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V1 (missile)
Pour les articles homonymes, voir V1.Le V1 (de l'allemand Vergeltungswaffe ou arme de représailles) est une bombe volante et le premier missile de croisière de l'histoire de l'aéronautique. Utilisée du 13 juin 1944 au 29 mars 1945 par l'Allemagne nazie contre le Royaume-Uni durant la Seconde Guerre mondiale, le V1 est remplacé plus tard par les V2.
Le but du V1 et plus tard du V2, n'est pas tant de causer des dégâts à l'armée britannique que de saper le moral des insulaires, de ralentir leur production industrielle et de se venger des bombardements alliés. Mais ces armes ne réussirent pas à briser la volonté britannique de résister, bien au contraire.
Sommaire
Histoire
Le V1 est conçu principalement sous la désignation Fi-103 par Robert Lusser, de la société allemande Fieseler, à partir de travaux sur la motorisation de Fritz Gosslau d'Argus Motoren.
En juillet 1944, un avion de la RAF parvient à se poser sur un terrain de Pologne, à embarquer une V1 intacte fournie par l'Armia Krajowa (la résistance polonaise) au prix d’efforts extraordinaires et à la ramener en Angleterre. Les experts constatent alors que l’engin correspond aux descriptions faites en 1942. Jusque fin 1943, les services britanniques et américains estiment que ce type d'armes ne peut pas exister, même au 10 juin 1944 les sceptiques n’avaient pas désarmé.
À partir du printemps 1944, une version pilotée du V1 appelé V-4 est projetée et des exemplaires modifiés conçus et testés, notamment par Hanna Reitsch. Répondant au nom de code Reichenberg, aucun de ces prototypes n'est utilisé pour le combat. Dans cette version, le pilote doit amener le V1 sur l'objectif et sauter en parachute à environ 1 000 m de l'impact. En raison du peu de temps pour effectuer l'éjection, qui est entièrement manuelle à l'époque, ce type de mission s'apparente à un suicide [1].
En février 1944 les réseaux de résistance avertissent Londres que les Allemands ont réalisé des essais concluant de V1 aéroporté, lancé d'un avion. Le bombardier Heinkel est adopté pour le lancement de ce type de V1. Ces appareils ont leur base en Hollande et les V1 qu'ils lancent évitent le barrage de DCA. Ils continuent leurs actions meurtrières jusqu'en 1945. La dernière bombe tombe sur le village de Datchworth le 29 mars 1945.
Présentation
Le moteur est un pulsoréacteur (réacteur très simple et bruyant) attaché au corps par deux mâts. Le fuselage contient la charge explosive, le carburant et une centrale à inertie assurant un guidage sommaire. Le tout est muni de petites ailes et d'un empennage stabilisateur assurant une gouverne de profondeur. Une gouverne de lacet est placée sur l'axe de fixation arrière du réateur.
L'engin peut être catapulté sur une rampe (après allumage du pulso-réacteur à l'aide d'un brûleur à gaz), ou largué depuis un avion porteur (des bombardiers Heinkel He 111 sont modifiés à cet effet). Après quoi la bombe est livrée à elle-même. Le point de chute est approximativement déterminé par un compteur à vis primitif entraîné par une petite hélice; et réglé avant le départ; qui sectionne le câble du gouvernail de profondeur. Deux explosifs légers provoquent la sortie de deux petits aérofreins sur le dessous et de chaque côté de la gouverne de profondeur, déclenchant la mise en piqué. Le brusque changement d'attitude entraine généralement l'arrêt du moteur, et les populations survolées écoutent alors avec angoisse le bruit particulier du pulsoréacteur en redoutant le moment où le bruit caractéristique s'arrêterait, marquant ainsi la plongée du missile vers le sol.
Caractéristiques :
- Longueur totale : 7,90 m
- Envergure : 5,38 m
- Poids au décollage : 2 150 kg
- Carburant : 550 kg
- Charge explosive : 830 kg
- Vitesse maximale : 644 km/h
- Portée : 230 km
Lancement et contre-mesures
Environ 35 000 V1 sont construits dont la moitié sont détruits au sol par bombardement [2].
Le lancement s'effectue principalement à partir de longues rampes. Les services secrets alliés n'ont pas tardé à repérer leur disposition en arc de cercle autour de leur cible : Londres et ses alentours grâce aux informations fournies par le réseau AGIR dirigé par Michel Hollard.
Au total, environ 9 250 sont lancés ainsi et approximativement 6 550 sont largués d'avions sur les conurbations du centre de l'Angleterre et sur Londres, mais aussi sur Anvers, Liège et quelques-uns sur Paris après leur libération par les Alliés. Beaucoup se sont simplement égarés et sont tombés au hasard. Le documentaire Apocalypse, la 2e Guerre mondiale précise que la campagne aurait causée 25 000 morts.
Ses caractéristiques (vol rectiligne à vitesse constante) permet aux chasseurs alliés et à la DCA d'abattre environ la moitié des engins lancés contre le Royaume-Uni.
Les chasseurs les plus efficaces sont les Hawker Tempest [3] avec 638 engins abattus, puis les Mosquitos, 428 ; les Spitfires, 303 ; les P-51 Mustangs, 232 et les Meteors à réaction (encore au stade expérimental à ce moment là), 13 ou 14.
La centrale inertielle du V1 ne pouvant corriger des erreurs que de quelques degrés de roulis sur sa trajectoire originelle, des aviateurs sous la direction de la RAF, mirent au point une méthode pour les faire dévier de leur course : l'avion volant à la même vitesse que le V1, le pilote se place à côté de lui et soulève l'extrémité de son aile sous celle du V1. Les ailes ne se touchent pas, mais l'air entre les deux ailes étant comprimé, une force est donc exercée sur le V1, qui est dévié de sa trajectoire. L'utilisation de cette méthode spectaculaire — mais dangereuse — est attestée dans au moins trois cas. Aussi dangereuse que soit cette action, suivre un V1 et tirer sur lui était encore plus dangereux. Car ainsi, à presque 650 km à l'heure, il est très difficile d'éviter les effets de l'explosion de la bombe volante.
Londres représentait une cible idéale pour un tel engin. Du fait de son imprécision, il était impossible aux Allemands de bombarder un objectif donné. L'immense étendue de l'agglomération londonienne était donc un des rares objectifs qu'un V1 pouvait être certain d'atteindre. Contrairement à ce que Winston Churchill et la propagande alliée ont prétendu, les V1 ont bel et bien créé un véritable vent de panique sur Londres, et beaucoup d'enfants ont, comme en 1940, été évacués de Londres.
Le principal succès des V1 et V2, n'est pas l'efficacité des bombardements en eux-mêmes, mais la mobilisation de grands moyens, détournés du front, pour les arrêter. En août 1944, la mise en service de canons de DCA à réglage automatique par radar permet d'atteindre une efficacité d'environ 75 % dans la destruction de ces missiles. De plus, L'état-major allié va mobiliser d'importantes forces aériennes, avions et canons de DCA, pour garder le ciel britannique, en les prélevant sur le front. Les services de renseignements et les missions aériennes s'emploient à localiser, et à faire bombarder les sites de lancements. Peine perdue, les Allemands étant capables de les reconstruire très vite. Ce n'est que l'avancée des troupes sur le front de l'Ouest qui fera cesser définitivement les tirs de V1 et de V2.
Bilan
Tout comme les V2 qui leur succèdent, les V1 ont un effet psychologique, plutôt que tactique. Leur faible charge explosive (moins d'une tonne) et leur précision toute relative en font une arme peu efficace. Mais les armes secrètes allemandes ont alimenté la propagande de Goebbels et laissé croire à l'opinion étrangère et allemande, que l'Allemagne pouvait encore retourner le sort de la guerre.
Les diverses nations alliées ont étudié ces armes qui ont servi pour leurs programmes d'après-guerre.
Bibliographie
- Roger Capron, Bases secrètes en Haute-Normandie, 1943-1944, éd. Bertout, 1989 (ISBN 2-86743095-X)
- Norbert Dufour et Christian Doré (préface de Daniel Pégisse), L'Enfer des V1 en Seine-Maritime durant la Seconde Guerre mondiale, Bertout, Luneray, 1993, 295 p. (ISBN 2-86743-179-4)
- Laurent Bailleul, Les Sites V1 en Flandres et en Artois, Hazebrouck, 2001 (ISBN 2-9515840-0-8)
- Laurent Bailleul, Les Sites V1 en Picardie, Hazebrouck, 2006 (ISBN 2-9515840-1-6)
- Yannick Delefosse, V1, arme du désespoir, Lela Presse, Outreau, 2006 (ISBN 2-914017-35-9)
- Florian Hollard, Michel Hollard, le Français qui a sauvé Londres, éd. Le cherche midi, 2004 (ISBN 978-2-7491-0387-7)
- Jacques Bergier, Agents secrets contre armes secrètes, éd. J’ai Lu Leur aventure, n° A 101
- George Martelli, L'Homme qui a sauvé Londres, éd. J'ai Lu Leur aventure
Références et notes
- ↑ (fr) Reichenberg
- ↑ voir le chapitre correspondant dans Le Grand Cirque de Pierre Clostermann.
- ↑ (fr) Témoignage de Jean Vaissier.
Voir aussi
Autres missiles développés par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale :
Liens externes
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