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Modibo Keïta
Modibo Keïta était un homme politique malien qui fut président de la République du Mali entre 1960 et 1968. Il est né le 4 juin 1915 à Bamako (Mali). Il est mort en détention au camp des Commandos Parachutistes de Djikoroni Para à Bamako le 16 mai 1977, ses geôliers lui ayant apporté de la nourriture empoisonnée.
Modibo Keïta était un panafricaniste et un tiers-mondiste convaincu. Il partageait cette conviction avec les grands nationalistes de son temps, Gamal Abdel Nasser d’Égypte, Kwame Nkrumah du Ghana, Ahmed Ben Bella d’Algérie, Nehru d’Inde, pour ne citer que ceux-ci.
Sommaire
Son enfance et sa jeunesse
Modibo Keïta est né le 4 juin 1915 à Bamako-Coura, un quartier de Bamako, alors capitale du Soudan français. Fils de Daba et Hatouma (Fatoumata) Camara, Modibo est issu d’une famille malinké et musulmane pratiquante. Après avoir fréquenté de 1925 à 1931 l’école primaire de Bamako, il entre en 1931 au lycée Terrasson de Fougères (actuel lycée Askia Mohamed) et en 1934, il poursuit ses études à l’école normale d’instituteurs, l’École William Ponty de Gorée à Dakar. Ses professeurs le signalèrent déjà comme un bon élément mais comme un agitateur anti-français à surveiller. Il sort major de sa promotion et en 1936, il devient instituteur. Il enseignera d’abord en brousse puis à Bamako, Sikasso et Tombouctou.
Les débuts de son engagement
Très vite, il adhère à plusieurs associations. Il fonda avec Mamadou Konaté, l’« Association des lettrés du Soudan » qui deviendra par la suite le « Foyer du Soudan ». Il s’investit dans les activités culturelles et anime le groupe « Art et Travail ».
En 1937, il fonde avec le Voltaïque Ouezzin Coulibaly le « syndicat des enseignants d’Afrique occidentale française ».
Il devient membre du « Bloc soudanais » créé par Mamadou Konaté.
En 1943, il fonde avec son ami Jean Marie Koné la revue L’Œil de Kénédougou dans laquelle il critique le pouvoir colonial.
L’homme politique
Cette même année, est créé à Bamako le Rassemblement démocratique africain (RDA), présidé par Félix Houphouët-Boigny. Il prend le poste de secrétaire général de l’Union soudanaise R.D.A.
En 1948, il est élu conseiller général du Soudan français au titre de la circonscription de Bamako-Kita.
En 1953, il est élu conseiller de l’Union française.
Le 26 novembre 1956, il devient maire de Bamako et est élu député à l’assemblée nationale française dont il devient vice-président.
Il siègera deux fois comme secrétaire d’État dans les gouvernements français de la Quatrième République :
- Secrétaire d'État à la France d'Outre-mer du gouvernement Maurice Bourgès-Maunoury (du 17 juin au 6 novembre 1957) ;
- Secrétaire d'État à la Présidence du Conseil du gouvernement Félix Gaillard (du 18 novembre 1957 au 14 mai 1958).
En 1958, il est élu président de l’Assemblée constituante de la Fédération du Mali qui regroupe le Soudan français, le Sénégal, la Haute-Volta et le Dahomey (ces deux derniers pays quitteront rapidement la fédération).
Le président du Mali
Le 20 juillet 1960, Modibo Keïta est nommé chef du gouvernement de la Fédération du Mali (qui regroupe le Soudan français et le Sénégal). Après l’éclatement de cette fédération, le 22 septembre 1960, il proclame l’indépendance du Soudan français qui devient la république du Mali. Il en prend la présidence.
Socialiste, il oriente son pays vers une socialisation progressive de l’économie, d’abord de l’agriculture et du commerce avec la création en octobre 1960 de la Société malienne d’importation et d’exportation (SOMIEX) ayant le monopole de l’exportation des produits maliens et de l’importation des produits manufacturés et des biens alimentaires (sucre, thé, lait en poudre…) et de leur distribution à l’intérieur du pays. La création du franc malien en 1962 et les difficultés d’approvisionnement entraînent une inflation importante et un mécontentement dans la population, notamment auprès des paysans et des commerçants.
Sur le plan politique, Modibo Keïta fait rapidement incarcérer ses opposants comme Fily Dabo Sissoko et Hammadoun Dicko, anciens députés représentant le Soudan à l’Assemblée nationale française. À partir de 1967, il déclenche la « révolution active » et suspend la constitution en créant le Comité national de défense de la révolution (CNDR). Les exactions des « milices populaires » et la dévaluation du franc malien en 1967 amènent un mécontentement général.
Le 19 novembre 1968, le lieutenant Moussa Traoré organise un coup d’État et renverse Modibo Keïta qu’il envoie en prison à Kidal. Durant dix ans de 1968 à 1978 le pays est alors dirigé par le Comité militaire de libération nationale (CMLN).
Modibo Keïta meurt en détention à Bamako le 16 mai 1977 à l’âge de 62 ans dans des circonstances suspectes. Radio-Mali diffuse un communiqué annonçant : « Modibo Keïta, ancien instituteur à la retraite est décédé des suites d’un œdème aigu des poumons. » Ses obsèques au cimetière d’Hamdallaye donnèrent lieu à d’importantes manifestations, réprimées violemment par les services de sécurité dirigés alors par Tiécoro Bagayoko. Le président Moussa Traoré est obligé d’intervenir à Radio-Mali pour donner une version « officielle » du décès de Modibo Keïta, qui ne convainc personne. Modibo Keïta est réhabilité en 1992 à la chute du régime de Moussa Traoré par le président Alpha Oumar Konaré. Le mémorial Modibo Keïta est inauguré à Bamako le 6 juin 1999.
Le panafricaniste
Modibo Keïta a œuvré toute sa vie pour l’unité africaine. D’abord en participant à la création de la Fédération du Mali avec Léopold Sédar Senghor.
Après son éclatement, il s’éloigne de Léopold Sédar Senghor et avec Sékou Touré (président de la Guinée) et Kwame Nkrumah (président du Ghana), il fonde l’Union des États de l'Afrique de l'Ouest.
En 1963, il participe à la rédaction de la charte de l’Organisation de l'unité africaine (OUA) dont il est l’un des principaux artisans.
Invitant à Bamako le roi du Maroc et le président algérien, il œuvrera pour mettre fin à la « guerre des sables », conflit frontalier entre l’Algérie et le Maroc.
De 1963 à 1966, il normalisera ses relations avec le Sénégal, la Haute-Volta et la Côte d’Ivoire.
Partisan du non-alignement, il a défendu les mouvements nationalistes comme le Front de libération nationale (FLN) algérien.
Voir aussi
Bibliographie
- Modibo Diagouraga, Modibo Keïta, un destin, L’Harmattan, Paris, 2005, 174 p. (ISBN 2747586146)
Filmographie
- Les Présidents Senghor et Modibo Keïta, court métrage de Paulin Soumanou Vieyra, 1959.
Liens externes
- Site consacré à Modibo Keïta : portrait, discours, photos, vidéos…
- Modibo Keïta, « Notre liberté serait un mot vide de sens si nous devions toujours dépendre financièrement de tel ou tel pays », article du journal Le Flambeau (organe de la Jeunesse Union africaine-Mali), Bamako, Mali.
Présidents du Mali
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