- Maohi
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Tahitien
Tahitien
Reo TahitiParlée en Polynésie française Région îles de la Société Nombre de locuteurs 46577 (langue principale parlée dans le cadre familial)[1] Typologie VSO Classification par famille - langues austronésiennes
- langues malayo-polynésiennes
- langues malayo-polynésiennes orientales
- Langues polynésiennes
- tahitien
(Dérivée de la classification SIL) Statut officiel Langue officielle de Reconnue comme langue de Polynésie française sans statut officiel[2] Régi par Académie tahitienne (Fare Vāna’a) Codes de langue IETF (en) ty ISO 639-1 ty ISO 639-2 tah ISO/DIS 639-3 (en) tah
type : L (langue vivante) étendue : I (langue individuelle) SIL TAH Échantillon Article premier de la déclaration universelle des droits de l'homme :
’Irava matamua
E fanauhia te tā’āto’ara’a o te ta’ata-tupu ma te ti’amā e te ti’amanara’a ’aifaito. Ua ’ī te mana’o pa’ari e i te manava e ma te ’a’au taea’e ’oia ta ratou ha’a i rotopū ia ratou iho, e ti’a ai[3].
modifier Le tahitien (ou reo tahiti) est une langue polynésienne de la famille des langues austronésiennes. Cette langue de Polynésie française est parlée sur l'île de Tahiti et dans le reste de l'archipel des îles de la Société. Elle fait partie du sous-groupe polynésien oriental dont le foyer de diffusion originel sont les îles Samoa.
Le tahitien est une langue de tradition orale, transcrite pour la première fois au début du XIXe siècle par les missionnaires de la London Missionary Society. C'est la plus diffusée des langues de Polynésie française. Reo mā’ohi est le terme désignant l'ensemble des langues de Polynésie française[4], qui outre le tahitien, inclut les langues et dialectes suivants :
- le paumotu (ou reko pa’umotu), la langue de l'archipel des Tuamotu qui comprend sept variantes dialectales ;
- le marquisien qui se subdivise en deux : le ’eo enana au nord-ouest des îles Marquises et le ’eo enata au sud-est des Marquises ;
- les langues des Australes (reo rapa, rurutu, tubuai, rimatara, raivavae) ;
- le mangarévien (ou reo mangareva) aux îles Gambier.
Le tahitien est une proche parente des langues polynésiennes de Polynésie orientale, et plus particulièrement le maori des îles Cook, le maori de Nouvelle-Zélande, le rapa nui (langue de l'île de Pâques) et l'hawaïen.
Sommaire
Historique
- Le 5 mars 1797, lorsque les missionnaires protestants anglais arrivent à Tahiti, afin de convertir la Polynésie au protestantisme, l'écriture est inexistante, tout se transmet oralement. Les protestants mirent au point le système d'alphabet qui permit le passage d'une tradition orale à l'écrit, et après d'assez longs tâtonnements, ils parviennent au système de 5 voyelles et 9 consonnes, qu'ils utilisent d'ailleurs pour leurs premières impressions des livres bibliques traduits en langue tahitienne. Les Polynésiens apprirent alors à lire et écrire à l'aide de la Bible.
- Le vocabulaire s'enrichit avec l'introduction de nouveaux mots issus de la langue parlée des missionnaires, et voire même des langues latines, grecques ou hébraïques.Aujourd'hui encore, c'est autour de l'église et surtout du temple que le tahitien apprend à parler sa langue.
- De même que les missionnaires ont donné au tahitien moderne un vocabulaire religieux particulièrement complet, les interprètes l'ont doté d'un vocabulaire administratif et juridique très exhaustif et l'ont rendu apte à exprimer sans difficulté le langage des actes, jugements et textes législatifs. Ce vocabulaire est souvent tiré du français.
- De plus, à la fin du XVIIIe siècle, l'anglais puis le français ont été la source de très importants apports dans le vocabulaire et aussi de nombreuses corruptions de la syntaxe. Cette influence des langues européennes s'est exercée spontanément, par les échanges commerciaux et sociaux mais aussi par l'intermédiaire d'une présence importante de locuteurs bilingues.
Graphie(s) et prononciation
Depuis les premières transcriptions, le tahitien a connu près d'une dizaine de graphies différentes (lire à ce sujet [1]) Aujourd'hui encore le sujet fait débat entre les spécialistes de ces questions tout particulièrement en ce qui concerne la notation de la glottale et dans une moindre mesure l'allongement vocalique. Deux systèmes d'écritures concurrents semblent néanmoins être les plus fréquemment utilisés
- Le système d'écriture adopté par l'Académie tahitienne et choisit par vote de l'assemblée territoriale de Polynésie française, reprend celui utilisé pour la plupart des langues polynésiennes. La glottale est ainsi notée d'une apostrophe inversée ( ` ) bien que pour des raisons pratiques, celle-ci est la plupart du temps notée comme une simple apostrophe ( ' ). Les voyelles allongées sont quant à elles surmontées d'un macron (ā,ē,ī,ō,ū). Par exemple ['a:mui] qui signifie rassembler, lier les fruits en paquets est transcrit 'āmui.
- Le système d'écriture dit "Raapoto", du nom de son auteur Duro Raapoto, note la glottale en surmontant la voyelle qui la suit d'un accent grave (à, è, ì, ò, ù) et l'allongement vocalique d'un macron. Néanmoins lorsque la voyelle longue est combinée à la glottale, celle-ci est surmontée d'un accent circonflexe. ['a:mui] est ainsi écrit âmui.
L'enseignement du tahitien du primaire au supérieur se fait aujourd'hui selon l'une ou l'autre des graphies en fonction des choix ou partis pris des enseignants ou de leurs formateurs, ce qui n'est pas sans poser de problèmes sur le plan de la cohérence pédagogique.
Son alphabet se compose de 14 lettres :
- 9 consonnes
Bilabiale Labio-dentale Alvéolaire Glottale Occlusive [ p ] (sourde)
( Ecouter )[ t ] (sourde)
( Ecouter )[ ` ] (sourde)
( Ecouter )Nasale [ m ] (sonore)
( Ecouter )[ n ] (sonore)
( Ecouter )Roulée [ r ] (sonore)
( Ecouter )Fricative [ f ] (sourde)
( Ecouter )
[ v ] (sonore)
( Ecouter )[ h ] (sourde)
( Ecouter )- 5 voyelles
Antérieure Centrale Postérieure Fermé [ i ] (courte)
( Ecouter )
[ iː ] (allongée)[ u ] (courte)
( Ecouter )
[ uː ] (allongée)Semi-fermé [ e ] (courte)
( Ecouter )
[ eː ] (allongée)[ o ] (courte)
( Ecouter )
[ oː ] (allongée)Ouverte [ a ](courte)
( Ecouter )
[ aː ] (allongée)Syntaxe
Afin de faciliter les comparaisons, les phrases d'exemple ci-dessous sont identiques à celles données dans l'article maori des îles Cook.
Déictiques personnels
Comme dans la plupart des langues d'Océanie, on retrouve en tahitien la distinction entre le duel et le pluriel ainsi que celle entre l'inclusif et l'exclusif (que l'on retrouve dans les langues malayo-polynésiennes en général).
Singulier
- Au : je, moi ; `ua 'amu au i te i'a : J'ai mangé le poisson; E haere au i te farehapi'ira'a ānānahi : J'irai à l'école demain; E 'ārote au inānahi, no te ua rā, 'ua fa'aea au : J'allais hier labourer (le champ), mais j'ai dû abandonner car il a plu.
- 'oe : tu , toi; 'ua 'amu 'oe i te i'a : tu as mangé le poisson; 'ua fa'a'ino 'oe tō mātou pereo'o : Tu as cassé notre voiture ; 'o 'oe ho'i, te ta'ata ta te ha'avā e 'imi nei : Tu es l'homme que la police recherche.
- 'ōna/'oia : il, lui, elle; 'ua amu 'ōna i te i'a : il/elle a mangé le poisson ; 'Eaha 'ōna i haere mai ai ?: Pourquoi est-il/elle venu(e) ? ; 'aita 'ona i 'ō nei : il/elle n'est pas là
Duel
- Tāua : inclusif, nous deux (inclusif : toi et moi) ; 'ua amu tāua i te i'a : Nous (toi et moi) avons mangé le poisson ; haere tāua : Allons-y ; 'o tō tāua hoa tē tae mai ra : Nos amis arrivent
- Māua : nous deux, (exclusif : lui/elle et moi) ; 'ua amu māua i te i'a : Nous (lui/elle et moi) avons mangé le poisson ; e ho'i māua ma Titaua i te fare : Titaua et moi rentrons chez nous ; No māua tera 'are : Cette maison est la notre
- 'ōrua : vous deux ; 'ua amu 'ōrua i te i'a : Vous deux avez mangé le poisson ; Haere 'ōrua : Allez-y ; Na 'ōrua teie puta : Ce livre vous appartient à tous les deux
- Rāua : ils, elles (deux) ; 'ua amu rāua i te i'a : Eux deux ont mangé le poisson ; Nō 'ea mai rāua ? : Où étiez-vous tous les deux ? ; 'o rāua 'o Pā tei noho i te fare : Lui (ou elle) et Pa sont restés chez eux
Pluriel
- Tātou : Nous (inclusif : vous - 2 ou plus - et moi) ; 'o vai tā tātou e tīa'i nei : Qui attendons-nous ? ; E'ore tā tātou amura'a toe : Nous n'avons plus de nourriture
- Mātou : nous (exclusif : ils, elles et moi) ; 'o mātou ma Herenui i haere mai ai : Nous sommes venus avec Herenui; 'ua 'ite mai 'oe ia mātou : Tu nous as vus
- 'outou : Vous tous ; 'a haere atu 'outou, e pe'e atu vau : Partez devant, je vous suis ; o 'outou 'o vai mā i haere ai i te tautai ? : Avec qui êtes-vous partis pêcher ?
- Rātou : Ils, elles, eux (plus de deux); 'ua pe'ape'a rātou 'o Teina : Ils se sont se querellés avec Teina ; Nō rātou te pupu pūai : Ils ont l'équipe la plus forte
Marqueurs aspectuels
- Tē… nei : Indique que l'action est en train de s'accomplir ; Tē mana'o nei au i te ho'i i te fare : Je pense que je vais rentrer à la maison ; Tē 'ata nei rātou : Ils sont en train de rigoler ; Te tanu nei vau i te taro : Je plante du taro
- 'ia : Indique un souhait , un désir (voir également plus bas condition, supposition) ; 'ia vave mai ! e tāere tāua : Dépêche toi ! nous allons être en retard ; 'ia haere vitiviti, e pō teie : Viens vite, il va bientôt faire nuit ; 'ia tae mai i te 'ohipa ā te po'ipo'i Monirē : Viens travailler lundi matin ; Teie te pēpē'uru, 'ia 'amu 'oe : Voici du pudding d'arbre à pain, manges en.
- 'a : Exprime une ordre, un commandement, le devoir, l'obligation ; 'a pi'o 'oe i raro ! : Baisse-toi ! ; 'a ti'a i ōnei ! : Lève-toi de là ! ; 'a haere 'ōna e ti'i ia Teina : Il devrait partir et aller chercher Teina ; 'a fa'aea, e tēnā ta'ata 'eiā : Arrête-toi là voleur !
- 'eiaha/'iaha : marque l'interdiction ; 'eiaha e hi'o : Ne regarde pas ! ; 'eiaha e parau : Ne parle pas ! ; ' 'eiaha e haere , tē fa'apiha'a nei mina i te tī : N'y va pas, Mina est en train de préparer (faire chauffer) le thé ; 'ua a'o 'ōna ia tātou 'eiaha e ha'ape'ape'a ia rātou : Il nous a prévenus que nous ne devions pas leur créer de problèmes"
- e… ana : Exprime une action ou un état habituel ; E noho ana 'ōna i Fare i tē reira taime : A cette époque, il vivait à Fare (Huahine) ; E haere ana 'oe i te 'ori ? : Est-ce que tu as l'habitude d'aller danser ? ; E tāere ana 'ōna: Il est toujours en retard
- e : Exprime une action ou un état inaccompli; e hīmene Mere ānapo : Marie chantera ce soir ; 'ua kite vau e riri rātou : Je sais qu'ils seront en colère"
- 'ua : Exprime une action accomplie, un état présent (perçu comme différent d'un état précédent), ou la surprise: 'ua 'ite mai 'oe ia mātou : Tu nous as vus ; 'ua maita'i 'oe ? : Cela va mieux maintenant ? ; 'ua oti te tu'era'a popo : Le match de foot est terminé ; 'ua riri au : je suis mécontent, en colère; 'ua nehenehe: comme c'est beau !
- I…(na) : Exprime une action définitivement terminée ou un état passé. I fānau 'aia i Tahiti nei : elle est née ici à Tahiti
- I... iho nei : Exprime une action terminée mais dans un passé immédiat. " I tae mai iho nei 'ōna : il vient juste d'arriver
- 'ahiri/'ahani: exprime une condition, une supposition irréelle; 'ahani 'oe i fa'atōroa ia'u, ua noho mai vau i Tahiti nei" : si tu m'avais donné un travail, je serais resté ici à Tahiti ; " 'ahiri te pahī i ta'ahuri, 'ua pohe pau roa ia tātou" : si le bateau avait chaviré, nous serions tous mort
- 'aita : exprime la négation. 'aita vau e ho'i mai : je ne reviendrai pas ; 'aita 'ōna i fānau i Huahine nei : Elle n'est pas née ici à Huahine.
Exemples de comparaison phylogénétique
Une comparaison du vocabulaire de base à partir d'une adaptation de la liste Swadesh permet d'obtenir le tableau suivant :
(Adapté de: VERIN, Pierre, KOTTAK, Conrad P. & GORLIN, Peter (1969). "The Glottochronology of Malagasy Speech Communities." Oceanic Linguistics 8:1.58)
(Voir dans langues malayo-polynésiennes un tableau comparatif présentant les étroites ressemblances entre la langue merina et d'autres langues de la même famille, à savoir le ma'anyan d'Indonésie, le malais-indonésien, le vieux javanais, le cebuano des Philippines, le futuna de la Polynésie occidentale et le proto-austronésien).
Français Tahitien Malais-indonésien Malgache terre fenua tanah (benua = "continent") tany ciel ra'i langit lanitra eau vai air (danau = "lac") rano feu āuahi api afo homme tane laki-laki lehilahy femme vahine wanita, perempuan vehivavy, vaviny manger 'amu makan mihinana, homana boire inu minum misotro, anciennement minona grand rahi besar lehibe, ngeza, be petit iti kecil kely , tity nuit po malam alina, maizina jour/soleil mahana hari matsana, masoandro mer moana laut laotra Enseignement
En France, le tahitien est enseigné :
- en métropole, à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO);
- en Polynésie française, à l'université de la Polynésie française, à la Maison de la Culture à Papeete ainsi que dans l'enseignement primaire et secondaire.
Statut juridique
Dans un arrêt du 29 mars 2006, (Haut-commissaire de la République en Polynésie française, M. Fritch, n° 282335), le Conseil d'État a annulé une disposition du règlement intérieur de l'assemblée de la Polynésie française autorisant les orateurs à s'exprimer « en langue française ou en langue tahitienne ou dans l'une des langues polynésiennes », estimant que cette disposition était contraire à l'article 57 de la loi organique du 27 février 2004, qui dispose : « Le français est la langue officielle de la Polynésie française. Son usage s'impose aux personnes morales de droit public et aux personnes de droit privé dans l'exercice d'une mission de service public ainsi qu'aux usagers dans leurs relations avec les administrations et services publics. »
Bibliographie
- Journal de la Société des Océanistes, Musée de l'Homme Paris, n° 119 "spécial Polynésie française", année 2004-2.
Méthode d'apprentissage
- Mirose Paia, Jacques Vernaudon, ia ora na, méthode d'initiation à la langue tahitienne, 2008, 4e édition, Paris, Inalco et les éditions de la Bibliothèque publique d'information du Centre Georges Pompidou
Didactique
- Miroslava Paia, Analyse d'erreurs dans le cadre de l'apprentissage de la langue tahitienne par des francophones : expérimentation d'opérations indiquées par quelques marqueurs du tahitien, thèse de doctorat en linguistique, 2001, Paris, Inalco
Grammaire
- Académie tahitienne (Fare Vana'a), Grammaire de la langue tahitienne, 1986, Académie tahitienne
- Davies John, A short grammar of the Tahitian dialect, Tahiti 1851
Dictionnaires et lexiques
- Académie tahitienne (Fare Vāna’a), Dictionnaire tahitien-français Fa'atoro parau tahiti-farani, 1999, Papeete, Académie tahitienne
- Yves Lemaître, Lexique du tahitien contemporain : tahitien-français, français-tahitien
- Version en ligne des dictionnaires tahitien-anglais de John Davies (1851) et tahitien-français de Tepano Jaussen (1861)
- Un Lexique français-tahitien assez complet fait par un amateur
Voir aussi
- linguistique
- liste de langues
- langues par famille
- langues austronésiennes
- langues malayo-polynésiennes
- langues malayo-polynésiennes orientales
- langues malayo-polynésiennes
- langues austronésiennes
- langues par famille
- liste Swadesh du tahitien
- liste de langues
Liens externes
- La modernisation de la langue tahitienne, par Yves Lemaître
- Académie tahitienne (Fare Vana'a) (forum) (dictionnaire tahitien-français)
- Section langues océaniennes de l'INALCO
- L’aménagement linguistique dans le monde (Polynésie française), par Jacques Leclerc
- Journal télévisé local en tahitien (Tahiti Nui Télévision)
- Répartition des langues polynésiennes en Polynésie française (ministère local de l'éducation)
- Structure linguistique du tahitien (ministère local de l'éducation)
- Site trilingue de l'association culturelle Puna Reo de Pihaena
Notes et références
- ↑ ISPF, Recensement général de la population de 2007 : Langues [lire en ligne]
- ↑ Présidence de la Polynésie française, L'actuel statut de la Polynésie française (2004) [lire en ligne]
- ↑ OHCHR, Universal Declaration of Human Rights Tahitian Version [lire en ligne]
- ↑ Académie tahitienne, Les tresses généalogiques des langues polynésiennes [lire en ligne]
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