Michel Freitag

Michel Freitag
Michel Freitag
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Naissance 26 novembre 1935
La Chaux-de-Fonds, Suisse
Décès 13 novembre 2009 (à 73 ans)
Montréal, Québec, Canada
Profession sociologue québécois

Michel Freitag, le 26 novembre 1935 à La Chaux-de-Fonds (Suisse) et mort le 13 novembre 2009 à Montréal (Québec), était un sociologue et philosophe québécois d'origine suisse. Il était professeur émérite à l'Université du Québec à Montréal et fondateur d'une théorie sociologique générale communément appelée « sociologie dialectique ». Il est également connu pour ses critiques radicales de la postmodernité, notion qu'il relie à une extension généralisée de la logique technocapitaliste dans les sphères de la pratique sociale.

Sommaire

Son travail

La sociologie dialectique de Freitag consiste en une théorie générale de la pratique et de la société qui tient compte des découvertes survenues au XXe siècle dans les sciences humaines, notamment en psychologie, en linguistique et en ethnologie. Cette conception dialectique de la réalité humaine perpétue à nouveau frais l'héritage de la sociologie classique en réitérant le projet d'une critique des abstractions libérales de l'individu comme isolé, calculateur et libre de ses choix. Elle oppose une compréhension phénoménologique de la société aux représentations abstraites sur lesquelles se justifient encore de nos jours les idéologies et les institutions de l'économie, de la science et de la citoyenneté.

L'option épistémologique, théorique et méthodologique qui a commandé la conceptualisation entreprise dans les travaux de Freitag procède du sentiment de la nécessité l'on se trouve dans cette période de déclin des grandes formes antagonistes de théorisation héritées des classiques (fonctionnalisme, marxisme, structuralisme), d'en opérer en quelque sorte la synthèse.

Freitag lie le principe de l'« orientation significative de l'action », qui est à la base de la « sociologie compréhensive » de Weber et de l'école historique allemande, avec le principe de l'unité structurelle a priori de la société (qu'on peut rattacher plutôt à une inspiration marxiste, mais qui n'est pas absent chez Durkheim ou chez Spencer), et enfin avec une conception formelle « différentielle » de la structure, sur laquelle le structuralisme a tant insisté méthodologiquement. On pourrait donc dire, au moins pour en fixer schématiquement les coordonnées, que le projet de Freitag a été orienté vers une synthèse de Marx, Weber, Lévi-Strauss, abstraction faite de la critique épistémologique à laquelle il a préalablement fallu soumettre la visée de scientificité positive dont se réclament, bien que diversement, ces auteurs.

Il paraît sans doute préférable de caractériser l'inspiration suivie par ce théoricien québécois en disant qu'elle se rattache à la problématique dialectique de Hegel, comprise par opposition à tout le courant positiviste qui peut, lui, se réclamer de Comte (et éventuellement du kantisme), et plus généralement du concept de scientificité tel qu'il a été développé par les sciences de la nature. Mais puisque les conditions de la « connaissance de la société » d'aujourd'hui ne sont plus celles qui prévalaient, intellectuellement et socialement, au début du XIXe siècle, Freitag refuse de procéder à une simple reprise de l'hégélianisme, et opte plutôt pour une approche inédite à travers notamment une lecture kojévienne de Hegel.

On pourrait aussi être tenté de situer sa ligne de pensée en la rapprochant de la «théorie critique» contemporaine (Habermas, Apel, Wellmer, Jauss, Giddens) ou encore du courant phénoménologique et herméneutique (Gadamer, Lorenzen, Ricœur) ou de la nouvelle critique politique (Lefort, Castoriadis, Arendt), voire de la nouvelle anthropologie politique (Dumont et Gauchet, Clastres). Mais dans un cas comme dans les autres, les divergences d'approche et de point de vue sont trop importantes pour que l'orientation suivie dans la sociologie dialectique de Freitag puisse être définie par une affiliation.

Il paraît donc préférable de dire que sa démarche s'est surtout inspirée d'une critique épistémologique du positivisme, d'un côté, et qu'elle s'est, de l'autre, appuyée sur le rejet du modèle utilitariste dans les sciences sociales, rejet qui se fondait lui-même sur le constat d'une transformation fondamentale des dimensions économique, politique, juridique et culturelle de la société dans une période contemporaine marquée par le déclin de la réflexivité politique moderne et l'accroissement de la globalisation technocapitaliste.

Biographie

Enfance

Michel Freitag est en 1935 à La Chaux-de-Fonds, une petite ville industrielle du Jura suisse qui était relativement homogène et fortement marquée par les traditions socialistes et anarchistes. Dans cette petite ville très largement protestante et francophone, Michel Freitag, dans une famille catholique le père est fils démigrés germanophones et la mère fille dun artisan graveur jurassien, fait un peu figure détranger. Ne sétant jamais senti vraiment confortable dans cette société, le jeune Freitag développe un esprit sauvage, méfiant, un peu fermé. Adolescent, la lecture de Marx, Saint-Simon, Proudhon, ainsi que des autres socialistes utopistes produit une forte impression sur lui.

Études

En 1957, il se décide pour l'étude de léconomie et du droit, posant alors que ces deux domaines de la pratique sociale représentaient ensemble linfrastructure véritable de la société. En 1963 et 1964, il termine ses deux licences à lUniversité de Neuchâtel ; il sinscrit lannée suivante à lÉcole des hautes études en sciences sociales à Paris sous la direction d'Alain Touraine. Il commence alors à écrire une thèse de doctorat sur léconomie du développement en Afrique pour dénoncer les principes du libéralisme et les théories dominantes du développement. Sa thèse le rapproche des travaux de la revue Économie et humanisme, qui tentait de promouvoir une alternativedinspiration « personnaliste » – aux théories du développement basées sur la doctrine néo-classique.

Débuts de la carrière universitaire

En 1965, Touraine engage Freitag comme chercheur contractuel et, pendant quatre ans, celui-ci suit son séminaire. En mai 1968, il participe aux réflexions sur larchitecture et la société à lÉcole des Beaux-Arts l'on ambitionne dengager lenseignement et la pratique de larchitecture à la recherche de ce que signifie vraiment habiter le monde. Un an plus tard, Freitag accepte un poste dans un bureau algérien détudes sur laménagement du territoire il travaillera dans la section Urbanisme en plus de donner un cours dépistémologie à lUniversité dAlger.

Professorat à Montréal

En 1970, d'anciens collègues québécois du séminaire de Touraine à Paris linvitent à se joindre à eux au département de sociologie de lUniversité du Québec à Montréal, qui vient dêtre créé. Ce département se présente alors comme ouvertement marxiste et la plupart des débats tournent, dune manière parfois assez dogmatique, sur linterprétation des travaux de Marx. Pour Freitag, cependant, cest la question du sens qui, au-delà de celle des intérêts de classe et les englobant, se trouve posée dans tous ces débats. Devenu professeur au Québec, Freitag abandonne alors son projet dune thèse sur lAfrique et décide de refondre une série de textes à teneur épistémologique quil a écrit au fil des années précédentes. Les 540 pages de la thèse présentée en 1973 à l'EHESS deviendront, récrites pour les fins de lédition, les deux tomes de Dialectique et société, son opus magnum publié en 1986.

Avec des collègues de lUniversité Laval et de lUQAM (et avec des étudiants devenus pour la plupart professeurs par la suite), il met sur pieds cette année- le Groupe interuniversitaire détude de la postmodernité (GIEP), qui organise depuis lors des séminaires et qui édite la revue Société. Avec les nombreux articles publiés depuis les années 1990 et sur le fonds des textes incisifs et novateurs qui accompagnaient ses cours et ses conférences, ces ouvrages sont les repères extérieurs dune œuvre de transmission de la sociologie et de renouveau en profondeur de ses perspectives théoriques qui a inspiré bon nombre de ceux qui ont pris sur eux la perpétuation et l'enrichissement cette tradition disciplinaire.

La sociologie dialectique de Michel Freitag

Lœuvre de Freitag, dune richesse et dune ampleur extraordinaires, se déploie selon plusieurs dimensions fortement interdépendantes dont les aspects les plus marquants doivent être compris dans le cadre du dialogue général quelle entretient avec lensemble des sciences sociales de la seconde moitié du siècle.

Épistémologie

Cest le scientisme des années 1960virage linguistique, science de lhistoire, analyse fonctionnelle et structuralisme tous azimutsqui va pousser Freitag à associer dentrée de jeu le projet de connaissance de la sociologie à une réflexion épistémologique et, partant, ontologique. Prenant les choses en amont de lépuisant débat qui portait sur la distinction entre la connaissance scientifique (vraie) et la connaissance commune (fausse, illusoire, non cumulative, etc.), Freitag va dabord orienter son enquête vers les conditions de toute connaissance, catégorie générale quil va saisir comme activité structurée dun agent et, donc, comme pratique sociale mettant en jeu la forme particulière dun « rapport » beaucoup plus général, quil nomme le rapport dobjet ou d'objectivation.

L'analyse des médiationset du développement des médiationspropres à tout rapport d'objectivation permet aussi dintégrer lidée critique maintenant en vogue selon laquelle la connaissance humaine procède toujours depuis un arbitraire «  paradigmatique » faisant obstacle à la saisie de lobjet « lui-même ». En définissant lactivité que met en scène le rapport dobjet comme manifestation dun « mode dêtre » se reproduisant dans le monde, Freitag situe la question de la vérité dans le cadre plus général de celle de la normativité : le monde que voit un animal, par exemple, qui serait sans doute bien curieux à nos propres yeux, nen est pas moins un monde, précisément celui constitué par les comportements qui maintiennent cet animal dans lexistence. La même chose s'applique aux différents types historiques de société, passés, présents et à venir.

Théorie générale du symbolique et de la société

En arrachant par ce détour la question de la connaissance humaine au débat stérile visant à distinguer dentrée de jeu (en principe et abstraitement) la vraie connaissance de la fausse, en exposant, entre sujets et objets, la dialectique des médiations qui les instituent (dans leur existence et leur valeur) en les reliant, Freitag va produire une théorie générale du symbolique, compris comme structuration sociale du rapport dobjet.

Le mode d'être symbolique

Dune manière classique, il va donc définir la société comme une structure densemble de pratiques significatives, mais pour décrire sur cette base les limites de la médiation symbolique, la connaissance humaine trouvant, dun côté, son enracinement réel dans la sensibilité vivante (et dans le monde institué par elle) et, de lautre, la possibilité de son développement dans les systèmes formalisés de la science.

Ces développements marquent un point à partir duquel il est impossible de revenir en arrière pour plaquer sur le face à face singulier dun individu et de la réalité lopposition binaire, absolue et abstraite, de la pensée et du réel, surtout si cest pour chercher ensuite dans le cercle de cette réification duelle les conditions de la connaissance scientifique, posée comme synonyme de la connaissance tout court. Entre le sujet et lobjet, il y a toujours-déjà la société; et la question de la vérité est lhorizon de la question, normative, du devenir des sociétés.

Se saisissant ainsi, pour les préciser, des concepts dactivité et de médiation de lactivité, la théorie du symbolique se trouve à intégrer le problème de la connaissance à une sociologie de laction, mais cela au prix d'un déplacement de la valeur de la sociologie. Plutôt que de faire de lapplication des canons de la science positive moderne le préalable extérieur de la sociologie, Freitag va dabord saisir cette dernière de lintérieur (et, avec elle, toutes les formes antérieures de la réflexion théorique) comme un moment particulier de la pratique sociale densemble, cette dernière étant comprise aussi bien comme production collective des normes qui donnent leur forme aux actions particulières que comme reproduction dune société donnée dans les actes ainsi normés.

La société comme structure a priori de normes et somme des pratiques empiriques

Contre les différents discours olympiens des « procès sans sujet ni fin » qui régnaient dans les années 1970, la sociologie générale de Freitag se présente alors comme un retour par lintérieur à la catégorie commune de sociétépour la définir comme structure unifiée des pratiques tout agir particulier a sa propre significationet sur la catégorie philosophique de sujetdont les actes intentionnels et les fins quil vise sont la réalité en acte des normes et, partant, de la société. Cette sociologie se déploie donc, à lintérieur de la praxis, comme manifestation de la constitution normative des sujets humains tout en se voulant un lieu de réflexion sur les formes particulières de cette constitution, ce qui suppose que la « distance » du de au sur quassume la sociologie nest elle-même quune forme sublimée de la hiérarchisation des pratiques sociales à laquelle est suspendue la persistance de toute société.

L'existence de toute action sociale « normée » suppose en effet un certain degré daction sur la norme de laction : le sujet humain agissant toujours en fonction dune forme idéale prédéfinissant son agir, cette forme doit elle-même, dans certaines circonstances, devenir objet daction. Cest cette réflexivité constitutive de laction humaine que Freitag va mettre au centre des société historiques (avec la notion dinstitutionnalisation) pour faire ressortir le caractère conflictuel (politique) et explicite de laction sur les normes dans ce type de société. Il pourra ensuite replacer cette forme particulière de laction de second degré dans une typologie plus générale des modes de reproduction formels de la société, typologie qui constitue lintroduction à sa sociologie générale.

Les modes de reproduction formels de la société

Dans le mode culturel-symbolique de reproduction de la société (et de régulation de laction), les résultats de la réflexion sur laction sociale sont constamment (et imperceptiblement) réintégrés dans la structure symbolique densemble des pratiques sociales pour disparaître dans une culture communément partagée qui, en retour, limite fortement la marge darbitraire de ce travail sur les normes.

Dans le mode historique de reproduction de la société que Freitag nomme politico-institutionnel, on assiste à lunification et à la hiérarchisation dans le conflit social des capacités daction sur les pratiques, unification et hiérarchisation dont le principe devient un pouvoir légitime et dont les résultats saccumulent comme normes institutionnalisées, idéologiquement reconnues comme supérieures à celles de la culture commune.

Enfin, dans le mode décisionnel-opérationnel de reproduction de la société, les capacités dagir au second degré sur laction, bien que décisives et hiérarchiquement soustraites à laction commune, tendent à perdre toute unité en prenant la forme dune pluralité de systèmes opérant en parallèle sur les pratiques significatives, systèmes qui sont les uns pour les autres des variables de lenvironnement auquel ils sadaptent en le manipulant.

Les société particulières, dont aucune ne peut être réduite strictement à lune ou lautre de ces manières dagir sur les normesquant à son existence ou en tant que société humaine –, trouvent cependant dans lun ou lautre de ces modes de régulation le principe de leur unité en tant quordre social. Cette unité tendra pour cela à se présenter soit comme ensemble cohérent de significations immanentes aux rapports sociaux et au monde (culture), soit comme capacité unifiée daction légitime sur les normes (pouvoir), soit comme système mouvant de déterminations factuelles des conditions de lagir (contrôle). Cest donc une phénoménologie des divers types dunité de la société quexpose dabord la théorie des régulations de laction et cest delle que partira ensuite le sociologue quand il voudra étudier les types historiques concrets de société, types concrets dont lobservation par la tradition sociologique lui avait permis de dégager les concepts daction, de régulation de laction puis, plus précisément avec Freitag, de reproduction des systèmes de régulation de laction.

Aperçu sommaire des idéaltypes de Freitag
Mode de reproduction Désignation conventionnelle Forme idéologique Rapport au temps
Culturel-symbolique Société mythique (Gemeinschaft) Mythe Passé mythique
Politico-institutionnel-1er cycle Société traditionnelle (royauté, caste, empire) Religion (les dieux ou Dieu) Destin ou avenir céleste
Politico-institutionnel-2e cycle Société moderne (Gesellschaft) Principes (Raison, Liberté) Avenir terrestre (un monde meilleur)
Décisionnel-opérationnel Société postmoderne (système social) L’«anti-idéologie» (efficacité technique) Présent immédiat (le meilleur des mondes)

Critique de la postmodernité

Cette typologie de base a permis à Freitag de donner à lexamen critique des orientations contemporaines des sociétés développées le point d'ancrage théorique qui lui faisait défaut depuis que la critique marxiste, repliée assez tôt sur une doctrine de lessence économique de la société, avait perdu toute capacité de discrimination, saturée par les développements récents de sociétés capitalistes devenues assez radicalement « économiques » et « matérialistes ».

En retournant vers la nature politique des sociétés modernes et en montrant dans lunité de leur système institutionnel le lieu du dépassement des contradictions qu'engendrait en elles la légitimation des pratiques de la domination par des valeurs appelant à la libération de l'individu et à la réification de ses droits, Freitag va pouvoir identifier les tendances propres à cette logique contradictoire du développement moderne. Par opposition à ce type de développement, il a ensuite saisi les phénomènes nouveaux liés plutôt à la mise en place de systèmes de contrôle direct de laction, systèmes qui, parallèles à la domination politique ou installés encore « dans ses pores », sont cependant globalement opposés à ses idéaux.

Il va ainsi pouvoir centrer son examen critique sur ce que nous pourrions nommer, par anachronisme, une contradiction dordre supérieur, une contradiction opposant une modernité qui dissipe fatalement son idéal projectif de rationalité sociétale dans la gestion des problèmes et une postmodernité la compétition entre les organisations qui opèrent sur la pratique se décide sur la base de lefficacité différentielle de leur reproduction élargie. C'est selon ce mouvement global et progressif de substitution de la contrainte factuelle au pouvoir légitime que s'instaure, selon Freitag, une sorte « transcendance de l'état de fait » et que l'idéal régulateur du pouvoir, il se donnait à être jugé, fait place à un ensemble de contraintes extérieures indifférentes aux libres mouvements d'identification délirante ou de rejet qu'elles suscitent dans la subjectivité.

Apparues sur un terrain politiquement libéré au profit de lindividu par linstitution moderne de la propriété privée, ce sont de telles puissances organisationnelles, par exemple, que lon voit à la fin du XIXe siècle mettre en exploitation les institutions du marché à titre de corporations de droit privé pour sapproprier ensuite, sur cette lancée, la destination de tous les « droits » des personnes en sen appropriant lusage. La forme institutionnelle de la liberté du sujet moderne devient ainsi la coquille extérieure de systèmes concrets qui l'envahissent et qui ne prennent place aux côtés de ce sujet que pour sélever, de partout, au-dessus de son action. Lanalyse par Freitag de la mutation sociétale contemporaine porte donc sur une tendance dont le terme serait lunification de la société par des contrôles de lagir qui seraient indépendants du « sens que les acteurs donnent à leur action » et, par , radicalement soustraits à la réflexivité constitutive de lordre symbolique.

Une telle situation est évidemment encore démentie, ne serait-ce que par les décisions politiques qui imposent consciemment la « globalisation » des organisations et qui doivent pour cela présenter ladaptation à létat de fait comme une valeur et une finalité « morale » universelle. Reste que dans le mode de régulation décisionnel-opérationnel de laction et dans le type dunification de la société qui est visée par ce programme, la socialité tend en conséquence à paraître comme le résidu des différents mondes du sens qui hantent une dynamique systémique globale, une dynamique elle-même sans garde-fou réflexif. Cest dans cette tendance, nous semble-t-il, que Freitag voit une menace inédite pour la constitution normative des diverses humanités de l'Universum humain.

Hommages

  • Michel Freitag a reçu en 1996 le Prix du Gouverneur général du Canada, catégorie « études et essais de langue française », pour Le Naufrage de l'université - Et autres essais d'épistémologie politique.
  • Georges Leroux, à son décès, lui a rendu hommage, notamment en ces termes : « Sa conversation était un fleuve, mais il savait la ponctuer de fréquents 'tu vois', chacun était invité à comprendre que l'effort de penser exigeait temps et labeur. Il n'avait rien de socratique, mais il aimait discuter et son séminaire fut pendant des années le lieu d'un échange authentique et vivant. Chaque séance était un événement, parce qu'elle était d'abord une rencontre. Privé d'ironie, il avait cependant le pouvoir de la colère des justes. Son caractère prophétique mettait bien des savants à distance, mais ceux qui l'aimaient chérissaient d'abord en lui cette volonté de la justice, cette capacité du scandale »[1].
  • Un article hommage est paru dans le Journal politique et satirique Le Couac sous le titre "Pour retrouver l'amour du monde".

Ouvrages principaux

  • Dialectique et Société, vol. 1. Introduction à une théorie générale du Symbolique, Montréal, Saint-Martin et Lausanne, LÂge dHomme, 1986.
  • Dialectique et Société, vol. 2. Culture, pouvoir et contrôle: les modes de reproduction formels de la société, Montréal, Saint-Martin et Lausanne, LÂge dHomme, 1986.
  • Architecture et société, Montréal, Saint-Martin et Bruxelles, Lettre volée, 1992.
  • Le naufrage de l'université. Et autres essais d'épistémologie politique, Québec, Nota bene, et Paris, Découverte, 1995.
  • (sous la direction de Michel Freitag et Éric Pineault), Le monde enchaîné. Perspectives sur l'AMI et le capitalisme globalisé, Québec, Nota bene, 1999.
  • (avec la collaboration de Yves Bonny), L'oubli de la société. Pour une théorie critique de la postmodernité, Québec, PUL et Rennes, PUR, 2002.
  • L'impasse de la globalisation (entretiens avec Patrick Ernst), Montréal, Écosociété, 2008.
  • Dialectique et société, vol. 1. La connaissance sociologique, Montréal, Liber, 2011[2].
  • Dialectique et société, vol. 2. Introduction à une théorie générale du symbolique, Montréal, Liber, 2011[3].
  • L'abîme de la liberté. Critique du libéralisme, Montréal, Liber, 2011.

Notes et références

  1. Georges Leroux, «Un hommage à Michel Freitag», Le Devoir, 20 novembre 2009, p. A 8.
  2. À noter qu'il s'agit d'une réédition revue et augmentée de l'édition de 1986 et qui a amené la division du premier tome en deux.
  3. Idem.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Gilles Gagné et Jean-Philippe Warren, «Michel Freitag», in G. Gagné et J.P. Warren (dir.), Sociologie et valeurs. Quatorze penseurs québécois du XXe siècle, Montréal, PUM, 2003, p. 329-337, ISBN 2-7606-1831-5.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Michel Freitag de Wikipédia en français (auteurs)

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