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André Mare
Pour les articles homonymes, voir Mare (homonymie).André Mare (Argentan, 1885 - Paris, 1932) est un décorateur, architecte d’intérieur et peintre français.
Il est l'un des pères de l’Art déco et il a laissé une œuvre riche et fondatrice. Sa formation est celle d’un peintre, mais à partir des années 1910, il entreprend une carrière de décorateur d’intérieur. En 1912, au Salon d'automne il présente, en collaboration avec le sculpteur Raymond Duchamp-Villon et les peintres Marie Laurencin et Roger de la Fresnaye, une « maison cubiste ». Elle provoque un scandale qui consacre André Mare comme décorateur.
Sommaire
Biographie
Né à Argentan dans une famille typiquement normande débarquée depuis assez longtemps pour avoir vu son nom gravé sur les Tables de Dives comme à Hastings. André Mare grandit dans une ambiance bourgeoise et rigide. Adolescent, il se libère chaque fois qu'il le peut, pour galoper à cheval et visiter ses grands-parents épris de musique ou échafauder, avec son ami d'enfance, Fernand Léger, des théories sur l'art. Si ses parents le poussent à étudier la magistrature, André Mare, passionné de dessin, insiste pour partir étudier l'art à Paris. En 1904, il s'inscrit à l'École des Arts décoratifs et y suit les cours de l'Académie Julian où il fait la connaissance de Roger de La Fresnaye. Il déménage ensuite pour partager avec Léger, un atelier situé au 21 de l'avenue du Maine.
En 1906, il expose aux Indépendants, puis au Salon d'Automne dont il deviendra un des principaux animateurs, avec ses amis : La Fresnaye, Segonzac, Marinot et les Duchamp. S'atténuent alors les tendances impressionnistes « nabisantes » pour laisser place à des formes plus géométriques qui tendra vers une manière de cubisme « à la française ». La tentation quasi-mystique du "Nombre d'Or", selon les traditions Pythagoriciennes et Platoniciennes donneront à ses œuvres une sensibilité cubiste. D'ores et déjà, le peintre et décorateur André Mare a un style : sous une apparente facilité, un style construit, subtil et rigoureux, alliant classicisme et modernité. Le même que l'on retrouve dans sa vie : faussement bohème et désinvolte, il cultive soigneusement une image de dandy. Son humour caustique et son enthousiasme contestataire sont tempérés de courtoisie.
Au Salon d'Automne de 1912, André Mare regroupe ses amis et collaborateurs du Salon précédent et réalise la Maison Cubiste. Elle provoque un scandale qui consacre la renommée d'André Mare comme décorateur.
Durant la Première Guerre mondiale, mobilisé, il travaillera à la création des camouflages pour les armées française - Section crée par Guirand de Scevola et dirigée par son ami Dunoyer de Segonzac - , britannique et italienne avec son ami Fernand Léger et d’autres peintres – Forain, Charles Camoin, Charles Dufresne, Villon, Marcoussis – , des sculpteurs – Henri Bouchard, Charles Despiau – et des décorateurs de théâtre. Il appliqua au camouflage les principes de dislocation des formes issus du cubisme : des bandes de couleur juxtaposées empêchent l’œil de reconnaître la forme du canon et ces tons sont choisis de sorte qu’ils se confondent avec ceux du paysage environnant. Lors de cette époque, il peignit dans dix carnets de dessin des nombreuses aquarelles empreintes de cubisme, et dans lesquelles il note ses impressions et dessine sur le vif la douleur des combats et la mort, même figurés à distance et avec une grande sobriété, sont parfois présents et lui permettent d’exprimer symboliquement sa détresse. Le 10 août 1916, il est décoré de la Military Cross par le roi George V.
En 1919, André Mare est chargé avec Louis Süe et Gustave Louis Jaulmes des décorations des Champs-Elysées et de l'Arc de Triomphe pour commémorer les Fêtes de la Victoire. L'équipe, sous la direction d'André Mare, érige un cénotaphe, monument à la gloire des combattants devant lequel défilent les troupes alliées le 14 juillet. Il fonda également la Compagnie des arts français en association avec Louis Süe, créateur en 1912 de l’Atelier français. Ils s’intéressent à tout ce qui touche la décoration intérieure avec comme objectif de proposer au public des ensembles « sérieux, logiques et accueillants ». André Mare agrémenta le mobilier, les papiers peints, les tissus, avec ses célèbres « paniers fleuris » et autres gerbes de roses, qui sont devenus tout à fait typiques des années 1920. À titre d’exemple, Süe & Mare commanderont à Charles Dufresne pour l’exposition de 1925, des cartons de tapisserie pour un mobilier de salon (référencé en vente publique sur www.drouot.fr) sur le thème Paul et Virginie qui remportera un franc succès. Guillaume Apollinaire, lui-même, décèle très tôt le talent d'André Mare : « J'ai parlé des ensembles mobiliers, ils montrent et tout particulièrement les ensembles d'André Mare, que le moment va arriver où nous allons enfin voir des meubles nouveaux qui ne soient pas des horreurs ». (L'Indépendant du 14 octobre 1911).
Architecte global d’intérieur, il va concevoir pendant huit ans avec Louis Süe près de deux mille modèles et composer cinquante à soixante ensembles parmi lesquels la décoration de l'ambassade de France à Varsovie, une partie de l'ambassade de France à Washington, l'hôtel particulier du couturier Jean Patou à Paris, le grand salon du paquebot Île-de-France et les cabines de luxe du paquebot Le Paris. Il fut aussi costumier et relieur. En 1921, Maurice Ravel lui confie le décor et les costumes de son nouveau ballet, L'Heure espagnole créé à l'Opéra de Paris.
Pour l'exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, Süe & Mare conçoivent deux pavillons à coupole dont celui nommé au musée d'Art contemporain, avec au centre de la rotonde, un grand salon spectaculaire. Celui-ci est le cadre du tournage du film Gribiche.
En 1926, André Mare est nommé chevalier de la Légion d'honneur au titre de l'Exposition des Arts décoratifs.
En 1927, André Mare décide de ne plus assurer la direction technique de la Compagnie des arts français pour des raisons de santé. Il se consacre exclusivement à la peinture qu'il avait dû délaisser depuis une dizaine d'années au profit de la décoration pour la Compagnie des arts français.
En 1930, il exécute un grand tableau de commande : Les Funérailles du maréchal Foch. En dehors, il représente essentiellement des paysages inspirés de sa Normandie natale.
En novembre 1932, il meurt prématurément de la tuberculose, des suites d'une grave intoxication au gaz ypérite. Il est inhumé dans le petit cimetière des Lignerits dans le pays d'Auge.
Quelques œuvres dans les musées...
- La Dactylo (1922), huile sur toile, musée de Bernay.
- Intérieur de l'abbatiale à Bernay, huile sur toile, musée de Bernay.
- Satan. Esquisse de chevaux dans une écurie (1926), huile sur toile, musée de Bernay.
- Casaque rose - Toque jaune (1928), huile sur toile, musée de Bernay.
- Vue de Caen. Le Port St-Jean et St-Pierre (1931), huile sur toile, musée de Bernay.
- Le Haras du Pin (1924), huile sur toile, musée d'Art moderne de Troye.
- Carnets de guerre, (1914 - 1918), aquarelles, Archives nationales.
Voir aussi
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