- Match de football france - rfa (1982)
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Match de football France - RFA (1982)
Le 8 juillet 1982, au stade Sánchez Pizjuán de Séville (Espagne), devant 70 000 spectateurs, s'est jouée la demi-finale de la Coupe du monde de football de 1982 qui opposa la France à la RFA.
Classique opposition de style entre la rigueur tactique et physique d'une part et le jeu technique et offensif d'autre part, ce match est devenu l'une des rencontres légendaires de l'histoire de la Coupe du monde. Cette rencontre est surtout marquée par l'agression de Harald Schumacher sur Patrick Battiston évacué inconscient du terrain.
Sommaire
Repères
- Après une entame de compétition poussive (marquée notamment par une défaite sans appel contre l'Angleterre à Bilbao), la France est montée en puissance tout au long du tournoi. Qualifiés de justesse pour la deuxième phase de poule, les Bleus se sortent ensuite facilement de leur poule à trois (victoires contre l'Autriche et l'Irlande du Nord) accédant ainsi à leur première demi-finale mondiale depuis 1958.
- La performance de la RFA est également allée crescendo dans ce tournoi. Battue dès son premier match par l'Algérie à la surprise générale, la RFA s'est relancée en écrasant le Chili, puis s'est qualifié sans gloire pour le deuxième tour à l'issue d'une victoire contre le voisin autrichien au cours de ce qu'on appelle le match de la honte, le score de 1-0 en faveur de la RFA suffisant à qualifier les deux équipes au détriment de l'Algérie. Au deuxième tour, la RFA s'est sortie d'un groupe très difficile, obtenant le nul contre l'Angleterre, avant de battre et donc d'éliminer l'Espagne à domicile. Contre les Bleus, la Mannschaft part favorite.
- Ce match promet l'opposition de deux styles presque diamétralement opposés. D'un côté, la rigueur allemande se caractérise par de grandes qualités physiques, des remontées de ballons très efficaces, un mental à toute épreuve. De l'autre, les Français font entrevoir un football débordant d'imagination, de spontanéité. Mais il ne s'agit alors que d'une équipe prometteuse qui ne croit pas encore suffisamment en ses chances.
Feuille du match
- France - RFA : 3-3 (4-5)
- 8 juillet 1982 - Stade Sánchez Pizjuán de Séville, devant 70 000 spectateurs
- Arbitre: M. Corver Pays-Bas
- Buts : Platini (27'), Trésor (93'), Giresse (99') pour la France > Littbarski (18'), Rummenigge (103'), Fischer (108') pour la RFA
Composition des équipes
- Jean-Luc Ettori - AS Monaco 8e sélection
- Maxime Bossis - FC Nantes 43e sélection
- Gérard Janvion - AS Saint-Étienne 37e sélection
- Marius Trésor - Girondins de Bordeaux 59e sélection
- Manuel Amoros - AS Monaco 8e sélection
- Alain Giresse - Girondins de Bordeaux 20e sélection
- Jean Tigana - Girondins de Bordeaux 17e sélection
- Michel Platini - Juventus (Capitaine) 40e sélection
- Bernard Genghini - AS Saint-Étienne 13e sélection
50e, (Patrick Battiston - AS Saint-Étienne 22e sélection
60e, Christian Lopez - Toulouse FC 38e sélection
- Dominique Rocheteau - Paris SG 28e sélection
- Didier Six - VfB Stuttgart 42e sélection
Sélectionneur national : Michel Hidalgo
Après avoir essayé diverses mises en place tactiques depuis le début de la compétition, Michel Hidalgo opte pour le même schéma de jeu que celui inauguré lors du match précédent contre l'Irlande du Nord. Il aligne un milieu de terrain à vocation très offensive, dans lequel on retrouve trois joueurs que l'on peut qualifier de « meneurs de jeu », avec Platini, Genghini et Giresse, auxquels s'ajoute l'infatigable mais également très technique Jean Tigana. Le carré magique est né. En réalité, l'animation du jeu est surtout confiée à Platini et Giresse, Genghini évoluant aux cotés de Tigana dans un rôle de milieu relayeur. En attaque, Didier Six, qui joue à Stuttgart en Allemagne, est préféré à Gérard Soler pour épauler Dominique Rocheteau, incertain jusqu'au coup d'envoi à la suite de sa blessure au genou contractée en marquant son second but contre l'Irlande du Nord.
RFA :
- Harald Schumacher - FC Cologne
- Manfred Kaltz - Hambourg SV (Capitaine)
- Karl-Heinz Förster - VfB Stuttgart
- Ulrich Stielike - Real Madrid
- Bernd Förster - VfB Stuttgart
- Paul Breitner - Bayern Munich
- Wolfgang Dremmler - Bayern Munich
- Hans-Peter Briegel - FC Kaiserslautern
97e, Karl-Heinz Rummenigge - Bayern Munich
74e, Horst Hrubesch - Hambourg SV
- Sélectionneur national : Jupp Derwall
Une absence de taille en équipe d'Allemagne de l'Ouest au coup d'envoi, celle de l'attaquant Rummenigge, blessé à la cuisse et incapable de tenir sa place.
Evolution du score
- RFA 1 - 0 France : Pierre Littbarski (18e) Ballon qui file entre les jambes d'Ettori après avoir été repoussé par ce dernier.
- RFA 1 - 1 France : Michel Platini (27e s.p.), penalty (faute de B. Förster qui ceinture Rocheteau dans la surface suite à une remise de la tête de Platini)
- RFA 1 - 2 France : Marius Trésor (93e), reprise de volée à 8 m dans l'axe d'un coup franc tiré par Giresse dévié par le mini mur allemand à la limite droite de la surface de réparation.
- RFA 1 - 3 France : Alain Giresse (99e), reprise à 18 m dans l'axe d'une passe latérale de Six à gauche.
- RFA 2 - 3 France : Karl-Heinz Rummenigge (103e), après deux fautes consécutives non sifflées sur les attaquants français, remontée du ballon rapide : Rummenigge devance Janvion et bat Ettori.
- RFA 3 - 3 France : Klaus Fischer (108e) centre de Littbarski, remise de la tête de Hrubesch et retourné acrobatique de Fischer qui lobe Ettori et pétrifie les défenseurs français.
Tirs au but
- Alain Giresse 1-0
- Manfred Kaltz 1-1
- Manuel Amoros 2-1
- Paul Breitner 2-2
- Dominique Rocheteau 3-2
- Ulrich Stielike 3-2 (manqué)
- Didier Six 3-2 (manqué)
- Pierre Littbarski 3-3
- Michel Platini 4-3
- Karl-Heinz Rummenigge 4-4
- Maxime Bossis 4-4 (manqué)
- Horst Hrubesch 4-5
Récit du match
Première période équilibrée
Dès le coup d'envoi, les Allemands mettent la pression sur des Français timorés, voire complexés. Aux montées puissantes de Paul Breitner, succèdent les séries de dribble de leur intenable ailier de poche Pierre Littbarski, tantôt à gauche, tantôt à droite. Auteur d'un coup-franc qui s'écrase sur la barre transversale de Jean-Luc Ettori (17e minute), Littbarski ouvre logiquement la marque quelques instants plus tard en reprenant de loin un ballon repoussé par Ettori qui était préalablement sorti dans les pieds de Klaus Fischer, lancé de loin par Breitner. 1-0 pour l'Allemagne.
Nullement troublés par l'ouverture du score allemande, les Français réagissent et commencent à hausser leur niveau de jeu. Jouant de plus en plus bas, les Allemands multiplient les fautes. Un coup franc tiré plein axe par Giresse trouve la tête de Platini, qui remise sur Rocheteau, lequel est grossièrement retenu par la taille par Bernhardt Forster dans les 16 mètres. L'arbitre Monsieur Corver indique sans hésiter le point de penalty. Michel Platini embrasse le ballon, le pose sur le point de penalty et égalise d'une frappe puissante tirée à ras de terre, comme à son habitude (27e). 1-1
De plus en plus pressants, les Français font le siège de la surface de réparation allemande, sans parvenir à véritablement inquiéter le portier allemand Harald Toni Schumacher, lequel, très agressif, se distingue en multipliant les fautes sur les joueurs français.
Seconde période : l'agression de Schumacher
De retour des vestiaires, les Français prennent les choses en mains, marquant un but par Dominique Rocheteau, refusé pour une faute peu évidente sur Bernd Förster. Puis ils subissent une grosse déconvenue avec la sortie sur blessure de Bernard Genghini, touché à la cheville suite à un contact avec le libero allemand Stielike. Évoluant au milieu de terrain, Genghini est remplacé par Patrick Battiston, arrière latéral de nature, mais replacé pour la circonstance au milieu. Cette rentrée de Battiston n'est pas loin d'être décisive. Dès son entrée en jeu, il se distingue par une frappe lointaine. Puis, quelques minutes plus tard, parfaitement lancé par une ouverture lumineuse de Michel Platini, Battiston se présente seul face au gardien allemand Harald Schumacher, sorti à sa rencontre. Le tir lobé de Battiston manque de peu le cadre, mais Schumacher poursuit sa course, et vient percuter Battiston avec une rare violence. Gisant inconscient sur la pelouse, Battiston est évacué hors du terrain sur une civière accompagné par son ami Michel Platini. Pendant ce temps, l'arbitre M. Corver se contente d'ordonner une remise en jeu en faveur de l'équipe allemande, se rendant en partie responsable d'une des plus grandes injustices de l'histoire de la Coupe du Monde.
Les Français, révoltés, haussent encore d'un ton leur niveau de jeu, dominant outrageusement une équipe d'Allemagne, de plus en plus fébrile tandis que le public du stade Sanchez Pizjuan, qui hue Schumacher à chacune de ses interventions, prend fait et cause pour le football offensif des Bleus. Ils vont alors réaliser une deuxième mi-temps de toute beauté, balayant les doutes qu'on pouvait avoir à leur égard. Mais souvent maladroits dans les 16 mètres, les attaquants français se montrent incapables de concrétiser leurs nombreuses occasions et de prendre l'ascendant au tableau d'affichage.
La dernière minute du temps réglementaire est marquée par la violente frappe lointaine du latéral français Manuel Amoros qui s'écrase sur la barre transversale de Schumacher. Mais dans les arrêts de jeu, les Allemands se rappellent au bon souvenir de tous par un tir croisé qui oblige Ettori à réaliser une spectaculaire parade en deux temps.
Les prolongations
La prolongation débute parfaitement pour la France. En position d'avant-centre, le stoppeur français Marius Trésor reprend de volée un coup franc excentré et donne l'avantage aux Bleus (93e). Toujours aussi offensifs, les Bleus continuent de déferler par vagues sur la défense allemande. À la 99e minute, Dominique Rocheteau remonte la balle sur l'aile droite, transmet à Platini qui renverse vers Didier Six sur la gauche. L'ailier gauche français temporise un peu et sert en retrait Alain Giresse qui décoche une frappe à la limite de la surface. La balle frappe le poteau avant de rentrer dans la cage allemande. L'image de la joie de Giresse courant ivre de bonheur tel un pantin désarticulé restera à jamais figée comme un grand moment du football français. À 3-1, les Bleus semblent s'ouvrir la route vers la première finale de leur histoire, mais seulement quatre minutes après le but de Giresse, alors que les Bleus continuent toujours de camper dans les 16 mètres allemands, une première faute de Forster sur Giresse non sifflée puis une deuxième sur Platini, permet aux joueurs allemands de contre-attaquer : l'attaquant allemand Rummenigge, tout juste rentré en jeu, réduit le score (103e) en reprenant d'un revers du pied gauche un centre devant le but. La rentrée en jeu de Rummenigge pose visiblement un véritable problème aux Bleus, incapables d'adapter leur organisation au renfort offensif des Allemands. Le match change soudain d'âme. Désormais, ce sont les offensives allemandes qui se multiplient tandis que les Français apparaissent débordés. Confirmation dès l'entame de la seconde période des prolongations lorsque Fischer, démarqué dans la surface de réparation française, arrache l'égalisation d'un superbe retourné acrobatique (108e). La fin de la prolongation tourne au calvaire pour les Bleus, mais le score ne change plus. Pour la première fois de l'histoire de la Coupe du monde de football, un match va se jouer aux tirs au but.
Le dénouement
Giresse, qui tourne ostensiblement le dos à Schumacher avant de s'élancer, est le premier joueur à tirer… et à marquer. Le capitaine Manfred Kaltz lui répond. Amoros mâchonne son chewing gum, prend deux pas d'élan et avec un exceptionnel sang froid trouve la lucarne de Schumacher. C'est ensuite au tour du vétéran Breitner de ne pas trembler. Rocheteau inscrit le troisième tir français, avant que Stielike n'échoue face à Ettori. L'Allemand est alors effondré et se recroqueville sur lui-même. Le réalisateur de la télévision espagnole est encore fixé sur Stielike, en larmes dans les bras de Littbarski, lorsque Six échoue à son tour. Six s'écroule de la même façon que le fit Stielieke. En inscrivant son tir, Littbarski remet donc les deux équipes à égalité. Après Platini et Rummenigge, c'est au tour de Maxime Bossis, auteur d'un match exceptionnel a son poste de latéral droit, de s'élancer. Sa frappe, repoussée par Schumacher, offre une balle de match à l'Allemagne, balle de match que Horst Hrubesch se charge de transformer en victoire, envoyant la Mannschaft en finale.
Quelques jours plus tard, les Français s'inclinent 3-2 contre la Pologne pour la 3e place, tandis que les Allemands sont dominés 3-1 par l'Italie.
Anecdotes
- Lorsque Didier Six manqua son tir au but, le réalisateur de la télévision espagnole filmant la détresse de Stielike réconforté par Littbarski fut surpris tant le tir du français intervint rapidement : ainsi aucun téléspectateur ne put voir cet essai manqué de Six. Cette promptitude s'explique ainsi : Six avait été désigné comme avant-dernier tireur de la série. Il vint demander à Platini après le tir manqué de Stielike d'inverser les rôles afin d'avoir la joie de qualifier la France. Devant le refus du capitaine des Bleus, plutôt fâché, il fila rapidement au point de pénalty.
Citations
« Aucun film au monde, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d'émotions que la demi-finale perdue de Séville. » Michel Platini
« Séville est à part. Moi, je le range définitivement dans le musée imaginaire du football. Dans cinquante ans, les enfants s'en donneront encore à cœur joie. Ils se bousculeront devant les images, afin d'observer ce qu'une défaite peut avoir de grandiose lorsque le champ de bataille est à la hauteur […]. D'une certaine façon, Séville n'est même plus un rendez-vous manqué. C'est un combat figé dans l'histoire du sport. »
Pierre-Louis Basse, extrait de son livre Séville 82Le match dans la culture populaire
Dans le film Un ticket pour l'espace, Vincent Moscato interprète le rôle d'un vigile qui a décidé d'exercer cette profession après avoir vu l'agression d'Harald Schumacher lors de France-Allemagne 82. Avant la demi-finale, il exerçait le métier de patissier.
Le 8 août 2006, au Parc des Princes, l'artiste Massimo Furlan joua la pièce Numéro 10. Seul sur la pelouse et sans ballon, il reproduisit le match de Michel Platini lors de la demi-finale[1].
Le chanteur Bartone interprète une chanson intitulée "France Allemagne 82" sur son album "Cador" (2005).
A la fin de la chanson "Solexine et Ganja" d'Hubert Felix Thiéfaine, on entend indistinctement en fond sonore le reportage radiophonique (voix de Jacques Vendroux) de l'échec de Stielieke puis de Six pendant la séance de tirs aux buts.
En 1986, à l'occasion de la Coupe du monde au Mexique, la chanson « Viva les Bleus », fait référence à la demi-finale[2].
Voir aussi
Bibliographie
- Séville 82, Pierre-Louis Basse, Privé, septembre 2005
Documentaire
- Emilio Maillé, Un 8 juillet à Séville, production Flash film pour France 2[3].
Références
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