- Antoinette Des Houlières
-
Antoinette de Lafon de Boisguérin des Houlières ou Deshoulières[1], née Antoinette du Ligier de la Garde vers 1634 à Paris, décédée le 17 février 1694, est une femme de lettres française. Contrairement à ce qui fût officiellement annoncé à l'époque, elle n'est pas morte à cinquante six ans, mais plutôt vers soixante ans, d'après les personnes proches qui prenaient soin de sa mémoire.
Sommaire
Biographie
Antoinette du Ligier de la Garde naquit à Paris en 1633 ou 34 , fille de Melchior du Ligier, seigneur de la Garde, Chevalier de l'ordre du roi et de Claude ou Claudine Gaultier. Son père jouissait d'une fortune assez considérable et avait été d'abord maître d'hôtel de la reine Marie de Médicis puis attaché en la même qualité, à la reine Anne d'Autriche (1601-1666). Sa mère était la nièce de Benoit Milon, seigneur de Wideville, orthographié parfois Videville,( voir le Château de Wideville ), premier Intendant des finances sous le règne de Henri III et président de la Chambre des comptes à Paris.
Belle et instruite, Antoinette du Ligier de la Garde sait le latin, l'espagnol et l'italien quand elle épouse en 1651 Guillaume de Lafon de Boisguérin, seigneur des Houlières, officier distingué, ancien Maître d'hôtel du roi, devenu lieutenant colonel, ayant suivi la fortune du Grand Condé et qui mourut en 1693, la laissant ruinée. Tous les biens de son mari avaient été saisis lors de leur long séjour en Belgique.
Le couple fut présenté ( entre les années 1654-1661 ) au jeune roi Louis XIV de France, à la reine mère Anne d'Autriche (1601-1666) et au cardinal Mazarin par Michel Le Tellier (homme d'État), alors Secrétaire d'État de la Guerre puis Chancelier de France. Madame Deshoulières et son mari venaient d'accepter d'abandonner le parti du prince de Condé et de profiter de l'amnistie que le roi accordait à ceux qui voulaient revenir d'exil. Monsieur Deshoulières fût ensuite nommé Maréchal de bataille et gouverneur de la ville de Sète dans le Languedoc.
Depuis 1657 elle fréquentait les salons littéraires du Marais et menait l'existence d'une femme libre. Elle rencontre Madeleine de Scudéry et Madame de Sévigné. Ses premiers poèmes datent de 1672.
Elle était liée à Pierre et Thomas Corneille, à Esprit Fléchier, Jules Mascaron, Paul Pellisson, etc. Ses contemporains la surnommèrent la « Dixième Muse », la Calliope française. Antoinette Deshoulières s'essaya dans presque tous les genres, depuis la chanson jusqu'à la tragédie ; mais elle réussit surtout dans l'idylle et l'églogue.
Élue à l'Académie des Ricovrati en 1684 et à l'Académie d'Arles en 1689, elle est la toute première femme académicienne en France.
Elle meurt d'un cancer du sein en 1694. Sa fille disparaitra en 1718 de la même maladie.
Antoinette Deshoulières est inhumée le 19 février 1694 en l'Église Saint-Roch à Paris. Sa fille Antoinette-Thérèse, morte le 8 août 1718, plus connue sous le nom de Mademoiselle Deshoulières, également femme de lettres, sera inhumée aux côtés de sa mère, dans cette même église.
On a surtout admiré son Idylle des Moutons, touchante allégorie où elle déplore en beaux vers le sort de ses enfants qui avaient perdu leur père. Elle l'avait écrite afin d'obtenir une rente du roi.
Hommages
- Le Grand Chalet de Rossinière où vécut le peintre Balthus, est décoré de textes sur la façade, composés en partie d'extraits de ses poèmes (1756).
- En 2001, Jean-Louis Murat, sur des arrangements de Daniel Meier et avec la voix d'Isabelle Huppert lui rend hommage en faisant revivre, sur un CD, son esprit à travers quelques textes et une musique d'inspiration baroque.
Notes
- Ne pas la confondre avec sa fille : Antoinette-Thérèse Des Houlières (1659-1718), également femme de lettres, connue sous le nom de Mademoiselle Des Houlières.
Œuvres
- Idylle. Les Moutons, Paris, Impr. royale, s.d.
- L'enchantement des chagrins : poésies complètes, Éd. établie et annotée par Catherine Hémon-Fabre et Pierre-Eugène Leroy, Paris, Bartillat, 2005 ISBN 2-84100-354-X
- Les Amours de Grisette. Suivis de La Mort de cochon par Mlle. Deshoulières, Paris, Sansot, 1906
- Madame Deshoulières, textes réunis et présentés par Jean-Louis Murat ; dessins de Carmelo Zagari, Saint-Étienne, Cahiers intempestifs, 2001 ISBN 2-911698-19-3
- Genséric, tragédie représentée à l'Hôtel de Bourgogne, Paris, C. Barbin, 1680. Edition moderne par Perry Gethner, dans Théâtre de femmes, XVIIe siècle, dir. A. Evain, P. Gethner & H. Goldwyn, vol.2, Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2008.
Références
- (en) John J Conley, « Madame Deshoulières: a naturalist creed », The Suspicion of virtue : women philosophers in neoclassical France, Ithaca, Cornell University Press, 2002 ISBN 978-0-8014-4020-5
Voir aussi
Liens externes
Catégories :- Naissance à Paris
- Écrivain français du XVIIe siècle
- Poète français du XVIIe siècle
- Femme de lettres française
- Poétesse française
- Académie des Ricovrati
- Personnalité féminine du XVIIe siècle
- Personnalité de l'Ancien Régime
- Culture à Arles
- Naissance en 1638
- Décès en 1694
Wikimedia Foundation. 2010.