- Monument aux morts de la commune de Gentioux
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Monument aux morts de Gentioux
Le monument aux morts de Gentioux est situé dans la commune de Gentioux-Pigerolles dans le département de la Creuse et la région Limousin.
Le monument est constitué d'un enfant le poing tendu vers l'inscription « Maudite soit la guerre », symbolisant la douleur et la révolte après la perte d'un père lors de la Première Guerre mondiale qui se déroula de 1914 à 1918. Cette guerre a mis en jeu plus de soldats, provoqué plus de décès et causé plus de destruction matérielle que toute guerre antérieure. Plus de 60 millions de soldats y ont pris part[1],[2]. Pendant cette guerre, environ 9 millions de personnes sont décédées et environ 8 millions sont devenues invalides[3],[4].
Les communes de Gentioux et de Pigerolles ont fusionné en 1972, mais il existe toujours 2 mairies, 2 monuments aux morts...Le monument de Pigerolles est traditionnel[5], alors que celui de Gentioux est devenu un des monuments aux morts pacifistes français parmi les plus connus.
Sommaire
Descriptif
Le monument de Gentioux, en granite et en fonte, est constitué d'une colonne élevée sur un socle de trois marches. Elle porte en haut de la colonne les palmes de la victoire ou de la paix. La hauteur du monument est de 3,80 mètres sur une largeur de 2,78 mètres. Sur une stèle est gravé le nom des 58 soldats [6]morts pendant la guerre de 14-18. Plus tard 5 nouveaux noms des autres conflits seront rajoutés.
En bas de la colonne, un écriteau : « Maudite soit la guerre » est désigné par un enfant. C’est un orphelin habillé avec un sarrau, la blouse de l’écolier, en sabot avec sa casquette à la main; un visage triste ; il lève le bras le poing serré, en montrant les 58 noms gravés, comme s’il voulait dénoncer les responsables de la guerre de 14-18 [7]
Histoire
L'histoire de ce monument commence en 1922 quand, à l’initiative du maire du village, Jules Coutaud, SFIO (socialiste de l'époque), maréchal-ferrant, ancien combattant gazé pendant la Première Guerre mondiale, il est décidé de l'ériger. Jules Coutaud a été maire de Gentioux pendant 45 ans de 1920 à 1965.
Trois projets sont présentés au conseil municipal. C'est celui de Monsieur Duburgt, conseiller municipal et ébéniste de profession qui est retenu. Il explique ainsi son choix : "Plutôt qu'un Poilu, j'ai voulu, traduire un cri du cœur. J'ai donc dessiné un orphelin, en tenue d'écolier, montrant du doigt cette inscription gravée dans la pierre et qui était alors sur toutes les lèvres : Maudite soit la guerre.! »[8].
Un modèle en bois est dessiné par le concepteur du projet Monsieur Duburgt, puis ce sont des artisans locaux qui réalisent le monument. La sculpture de l'écolier en fonte, est de Jules Pallanchi, elle sera fondue par E. Guichard et c'est l'entrepreneur Émile Eglizeaud entrepreneur de Faux-la-Montagne qui construira l'ensemble du monument. Le monument coutera 11 640 francs avec le financement suivant : 3 909 francs de souscription publique, 6 169 francs pris sur le budget communal et 1 562 francs de subvention de l'état[9].
En 1922, le monument est inauguré par les élus locaux et la population, mais la préfecture refusera d'être représentée. Ainsi le monument ne fut pas officiellement inauguré. Lors du passage des troupes devant le monument, lorsque celles ci rejoignaient le camp militaire de La Courtine, ordre était donné à celles-ci de détourner la tête.
Le monument fut inauguré uniquement en novembre 1985, à l'initiative du maire de l'époque Pierre Desrozier. Il est inscrit à l'inventaire à l'inventaire supplémentaire des Monument historique au titre des lieux de mémoire, depuis le 9 février 1990 et la plaque « Maudite soit la guerre » est inamovible.
Les victimes inscrites
Les 63 noms sont gravés en lettres d'or sur une plaque de marbre blanc[10]. Parmi les 58 victimes de la Première Guerre mondiale, plusieurs familles ont perdu 2 à 3 enfants : 3 membres de la famille Galand, 3 membres de la famille Maldent, 3 membres de la famille Néollier, 2 membres de la famille Beillonet, 2 membres de la famille Canque, 2 membres de la famille Dubayle, 2 membres de la famille Rousseau et 2 membres de la famille Terracol.
Andrieux François Marius 1914-1918 (tué à 22 ans), Audouze Eugène Émile 1914-1918, Beillonet Henri 1914-1918, Beillonet Philippe 1914-1918, Benetier Charles 1914-1918, Benetier Noël 1914-1918, Borzeix Jean Justin 1914-1918, Broussas Gaston 1939-1945, Canque Henri 1914-1918, Canque Joseph 1914-1918, Chatoux François 1914-1918, Chemin Henri 1914-1918, Coutisson Émile Julien 1914-1918, Delammey Jean 1914-1918, Dubayle Jean 1939-1945, Dubayle Jean Marie François 1914-1918, Dubourg Jean Baptiste 1914-1918, Dupuy Pierre 1914-1918, Farges Léonard 1914-1918, Faye Henri Jean Auguste 1914-1918, Ferrand Michel 1914-1918, Fialaire Jean Léonard 1914-1918, Galand Jean 1914-1918, Galand Marcelin 1914-1918, Galand Marcelin Émile 1914-1918, Garaude Arien 1914-1918, Joffre Jean Philippe 1914-1918, Juille Marcel 1939-1945, Lachaud Lucien 1914-1918, Lauby Pierre 1914-1918, Le Petit Clément Henri 1914-1918, Lebesson Eugène 1914-1918, Lebraud Eugène Victor 1914-1918, Leger Anatole Silvain Henri 1914-1918, Lenoir Jules 1914-1918, Lepage François 1914-1918, Longy Jean 1914-1918, Lorcery Lucien 1914-1918, Magadoux Jean Henri 1914-1918, Maldent Clément Armand 1914-1918, Maldent Jean Clément 1914-1918, Maldent Paul 1914-1918, Mangon Alfred 1914-1918, Mingasson Claude Honoré Marcel Maurice 1914-1918, Monteil Henri 1914-1918, Moratille Jean 1914-1918, Moreau Émile Pierre 1914-1918, Néollier François 1914-1918, Néollier Henri 1914-1918, Néollier Joseph 1914-1918, Nocaudie Henri 1914-1918, Nouaille Henri 1914-1918, Olivon Augustin Léon 1914-1918, Patinaud Martial Clément 1914-1918, Pigeroulet Gustave Émile Louis 1914-1918, Place Jean Jacques 1914-1918, Pommerat Georges Henri 1914-1918, Raton Henri 1914-1918, Rousseau Émile Julien 1914-1918, Rousseau Jean 1939-1945, Ruby Louis 1914-1918, Terracol Alfred 1914-1918, Terracol François Alfred 1914-1918, Tixier François 1914-1918, Truffy Léon Pierre 1914-1918, Vassivière Paul 1939-1945, Viarteix Raymond 1939-1945.
Mémoire
Chaque 11 novembre des militants d'associations et de partis politiques de divers horizons viennent se recueillir devant le monument aux morts de la commune de Gentioux. Puis ils vont déposer une gerbe sur la tombe de Félix Baudy, soldat fusillé pour l'exemple en 1915 et réhabilité en 1934, dans le cimetière de la commune mitoyenne de Royère-de-Vassivière. La sépulture de Félix Baudy est dans le cimetière communal de Royère où une plaque, réalisée par ses amis maçons, y est posée avec cette inscription: « Maudite soit la guerre - Maudits soient ses bourreaux - Baudy n'est pas un lâche - Mais un martyr. ». Cette plaque a été rénovée en 2005 à l'initiative du comité laïc des amis du monument de Gentioux [11]. Son nom est aussi inscrit sur le monument aux morts de la commune de Royére [12].
Le 11 novembre 2008, un millier de manifestants[13], selon les organisateurs, étaient présents. Cette manifestation était organisée par la Fédération nationale de la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Association républicaine des anciens combattants, l’Union pacifiste de France et le Mouvement de la Paix. Marc Blondel l'ancien secrétaire du syndicat FO qui est aujourd'hui le nouveau secrétaire général de la Fédération nationale de la Libre Pensée a participé à ce rassemblement devant le monument[14]. À cette occasion Marc Blondel a demandé la réhabilitation des soldats fusillés pour l'exemple : « Il est grand temps que l’ensemble des morts de la Grande Guerre réintègre la mémoire nationale qu’ils n’ont d’ailleurs jamais vraiment quittés du fait du combat de nos associations. Il est temps maintenant de les réhabiliter pleinement, publiquement, collectivement et sans fausse honte ».
Pour approfondir
Liens internes
Liens externes
Bibliographie
- Danielle Roy, Pierre Roy, Autour de monuments aux morts pacifistes en France : histoire et présentation d'édifices de la mémoire pacifiste et laïque et évocation de leur actualité : rassemblements de commémoration et d'action contre la guerre, Fédération nationale laïque des Associations des amis des monuments pacifistes, républicains et anticléricaux, Suresnes, 1999, 150 p. (ISBN 2951367422).
Notes et références
- ↑ (en) Julián Casanova, « The Treaty of Versailles and its Consequences », 16 décembre 2002. Consulté le 23 décembre 2008
- ↑ (en) Klaus J. Bade et Allison Brown, Migration in European History, Blackwell, 2003, 167 p. (ISBN 0631189394)
- ↑ Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker et , Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Bayard, Paris, 2004 (ISBN 2-227-13945-5)
- ↑ (en) Michael Duffy, « Military Casualties of World War One », 2 mars 2006. Consulté le 23 décembre 2008
- ↑ Les inscriptions du monument de Pigerolles
- ↑ Source:GenWeb
- ↑ Source : Patrimoine de France
- ↑ En Creuse
- ↑ Autour de monuments aux morts pacifistes en France de Danielle Roy et Pierre Roy Page 15
- ↑ Les noms des victimes
- ↑ Information GenWeb
- ↑ Information GenWeb
- ↑ Lettre ouverte à monsieur le Président de la République française
- ↑ Gentioux bilan 2008 par Anarchie 23
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