Liguorisme

Liguorisme

Alphonse de Liguori

Saint Alphonse de Liguori
St Alphonsus Liguori.jpg

Naissance 27 septembre 1696
Naples
Décès 1er août 1787  (91 ans)
Nocera de Pagani
Nationalité Italienne
Vénéré à Docteur de l'Église depuis 1871
Béatification 1816 Rome
par Pie VII
Canonisation 1839 Rome
par Grégoire XVI
Vénéré par Eglise catholique
Fête le 1er août
Attributs Crucifix à la main droite qu’il indique de sa main gauche
Saint patron des confesseurs, moralistes et théologiens
Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint


Alphonse Marie Antoine Jean Côme Damien Michel Gaspard de Liguori naquit au manoir de son père, à Marianella, quartier de Naples, le mardi 27 septembre 1696 et mourut à Nocera de Pagani, le 1er août 1787. Il embrassa l'état ecclésiastique à 27 ans et évangélisa les pauvres des campagnes. issu de la haute société napolitaine, orateur doué, il prêchait néanmoins toujours sans artifice oratoire de façon à être compris de tous notamment des moins instruits. Il fonda la congrégation du Très Saint Rédempteur, dont les membres sont appelés Rédemptoristes. Fête le 1er août.

Sommaire

Biographie

Origines et jeunesse

Un jeune homme de bonne famille

Sa famille était ancienne et noble, quoique la branche à laquelle il appartenait ne fût plus si riche qu'autrefois. Le père d'Alphonse, Don Joseph de Liguori, était officier de marine et capitaine des Galions royaux. Sa mère était d'ascendance espagnole et, dans la mesure où la race explique le caractère individuel, nous pouvons voir dans le sang espagnol d'Alphonse une explication de l'incroyable ténacité à atteindre son but qui le distingua dès ses premières années. « Je connais son entêtement, disait de lui son père lorsqu'il était jeune homme.Une fois sa décision prise, il est inflexible ». Nous n'avons guère de détails sur l'enfance d'Alphonse. Il était l'aîné de sept enfants et l'espoir de sa maison.

Une éducation aristocratique

Le garçon se montra bien vite brillant et rapide et fit de grands progrès dans toutes sortes d'étude. Par ailleurs son père lui faisait pratiquer le clavecin trois heures par jour et, à l'âge de treize ans, il jouait avec la facilité d'un maître. Voyager et pratiquer l'escrime étaient ses grandes distractions, avec une partie de cartes du soir ; il nous dit que sa mauvaise vue l'avait empêché d'être un bon tireur. Au début de son âge de jeune homme, il s'engoua de l'opéra, mais il voulait seulement écouter la musique car, dès que le rideau se levait, il ôtait ses lunettes, afin de ne pas voir les acteurs distinctement. Le théâtre napolitain de l'époque était brillant, mais le jeune Alphonse s'était senti dès l'âge le plus tendre une répugnance ascétique envers les théâtres, répugnance qu'il ne perdit jamais. La faute enfantine qu'il se reprocha toute sa vie, c'est d'avoir trop énergiquement résisté à son père qui lui demandait de participer à une pièce représentée dans un salon.

Bien évidemment, Alphonse ne fut pas envoyé à l'école, mais fut instruit par des précepteurs privés sous l'œil de son père. À l'âge de seize ans, le 21 janvier 1713, il commença à étudier le Droit, bien que l'âge réglementaire fût fixé à vingt ans. Il racontait lui-même qu'il était alors si petit qu'il disparaissait presque dans sa robe de docteur, ce qui faisait rire tout le monde. Il commença donc ses études et, dès l'âge de dix-neuf ans, exerçait sa profession devant les tribunaux.

Un avocat brillant

Pendant les huit ans où il fut avocat, chargé de nombreuses causes, il dit n'en avoir jamais perdu une seule. Même en faisant la part de l'exagération (car quel avocat est capable de gagner toujours ?), la tradition atteste que ses capacités étaient extraordinaires et qu'il était souvent couronné de succès. En fait il semble que, malgré sa jeunesse, il ait compté à l'âge de vingt-sept ans parmi les ténors du barreau de Naples.

Alphonse, comme tant de saints, avait un excellent père et une sainte mère. Don Joseph de Liguori avait ses défauts ; il était quelque peu attaché aux biens de ce monde et ambitieux, en tout cas pour son fils, et il entrait en colère quand on s'opposait à lui. Mais il était un homme d'une foi et d'une piété incontestables et menait une vie irréprochable ; il voulait que son fils lui ressemblât. Même quand il voulut le pousser dans le monde en organisant pour lui un bon mariage, il souhaitait qu'Alphonse pensât d'abord à Dieu, et chaque année le père et le fils suivaient une retraite ensemble dans un établissement religieux. Alphonse sur ce point ne déçut pas son père.

Une enfance pure et chaste le prépara à un âge mûr irréprochable. On demanda à un de ses compagnons, Balthasar Cito, devenu par la suite un juge éminent, si Alphonse avait jamais montré dans sa jeunesse des signes de légèreté. « Jamais ! Ce serait un sacrilège de parler autrement » répondit-il de façon catégorique. Son confesseur a d'ailleurs déclaré qu'il avait préservé son innocence baptismale jusqu'à la mort. Il y eut cependant une époque dangereuse.

Un jeune homme en vue

Il est peu douteux que le jeune Alphonse avec ses qualités d'esprit et sa force de caractère se soit senti ardemment attaché à sa profession et qu'il était en voie d'être corrompu par le succès et la renommée qu'il apportait. Vers l'année 1722, alors qu'il avait vingt-six ans, il commença à fréquenter constamment le monde, à négliger la prière et les pratiques pieuses qui avaient occupé une part importante de sa vie et à prendre du plaisir à voir l'attention avec laquelle partout il était reçu.

La Conversion

« Les banquets, les divertissements, le théâtre, a-t-il écrit plus tard, ce sont les plaisirs du monde, mais des plaisirs amers comme la bile et pointus comme des épines. Croyez-moi : je les ai éprouvés et j'en pleure maintenant. » Dans tout cela il n'y avait là aucun péché grave, mais il ne prenait pas non plus le chemin de la sainteté.

L 'échec ou la vanité du monde

En 1723 eut lieu un procès entre un noble napolitain, dont le nom ne nous est pas parvenu et le grand-duc de Toscane Cosme III, dans lequel était en jeu une propriété estimée à 500 000 ducats. Alphonse était un des avocats principaux, sans qu'on sache pour quelle partie. Quand le jour vint, il fit un discours inaugural brillant et s'assit confiant dans sa victoire. Mais avant qu'il eût appelé un témoin, l'avocat de la partie adverse lui dit d'un ton triomphant : « Vos arguments, c'est du vent. Vous avez négligé un document qui ruine la cause que vous défendez. - De quel document s'agit-il ? » demanda Alphonse quelque peu interloqué. « Le voici !» C'était en effet une pièce irréfutable qui lui avait été remise, qu'il avait lue et relue plusieurs fois, mais toujours dans un sens exactement opposé à ce qu'il constatait maintenant. Le pauvre avocat pâlit. Il resta abasourdi un instant ; puis déclara dit d'une voix cassée : « Vous avez raison. Je me suis trompé. Ce document établit votre bon droit. »

En vain ceux qui l'entouraient et jusqu'au juge sur son siège essayèrent de le consoler. Il se sentait anéanti. Il pensait que son erreur ne serait pas attribuée à l'étourderie, mais qu'on y verrait une tromperie délibérée. Il avait l'impression que sa carrière était ruinée et il quitta la cour l'air absent en disant : « Monde, je vous connais désormais. Cours, vous ne me reverrez plus ».


Mort et résurrection

Pendant trois jours il refusa toute nourriture.

Alors il commença à se calmer et à entrevoir que son humiliation lui avait été envoyée par Dieu pour abattre sa fierté et l'arracher au monde. Persuadé que quelque sacrifice spécial était exigé de sa part, quoiqu'il ne sût pas encore lequel, il ne retourna pas à sa profession, mais passa ses journées en prière, cherchant à savoir quelle était la volonté de Dieu. Bientôt – mais nous ne savons pas exactement après combien de temps – lui vint la réponse.

Le 28 août 1723, le jeune avocat partit exécuter un acte de charité remarquable en visitant les malades à l'Hospice des Incurables. Soudain il se trouva entouré d'une lumière mystérieuse tandis que le bâtiment semblait vaciller et qu'une voix intérieure lui disait : « Abandonne le monde et donne-toi à moi. »

Cette expérience se reproduisit deux fois. Alphonse quitta alors l'hôpital et se rendit à l'église du Rachat des Captifs. Là il déposa son épée devant la statue de Notre-Dame et prit la résolution solennelle d'entrer dans les ordres et en outre de se proposer comme novice aux Pères oratoriens.

Prêtre

Il savait quelles épreuves l'attendaient. Son père, déjà mécontent après l'échec de deux projets de mariage pour son fils et exaspéré devant son énorme faute professionnelle, ne pouvait manquer de s'opposer énergiquement à sa volonté de quitter le monde. C'est bien ce qui se passa et le jeune homme se vit persécuté pendant deux mois.

Un compromis fut trouvé à la fin. Don Joseph accepta que son fils devînt prêtre, pourvu qu'il renonçât à son dessein d'entrer à l'Oratoire et qu'il continuât à vivre à la maison. Alphonse y consentit sur le conseil de son directeur, le père Thomas Pagano, lui-même Oratorien. Cette solution le laissait libre pour ce qui devait être son vrai travail, la fondation d'une nouvelle congrégation religieuse.

Le 23 octobre 1723, le jeune homme endossa les vêtements sacerdotaux. En septembre de l'année suivante il reçut la tonsure et peu après rejoignit l'association des prêtres séculiers missionnaires qu'on appelait la « Propagande napolitaine », et où l'entrée n'impliquait pas la vie commune. En décembre 1724, il reçut les ordres mineurs et le sous-diaconat en septembre 1725. Le 6 avril 1726, il devint diacre et peu après prononça son premier sermon. Le 21 décembre de la même année, à l'âge de trente ans, il fut ordonné prêtre.

Depuis six ans, il avait travaillé à Naples et autour de Naples, donnant des missions de Propagande et prêchant aux "lazzaroni" de la capitale. À l'aide de deux laïcs, Peter Barbarese, un maître d'école, et Nardone, un vieux soldat, qu'il avait arrachés à une vie désordonnée, il enrôla des milliers de lazzaroni dans une sorte de fraternité appelée « Association des Chapelles » et qui existe encore aujourd'hui ce jour. C'est alors que Dieu l'appela à l'œuvre de sa vie.

Le père Ripa

En avril 1729, Matthieu Ripa, apôtre de la Chine, avait fondé à Naples un collège missionnaire, que l'on connaissait familièrement comme le « Collège Chinois ».

Quelques mois plus tard, Alphonse qui avait quitté la maison de son père alla vivre avec Ripa, sans pourtant devenir membre de sa société. Là il rencontra un ami de son hôte, le père Thomas Falcoia, de la Congrégation des Pii Operarii (les Pieux Ouvriers) et noua avec lui la grande amitié de sa vie.

Le père Falcoia

Il y avait une différence d'âge considérable entre les deux hommes : né en 1663, Falcoia avait alors soixante-six ans et Alphonse n'en avait que trente-trois, mais le vieux prêtre et le jeune avaient des âmes qui se ressemblaient. Bien des années auparavant, à Rome, une vision avait montré à Falcoia une nouvelle famille religieuse constituée d'hommes et de femmes et dont le but particulier serait l'imitation parfaite des vertus de Notre-Seigneur. Il avait même essayé de former une branche de cet institut en réunissant douze prêtres menant une vie commune à Tarente, mais la communauté s'était bientôt désagrégée. En 1719, avec le père Filangieri, qui appartenait lui aussi aux « Pii Operarii », il avait refondé un Conservatorium de religieuses à Scala, dans les montagnes au-delà d'Amalfi. Mais comme il avait établi pour elles une règle formée sur celle des religieuses de la Visitation, il ne semble pas avoir eu alors l'idée claire d'établir le nouvel institut inspiré par sa vision.

Soeur Marie-Céleste

En 1724, peu après qu'Alphonse eut abandonné le monde, une postulante, Julia Crostarosa, née à Naples le 31 octobre 1696 et donc presque du même âge qu'Alphonse, était entrée au couvent de Scala, s'appelant en religion sœur Marie-Céleste. En 1725, alors qu'elle était encore novice, elle avait eu une série de visions qui lui montraient un nouvel ordre (lequel n'était apparemment constitué que de religieuses) et qui ressemblait à celui qui avait été révélé à Falcoia bien des années auparavant. Même sa Règle lui avait été détaillée. On lui dit de mettre tout cela par écrit et de le montrer au directeur du couvent, qui n'était autre que Falcoia.

Tout en affectant de traiter la novice avec sévérité et de ne faire aucun cas de ses visions, le directeur fut surpris de constater que la Règle qu'elle avait couchée par écrit était une mise en œuvre de ce qu'il avait nourri si longtemps dans son esprit. Il soumit cette nouvelle Règle à un certain nombre de théologiens, qui l'apprécièrent et répondirent qu'elle pourrait être adoptée dans le couvent de Scala, pourvu que la communauté l'acceptât. Mais quand la question fut posée à la communauté, l'opposition commença. La plupart étaient en faveur de l'adoption, mais la supérieure trouvait à redire et fit appel à Filangieri, le collègue de Falcoia dans la fondation du couvent et maintenant son supérieur comme général des « Pii Operarii ». Filangieri s’opposa à tout changement de règle et interdit à Falcoia de communiquer avec le couvent. L'affaire en resta là pendant plusieurs années, mais en 1729 Filangieri mourut et le 8 octobre 1730 Falcoia fut consacré évêque de Castellammare di Stabia.

Il était maintenant libre, sous réserve de l'approbation de l'évêque de Scala, d'agir en ce qui concerne le couvent comme il croyait le mieux. Or il se trouvait qu'Alphonse, souffrant de surmenage, était parti pour Scala au début de l'été 1730, accompagné de certains compagnons. Incapable de rester sans rien faire, il avait prêché aux gardiens de chèvres dans les montagnes et avec un tel succès que Nicolas Guerriero, évêque de Scala, l'avait supplié de revenir et prêcher une retraite dans sa cathédrale.

La nouvelle Règle

Falcoia, à cette nouvelle, supplia son ami de bien vouloir diriger en même temps une retraite pour les religieuses de son Conservatorium. Alphonse agréa les deux requêtes et, en septembre 1730, se mit en route avec ses deux amis, John Mazzini et Vincent Mannarini. Le résultat de cette retraite fut que le jeune prêtre, à qui des rapports parvenus à Naples avaient donné des préventions contre la nouvelle Règle proposée, en devint un partisan décidé et obtint même la permission de l'évêque de Scala pour ce changement.

En 1731, le couvent adopta à l'unanimité la nouvelle Règle, qui comportait des vêtements rouge et bleu, couleurs traditionnelles de la propre robe de Notre-Seigneur. Une branche du nouvel institut montré à Falcoia dans sa vision fut ainsi établie.

L'autre ne devait pas se faire attendre longtemps. Sans doute Thomas Falcoia avait quelque temps espéré que ce prêtre jeune et ardent, qui lui était si attaché, pourrait sous sa direction devenir le fondateur du nouvel Ordre qui lui tenait à cœur. Une vision récente de sœur Marie-Céleste semblait indiquer que telle était la volonté de Dieu: le 3 octobre 1731, la veille de la fête de saint François d'Assise, la religieuse vit "Notre-Seigneur" avec saint François sur sa main droite et un prêtre sur sa main gauche. Une voix lui dit : « C'est lui que j'ai voulu pour être la tête de mon Institut, le préfet général d'une nouvelle Congrégation d'hommes qui travailleront pour ma gloire. » Ce prêtre, c'était Alphonse.

Peu après, Falcoia annonça à ce dernier qu'il se sentait appelé à quitter Naples pour établir à Scala un ordre de missionnaires, qui devraient travailler avant tout pour les gardiens de chèvres dans les montagnes dont personne ne s'occupait.

Les Rédemptoristes

Une année de problèmes et d'anxiété s'ensuivit.Le Supérieur de la Propagande et même l'ami de Falcoia, Matthieu Ripa, s'opposèrent de toutes leurs forces à ce projet mais Alphonse reçut l'appui de son directeur de conscience, le Père Pagano, du Père Fiorillo, prédicateur dominicain renommé, du Père Manulio, provincial des Jésuites, et du père Vincent Cutica, Supérieur des Vincentiens. le 9 novembre 1732, donc, la « Congrégation du Très Saint Rédempteur », ou comme on l'appelait depuis dix-sept ans, « du Très Saint Sauveur », commença son existence dans un petit hospice appartenant aux religieuses de Scala. Bien qu' Alphonse en fût le fondateur et de facto le chef, c'est l'évêque de Castellamare qui se chargea au début de la direction générale aussi bien que de la direction de conscience d'Alphonse et c'est seulement à la mort de l'évêque que, le 20 avril 1743, un chapitre général se tint et élit officiellement Alphonse supérieur général.

En fait, au commencement, Alphonse ne voulait pas être Supérieur, jugeant qu'un de ses compagnons, Jean-Baptiste Donato, convenait mieux pour ce poste parce qu'il avait déjà eu un peu d'expérience de la vie en communauté dans un autre institut.

Premières années, premières difficultés

Les premières années qui suivirent la fondation du nouvel ordre ne promettaient rien de bon. Des discordes survinrent, Vincent Mannarini, l'ancien ami du saint et son principal compagnon s'opposait en tout à lui et à Falcoia. Le 1er avril 1733, tous les compagnons d'Alphonse sauf un frère lai, Vitus Curtius, l'abandonnèrent pour fonder la Congrégation du Saint-Sacrement qui, limitée au royaume de Naples, fut supprimée en 1860 à la suite de la unification italienne. Les désunions s'étendirent même aux religieuses et sœur Maria-Céleste elle-même quitta Scala pour fonder à Foggia un couvent où elle devait mourir en odeur de sainteté le 14 septembre 1755. Elle fut déclarée vénérable le 11 août 1901.

La reconnaissance de la Congrégation

Alphonse, pourtant, tint bon ; bientôt d'autres compagnons arrivèrent et bien que Scala lui-même eût été abandonné par les Pères en 1738, en 1746 la nouvelle Congrégation avait quatre maisons à Nocera dei Pagani, Ciorani, Iliceto (aujourd'hui Deliceto) et Caposele, toutes dans le royaume de Naples. En 1749, la Règle et l'Institut de religieux furent approuvés par le Pape Benoît XIV et en 1750, la Règle et l'Institut de religieuses.

Missionnaire

Alphonse fut avocat, fondateur, supérieur, évêque, théologien et mystique, mais avant tout il était un missionnaire et aucune vraie biographie du saint ne négligera d'insister sur cette qualité. De 1726 à 1752, d'abord comme membre de la « Propaganda » napolitaine puis à la tête de ses propres Pères, il traversa les provinces de Naples pendant la plus grande partie de chaque année en donnant des missions même dans les plus petits villages et en sauvant beaucoup d'âmes. Une caractéristique spéciale de sa méthode était le retour des missionnaires, après un intervalle de quelques mois, à l'endroit de leurs travaux pour consolider leur ouvrage par ce qui fut appelé le « renouvellement d'une mission. »

Evêque

Après 1752, Alphonse fit moins de missions. Ses infirmités augmentaient et il passa beaucoup de temps à écrire. Sa promotion à l'épiscopat en 1762, à l'âge de 64 ans, provoqua un regain de son activité missionnaire, mais sous une forme légèrement différente. Le saint avait quatre maisons, mais durant sa vie non seulement il devint impossible dans le royaume de Naples d'accroître leur nombre, mais on avait du mal à obtenir que celles qui existaient fussent tolérées.

Questions politiques

La cause en était le « régalisme », l'autorité toute-puissante des rois jusque dans les affaires spirituelles, qui était le système de gouvernement à Naples comme dans tous les États des Bourbons.

L'avénement de la Maison de Bourbon

Le responsable direct de ce qui fut pratiquement une persécution pendant toute la vie du saint était le marquis Tanucci, qui était entré à Naples en 1734. Naples avait fait partie des possessions espagnoles à partir de 1503, mais en 1708, alors qu’Alphonse avait douze ans, la ville avait été conquise par l'Autriche pendant la guerre de Succession d'Espagne.

En 1734, pourtant, elle avait été reprise par Don Carlos, le jeune duc de Parme, arrière-petit-fils de Louis XIV et fils du roi dPhilippe V d'Espagne et le royaume bourbon indépendant des Deux-Siciles fut établi. Avec Don Carlos ou, comme on l'appelle généralement, Charles III, de son dernier titre en tant que roi d'Espagne, vint l'avocat Bernardo Tanucci, qui gouverna Naples comme Premier ministre et régent pendant les quarante-deux années suivantes.

Cela devait être un changement considérable pour Alphonse. Si le marquis Tanucci était arrivé quelques années plus tard, le nouveau gouvernement aurait trouvé une Congrégation rédemptoriste déjà autorisée et comme la politique anticléricale de Tanucci consistait à interdire la création d'ordres nouveaux plutôt qu'à supprimer les anciens (à l'exception de la Compagnie de Jésus), le saint aurait été libre de faire prospérer son travail dans une paix relative. Mais, les choses étant ce qu'elles étaient, on lui refusa jusqu'au jour de sa mort l'exequatur royal à la Bulle de Benoît XIV et la reconnaissance par l'État de son Institut comme congrégation religieuse.

Les larmes d'un saint

Il y eut des années entières, en effet, pendant lesquelles l'Institut parut à deux doigts de la suppression pure et simple. On imagine la souffrance que cela provoquait chez Alphonse, dont la sensibilité était extrême, pire encore, dans l'Ordre lui-même, la discipline se relâchait, les vocations diminuaient. Alphonse, pourtant, ne cessait de présenter ses requêtes à la Cour. Peut-être même était-il même trop inquiet et, à une occasion, alors qu'il était accablé par la sécheresse d'un refus, son ami le marquis Brancone, ministre des Affaires ecclésiastiques et homme d'une piété profonde, lui dit doucement : « On a l'impression que vous avez placé toute votre confiance ici-bas » ; sur quoi le saint recouvra sa paix intérieure.

Un dernier essai d'obtenir l'approbation royale, dont on pensait qu'au bout du compte il réussirait, fut cause du dernier chagrin de la vie Alphonse : la division et la ruine apparente de sa Congrégation et le mécontentement du Saint-Siège. C'était en 1780, alors qu'Alphonse avait quatre-vingt-trois ans. Mais, avant le fait de raconter l'épisode du Regolamento, comme on l'appelle, il faut parler de la période correspondant à l'épiscopat du saint.

Sa charge d'évêque

En 1747 déjà, le roi Charles de Naples voulut faire Alphonse archevêque de Palerme, capitale du Royaume de Sicile, et ce fut seulement en insistant qu'il put éviter cette charge.

Une lourde charge

En 1762, il n'y eut plus moyen d'y échapper et il fut contraint par obéissance formelle au pape d'accepter l'évêché de Sainte-Agathe-des-Goths, un tout petit diocèse napolitain à quelques kilomètres sur la route de Naples à Capoue. Il y trouva 30 000 fidèles sans éducation, un clergé séculier de 400 personnes pour la plupart indifférentes et menant quelquefois une vie scandaleuse, dix-sept maisons religieuses plus ou moins relâchées ; c'était un champ si envahi de mauvaises herbes qu'il semblait qu'on n'y pût rien récolter d'autre, il pleura, pria et passa ses jours et ses nuits à travailler inlassablement pendant treize ans. Plus d'une fois il risqua d'être assassiné.

Une vie en jeu

Lors d'une émeute qui survint pendant la terrible famine qui était tombée sur l'Italie du Sud en 1764, il sauva la vie du syndic de Sainte-Agathe en offrant sa vie à la foule à la place de la sienne. Il nourrit les pauvres, enseigna l'ignorant, réorganisa son séminaire, réforma ses couvents, créa un nouvel esprit dans son clergé, exclut les nobles scandaleux et les femmes de mauvaise vie avec une égale impartialité, mit en honneur l'étude de théologie et surtout de la théologie morale et ne cessa de supplier les papes qui se succédaient de lui permettre de démissionner de son poste parce qu'il ne faisait rien pour son diocèse. À tout son travail administratif nous devons ajouter ses continuels travaux littéraires, un grand nombre d'heures de prière quotidienne, de terribles austérités et une tension due à sa maladie qui fit de sa vie un martyre.

Un grand malade

Huit fois au cours de sa longue vie, sans compter sa dernière maladie, le saint reçut les derniers sacrements, mais la pire de toutes ses maladies fut une terrible attaque de rhumatismes articulaires aigus alors qu'il était évêque, une attaque qui dura de mai 1768 à juin 1769 et le laissa paralysé jusqu'à la fin de ses jours. C'est cela qui lui a donné cette disposition de la tête que nous remarquons dans ses portraits. Cette disposition était telle au début, que la pression de son menton occasionnait une blessure dangereuse sur la poitrine. Bien que les médecins eussent réussi à lui redresser un peu le cou, pendant le reste de sa vie le saint dut boire sa nourriture par un tube. Il n'aurait plus jamais pu dire la Messe si un augustin ne lui avait montré comment se tenir sur une chaise pour qu'avec l'assistance d'un acolyte il pût porter le calice à ses lèvres. Mais malgré ces infirmités, les papes Clément XIII et Clément XIV l'obligèrent à rester à son poste. En février de 1775, pourtant, on élut Pie VI pape et en mai suivant il autorisa l'évêque octogénaire à quitter son siège.

Le retour

En juillet 1775, Alphonse revint à sa modeste cellule de Nocera, pour se préparer, au moins le pensait-il, à une mort rapide et heureuse. Douze années, cependant, le séparaient encore du moment où il recevrait sa récompense, années qui pour la plupart ne lui apportèrent pas la paix mais des afflictions plus grandes encore que celles qu'il avait subies. Vers 1777, le Saint, outre quatre maisons à Naples et une en Sicile, en avait quatre autres à Scifelli, Frosinone, Sant'Angelo a Cupolo et Bénévent, dans les États de l'Église. Au cas où les choses deviendraient désespérées à Naples, il comptait sur ces maisons pour maintenir la règle et l'institut. En 1780, une crise surgit où elles le firent effectivement, mais de façon à apporter la division dans la Congrégation et à son fondateur une souffrance extrême et des avanies. Voici comment la crise surgit.

la chute du ministère Tanucci

Depuis l'année 1759 deux anciens bienfaiteurs de la Congrégation, Baron Sarnelli et Francis Maffei, par un de ces changements fréquents à Naples, étaient devenus ses ennemis jurés, et lui faisaient devant les tribunaux une guerre qui devait durer vingt-quatre ans. Sarnelli était presque ouvertement soutenu par le tout-puissant Tanucci, et la suppression de la Congrégation ne paraissait plus qu'une question des jours, quand le 26 octobre 1776, Tanucci, qui avait offensé la reine Marie-Caroline, tomba soudainement du pouvoir.

Le gouvernement du marquis della Sambuca, qui, bien que fervent royaliste, était un ami personnel du saint, promettait des jours meilleurs et, en août 1779, Alphonse put commencer à espérer avec la publication d'un arrêté royal qui lui permettait de nommer des supérieurs dans sa congrégation et d'avoir un noviciat et une maison des études. Le gouvernement cependant, s'il reconnaissait le bon effet de ses missions, souhaitait que les missionnaires fussent des prêtres séculiers et non des membres d'un ordre religieux.

Naïveté et trahisons: le "Regolamento"

Le décret de 1779, pourtant, semblait un grand pas en avant. Alphonse ayant tant obtenu, espérait obtenir un peu plus et par son ami, Mgr Testa, le grand Aumônier, arriver même à faire approuver sa Règle. Il ne demanda pas, comme par le passé, un exequatur à la bulle de Benoît XIV, car les relations à cette époque étaient plus tendues que jamais entre les cours de Rome et de Naples ; mais il espérait que le roi Ferdinand IV pourrait donner à sa Règle une autorisation indépendante, pourvu qu'il dérogeât complètement au droit juridique de posséder des propriétés en commun, ce qu'il était tout à fait disposé à faire.

Il était très important pour les Pères d'être capable de réfuter l'accusation d'être une congrégation religieuse illégale, car c'était une des allégations principales dans l'action du baron Sarnelli qui n'avait jamais été suspendue et menaçait toujours. Il se peut en tout cas que la soumission de leur Règle à un pouvoir civil méfiant et même hostile ait été une faute.

De toute façon, cette attitude s'avéra désastreuse quant au résultat. Alphonse était si vieux et dans un tel état - à quatre-vingt-cinq ans, il était estropié, sourd et presque aveugle – que sa seule chance de succès était d'être fidèlement servi par ses amis et ses subordonnés et il fut chaque fois trahi.

Son ami le grand aumônier le trahit ; les Pères Majone et Cimino, qu'il avait envoyés pour négocier avec le grand Aumônier le trahirent, tout consulteurs généraux qu'ils fussent. Même son confesseur, le Père Andrew Villani, vicaire général dans le gouvernement de son Ordre, participa à la conspiration.

À la fin la Règle fut si changée qu'elle en devint à peine reconnaissable, les vœux de religion eux-mêmes étaient abolis. À cette Règle altérée ou « Regolamento », comme on en vint à l'appeler, le saint trop crédule fut encouragé à mettre sa signature. Elle fut approuvée par le roi et imposée à la Congrégation stupéfaite par tout le pouvoir de l'État. La commotion fut effrayante. Alphonse lui-même ne fut pas épargné. Des rumeurs vagues d'une trahison imminente lui avaient été transmises, mais il avait refusé de les croire. « Vous avez fondé la Congrégation et vous l'avez détruite », lui dit un Père.

La "protection" pontificale

Le Saint se contenta de pleurer en silence et essaya vainement d'imaginer quelque moyen de sauver son ordre. Le mieux aurait été de consulter le Saint-Siège, mais en cela il avait été prévenu. Les Pères dans les États Pontificaux, avec un zèle trop hâtif, dénoncèrent dès le début à Rome le changement de la Règle. Pie VI, déjà profondément mécontent contre le gouvernement napolitain, prit les pères dans ses propres États sous sa protection spéciale, et interdit tout changement de règle dans leurs maisons, les soustrayant même à l'obéissance envers leurs supérieurs napolitains, c'est-à-dire à Alphonse, jusqu'à ce qu'une enquête pût être menée. Un long procès s'ensuivit en Cour de Rome et, le 22 septembre 1780, un décret provisoire, rendu définitif le 24 août 1781, reconnut les maisons dans les États Pontificaux comme seules à constituer la Congrégation rédemptoriste. Le père Francis de Paula, un des principaux appelants, fut nommé comme leur Supérieur général, « à la place de ceux, lisait-on dans le bref, qui, étant les supérieurs suprêmes de la dite Congrégation ont avec leurs disciples adopté un nouveau système essentiellement différent de l'ancien et ont abandonné l'Institut dans lequel ils avaient fait profession, cessant ainsi d'être membres de la Congrégation. »

La désapropriation : exclusion,tentations

Donc Alphonse de Liguori se voyait exclu de son propre Ordre par le pape qui devait le déclarer « Vénérable ». C'est dans cet état d'exclusion qu'il vécut plus de sept ans et qu'il mourut. ce n'est qu'en 1793, après sa mort, mais comme il l'avait prophétisé, que le gouvernement napolitain finit par reconnaître la Règle originale et que la Congrégation rédemptoriste se trouva réunie sous une même autorité

Alphonse devait encore affronter une dernière et terrible épreuve avant la fin. Trois ans environ avant sa mort il dut passer par une véritable « Nuit de l'Âme ». Des tentations effrayantes contre chacune des vertus se succédaient devant lui, en même temps que des apparitions diaboliques, des illusions et des scrupules terribles avec des tentations de désespérer, tout cela faisait de sa vie un enfer. Finalement la paix revint et, le 1er août 1787, comme sonnait l'Angélus de midi, Alphonse de Liguori reçut paisiblement sa récompense. Il avait presque terminé sa quatre-vingt-onzième année.

Reconnaissance

Il fut déclaré « Vénérable » dès le 4 mai 1796, béatifié en 1816 et canonisé en 1839. En 1871, il fut proclamé Docteur de l'Église.

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