Ministère de l'Information (France)

Ministère de l'Information (France)
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Le ministère de l'Information est un ancien ministère français. Il apparaît pour la première fois sous la IIIe République, en mars 1938 (deuxième cabinet Blum). Conservé sous Vichy, le ministère perdure sous la Quatrième République. En 1958, le général de Gaulle revient aux affaires et institue la Cinquième République. Il prescrit au ministère de lInformation une mission : réformer et organiser la radiotélévision dÉtat. Tantôt érigé en ministère, tantôt en secrétariat d'État, ce département de lInformation joue le rôle principal - dans les années 60 - du contrôle des ondes télévisées. Supprimé en 1969, après le départ du général de Gaulle, il est rétabli en avril 1973, puis disparaît définitivement en mai 1974.

Sommaire

Le ministère de lInformation sous de Gaulle (1958 / 1969)

Une triple mission :


  • 1. Les relations publiques du pouvoir exécutif : Le ministère de lInformation reçoit la fonction de porte-parole du gouvernement à lintérieur comme à lextérieur du territoire. Il est chargé dexpliquer à lopinion nationale "les préoccupations et les décisions gouvernementales" [1]. En recevant pour mission dinformer lopinion des intentions et actions du gouvernement, le ministère simpose comme le relais inévitable des relations entre les Français et le pouvoir. Il faut, dit-on, "rétablir aussi directement et simplement que possible les communications à lintérieur du corps social qui est le nôtre, fragmenté actuellement en groupes nombreux, tant humains, techniques et sociaux, que professionnels, et qui ont tendance, de ce fait, à avoir une existence autonome" [2].


  • 2. La tutelle des grands organismes publics de communication : Une deuxième attribution le dote de la direction ou de la tutelle de grands organismes publics de communication. Il est ainsi tuteur (ou directeur) de lORTF, de la SOFIRAD[3] (Société financière de radiodiffusion), de la Société nationale des entreprises de presse (SNEP), de lagence Havas, de lAFP et des Actualités Cinématographiques. Ses responsabilités varient dune entreprise à lautre. En 1959, le ministère se charge de la réforme de la radiotélévision dÉtat, la RTF. Le nouveau statut choisi à cette occasion ne satisfait personne. Ainsi, en 1964, le cabinet Peyrefitte transforme-t-il à nouveau létablissement public pour le consacrer en un Office de Radiodiffusion Télévision Française, lORTF. A cette date, le ministère de lInformation troque son "contrôle" contre une simple "tutelle".


  • 3. Le garant de la liberté de la presse : La troisième attribution concerne son rôle de tutelle de linformation privée, notamment de la presse écrite. Un décret du 18 février 1960[4] réaffirme la fonction du ministre de lInformation : celui-ci est "chargé de gérer toutes les questions qui intéressent la presse écrite, considérée aussi bien sous langle dune industrie - le problème du prix du papier journal (...) - que sous langle de linformation, du statut des journalistes" [5]. Le ministère reverse aux entreprises de presse la plus grande partie de son budget, à hauteur de 90%. Il est une sorte de "gestionnaire et distributeur de fonds (...) intégralement mis au service de la liberté dexpression" [6]. La distribution de ces fonds se fait de manière équitable entre les journaux de différentes sensibilités politiques. Il aide la presse, que ce soit pour sa diffusion à létranger ou pour son équipement. Par exemple, il verse à la SNCF une subvention destinée à compenser la perte qui résulte pour elle de la réduction de tarif de 50% applicable au transport des journaux et des publications. Mais le ministèrealors quil doit veiller à la liberté de la presseest également chargé, en collaboration avec le Premier ministre, des saisies darticles jugés "dangereux" pour la stabilité du pays. Par exemple, Libération, lHumanité et dautres journaux communistes avaient été censurés sur certains de leurs articles traitants de la manifestation anti-OAS du 8 février 1962 ; autre exemple : celui du Manifeste des 121.


Responsabilité des relations publiques du gouvernement, contrôle ou tutelle de la télévision dÉtat, et garant des libertés de la presse : cet amalgame dattributions ne peut quinviter le gouvernement à sapproprier le média télévision. Cest un contexte qui ne manque pas de frapper Jean Boinvilliers, qui déclare devant le Parlement en 1966 : "le secrétaire dEtat auprès du Premier ministre, chargé de linformation est en même temps porte-parole du Gouvernement. On peut par conséquent être surpris, écrivons-nous dans notre rapport, que des liens en apparence indissolubles rassemblent ces diverses activités au sein dun même ministère" [7].


Liste des ministres de lInformation du président Charles de Gaulle

  • Juillet 1958 / Janvier 1959 (Ministère de lInformation: Jacques Soustelle
  • Janvier 1959 / Février 1960 (Ministère de lInformation: Roger Frey
  • Février 1960 / Août 1961 (Ministère de lInformation: Louis Terrenoire
  • Août 1961 / Avril 1962 (Secrétariat à lInformation: Christian de La Malène
  • Avril 1962 / Septembre 1962 (Secrétariat à lInformation: Alain Peyrefitte I
  • Septembre 1962 / Décembre 1962 (Ministère de lInformation: Christian Fouchet
  • Décembre 1962 / Avril 1964 (Ministère de lInformation: Alain Peyrefitte II
  • Avril 1964 / Janvier 1966 (Ministère de lInformation: Alain Peyrefitte III
  • Janvier 1966 / Avril 1967 (Secrétariat à lInformation: Yvon Bourges
  • Avril 1967 / Mai 1968 (Ministère de lInformation: Georges Gorse
  • Mai 1968 / Juillet 1968 (Ministère de lInformation: Yves Guéna
  • Juillet 1968 / Juin 1969 (Secrétariat à lInformation: Joël Le Theule

SLII puis CII

Un Service de liaison interministériel pour linformation (SLII) est créé le 31 juillet 1963 par le ministre de l'Information, Alain Peyrefitte. Directement intégré au sein du ministère de lInformation, il cumule trois missions[8],[9] :

1. Rassembler les informations relatives à lactivité des ministères

Pour remplir cette mission, plusieurs réunions sont organisées sous légide du service :

- Une réunion hebdomadaire est présidée tous les mardis par Alain Peyrefittele ministre de lInformationet Jacques Leprettele premier directeur du SLII. Participent à ces séances les représentants de lensemble de ministres du gouvernement, ainsi que les directeurs de linformation parlée et télévisée et divers représentants de la télévision (les journalistes de presse écrite sont invités, mais ne sy rendent jamais .

- Une séance quotidienne Organisée en présence des représentants des principaux ministères (Intérieur, Finances, Affaires étrangères, Éducation, Agriculture, Armées, Travaux et Transports publics, Justice et Affaires sociales). Elle est présidée par le ministre de lInformation, accompagné du directeur du SLII.

2. Coordonner linformation gouvernementale sur la ligne générale de lExécutif

Après la collecte des informations, il sagit de les coordonner puis de les aligner sur les positions de la politique du Premier ministre et du chef de lÉtat. On cherche évidemment à éviter une communication trop dispersée, trop indépendante dun ministère à lautre, et parfois même, contradictoire.

3. Établir détroites et rapides relations avec les différents moyens dinformation

Pour la presse écrite, le SLII édite des Notes Bleues, fascicules chargés de présenter le bilan des activités gouvernementales. Une vingtaine de cahiers sont édités en 1963, plus dune centaine lannée suivante.

Pour linformation télévisée, les choses sorganisent différemment, notamment grâce aux réunions quotidiennes : chaque jour, à partir de lété 1963, assiste-t-on au rassemblement des chargés de communication (« attachés de presse ») des principaux ministères et des patrons de linformation télévisée, le tout sous la férule du ministère de lInformation et du SLII.

Directeurs du SLII :

  • Jacques Leprette : Juillet 1963/ 1965
  • Michel Barbier : 1965 / Décembre 1968

Le SLII face à l'information télévisée :

Le rôle du SLII quant à la télévision est multiple. Quand un ministre veut accéder au petit écran, il saisit lInterministériel. Le SLII relaie ensuite la demande au ministère de lInformation, qui alerte alors les autres départements ministériels éventuellement concernés par cette opération dinformation. Tous se réunissent ensuite, sous couvert dune réunion du SLII, pour établir la ligne unique sur laquelle doivent sharmoniser les messages délivrés par les membres du gouvernement. Ensuite, la diffusion de cette information est convenue pour chacun des médias : presse écrite, radiodiffusion et télévision. Pour cette dernière, on décide de la forme, de la durée, de la date et du nom des responsables choisis pour la réalisation des émissions[10].

Un SLII critiqué :

À lAssemblée nationale, les critiques de lopposition sur le SLII sont nombreuses. En novembre 1967 par exemple, le socialiste Georges Fillioud fait une déclaration à lattention du ministre de lInformation : le SLII nest autre que la « véritable direction des informations parlées et filmées nationales », utilisé comme un « moyen de pression mis à la disposition de chacun de vos collègues du gouvernement pour influencer, pour orienter lactualité télévisée et radiodiffusée du jour » [11]

Disparition du SLII et création du CII :

Discrédité après les évènements de mai 1968, le SLII est remplacé le 2 décembre 1968 par le Comité interministériel pour linformation (CII) qui assure notamment « la coordination de laction dinformation menée par les différents ministères » et la mise en œuvre des « actions nécessaires pour assurer une meilleure diffusion des informations intéressant laction de pouvoirs publics »[12]. Il est alors dirigé par Pierre Hunt.


Bibliographie

  • Aude Vassallo, La télévision sous de Gaulle. Le contrôle gouvernemental de l'information. 1958/1969, INA-De Boeck, 2005. Et notamment le chapitre 2 : « Le grand cicerone : le ministère de lInformation »

Liens externes

Notes et références

  1. Assemblée nationaleJ.O. – Procès-verbal de la séance du 07/11/62Intervention de Christian de La Malène
  2. Assemblée nationaleJ.O. – Procès-verbal de la séance du 05/11/60Intervention Joël Le Tac
  3. La SOFIRAD est une holding qui détient et gère les participations de lÉtat dans laudiovisuel. Pour Le Monde du 10/12/1998, elle est "une des sociétés dont la présidence est convoitée par les grands commis de lÉtat et les emplois recherchés par les proches des différents pouvoirs". Elle possède une part importante du capital dEurope 1 et de Radio Monte-Carlo. Elle est, de ce fait, "lœil de lÉtat dans ces médias et les différents gouvernements placent à sa tête des hommes de confiance". Le fonctionnement est identique à celui de la télévision française : la SOFIRAD se place sous lautorité directe du ministère de lInformation.
  4. Décret du 19/02/1960 n°60-148
  5. Assemblée nationaleJ.O. – Procès-verbal de la séance du 07/11/61Intervention de Christian de La Malène
  6. Assemblée nationaleJ.O. – Procès-verbal de la séance du 05/11/60Intervention de Louis Terrenoire
  7. Assemblée nationaleJ.O. – Procès-verbal de la séance du 28/10/66Intervention de Jean Boinvilliers
  8. Aude Vassallo, La télévision sous de Gaulle. Le contrôle gouvernemental de l'information. 1958/1969, INA-De Boeck, 2005
  9. Article détaillé sur le rôle du SLII (Service de liaison interministériel pour l'information) dans le contrôle gouvernemental de l'information télévisée
  10. Aude Vassallo - "Le SLIIService de Liaison Interministériel pour lInformation – [1963-1969]" (Article très détaillé sur le SLII et son contrôle de la télévision)
  11. Journal Officiel - Assemblée nationaleséance du 10/11/1967Intervention de Georges Fillioud
  12. Journal Officiel du 25 décembre 1968


Voir aussi : Liste des ministres français de l'Information

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