Léonidas Ier de Sparte

Léonidas Ier de Sparte
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Léonidas aux Thermopyles par Jacques-Louis David, 1814, musée du Louvre

Léonidas (en grec ancien Λεωνίδας / Leônidas), né vers -540 et mort en -480 av. J.-C., est le roi agiade de Sparte de -489 à 480 av. J.-C. Il est resté célèbre par son opposition héroïque face aux Perses lors de la bataille des Thermopyles, durant laquelle il trouve la mort.

Sommaire

Biographie

Article connexe : Laconisme.
Hoplite casqué dit « Léonidas », début du Ve siècle av. J.‑C., Musée archéologique de Sparte

Membre de la famille des Agiades, il est le troisième fils du roi Anaxandridas II : ses frères sont Dorieus, son aîné et Cléombrote, son cadet. Cléomène Ier, le plus âgé, est, lui, son demi-frère. Il épouse d'ailleurs la fille de ce dernier, Gorgô, avec laquelle il a un fils, son successeur, le roi Pleistarchos. Le règne de Léonidas débute avec le suicide de Cléomène Ier. Son principal événement est la bataille des Thermopyles, durant laquelle Léonidas trouve la mort.

Article détaillé : bataille des Thermopyles.

Dans les années 490 av. J.-C., le roi achéménide Xerxès Ier prépare une invasion de la Grèce continentale. Se trouve alors à sa cour le roi spartiate en exil Démarate. Selon Hérodote, ce dernier prévient ses concitoyens d'une attaque imminente par un message secret[1], ce qui pousse Sparte à demander conseil à l'oracle de Delphes[2]. Conformément à la tradition, Apollon fournit une réponse ambiguë :

« Pour vous, citoyens de la vaste Sparte,
Votre grande cité glorieuse ou bien sous les coups des Perséides
Tombe, ou bien elle demeure ; mais sur la race d'Héraclès,
Sur un roi défunt alors pleurera la terre de Lacédémon
Son ennemi, la force des taureaux ne l'arrêtera pas ni celle des lions,
Quand il viendra : sa force est celle de Zeus.
Non, je te le dis,
II ne s'arrêtera pas avant d'avoir reçu sa proie, ou l'une ou l'autre[3]. »

En d'autres termes, ou bien Sparte perdra son roi pendant la bataille, ou bien elle sera conquise. Aucun roi spartiate n'étant jamais mort à la guerre, le message est très décourageant pour la cité[4]. Sparte décide alors d'envoyer deux hérauts choisis parmi l'aristocratie pour se rendre auprès de Xerxès. Selon Hérodote, il s'agit d'apaiser la « colère de Talthybios », héraut légendaire de l’Iliade, qui s'abat sur Sparte après que la cité a mis à mort le héraut envoyé par Darius en 492 av. J.-C.[5]. Plus prosaïquement, il s'agit probablement de rechercher une issue diplomatique plutôt que militaire à la crise[6]. Xerxès refuse tout compromis et ne prend même pas la peine de réclamer la terre et l'eau, symboles de la suzeraineté achéménide.

À l'automne 481 av. J.-C., ce que l'historiographie appelle la « Ligue hellénique » se réunit sur l'isthme de Corinthe et choisit Sparte à sa tête[7]. Elle décide l'envoi d'une force armée sous le commandement de Léonidas pour défendre le défilé des Thermopyles, afin de retenir les Perses et laisser à la flotte grecque le temps de se replier au-delà du détroit que forme l'Eubée avec le continent. Selon Hérodote, les forces grecques envoyées aux Thermopyles représentent en tout 6 000 soldats : 300 hoplites spartiates, 1 000 Tégéates et Mantinéens, 600 Orchoméniens, 400 Corinthiens, 200 Phliontiens, 80 Mycéniens, 700 Thespiens et 400 Thèbains loyalistes[8]. Face à eux se trouveraient 1,7 million de Perses. Ce chiffre est reconnu comme fantaisiste[9], d'autant qu'Hérodote se trompe dans son calcul des Péloponnésiens présents, mentionnant 3 100 hommes alors qu'il cite ailleurs une inscription faisant état de 4 000 soldats[10]. Le même chiffre réapparaît encore ailleurs comme le nombre de morts des Thermopyles[11]. Pour ce qui est des Grecs, d'autres sources montrent que le contingent lacédémonien comprend également 900 ou 1000 Périèques[12], sans oublier les Hilotes qui servent de valets d'armes[13]. S'agissant des Perses, on a supposé qu'Hérodote confondait les termes « chiliarchie » (10 000) et « myiarchie » (1 000), évaluant ainsi les forces comme étant dix fois plus importantes qu'elles ne l'étaient. Dès lors, les forces perses présentes à la bataille des Thermopyles seraient plutôt de 210 000 hommes et 75 000 animaux[14].

Quoi qu'il en soit, le rapport de force numérique est clairement en faveur des Perses. Selon les Spartiates, il s'agit d'une simple avant-garde[15], le reste des troupes devant arriver dès la fin de la fête des Karneia et des concours olympiques[16]. Pour Léonidas, il s'agit clairement d'une mission kamikaze : il ne choisit parmi les 300 hoplites qui constituent sa garde personnelle que des citoyens ayant déjà donné naissance à des fils. Par conséquent, il ne s'agit pas seulement d’Hippeis, corps d'élite composé parmi les dix premières classes d'âges mobilisables, mais d'un mélange d'’Hippeis et de soldats ordinaires[17].

Après avoir pris position aux Thermopyles, les Grecs repoussent victorieusement plusieurs attaques perses : situés à l'endroit le plus resserré du défilé, ils se battent en rangs très serrés[18] et sont bien protégés par leurs grands boucliers[19]. Après quelques jours, les Grecs sont trahis par un certain Éphialtès : Léonidas se retrouve encerclé par les troupes du satrape Hydarnès. Hérodote rapporte que pour certains, les Grecs ne parviennent à se mettre d'accord sur l'attitude à prendre : certains abandonnent leur poste pour rentrer dans leur cité respective, alors que Léonidas décide de rester[20]. Selon Hérodote, Léonidas renvoie la majorité de ses troupes pour épargner leur vie, mais juge inapproprié pour un Spartiate d'abandonner sa position ; l'oracle rendu par la Pythie ne fait que renforcer sa détermination[2]. Il garde auprès de lui les Lacédémoniens, les Thébains et Thespiens volontaires.

La description de la fin de la bataille varie suivant la source. Chez Hérodote, Léonidas et ses hommes se portent à l'endroit le plus large du défilé et combattent jusqu'au dernier[21]. Diodore de Sicile et Justin abrégeant Trogue Pompée mentionnent une attaque nocturne contre le camp perse : les Grecs, semant le désordre dans les troupes ennemies, en massacrent un grand nombre avant de tomber, encerclés, sous les flèches et les javelines perses[22] – récit très probablement fantaisiste, le camp de Xerxès étant éloigné de celui des Grecs de près de 8 kilomètres[23].

Plus tard, la dépouille de Léonidas est transférée à Sparte où un magnifique mausolée lui est consacré tandis que des fêtes, appelées Léonidées, sont instituées. Il fait également l'objet d'un culte héroïque[24].

Postérité

Avec Othryadès, héros de la bataille des Champions, Léonidas est l'un des Spartiates les plus cités par les Anciens, notamment par les épigrammatistes de l’Anthologie grecque[25]. Aux débuts de l'ère chrétienne, Origène compare son sacrifice et celui de Socrate à la mort du Christ[26].

À l'époque moderne, Léonidas reste une figure héroïque, glorifiée pour son combat pour la liberté. Fénelon en fait le monarque parfait dans ses Dialogues des morts. Il inspire à Jacques-Louis David, en 1814, son tableau Léonidas aux Thermopyles. Le peintre écrit : « je veux peindre un général et ses soldats se préparant au combat comme de véritables Lacédémoniens, sachant bien qu'ils ne s'échapperont pas. (…) Je veux caractériser ce sentiment profond, grand et religieux qu'inspire l'amour de la patrie[27]. »

Quelques années plus tard, Léonidas devient l'emblème du philhellénisme. Ainsi, le siège de Missolonghi, pendant la guerre d'indépendance grecque, est comparé à une nouvelle bataille des Thermopyles. Le journal français Le Constitutionnel clame que « tous sont morts comme Léonidas[28] » tandis que le Journal des débats souligne que « les Hellènes sont les dignes descendants de Léonidas[29] ».

Les Thermopyles et Léonidas ont fait l'objet en 2007 d'une illustration cinématographique très libre, entre chant épique et bande dessinée, 300 de Zack Snyder, fondée sur la bande dessinée du même nom de Frank Miller, elle-même adaptée du film The 300 Spartans (La bataille des Thermopyles en français), réalisé en 1962 par Rudolph Maté.

Notes et références

  1. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], VII, 239. Le passage est parfois considéré interpolé.
  2. a et b Hérodote, VII, 220.
  3. Voir aussi Justin, Abrégé des Histoires philippiques de Trogue Pompée [détail des éditions] [lire en ligne], II, 11, 8.
  4. Cartledge, p. 173.
  5. Hérodote, VII, 134.
  6. Cartledge, p. 174.
  7. Hérodote, VII, 205, 3.
  8. Hérodote, VII, 102.
  9. Cartledge, p. 175.
  10. Hérodote, VII, 228.
  11. Hérodote, VIII, 25, 2.
  12. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XI, IV, 2 et Isocrate, IV, 90.
  13. Cartledge, p. 177.
  14. F. Maurice, « The size of the army of Xerxes in the invasion of Greece 480 B.C. », Journal of Hellenic Studies 50 (1930), p. 210–235.
  15. Hérodote, VII, 203.
  16. Hérodote, VII, 206.
  17. Cartledge, p. 176.
  18. Hérodote, VII, 223 ; Diodore, XI, 7, 2 et 8, 2.
  19. Diodore, XI, 7, 3.
  20. Hérodote, VII, 219.
  21. Hérodote, VII, 223.
  22. Diodore, XI, 9, 2-10, 4 et Justin, II, 11, 11-19.
  23. N.G.L. Hammond, « Sparta at Thermopylae », Historia: Zeitschrift für Alte Geschichte, vol. 45, no1 (premier trimestre 1996), p. 8.
  24. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], III, 14, 1 ; IG 5.1, 18, 19 et 658.
  25. E. Rawson, The Spartan Tradition in the European Thought, Clarendon Press, 1969, p. 88-89 et n. 1.
  26. Contre Celse, VIII, 6, 747 et 35, 768 ; II, 17, 404.
  27. Cité par Rawson, p. 291.
  28. Le Constitutionnel, 15-16 mai 1826.
  29. Journal des débats, 17 mai 1826.

Sources

Bibliographie

  • (en) Paul Cartledge, Sparta and Lakonia. A Regional History 1300 to 362 BC, New York, Routledge, 2002 (1re édition 1979) (ISBN 0-415-26276-3) .
  • (en) D. M. Lewis, Sparta and Persia, Brill, Leyde, 1977 (ASIN 9004054278).
  • O. Picard, Les Grecs devant la menace perse, SEDES, coll. « Histoire », 1995 (ISBN 2-7181-9232-1)

Liens externes

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