Martin Walser

Martin Walser
Martin Walser, 2008

Martin Walser (né le 24 mars 1927 à Wasserburg) est un écrivain allemand. Il est connu par sa description des conflits intérieurs du anti-héros. Il passe, au même titre que Günter Grass et Heinrich Böll pour l'un des grands romanciers allemands d’après-guerre. Il s’affirme comme le maître de la description des microcosmes petits-bourgeois, dont il est lui-même issu.

Sommaire

Biographie

Ses parents s'occupaient d'une auberge à Wasserburg. Le milieu de son enfance est décrit dans le roman Ein springender Brunnen.

De 1938 à 1943 il va à l'école à Lindau et est enrôlé comme aide à la défense anti-aérienne.

Selon des documents du fichier central du parti nazi, il aurait adhéré à ce dernier le 30 janvier 1944[1].

Il vit la fin de la guerre comme soldat dans la Wehrmacht. Après la guerre il passe le baccalauréat à Lindau puis étudie la littérature, l'histoire et la philosophie à Ratisbonne et Tübingen.

Il obtient en 1950 un doctorat (promotion Friedrich Beißner) avec une thèse sur Franz Kafka ("Beschreibung einer Form") (ISBN 3-518-38391-4).

Pendant ses études il travaille comme reporter pour la SDR et écrit des Hörspiele (pièces radiophoniques). En 1950, il épouse Katharina "Käthe" Neuner-Jehle, avec qui il a quatre filles : Franziska, Alissa, Johanna et Theresia À partir de 1953 Walser est régulièrement invité aux réunions du Groupe 47 qui le distingue en 1955 pour le récit "Templones Ende".

Son premier roman Ehen in Philippsburg paraît en 1957 et connaît un grand succès. À partir de ce moment, Walser vit de sa plume avec sa famille près du Bodensee.

Dans les années 1960, Walser se prononce comme beaucoup d'autres intellectuels allemands pour le vote en faveur de Willy Brandt au poste de Chancelier fédéral. Il s'engage contre la guerre du Viêt Nam et est dans les années 1970 sympathisant du Parti communiste allemand (DKP) dont il ne sera cependant jamais membre.

Sa mise à l'écart par les intellectuels de gauche, alors même que Walser a longtemps été considéré comme un des leurs, devient protestation véhémente, lorsque, à l'occasion de la remise du Prix de la paix des libraires allemands le 11 octobre 1998 dans l'église Saint-Paul de Frankfort il prononce un discours dans lequel il rejette l'"instrumentalisation de l'Holocauste". Selon lui le temps est venu de "tourner la page d’Auschwitz".

Les explications orales compliquées de Walser peuvent être interprétées ainsi : il se sent profondément touché par les crimes nazis. Selon lui, la répétition constante des représentations banalise la dimension de ces crimes.

C'est pourquoi il s'oppose à la "remise à neuf" répétée des camps de concentration. Dans un débat particulièrement animé, Ignatz Bubis réplique à ces critiques qu'elles ouvrent la voie à la banalisation voire au négationnisme des crimes nazis puisque les véritables révisionnistes, qui se focalisent sur ce thème explosif, pourraient désormais s'appuyer sur lui. Walser leur répond qu'il ne s'attendait pas à une instrumentalisation politique de son opinion personnelle et qu'il n'avait exprimé que de sentiments par essence subjectifs. Il ajoute que si tout est interprété à l'aune de l'Holocauste, l'écriture n'est plus qu'"un slalom au milieu du politiquement correct".

En 2002, dans "Mort d'un critique", Martin Walser s'attaque violemment au critique littéraire le plus puissant d'Allemagne, Marcel Reich-Ranicki, juif rescapé du ghetto de Varsovie. Il s'ensuit un scandale où se mêlent accusations d'antisémitisme, une guerre entre journaux et un bras de fer entre deux personnalités.

Un écrivain, à plus forte raison membre du parti nazi, a-t-il le droit de s'attaquer au critique le plus célèbre d'Allemagne, ancien chef de la section culturelle du plus prestigieux quotidien, animateur d'une émission littéraire à la télévision, juif rescapé du ghetto de Varsovie, allemand depuis un demi-siècle ? Dès sa sortie, le roman défraie la chronique. Il ne se passe pas un jour sans que les pages culturelles des journaux prennent position, pour ou contre le livre. Sans même d'ailleurs qu'il ait été lu puisqu'il existait seulement quelques exemplaires des épreuves.

Martin Walser s'est-il laissé aller à utiliser des clichés antisémites en mettant en scène, sous le nom transparent d'André Ehrl-König, Marcel Reich-Ranicki ? Oui, a répondu sans hésitation Frank Schirrmacher, chef de la section culturelle de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), qui a déclenché la polémique. Le 29 mai - alors que la sortie du livre n'était prévue que pour la fin août - Frank Schirrmacher envoie une lettre ouverte à Martin Walser pour l'avertir que contrairement à la tradition, ce livre ne sera pas publié en feuilleton dans la FAZ, à cause de ses "clichés antisémites" : "Ce roman est une exécution, un règlement de comptes, un document de haine", écrit-il.

Commence alors une bataille d'Hernani à l'allemande. Le FAZ multiplie les témoignages de soutien à Marcel Reich-Ranicki, prédécesseur de Schirrmacher au FAZ. Le quotidien concurrent, le Süddeutsche Zeitung de Munich, fait corps derrière Walser. Pour des raisons honorables - les journalistes de ce journal libéral ne décèlent aucun relent d'antisémitisme dans Mort d'un critique, et pour des raisons plus prosaïques : beaucoup ont quitté peu avant le FAZ pour le Süddeutsche et se livrent à une compétition féroce.

Œuvres

  • Ein Flugzeug über dem Haus (1955)
  • Des Mariés à Philippsburg ("Ehen in Philippsburg") (1957)
  • Mi-temps ("Halbzeit") (1960)
  • Der Abstecher, Schauspiel (1961)
  • Chêne et Angora. Une Chronique allemande ("Eiche und Angora") Drame (1962)
  • Die Zimmerschlacht, pièce de théâtre (62/63 und 1967)
  • Überlebensgroß Herr Krott, Requiem für einen Unsterblichen (1964)
  • Das Einhorn (1966)
  • Wir werden schon noch handeln (Der schwarze Flügel), pièce de théâtre (1968)
  • Der Sturz (1973)
  • Das Sauspiel Drama (1975)
  • Un cheval qui fuit ("Ein fliehendes Pferd") Nouvelles (1978)
  • Travail d'âme, roman, trad. de l'allemand par Bernard Kreiss, Gallimard, 1981 (Seelenarbeit, 1979)
  • La Maison des cygnes ("Das Schwanenhaus") (1980)
  • Selbstbewußtsein und Ironie Vorlesungen (1981)
  • Brief an Lord Liszt (1982)
  • Ein fliehendes Pferd, pièce de théâtre (1985)
  • Brandung (1985)
  • Der Halbierer (1985)
  • Jagd (1988)
  • Nero läßt grüßen oder Selbstporträt des Künstlers als Kaiser, Monodrama (1989)
  • Die Verteidigung der Kindheit (1991)
  • Ohne einander (1993)
  • Kaschmir in Parching (1995)
  • Finks Krieg (1996)
  • Une source vive, trad. de l'allemand par Évelyne Brandts - R. Laffont, 2001 - 439 p. (Ein springender Brunnen ISBN 2-221-09044-6 (1998))
  • Der Lebenslauf der Liebe (2000)
  • Mort d'un critique ("Tod eines Kritikers") (2002)
  • Der Augenblick der Liebe (2004)
  • Die Verwaltung des Nichts, Essais (2004)
  • Vivre et écrire - Journal 1951-1962 (2005)

Distinctions

Walser est représenté sur une fontaine de Peter Lenk à Überlingen.

Fontaine de Peter Lenk à Überlingen

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Martin Walser de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Martin Walser — Walser 2011 im Literaturhaus München Martin Walser …   Deutsch Wikipedia

  • Martin Walser — at a book presentation in Aachen, Germany, in 2008 Born March 24, 1927 (1927 03 24) (age 84) Wasserburg am Bodensee …   Wikipedia

  • Martin Walser — Martín Walser (Wasserburg am Bodensee, 24 de marzo de 1927 ), narrador, ensayista y dramaturgo alemán, miembro del movimiento literario Grupo 47, padre de la escritora y pintora Alissa Walser. Contenido 1 Biografía 2 Obras 2.1 Narrativa …   Wikipedia Español

  • Brandung (Martin Walser) — Brandung ist ein Roman des deutschen Schriftstellers Martin Walser, der im Jahr 1985 veröffentlicht wurde. Er greift die Protagonisten Helmut und Sabine Halm aus Walsers Erfolgsnovelle Ein fliehendes Pferd auf und versetzt sie vom Bodensee nach… …   Deutsch Wikipedia

  • Jagd (Martin Walser) — Jagd ist der Titel eines 1988 im Suhrkamp Verlag erschienenen Romans von Martin Walser. Er beschreibt einige Tage im Leben des Immobilienmaklers Gottlieb Zürn. Der Begriff Jagd steht in diesem Werk allegorisch für die Darstellung der menschlichen …   Deutsch Wikipedia

  • Walser: Porträt eines unbequemen Schriftstellers —   Als »Chronist des Mittelstands« gilt der Schriftsteller Martin Walser, der in seinen Romanen die Schwächen seiner Helden ironisch einfühlsam schildert und dabei doch gnadenlos demaskiert. Großes Aufsehen erregte Walser zuletzt durch seine Rede …   Universal-Lexikon

  • WALSER (M.) — WALSER MARTIN (1927 ) Auteur dramatique, romancier et essayiste, Martin Walser est né à Wasserburg, sur le lac de Constance. Après avoir été mobilisé en 1944, il entreprend, dès 1946, des études de littérature, de philosophie et d’histoire à… …   Encyclopédie Universelle

  • Walser (Begriffsklärung) — Walser bezeichnet: Walser, eine Volksgruppe der Alemannen Walser ist der Familienname folgender Personen: Alissa Walser (Pseudonym Fanny Gold; * 1961), deutsche Schriftstellerin und Übersetzerin Andreas Walser (1908–1930), Schweizer Maler,… …   Deutsch Wikipedia

  • Martin Krumbholz — (* 1954 in Wuppertal Elberfeld) ist ein deutscher Literaturwissenschaftler und Journalist. Leben und Werk Aufgewachsen in Wuppertal Elberfeld, studierte Krumbholz in Bochum und München Literatur und Theaterwissenschaften. Er promovierte 1978 in… …   Deutsch Wikipedia

  • Martin (Name) — Martin ist ein männlicher Vorname und Familienname. Die weibliche Form des Namens lautet Martina. Der Nachname Martin ist in vielen Ländern verbreitet. In Frankreich zum Beispiel ist er der häufigste Familienname und auch im englischsprachigen… …   Deutsch Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”