- Martial de Limoges
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« Saint Martial » redirige ici. Pour les noms de lieu, voir Saint-Martial. Pour les personnes, voir Martial. Martial (saint) (IIIe siècle), premier évêque de Limoges. Fête le 30 juin.
Sommaire
Le personnage historique
Les mentions écrites les plus anciennes de saint Martial datent du début du Moyen Âge. Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont du Ve siècle, affirme que Augustoritum reçut Martial comme évêque ; le célèbre Grégoire de Tours l’évoque dans son Historia Francorum (Histoire des Francs). On sait que le premier évêque fut inhumé dans le cimetière situé près de la via Agrippa. Dans les années 1960, des fouilles furent effectuées à Limoges sur l'emplacement de l'ancienne abbaye Saint-Martial. Le tombeau du saint fut découvert ainsi qu'une mosaïque du Haut-Empire témoignant de l'importance du personnage inhumé. Les autres récits ne peuvent être prouvés scientifiquement et ne doivent être pris qu’avec prudence.
Le culte
Sur son tombeau fut construite au début du Moyen Âge une abbaye, étape sur la route du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. L'abbatiale romane dédiée au Sauveur était une des plus belles églises du sud de la France. La bibliothèque des moines, en grande partie conservée à la Bibliothèque nationale, est d'une grande richesse, les enluminures des manuscrits sont de magnifiques témoins de l'art roman. Les émaux qui y étaient produits eurent une renommée immense dans l'Occident chrétien. Le culte de saint Martial se perpétue encore aujourd'hui lors des ostensions septennales (les prochaines auront lieu en 2016).
Héraldique
Le portrait et les initiales de saint Martial figurent sur le blason de la ville de Limoges et il est également cité dans la devise de la ville : Dieus gart la vila e sent Marsals la gent (occitan) : Dieu garde la ville et saint Martial le peuple.
Légendes et histoire
Il est intéressant de suivre l’histoire hagiographique du premier évêque de Limoges. Elle fut élaborée entre le IXe et le XIe siècle, l'hagiographie la plus élaborée est la Vita prolixior composée par l'un des moines de l'abbaye Saint-Martial de Limoges, Adémar de Chabannes. Elle est passablement fantaisiste comme en témoignent les extraits suivants :
« Martial vécut au temps de Jésus et le suivit avec sa famille dès sa plus tendre enfance. Il reçut le baptême dans les eaux du Jourdain.
« Jésus prit pour exemple le petit Martial en prononçant ces paroles : “Si vous ne vous rendez pas semblables à cet enfant, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux” (Matthieu XVIII,3). Martial est le petit garçon qui apporta les poissons lors de la multiplication des pains dans le désert. »
« Il suivit le Christ jusqu’à Jérusalem où il servit lors de la Cène. Auparavant, Jésus aurait demandé à saint Pierre d’envoyer Martial en Gaule. Avec deux compagnons, Alpinien et Austriclinien, Martial, le bâton de saint Pierre à la main, partit évangéliser le peuple des Lémovices. Sur le chemin, Austriclinien mourut – on ne sait de quoi –, Martial prit son bâton et toucha son compagnon défunt qui ressuscita. Il entra sur la terre du Limousin par Toulx, il y guérit une possédée qui était la fille d’Arnulfus ainsi qu'un jeune garçon, le fils de Nerva, qui allait périr étouffé ; les habitants, devant les miracles accomplis, se convertirent. »
« Sur sa route, vers Augustoritum, il traversa Ahun où il rendit la vue à des prêtres païens qui l’avaient molesté, c’est alors que le démon sortit d’une statue de Jupiter qui se brisa. Martial guérit un paralytique qui lui avait demandé de l’aide. Le Christ apparut à Martial, lui ordonnant de quitter la ville d’Ahun pour continuer sa mission : “Ne crains pas de descendre à Limoges, où je te glorifierai et serai toujours avec toi.” Arrivant dans la capitale des Lémovices, Martial guérit un dément en présence de son hôtesse Suzanne et de sa fille Valérie. Mais deux prêtres païens, André et Aurélien, firent emprisonner les trois compagnons ; les deux Gallo-Romains furent frappés par la foudre qui les tua. Martial les ressuscita, puis aussitôt après les deux païens confessèrent tous leurs péchés. Après le miracle de sainte Valérie – voir ci-dessous –, Martial ressuscita son bourreau et Hildebert, fils du comte de Poitiers, qui s’était noyé dans la Vienne. Les trois évangélisateurs partirent convertir le reste de l’Aquitaine, ils arrivèrent à Bordeaux où Martial guérit Sigisbert, comte de la cité, qui était paralysé. La ville fut alors victime d’un incendie, mais Martial de son bâton éteignit le feu. Il partit alors pour Poitiers où le Christ lui apparut, annonçant les martyres de saint Pierre et saint Paul ; quelque temps plus tard, il lui réapparut, lui affirmant qu’il allait bientôt mourir. Martial retourna à Limoges et choisit comme successeur Aurélien, l’ancien prêtre païen ; l’évangélisateur mourut lors d’une messe à laquelle assistaient de nombreux fidèles qui virent l’âme de l’apôtre s’élever vers le ciel. Le premier évêque de Limoges fut enterré hors de la ville ; sur le parcours du cortège funéraire un paralytique fut guéri, le premier d’un long cortège de malades qui viendraient demander leur guérison sur le tombeau de saint Martial. »
Adémar de Chabannes, désireux de magnifier l'œuvre évangélique de Martial, et par là même de rehausser le prestige de l'abbaye consacrée au saint homme, n'avait pas craint de produire, lors d'un concile, des faux à l'appui de ses affabulations. Celles-ci furent reprises, enjolivées et amplifiées au XVIIe siècle par le père Bonaventure de Saint-Amable (v. 1610-1691)[1] dont l'œuvre est à l'origine de toutes les biographies de saint Martial et de sainte Valérie publiées au XIXe. siècle. Il faudra attendre Charles de Lasteyrie, ainsi qu'Alfred Leroux[2], parmi d'autres, pour faire justice de ces légendes et les replacer dans un contexte historique plus sérieux.
Notes
- Bonaventure de Saint-Amable, Histoire de saint Martial apôtre des Gaules et principalement de l'Aquitaine et du Limousin, Clermont, Jacquard, 3 vol., 1676-1685.
- Charles de Lasteyrie, L'Abbaye Saint-Martial de Limoges, A. Picard, Paris, 1901 (thèse de l'École des Chartes, 1899) ; Alfred Leroux, La légende de saint Martial dans la littérature et l'art anciens, Limoges, 1911.
Liens internes
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