Le secret de Broke Back Mountain

Le secret de Broke Back Mountain

Le Secret de Brokeback Mountain

Le Secret de Brokeback Mountain
Titre original Brokeback Mountain
Réalisation Ang Lee
Acteurs principaux Heath Ledger
Jake Gyllenhaal
Anne Hathaway
Michelle Williams
Randy Quaid
Scénario Larry McMurtry
Diana Ossana
d'après une nouvelle des
Pieds dans la boue
d'Annie Proulx
Musique Gustavo Santaolalla
Décors Catherine Davis
Costumes Marit Allen
Photographie Rodrigo Prieto
Montage Geraldine Peroni
Dylan Tichenor
Production Diana Ossana
Scott Ferguson
James Schamus
Budget 14 millions de dollars
Format 35 mm
Genre Drame
Durée 134 minutes
Sortie États-Unis États-Unis 9 décembre 2005
Langue(s) originale(s) anglais
Pays d’origine États-Unis États-Unis

Le Secret de Brokeback Mountain en France ou Souvenirs de Brokeback Mountain au Canada (Brokeback Mountain) est un film américain dramatique réalisé par Ang Lee, sorti en 2005.

Sommaire

Synopsis

Adapté d'une nouvelle d'Annie Proulx, prix Pulitzer[1], le film raconte la passion secrète vécue pendant vingt ans par deux hommes, Ennis del Mar et Jack Twist qui « avaient grandi dans deux misérables petits ranchs aux deux extrémités de l'État du Wyoming ».

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Ces deux cow-boys se rencontrent au printemps 1963, employés par le Farm and Ranch Employment, l'un comme berger, l'autre comme responsable de camp, assignés au même élevage de moutons au nord de Signal, dans un alpage situé sur la Brokeback Mountain[2], « ils n'avaient pas vingt ans ». Malgré cette intense première rencontre, suivie par une seconde seulement quatre ans après, ils font leur vie chacun de leur côté, se marient, ont des enfants, et se rencontrent épisodiquement entre le Wyoming et le Texas avant que Jack Twist ne soit tué dans des circonstances douteuses, laissant Ennis seul avec ses souvenirs.

Commentaire et critique

La difficulté d'être homosexuel, que ce soit vis-à-vis de soi-même ou vis-à-vis de la société, est au cœur de ce film qui emprunte au genre western tout en s'en démarquant. « Brokeback est une grande histoire d'amour épique qui représente le rêve d'une complicité totale et honnête avec une autre personne », résume son auteur Ang Lee. Une réplique de la nouvelle d'Annie Proulx a particulièrement marqué le réalisateur ("Tout ce que nous avons, c'est Brokeback Mountain"). « C'est-à-dire un endroit hors du temps, hors du monde, où, en toute innocence, ils se sont aimés, où ils ont cru pouvoir s'aimer. […] C'est ce qui m'intéressait : faire un film sur l'illusion de l'amour. Pas sur le véritable amour. On ne sait pas ce que c'est. ». « Il y a une certaine beauté dans l'état d'attente amoureuse. L'amour est comme la montagne du film. Il faut grimper, encore et encore, pour l'atteindre. C'est une question existentielle. À quoi reconnaît-on l'amour ? Et que sommes-nous prêts à faire pour le garder ? » (Ang Lee, fin 2005).

Télérama remarque que « s'il manque parfois à la réalisation, le génie spécial d'un… Wong Kar-wai pour dire le lent et vain écoulement de l'énergie vitale loin de l'être aimé, deux personnages bouleversants s'incarnent bel et bien. […] Comme s'il n'y avait qu'un seul instant d'éternité dans toute une vie et, ensuite, des décennies vouées, en solitaire ou à deux, au culte de cet instant. » (Télérama n° 2923, Louis Guichard). Le Monde, quant à lui souligne que « c'est dans cette universalité que l'on trouvera une éventuelle portée sociale et politique à ce qui est d'abord un beau film, grave et déchirant. » (Le Monde, 18 janvier 2006, Thomas Sotinel, « À l'Ouest, un amour impossible »).

Deux principales voix dissonantes, dans un concert quasi unanime de louanges qui vont de l'Humanité au Figaro. Les Cahiers du cinéma, tout en reconnaissant au cinéaste Ang Lee d'être « décidément aussi passionnant qu'inégal », regrettent que le film « bloque toute effusion et condamne au surplace de la belle image, hormis quelques forts passages de montagne et le court éblouissement d'un soir de fête foraine » (n° 608, janvier 2006). La revue française de critique de cinéma Positif (n° 539, janvier 2006) est encore plus sévère en considérant qu'Ang Lee a tiré de la nouvelle «un film académique et longuet qui collectionne les cartes postales. […] L'ensemble sombre assez vite dans le mélodrame lourdaud où tout est surligné et dans la guimauve ».

Ce film « risquait fort d'être contesté » lors du 62e festival du film à Venise où il a été présenté pour la première fois dans la grande salle du Lido le jeudi 4 septembre 2005. « Mais c'est un surprenant tonnerre d'applaudissements qui a conclu la projection de ce qu'il faut bien appeler le premier western homosexuel épique et hollywoodien » (Libération, 5/09/2005) et le film a remporté le Lion d'or, « après avoir été un des pics d'émotion du festival ».

« Spécialisé dans ce registre de la vie gay en milieu hétéro (Garçon d'honneur), l'Américain Ang Lee récidive avec la mise en images grandioses de l'un des plus tenaces fantasmes homo : le western pédé, l'amour entre cow-boys (en l'espèce, on pourrait dire «co-boys»), sur fond de paysages magnifiques, de feux de camp et de baignades nues dans les rivières édéniques du Wyoming. De ce motif, on connaissait déjà la version avant-garde mutique d'Andy Warhol (Lonesome Cow-boys), d'innombrables versions pornos ou même le point de vue lesbien développé par Gus Van Sant dans Even Cow-girls Get the Blues. Mais il manquait la version hollywoodienne et grand-public, panoramique et classique, qu'Ang Lee vient de signer avec une belle audace, après le succès mondial de Tigre et Dragon. Le plus réussi dans cette passion déployée sur plus de vingt ans entre deux très beaux cow-boys hétéros et mariés (Heath Ledger et Jake Gyllenhaal : on prend les deux), c'est justement que leur amour ne s'explique pas : il s'impose, et d'abord à eux-mêmes » (Libération).

Drôle de mélange entre les conventions du western canonique, pratiquement toutes respectées, et l'incongruité d'un thème à la fois sentimental et viril, Brokeback Mountain, qui peine peut-être un peu à s'installer dans ses premières séquences, atteint de vrais pics d'émotion dans sa seconde partie, plus âpre et finalement tragique. Ce n'est sans doute pas du John Ford ou du Nicholas Ray, mais c'est un bel hommage au genre western et à ses maîtres.

« J'étais au Texas avec Larry McMurtry et des amis. L'un d'eux m'a donné le New Yorker en me recommandant d'y lire la nouvelle d'Annie Proulx. Aux deux tiers, j'avais déjà les larmes aux yeux. Je me suis levée le lendemain matin et l'ai relue, parce que je voulais voir si elle me faisait autant d'effet que la veille. Elle m'a touché encore davantage et j'ai demandé à Larry de la lire. Larry a trouvé que c'était la meilleure nouvelle qu'il ait jamais lue dans le New Yorker et nous avons décidé d'écrire à Annie Proulx pour lui faire part de notre souhait d'écrire un scénario à partir de cette histoire. », Diana Ossana, scénariste et productrice du film, Notes de production, « Dossier de presse ».

Succès commercial

Le film a d'ores et déjà rapporté plus de 160 millions de dollars de recettes au box-office (dont près de 50 % hors États-Unis), ce qui en fait le film produit par Focus Features le plus rentable (il n'aurait coûté que 14 millions de dollars, sans les coûts de promotion). Il se classe d'ores et déjà au 8e rang des films dramatiques depuis 1980, d'après IMDb. En France, au bout de la 12e semaine d'exploitation, il a dépassé 1 255 000 spectateurs, dont plus de 405 000 rien qu'à Paris, ce qui en fait l'un des plus beaux succès du début 2006 en France.

Originalité du thème

Outre le fait que le scénario soit inspiré d'une nouvelle, la thématique du film est moins originale qu'il n'y paraît de prime abord. Il semble nécessaire de pondérer l'idée avancée d'un sujet « original » et « atypique », le western ayant été de très nombreuses fois utilisé comme support d'analyse de la condition homosexuelle dans le cinéma indépendant américain, ce depuis le début des années 1990[réf. nécessaire].

Polémique

Le 8 décembre 2008 la chaîne italienne Rai Due a diffusé une version censurée du film dans laquelle deux scènes ont été coupées (la scène où est évoquée la première relation sexuelle entre les deux héros et la scène où ils s'embrassent)[3]. Cette diffusion a suscité une polémique en Italie de la part de certains téléspectateurs et des associations homosexuelles. Rai Due rediffuse alors le film, sans aucune censure cette fois, le 17 mars 2009 à 23h40[4].

Fiche technique

Ang Lee

Distribution

Heath Ledger

Autour du film

  • Le tournage s'est déroulé en Alberta (Canada), de mai à août 2004, dans les montagnes Rocheuses autour de Calgary, à Bieseker, Carseland, Cowkey, Crossfield, Fort MacLeod, Irricana, Rockyford et Seebe, ainsi qu'à La Mesilla, dans l'État du Nouveau-Mexique, aux États-Unis.
  • Le film a été censuré lors de sa sortie à Sandy (Utah) au début de 2006 par une chaîne de cinéma de cet État. Il a été également censuré en Chine et dans la plupart des pays islamiques (tous les pays du golfe Persique, l'Égypte, la Chine — mais pas à Taïwan ni à Hong Kong où il a eu un grand succès au box-office — aux Bahamas).
  • Le Monde y a consacré une page entière de son édition du 18 janvier 2006 tandis que Libération y consacrait ledit jour la moitié de sa Une.
  • Michelle Williams et Heath Ledger se sont rencontrés sur le tournage, ils ont eu depuis un enfant ensemble qui n'a d'autre parrain que Jake Gyllenhaal.
  • Gus van Sant a déclaré qu'il aurait pu réaliser ce film en 1999, il en détenait les droits, mais qu'il avait renoncé, étant incapable de trouver des acteurs connus pour monter le projet.
  • Pedro Almodóvar également a travaillé pendant plus d'un an sur le projet, sous le titre de "The paper boy". Il a lui aussi abandonné, et a déclaré que le film d'Ang Lee était son film préféré de l'année.
  • Musique originale
  • Mark Wahlberg a refusé d'y participer pour l'un des rôles principaux, car il ne se voyait pas embrasser un autre homme.[réf. nécessaire]

Récompenses principales

  • Lion d'or à la Mostra de Venise 2005
  • Golden Globes du meilleur film dramatique, du meilleur scénario, du meilleur réalisateur et de la meilleure chanson originale. 3 autres nominations aux Golden Globes dont celle pour le meilleur acteur principal.
  • Le 19 février 2006, il a été le grand vainqueur de la cérémonie des British Film Academy Awards (BAFTA), les récompenses annuelles du cinéma britannique, avec quatre prix au total, dont celui de meilleur film, cérémonie lors de laquelle il a également remporté les Baftas du meilleur réalisateur, meilleur second rôle masculin pour l'acteur Jake Gyllenhaal et celui de la meilleure adaptation cinématographique.
  • Selon plusieurs sites américains concordants, relayés par Universal Pictures, il serait le film le plus primé au monde en 2005.
  • Aux Oscars 2006, c'est ce film qui obtient le plus de nominations (8) dans les catégories « meilleur film », « meilleur réalisateur », « meilleur scénario adapté », « meilleur acteur » (Heath Ledger), « meilleur second rôle féminin » (Michelle Williams), « meilleur second rôle masculin » (Jake Gyllenhaal), « meilleure musique » et « meilleure photographie ».
  • Lors de la 78e cérémonie des Oscars à Hollywood, le 5 mars 2006, le film d'Ang Lee, présenté comme le grand favori, n'a finalement reçu que trois récompenses sur huit possibles (ce qui en fait malgré tout le 1er ex-aequo) : « meilleur réalisateur », « meilleure musique de film » et « meilleur scénario adapté ». Mais l'Oscar du meilleur film est finalement revenu au film de Paul Haggis « Collision ».
  • LAFCA du meilleur film 2005.
  • Fin 2006, l'hebdomadaire Télérama a publié le vote de ses lecteurs et de la rédaction où Volver de Pedro Almodóvar triomphe dans les deux palmarès. Bien que sorti en tout début d'année 2006 en France, Le Secret… est toutefois 3e du palmarès des lecteurs et 2e au palmarès de la rédaction (« citons le romantisme poignant du Secret de Brobeback Mountain »), ce qui lui permettra de ressortir en salles dans le cadre du Festival Télérama dans près de 150 salles en France à compter du 17 janvier 2007. En revanche, la revue Les Cahiers du cinéma continue de ne pas retenir ce film dans les dix meilleurs films de 2007 (cité par un seul des critiques de la revue).
  • février 2007, nominé au César du cinéma, comme Meilleur film étranger parce que sorti en janvier 2006 en France.
  • en janvier 2009, d'après le quotidien The Independent, il s'agit du meilleur des Top Ten Gay Movies[6], devant Querelle et Maurice.

Un profond impact social

Ce film semble avoir déclenché un mouvement et un intérêt qui va bien au-delà de son succès commercial. Un grand nombre de spectateurs, à un niveau rarement atteint par un film, en discutent sur différents forums (près de 300 000 billets postés sur le site de l'IMDb début mars 2006). Le site d'AlloCiné le classe depuis sa sortie comme le film préféré des spectateurs et il compte déjà plus de 1 000 critiques. Le site de l'écrivain Annie Proulx ([2]) atteint également une fréquentation plus que remarquable. Les fans du film ont levé en deux jours la somme de 20 000 $ pour publier le vendredi 10 mars 2006 une page entière de publicité dans le Daily Variety, immédiatement épuisé le jour de sortie. Cette page remerciait l'équipe du film pour les avoir "rassemblés" autour du "Meilleur film". Enfin, le New Yorker du 13 octobre 1997, qui a publié la nouvelle éponyme, est le seul numéro de la revue à être épuisé (sur une période de 1970 à 2006) et se vend déjà à plus de 300 $ sur eBay. En mars 2007, est édité un livre en anglais (Beyond Brokeback: The Impact of a Film), recueil d'impressions.

Bande originale du film

L'album est sorti en janvier 2006, sous l'édition de Verve.

  1. Opening (Gustavo Santaolalla)
  2. He Was A Friend Of Mine (Willie Nelson)
  3. Brokeback Mountain 1 (Gustavo Santaolalla)
  4. A Love That Will Never Grow Old (Emmylou Harris)
  5. King Of The Road (Rufus Wainwright)
  6. Snow (Gustavo Santaolalla)
  7. The Devil’s Right Hand (Steve Earle)
  8. No One’s Gonna Love You Like Me (Mary McBride)
  9. Brokeback Mountain 2 (Gustavo Santaolalla)
  10. I Don’t Want To Say Goodbye (Teddy Thompson)
  11. I Will Never Let You Go (Jackie Greene)
  12. Riding Horses (Gustavo Santaolalla)
  13. An Angel Went Up In Flames (The Gas Band)
  14. Its So Easy (Linda Ronstadt)
  15. Brokeback Mountain 3 (Gustavo Santaolalla)
  16. The Maker Makes (Rufus Wainwright)
  17. The Wings (Gustavo Santaolalla)

Citations

  • Jack Twist : It's nobody's business but ours. (Cela ne regarde que nous)
  • Jack Twist : [s'adressant à Ennis] I wish I knew how to quit you. (J'aurais aimé savoir comment te quitter)
  • Jack Twist : It could be like this - just like this - always. (Ça pourrait être ainsi - juste comme ça - toujours)
  • Ennis del Mar : If you can't fix it, you gotta stand it. (Si tu peux rien y changer, il faut t'y faire)
  • Jack Twist: You have no idea how bad it gets. (T'as pas idée à quel point c'est dur...)
  • Ennis del Mar : "Jack, I swear…" (Jack, je te jure…)
  • Jack Twist : Sometimes I miss you so much, I can hardly stand it. (Parfois tu me manques tellement, je peux à peine le supporter.)

Voir aussi

Notes

  1. D'abord publiée dans The New Yorker en octobre 1997, puis en français dans le recueil Les Pieds dans la boue, Rivages poche / Bibliothèque étrangère, Payot 2001, puis extraite du recueil par Grasset, 2006, à l'occasion de la sortie du film.
  2. Une ville et une montagne imaginaires du Wyoming
  3. Philippe Ridet, "Cowboys, gays, et privés de baisers sur la Rai", dans Le Monde du 13-12-2008, [lire en ligne], mis en ligne le 12-12-2008
  4. Article de La Repubblica du 10 mars 2009.
  5. (fr) ProCinéma - Consulté le 22 octobre 2008 - Site de la société de distribution.
  6. [1]

Liens externes

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