Manéglise

Manéglise

49° 34′ 02″ N 0° 15′ 18″ E / 49.5671, 0.2549

Manéglise
Administration
Pays France
Région Haute-Normandie
Département Seine-Maritime
Arrondissement Arrondissement du Havre
Canton Canton de Montivilliers
Code commune 76404
Code postal 76133
Maire
Mandat en cours
Daniel Soudant
2001-2008
Intercommunalité Communauté d'agglomération havraise
Démographie
Population 1 190 hab. (1999)
Densité 143 hab./km²
Géographie
Coordonnées 49° 34′ 02″ Nord
       0° 15′ 18″ Est
/ 49.5671, 0.2549
Altitudes mini. 48 m — maxi. 118 m
Superficie 8,35 km2

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Manéglise est une commune française, située dans le département de la Seine-Maritime et la région Haute-Normandie.

Ses habitants sont appelés les Manéglisais.

Sommaire

Géographie

Cette commune est située sur la rive droite de la Seine, à une quinzaine de kilomètres du Havre, dans le canton de Montivilliers. Elle se situe également à quatre vingts kilomètres de Rouen et tout proche de l'autoroute A29 et à quelques kilomètres des ponts de Normandie et Tancarville. Les formes visibles dans cette commune sont des vallées boisées ainsi que de grandes plaines sur le plateau cauchois.

Histoire

Le nom apparait en latin médiéval sous la forme magna ecclesia en 1155 et signifie "la grande église". (Pour la survie à l'époque médiévale de "man(ne)" issu du latin magnus, voir les articles concernant Manneville et Mandeville). L'église est placée sous le patronat de Saint-Germain-l'Auxerrois et elle date des XIe et XIIe siècles.

Des éléments de voies romaines en différents points de la commune attestent de l'existence d'un village dans l'axe de la route Harfleur-Fecamp dès la fin de l'Antiquité. Vers 900, le territoire de la paroisse faisait partie du fief de Montivilliers et le village prend vraiment forme avec l'arrivée de moines du prieuré de Longueville la Giffard, venus défricher cette vallée.

Pour les besoins des offices, vers les années 1066, le clocher et le chœur d'une grande église sortent d'une butte sur laquelle se trouvait un ancien temple dédié à Jupiter. Une église romane d'une splendeur unique, des fiefs-fermes aux cheminées armoriées, des puits millénaires, témoignent d'une histoire datant des grandes invasions vikings. Ainsi au hameau du Mouchy, subsistent les restes d'un vieux manoir possédant un puits, dont la margelle ornée d'animaux fantastiques sculptés portait la date de 1013; Selon la légende, en se penchant au-dessus du puits, on entend les cloches de l'abbaye de Montivilliers. Dans ce puits, les abbesses de la ville de Montivilliers, toute proche, auraient enterré les biens des seigneurs des environs sous la menace anglaise à la suite de la prise du port d'Harfleur. Ce puits serait également le carrefour des souterrains médiévaux venant de l'abbaye de Montivilliers, du manoir de Rolleville et du château des Hellandes. La famille Hellande fut une des plus grandes familles nobles du village de Manéglise. Ils étaient de puissants chevaliers au service du Roi de France durant des siècles. C'est ainsi que l'on retrouve Jehan de Hellande à la croisade en Terre Sainte en 1099 ou encore Robert de Hellande fidèle du roi Français à la bataille d'Azincourt.

La commune de Manéglise fut une scène de théâtre où les bruits des armes, les cris de soldats et le hennissement des chevaux couvraient les plaines alentour lors des affrontements entre Anglais et Français lors de la guerre de Cent Ans (1337-1453).

Toutefois, l'histoire d'une commune comme Manéglise est difficile à décrire puisque de nombreuses archives furent détruites en 1562 lors des guerres de religion, puis à la suite de la Révolution Française de 1789. Ce qui entraînera quelques légendes propres à la Normandie cauchoise comme celle du Gibet installé en face de l'église où paraît-il les soirs de pleine lune il est possible d'entendre les âmes des suppliciés, ainsi que de cueillir la mandragore, plante fantastique. Ou encore la légende du crucifix sanglant datant de 1660 dans les terres agricoles manéglisaises, celle concernant le nom d'une route appelé "chemin des impériaux" qui correspondrait au passage des troupes napoléoniennes en direction du Havre.

Pendant la Première Guerre mondiale (1914-1918), un hôpital belge était installé au château des Hellandes, les morts sont toujours enterrés au cimetière communal. Ce château devint en 1940, pendant le deuxième conflit mondial, un hôtel où de nombreux dignitaires allemands séjournèrent tel que le Maréchal Rommel.

Les années d'après voient Manéglise comme un but de promenade à la campagne. On y vient du Havre en famille, pour goûter les spécialités normandes. Mais petit à petit, les données vont changer et cette commune s'inclut dans un phénomène qui est contemporain, celui de la péri-urbanisation. Malgré tout au-delà d'un style de vie beaucoup plus citadin qu'autrefois, elle reste une commune typique du pays de Caux où l'on retrouve des clos masures, restes des anciennes familles de la basse noblesse normande. On peut y retrouver de nombreux vestiges tels que l'église ou encore, un ancien hôpital belge dans le château des Hellandes ainsi que de nombreuses légendes cauchoises.

Le domaine des Hellandes (cf "le pays de Caux")

En arrivant sur la commune de Manéglise, on passe devant le château moderne des Hellandes, grande villa élevée en 1904 par Mr Levesque sur l'emplacement d'une demeure du XVIIe siècle qui avait elle-même remplacé une forteresse détruite pendant la guerre de cent ans. Il n'y a pas moins de onze lieux-dits ou fiefs, en Seine-Maritime, se réclamant du nom de Hellande ou Hellandes, porté par une ancienne famille normande, mais St-Aignan-sur-Ry, Angerville-l'Orcher et Manéglise ont été les plus importants de leurs biens. Jehan Hellande participa au siège de Jérusalem en 1099.

En 1309, Simon de Hellande et Jean Malet de Graville tentèrent conjointement d'obtenir le droit de présenter à la cure, en leur qualité de plus importants seigneurs. Le patronage fut néanmoins confirmé au bénéfice des religieux du prieuré de Longueville qui en avaient reçu donation en 1155, comme celle de 26 autres paroisses du Pays de Caux.

Ce prieuré Sainte-Foy avait été fondé par les Giffard qui, avant d'être chargés de la protection de la vallée de la Scie, avaient défendu la vallée de la Lézarde. On devine encore leur énorme motte féodale sur le pourtour nord de l'enceinte de Montivilliers. La rivalité de patronage entre le prieuré et les Hellande, seigneurs locaux, et avec les Malet, leurs suzerains, se prolongea pendant plusieurs générations jusqu'à ce qu'intervienne une transaction.

En 1371, Jehan de Hellande, fils de Simon, était préposé, avec deux autres chevaliers et trois écuyers, à la garde de la ville de Montivilliers où se trouvait sa résidence, le manoir de la Fontaine. Robert, le fils ainé de ce Jehan, épousa en 1380 Jehanne de Montmorency-Beaussault et devint en 1399 capitaine de Pont de l'Arche. Chambellan du roi, bailli de Rouen en 1414, il fut fait prisonnier à Azincourt et mourut quelques mois plus tard, en décembre 1415.

Déclaré rebelle par Henry V, Robert, son second fils, fut dépouillé de ses biens, de même que son fils Roger; et Clément Overton, le capitaine anglais de Montivilliers, occupa le manoir de la Fontaine, puisqu'il résidait déjà aux Hellandes. Tout rentra dans l'ordre à la libération du territoire, mais une vingtaine d'années plus tard, la famille s'éteignit malheureusement dans les mâles. La seigneurie revint au petit-fils de Roger de Hellande dont la mère avait épousé Jehan de Trousseauville. C'est de l'autre côté de l'eau, à Epreville-en-Lieuvin, comme aussi à Marcouville et à Saint-Christophe, que l'on connaît cette famille. Les frères Jehan et Gilles de Trousseauville épousèrent Anne et Renée filles de Roger de Hellande.

En 1581, le domaine était aux mains des Auber, seigneurs de Bléville. En 1645, François de Saint Denis vendit le fief à Hector Desmares, seigneur de Tournay et de Saint-Gilles, qui avait épousé Charlotte de Canouville (Grosmesnil). Adrien, son fils, lui succéda en 1672, mais après la mort de ses deux fils, en 1718 et 1719, le domaine passa aux neveux, époux des deux sœurs Desmares, d'abord Pierre-François de Paulmier d'Annemours, lieutenant de frégate, puis François Tiéchard. François Nicolas, leur héritier, était le fils naturel du chancelier d'Aguesseau. Il épousa en 1803 Élisabeth Viard, d'une famille protestante. Félix-Charles Levesque (1842-1919) fit raser l'ancien château. Marcel-Adolphe qui en hérita en 1917, vendit la nouvelle habitation qui avait servi d'hôpital belge pendant la guerre.

Héraldique

Armes de Manéglise

Les armes de la commune de Manéglise se blasonnent ainsi :
d’azur à l’église du lieu d'or, accompagnée en pointe de trois fermaux du même, ordonnés 2 et 1, chapé de gueules chargé à dextre de deux épis de blé aussi d’or, les tiges passées en sautoir, à senestre de deux léopards du même passant l’un sur l’autre, au chevron en filet d’argent brochant sur la partition.

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
mars 2001   SOUDANT Daniel    
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Démographie

Évolution démographique (Source : INSEE[1])
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2002
474 513 604 912 1051 1190 1218
Nombre retenu à partir de 1962 : Population sans doubles comptes

Lieux et monuments

Le plus beau monument visible est l'église Saint-Germain-l'Auxerrois classée monument historique depuis 1885, qui a bénéficié d'une restauration complète de la part de la municipalité. Au cours de cette restauration, une fresque millénaire fut découverte au niveau du plafond du chœur. Après une première restauration, une seconde étape va bientôt démarrer.

Nous pouvons revenir sur l'histoire de cette bâtisse somme toute spectaculaire. Pendant la première moitié du XIe siècle, les Giffard (puissante famille ducale descendant de Rollon) occupent un fief d'une quinzaine de kilomètres de diamètre autour de la cité de Montivilliers, comprenant une trentaine de paroisses dont celle de Manéglise. Après l'installation des Giffard à Longueville en 1055, leur prieuré de Sainte-Foy étend sa juridiction sur vingt-sept paroisses, parmi lesquelles on retrouve celle de Manéglise. À partir de cette époque est décidée la construction du chœur et du clocher de l'église actuelle ayant de fortes proportions par rapport au reste du bâtiment qui n'est plus visible aujourd'hui mis à part deux piliers de la nef. Cette église prend la place d'une chapelle déjà existante ainsi qu'un ancien temple dont aucune trace n'est visible à l'heure actuelle. Au XIIe siècle a lieu la reconstruction d'une nef plus longue et plus haute avec son décor très particulier de chapiteaux caractéristiques de la sculpture romane normande. Au XVIe siècle a lieu l'adjonction d'une grande chapelle de style gothique construite sous l'ordre de Jehan Leroux dit Blampain abbé et descendant des seigneurs du Mouchy, fief situé sur la paroisse de Manéglise. Cette construction porte la date de 1553 et sera le sanctuaire des descendants de ce clerc dont la riche famille d'avocat ou percepteur du grenier à sel d'Harfleur, les Sénécal, et ceci jusqu'au début du XIXe siècle. On peut préciser en rajoutant que la famille habitant le fief-ferme d'Herbouville est enterrée dans le chœur de l'église. L'église résista vaillamment aux affronts du temps, même si son entretien laissa quelque peu à désirer, notamment durant la période révolutionnaire où le prêtre était en exil pour cause de messes clandestines et refus de prêter serment, de plus, l'édifice restera fermé à la population durant de longues années qui provoqueront son délabrement. Sa restauration contemporaine commença en 1988 pour en faire un joyau de l'art roman reconnu par de nombreux historiens.

La Normandie est un lieu de légende reconnu et Manéglise n'échappe pas à la règle. Au hameau du Mouchy, existe une demeure vieille de plusieurs siècles, toute biscornue, car on construisait autrefois les habitations en fonction des poutres dont on disposait, possédant une monumentale cheminée armoriée. On distingue en effet, à droite, un écusson doté de trois fleurs de fleurs de lys, tandis que sur le montant gauche, deux fleurs de lys, alternant avec deux feuilles de chêne.

Mais ce vieux manoir possède également un puits, dont la margelle sculptée porte la date de 1013, entourée de figures d'animaux domestiques. Fait troublant, en se penchant au-dessus du puits, on entend parfois le son des cloches de l'abbaye de Montivilliers. La légende veut que ce puits renferme le trésor des Abbesses, depuis la guerre de Cent Ans. Les Anglais, ayant probablement conquis Harfleur, avançaient vers l'intérieur. Inférieurs en nombre et moins bien armés, les seigneurs, vassaux de l'Abbesse de Montivilliers, remirent à celle-ci leurs biens les plus précieux. Le tout fut enterré par ordre de la mère Abbesse sur le territoire de Manéglise "sous un ouvrage en maçonnerie, qui affecterait la forme d'un baril renfermé de trois mètres de diamètre". La légende ajoute : "le repère en serait un poirier de Caux à deux fleurs".

Le puits du hameau du Mouchy serait le carrefour de souterrains venant de l'abbaye de Montivilliers, du manoir de Rolleville, du château des Hellandes. L'histoire confirmerait ces hypothèses, lorsque l'on sait que Montivilliers résista à plusieurs sièges, et que d'autre part, le manoir de Rolleville et plusieurs propriétés des environs appartenaient à l'Abbesse de Montivilliers.

Faut-il détruire les légendes ? Il y a quelques années, des fouilles ont été entreprises. Une petite équipe de spécialistes descendit les cinquante mètres du puits. On ne découvrit rien d'autre que quelques galeries, remplies d'éboulis, vraisemblablement restes d'anciennes marnières.

On peut également visiter la ferme d'Herbouville, ancien fief seigneurial du Moyen Âge avec ces bâtiments en pierre, son colombier en pierre de Saint-Jean datant de 1663, mais aussi le château des Hellandes fief plus important datant des premières grandes croisades, où flâner dans les bois permet de remonter le temps et de faire de belles découvertes.

Dans un cas plus général, il est possible de contempler les nombreuses chaumières et maisons à pan de bois et pierres de tailles, tels que le manoir du crucifix, restauré par ces occupants et datant du XVe siècle et ancienne possession de la famille Duval de Coupeauville, ou encore le manoir Sénécal aujourd'hui en ruine possédant une grande cheminée armoriée ainsi que des dessins de façade très intéressants.

À côté de l'église, se trouve un magnifique presbytère datant du XVIe siècle restauré récemment, jouxtant un autre fief ferme restauré également avec soin possédant lui aussi une cheminée vieille de plusieurs siècles et portant des armoiries.

Au hasard d'un chemin, il est également possible de rencontrer le calvaire mythique de la commune où préfigure l'origine d'une grande légende du XVIIe siècle, que peu de Manéglisais pourraient narrer. Enfin, une destination importante pour les familles belges est bien entendu le cimetière de leur ancêtres tombés durant la guerre 1914-1918 et visible dans le cimetière communal. Il est visité par les drapeaux tous les ans à l'occasion du souvenir Belge.

Personnalités liées à la commune

  • Nicolas de Vanderest, né en 1372, licencié des lois, fut l'un des trois ecclésiastiques qui signèrent en 1419, la reddition de Rouen au Roi Henri V d'Angleterre. Il collabora avec les vainqueurs Anglais et s'enrichit des dépouilles de ces victimes. Il fut vicaire général à Rouen et il s'en fut de peu pour qu'il devienne archevêque de Rouen. Il était présent aux côtés de Pierre Cauchon lors du procès de Jeanne d'Arc à Rouen. Il ne vota pas la torture mais admit que Jeanne d'Arc devait être considérée hérétique.

Voir aussi

Jumelage(s)

La commune est jumelée avec :

Notes et références

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Manéglise de Wikipédia en français (auteurs)

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