour le bien des êtres sensibles.
Voir aussi Parinirvāna, Satori.
Acception dans l'hindouisme
Le même concept existe également dans l'hindouisme mais il est de préférence nommé moksha (ou encore mukti, laya), le terme de nirvāna y étant moins souvent employé.
Citations
- « Il y a un sans-naissance, sans-devenir, sans-création, sans-condition. S'il n'y avait pas ce sans-naissance, sans-devenir, sans-création, sans-condition, on ne pourrait échapper au né, devenu, créé, conditionné. Mais puisqu'il y a un sans-naissance, sans-devenir, sans-création, sans-condition, on peut échapper au né, devenu, créé, conditionné. » Udana, VIII, 3.
- « Comme une flamme soufflée par un vent puissant va en repos et ne peut être définie, ainsi le sage qui est libéré du corps et de l'esprit (nāmakāyā) va en repos et ne peut être défini. Pour lui, il n'y a plus de mesure qui permette de le décrire. Quand toute chose (dharma) a disparu, tous les signes de reconnaissance ont aussi disparu. » Sutta Nipāta
- « Là où il n'y a rien, où rien ne peut être saisi, c'est l'Ile ultime. Je l'appelle nirvāna : extinction complète de la vieillesse et de la mort. » (Sutta Nipāta, 1093-1094)
- « Le nibbana est la cessation du devenir. » (bhava nirodho nibbanam) (Samyutta Nikaya 12, 68)
- « Le nibbana est le bonheur suprême. » (nibbana paramam sukham) (Dhammapada, 204)
- " Le Nirvana est la quiétude de l'océan lorsque le petit enfant s'y noie. " (Tetsuo)
Sens populaire
Dans le langage familier, nirvana désigne un "bonheur suprême", un plaisir des sens atteint notamment par la sexualité, des objets ou des situations hautement agréables. Il s'agit alors d'un sens dévoyé, à peu près synonyme de plaisir intense, assez éloigné de la notion de paix intérieure.
Voir aussi
- Parinirvâna
- Bouddhisme hīnayāna
- Saṃsāra
- Louis de La Vallée-Poussin, Nirvâna, G. Beauchesne, 1925
Notes
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