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Le Rappel à l'ordre : Enquête sur les nouveaux réactionnaires
Le Rappel à l'ordre :
Enquête sur les nouveaux réactionnairesAuteur Daniel Lindenberg Genre pamphlet, essai Pays d'origine France Éditeur Éditions du Seuil Collection La république des idées Date de parution 2002 Nombre de pages 94 ISBN 2-02-055816-5 Le Rappel à l'ordre : Enquête sur les nouveaux réactionnaires est un pamphlet de l'historien et essayiste français Daniel Lindenberg, publié en 2002. Cet ouvrage très médiatisé met en cause de nombreux intellectuels français et crée la polémique dans le milieu culturel français.
Sommaire
Nouveaux réactionnaires
Dans ce livre, l'appellation de « nouveaux réactionnaires » désigne des intellectuels contemporains, dans les médias, dont Daniel Lindenberg juge les idées conservatrices ou réactionnaires, voire racistes ou sexistes. Certains médias opposent couramment les « nouveaux réactionnaires » aux intellectuels « progressistes » ou « de gauche ».
Les arguments de Daniel Lindenberg (repris ou développés par certains médias) concernent notamment[1] :
- les écrivains Maurice G. Dantec, Michel Houellebecq, Philippe Muray ; et parfois Pascal Bruckner et Alain Minc ;
- les philosophes Alain Finkielkraut, Alain Badiou, Pierre Manent, Marcel Gauchet, Luc Ferry, Alain Besançon, Jean-Claude Milner ;
- les historiens Pierre-André Taguieff, Pierre Nora, Shmuel Trigano.
Réception
Il a été reproché à Daniel Lindenberg de brouiller les familles intellectuelles et d'associer trop facilement la notion de conservateur à celle de réactionnaire[2]. Certaines personnalités dont parle le livre jugent très sévèrement le travail de leur critique. Ainsi l'écrivain Michel Houellebecq, qui écrit dans Le Figaro : « L'épisode le plus significatif, et sans doute le plus lourd de conséquences, de la période qui s'ouvre, est sans doute l'affaire des nouveaux réactionnaires, déjà abondamment relatée par les gazettes. L'ouvrage, c'est le moins qu'on puisse dire, n'a guère été loué. »[3].
C'est également le cas de Pierre-André Taguieff qui écrit : « [...] Le « conseiller » Lindenberg ne prend pas la peine de discuter les thèses de penseurs tels que Pierre Manent, Marcel Gauchet, Alain Finkielkraut, Alain Besançon, Shmuel Trigano, Jean-Claude Milner ou Alain Badiou, il se contente d'épingler leurs noms sur sa liste noire »[4]. En 2007, Pierre-André Taguieff poursuit sa contre-attaque dans un ouvrage intitulé Les Contre-réactionnaires[5] où il passe au crible ce qu'il nomme la « fabrication de la légende des nouveaux réactionnaires »[6], inscrivant cette entreprise dans l'histoire des dérives du progressisme, proche du terrorisme intellectuel[7] voire de l'inquisition[8]. Il reprend également les idées qu'il avait développé en 2002 et écrit ainsi : « L'objectif du libelle est insaisissable, parce que le portrait-type de l'infréquentable dénoncé est irréalisable. Cette multitude bariolée offerte à la détestation publique n'illustre en aucune manière une catégorie définie, ni même définissable. Cette première faiblesse du libelle suffit à en détruire la portée. »[8].
Sandra Laugier, en revanche, s'inscrit en faux contre ces critiques[9] : si, selon elle, le livre de Lindenberg présente de grandes faiblesses, elle estime que le fond n'en reste pas moins pertinent et juste. Elle s'étonne en outre de la virulence des critiques[10] :
« [...] comment un tel livre a pu susciter une controverse violente, et un déversement d'anathèmes, que des ouvrages bien plus contestables ou absurdes (sans parler de la production journalistique, culturelle ou intellectuelle standard) n'ont que rarement provoqués. Comment surtout - c'est peut-être là une nouveauté qu'on n'a pas tellement remarquée sur le moment - a-t-on pu attaquer cet ouvrage avec des arguments d'autorité intellectuelle, du genre : c'est mal écrit, c'est nul, c'est mauvais - un vocabulaire méprisant, en général réservé aux discussions privées ou aux ragots universitaires ? C'est certainement que le livre de Lindenberg, malgré ses fragilités, a heurté un point essentiel, là où ça fait mal [...]. »De son côté, Jacques-Alain Miller règle lui-aussi ses comptes avec Lindenberg par la publication d'un volumineux ouvrage, Le Neveu de Lacan[11].
Notes et références
- ↑ Cités par Lindenberg : Dantec, Houellebecq, Muray, Badiou, Manent, Gauchet, Taguieff, le journaliste Algamondo.
- ↑ Voir à ce sujet le dossier : « Les « nouveaux » réactionnaires : Le Monde, pondéré comme d'habitude ».
- ↑ Michel Houellebecq, « L'homme de gauche est mal parti », dans Le Figaro, 6 janvier 2003.
- ↑ Pierre-André Taguieff, « Le nouvel opium des intellectuels », dans Le Figaro, 27 novembre 2002.
- ↑ Pierre-André Taguieff, Les Contre-réactionnaires, Denoël, coll. « Bibliothèque Médiations », 2007, 620 p. (ISBN 978-2-20725321-2).
- ↑ C'est le titre de la première partie de son ouvrage : Fabrication d'une légende : les « nouveaux réactionnaires ».
- ↑ Taguieff, ibid, p. 485.
- ↑ a et b Taguieff, ibid, p. 62.
- ↑ Sandra Laugier, Faut-il encore écouter les intellectuels ?, Bayard, coll. « Le temps d'une question », Paris, 2003, 141 p. (ISBN 2-227-47162-X), p. 7–11.
- ↑ Laugier, ibid, p. 9.
- ↑ Jacques-Alain Miller, Le Neveu de Lacan : Satire, Verdier, Lagrasse, 2003, 375 p. (ISBN 2-86432-390-7).
Édition
- Daniel Lindenberg, Le Rappel à l'ordre : Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Seuil, coll. « La république des idées », Paris, 2002, 94 p. (ISBN 2-02-055816-5)
Liens externes
- Maurice T. Maschino, « Les nouveaux réactionnaires », dans Le Monde diplomatique, octobre 2002, p. 28–29 [texte intégral]
- Compilation d'articles de presse parus dans Le Monde, Le Figaro, L'Express et Libération.
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