- Mort pendant l'orgasme
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Épectase
L’épectase est, chez les chrétiens, une tension et un progrès de l’homme vers Dieu.
Sommaire
L'épectase dans la doctrine chrétienne
Le terme ἐπέκτασις / epéktasis signifie en grec classique « extension, allongement », en particulier en philologie : il désigne alors l’allongement d’une voyelle brève[1]. Son utilisation par les auteurs chrétiens vient d’un passage de l’épître aux Philippiens (III, 13–15) de Paul de Tarse :
« Oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort (ἐπεκτεινόμενος / epekteinómenos) vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l'appel céleste de Dieu dans le christ Jésus.[2] »
Le mot est repris par Grégoire de Nysse, principalement dans sa Contemplation sur la vie de Moïse et dans ses Homélies sur le Cantique des cantiques chez qui le terme désigne le progrès de l’homme vers Dieu :
« L’homme qui désire voir Dieu voit celui qu’il recherche dans le fait même de toujours le suivre ; la contemplation de sa face, c’est la marche sans répit vers Lui, qui est réussie si on marche à la suite du Verbe[3]. »
Jean Climaque (VIIe siècle) représente cet effort par la métaphore de l’échelle. Chez d'autres Pères grecs, le mot caractérise la béatitude des élus au Paradis, s’accroissant sans cesse et n’atteignant jamais la satiété. Dans ces sens, le mot reste employé de manière courante par les orthodoxes.
Élargissement sémantique
Le sens plus connu de « mort durant l’orgasme », indiqué entre autres par le dictionnaire Robert, est purement accidentel. En 1974, le cardinal français Jean Daniélou trouve la mort dans des circonstances embarrassantes pour l’Église catholique romaine : on trouve son corps chez une prostituée. L’Église réagit en publiant un communiqué indiquant que c’est « dans l’épectase de l'Apôtre qu’il est allé à la rencontre du Dieu Vivant ». Daniélou a en effet abondamment commenté la notion d'épectase dans son ouvrage sur Grégoire de Nysse, Platonisme et théologie mystique, en 1944. Le Canard enchaîné, peu convaincu, plaisante sur le mot, lui donnant ainsi cette seconde signification qu’il n’avait en rien au départ.
Un cas connu d'épectase — dans ce second sens — est le président français Félix Faure (1841-1899), mort dans les bras de Marguerite Steinheil. Selon l'anecdote, le médecin alerté demanda : « Le Président a-t-il toujours sa connaissance ? » et que la réponse fut « Non, Monsieur, on l'a fait sortir par une porte dérobée »[réf. nécessaire]. Georges Clemenceau aurait commenté : « il voulut vivre comme César et il est mort Pompée[réf. nécessaire]. »
Au cinéma
Dans le film "La Grande Bouffe" (Marco Ferreri - 1973) le réalisateur fait mourir Ugo Tognazzi d'épectase (et de boulimie) entre les mains d'Andréa Ferréol
Notes
- ↑ Bailly, Dictionnaire grec-français, à l'article ἐπέκτασις.
- ↑ Extrait de la traduction du protestant John Nelson Darby (1859), choisie ici pour son caractère particulièrement littéral.
- ↑ Homélies sur le Cantique des cantiques, Migne, coll. « Pères dans la foi », p. 246.
Bibliographie
- Paul M. Blowers, « Maximus the Confessor, Gregory of Nyssa, and the Concept of “Perpetual Progress” », vol. 46, no 2 (juin 1992), p. 151-171.
- Jimmy-Yannick Buzaré, « Le progrès spirituel ou épectase chez Grégoire de Nysse », Patristique.org [lire en ligne]
- A. Lévy, « Aux confins du créé et de l'incréé : les dimensions de l'épectase chez Grégoire de Nysse », Revue des sciences philosophiques et théologiques, vol. 84, no 2 (2000à, p. 247-274.
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