Légions polonaises (armée française)

Légions polonaises (armée française)
le général Jan Henryk Dąbrowski dirigeant les légions polonaises

On regroupe sous le terme légions polonaises différentes unités militaires de Polonais servant dans l’armée française, des années 1790 aux années 1810, dans l'armée des Vosges sous Garibaldi en 1870 pendant la guerre franco-allemande comme dans l'armée britannique au milieu du dix-neuvième siècle.

Après le troisième partage de la Pologne en 1795, beaucoup de Polonais croient que la France voudra venir en aide à la Pologne, les pays s’étant partagé la Pologne (Prusse, Autriche et Russie) étant tous ennemis de la France. De nombreux officiers, soldats et volontaires émigrés de Pologne et établis dans d’autres pays, particulièrement en Italie, s’engagent dans les armées locales.

Avec le soutien de Bonaparte, des unités spéciales de Polonais sont créées ; elles sont commandées par des Polonais, et utilisent les grades polonais. On les appelle les Légions polonaises et sont considérées comme une armée polonaise en exil sous autorité française. Les principaux chefs de cette armée sont Jan Henryk Dąbrowski, Karol Kniaziewicz et Józef Wybicki. Les légions polonaises servirent dans l’armée française durant les guerres de la Révolution et de l’Empire, des Antilles à la Russie et de l’Italie à l’Égypte.

Bien que Napoléon ait créé un petit État polonais, le Grand-duché de Varsovie (1807-1815), il est à peu près sûr qu’il ne voulait pas recréer un vaste État polono-lituanien, comme avant les partitions de la Pologne. Il se contentait de vagues promesses à ce sujet, pour ne pas interrompre le flot de volontaires polonais. Il manœuvrait, jouant des craintes de la Russie, de l’Autriche et de la Prusse de la recréation de cet État allié à la France. Néanmoins, les volontaires polonais sous le drapeau français ont suivi Napoléon tout au long de sa carrière, et encore aujourd’hui, le souvenir des légions polonaises est fort en Pologne, Napoléon étant considéré comme un héros et un libérateur.

Sommaire

Historique des légions

Guerres de la Révolution

Jan Henryk Dąbrowski, officier de l’armée du royaume polono-Lituanien, commence son travail en 1796, quand il est appelé à Paris par Bonaparte. Il est autorisé par la république-sœur de la République française, la République cisalpine, à créer une légion polonaise, qui sera intégrée à l’armée de la République de Lombardie. Il est également autorisé à signer un accord avec le gouvernement de la République de Lombardie pour la création d’une deuxième légion. Les légions de Dabrowski combattent d’abord en Italie contre les Autrichiens, devant avoir une sympathie naturelle pour un peuple combattant pour son indépendance, la cause italienne leur paraissant semblable à la leur. Dès les premiers engagements, les légions prouvent leur valeur, et participent en 1798 à la prise de Rome. C’est aussi de cette époque que date la Mazurek Dąbrowskiego, actuel hymne national de la Pologne, écrit par Józef Wybicki, et dont les paroles promettent le retour de l’armée polonaise de l’Italie vers la Pologne. En 1799, Karol Kniaziewicz crée la légion polonaise du Danube pour combattre les Allemands dans les Balkans.

Cependant, les Polonais ne peuvent pas toujours choisir leurs combats, et leur moral est atteint lorsqu’ils sont envoyés réprimer des révoltes (comme celle des États pontificaux) au lieu de lutter contre les pays qui ont pris part au partage de la Pologne.

Puis, en 1802, les légions polonaises (fortes alors de 5280 hommes) sont envoyés à Haïti pour écraser la révolution haïtienne, ce qui, avec l’envoi des contingents des alliés suisses et allemands, permet de ne pas puiser dans l’armée française proprement dite. Les Polonais sont rapidement devenus sympathiques aux Haïtiens, qui croient que ceux-ci soutiennent Jean-Jacques Dessalines au point que des unités changent de bord. En fait, environ 150 Polonais ont déserté pour changer de bord. En moins de deux ans, les pertes au combat et les maladies tropicales (comme la fièvre jaune) réduisent les effectifs des légions à quelques centaines d’hommes. Quand l’armée française se retire en 1803, 4000 Polonais sont morts, 400 restent sur l’île, quelques dizaines se sont dispersés dans les îles alentour (Guadeloupe) ou sont partis s’établir aux États-Unis, et environ 700 retournent en France. Mais ces nombreuses pertes portent un coup sérieux aux espoirs des Polonais de retrouver leur indépendance, et l'expérience haïtienne affaiblit la confiance envers les bonnes intentions de la France, désormais gouvernée par Napoléon, envers la Pologne.

Guerres napoléoniennes

En 1806, les légions de Dabrowski et du Danube sont réduites à un régiment d’infanterie et un régiment de cavalerie, placés au service du roi de Naples. Ces deux régiments ne participent pas aux batailles d'Iena et d'Auerstadt (voir les ordres de batailles consultables pour ces deux batailles), et Dabrowski pénètre à la tête de ses troupes en Pologne près de la ville de Poznan. Cette entrée provoque un afflux de volontaires. Un an plus tard, Napoléon défait les Russes d’Alexandre Ier et, au cours des négociations de Tilsit, il obtient l’accord du tsar pour la création d’un petit État polonais, sous contrôle français.

Cet État est nommé Duché de Varsovie : il est bien plus petit que le royaume de Pologne-Lituanie, ne comprenant que quelques uns des territoires polonais de la Prusse (augmentés en 1809 d’autres pris à l’Autriche), mais sa création rend l’espoir aux Polonais, et provoque un nouvel afflux de volontaires sous les drapeaux français. Mais le royaume de Pologne-Lituanie n’est pas reconstitué : un allié de la France est mis sur le trône, Frédéric-Auguste Ier de Saxe, sans être autorisé à développer un État indépendant. Frédéric Auguste est largement inféodé à la France, qui traite son État comme une source de revenus. En fait, le personnage le plus important du duché était l’ambassadeur en poste à Varsovie.

Durant la guerre d'Espagne, les légions polonaises, devenues la légion de la Vistule et fortes de 6000 hommes, se distinguent particulièrement à la bataille de Somosierra, où seulement 150 des leurs chargent sous le feu de 8000 Espagnols. Ils inspirèrent la création d’unités de lanciers, avec armes et uniformes à la polonaise, aux Britanniques.

En 1812, Napoléon prend prétexte d’une révolte des Lituaniens pour envahir la Russie. Les Polonais et les Lituaniens, espérant ressusciter leur État, forment le plus important contingent étranger de la Grande Armée, avec environ 98 000 hommes (sur les 600 000 de la Grande Armée). Les lanciers polonais de la légion de la Vistule sont les premiers à franchir le Niémen et à pénétrer en Russie, ainsi que les premiers à entrer à Moscou. Ils prennent une part importante à la bataille de la Moskova, et couvrent la retraite française. Le prince Joseph Poniatowski, qui les commande, sauve personnellement la vie de Napoléon et est le dernier à sortir de Russie. 26 000 des 98 000 Polonais sortent de Russie ; leur unité d’élite, la légion de la Vistule, qui entame la campagne avec 7000 hommes, n’en a plus que 1500 de retour sur le Niémen.

Les légions polonaises suivent le sort de Napoléon et du duché de Varsovie. Les troupes prussiennes et russes suivent la Grande Armée et occupent le duché. Les Polonais se distinguent encore à Leipzig.

La seule garde autorisée de Napoléon à l’île d'Elbe est un escadron de lanciers polonais. Durant les Cent-Jours, les 325 hommes du colonel Golaszewski sont les derniers hommes de la légion de la Vistule à servir Napoléon. Les Polonais lui restent fidèle jusqu’à l’amère fin, à la bataille de Waterloo, où ils font encore des prodiges de valeur.

Quand le duché est officiellement partagé au congrès de Vienne entre ses voisins, et que Napoléon relève les Polonais de leur serment, les légions cessent d’exister. Leur souvenir cependant est fort en Pologne, et Napoléon, même s’il n’a pas reconstitué totalement la Pologne, est considéré comme un héros et un libérateur.

Liste

Voir aussi


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