Le Procope

Le Procope

Café Procope

48°51′11″N 2°20′19.5″E / 48.85306, 2.33875

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Enseigne du café Procope..

Le Procope est un des plus célèbres et des plus anciens cafés-restaurants de Paris, situé au 13 rue de l'Ancienne-Comédie, dans le 6e arrondissement. Café d’artistes et d’intellectuels, Voltaire y venait souvent, et Diderot et d'Alembert le fréquentaient également. Il sera un centre actif durant la Révolution française et restera longtemps un lieu de rencontre d’écrivains et d’intellectuels : on a pu y voir Musset, puis Verlaine, Anatole France et même Gambetta, et le Tout-Paris.

Historique

Vingt ans après l’introduction d’une boisson tonique du nom de « café » à la cour de France, un Arménien originaire d’Ispahan, du nom de Grégoire, avait ouvert un café rue Mazarine, près la rue Guénégaud, à côté du théâtre de la Comédie-Française. Lorsque le théâtre quitta cet emplacement pour aller rue des Fossés Saint-Germain (qui devint rue de la Comédie, puis de l’Ancienne-Comédie), en 1680, Grégoire le suivit. Il vint s’installer en face et y vit prospérer ses affaires, attirant la nombreuse clientèle du monde du spectacle.

En 1686, un Sicilien de Palerme du nom de Francesco Procopio dei Coltelli (qui francisera son nom en François Procope-Couteaux), qui avait servi comme garçon chez un autre cafetier arménien du nom de Paxal, et qui possédait un café rue de Tournon, racheta à Grégoire son établissement qu’il fit luxueusement décorer.

L’établissement, qui porta désormais son nom, le Procope, devint bientôt l’un des cafés littéraires les plus courus[1],[2],[3] ; on y inventa une nouvelle manière de préparer le café, en faisant percoler de l'eau chaude dans le café retenu par un filtre[4].

Le café Procope au XVIIIe siècle.
Au second plan, de gauche à droite : Condorcet, La Harpe, Voltaire et Diderot

Des auteurs comme Voltaire ou Rousseau y eurent leurs habitudes et en firent aussi l’un des premiers cafés littéraires, concurrençant le café de la Place du Palais-Royal, fondé cinq ans plus tôt, et qui deviendra le Café de la Régence[5]. Diderot y conçut – dit-on – son Encyclopédie, et Benjamin Franklin, la Constitution des États-Unis. Montesquieu fera allusion au Procope dans sa 36e Lettre Persane[6] :

« Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques unes de ces maisons on dit des nouvelles, dans d’autres on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n'y a personne qui ne croie qu'il en a quatre fois plus que lorsqu'il y est entré. »

Le club des Cordeliers qui s’y réunit avec Danton et Marat comme figures principales, en fera aussi un foyer révolutionnaire. Robespierre, dont un portrait figure en vitrine, et les Jacobins y avaient leurs habitudes. Sur un des murs, on trouve une citation – plus publicitaire que politique – de Camille Desmoulins :

« Ce café n'est point orné comme les autres de glaces, de dorures et de bustes, mais il est paré du souvenir de Grands Hommes qui l'ont fréquenté et dont les ouvrages en couvriraient les murs s'ils y étaient rangés. »

Le bonnet phrygien (coiffure des affranchis durant l’Antiquité) y fut exhibé pour la première fois, et le mot d’ordre pour l’attaque des Tuileries, le 10 août 1792, en partit.

La table de Voltaire servit d’autel votif lors du passage de ses cendres, puis des cercueils de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau et de Jean-Paul Marat en route pour le Panthéon.

Le succès du Café Procope, devenu un restaurant, rue de l’Ancienne-Comédie, anciennement rue de la Comédie et, plus tôt encore, rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, dure toujours. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est reproduite sur les murs de l’une de salles.

Les portes des toilettes comportent les indications « Citoyens » et « Citoyennes », respectivement pour les hommes et les femmes[7], et de nombreux documents évoquant la Révolution sont présents aux murs. Un chapeau de Napoléon se trouve notamment présenté dans l'entrée.

La façade avec ses balcons en fer forgé et la toiture correspondante ont été inscrites au titre des monuments historiques par un arrêté du 20 janvier 1962[8].

(M) Ce site est desservi par les stations de métro : Mabillon et Odéon.

Notes et références

  1. Auguste Lepage, Les cafés artistiques et littéraires de Paris, Martin Boursin, Paris, 1882, 317 p., chap. II (« Le Café Procope »), p. 35–42 .
  2. Jacques Demougin (dir.), Dictionnaire historique, thématique et technique des littératures, vol. 2 : L-Z, Larousse, Paris, 1986, 1862 p. (ISBN 2-03-508302-8) .
  3. Gérard-Georges Lemaire, Les cafés littéraires : Vies, morts et miracles, La Différence, Paris, 1997 (ISBN 2-7291-1170-0) .
  4. Didier Jacob, « Le Procope... Éternelle de comptoir », dans Le Nouvel Observateur, no 2284, 14 août 2008 [texte intégral] .
  5. Sur le Procope et le Café de la Régence, voir Lemaire 1997 et Jacques Protat, Le Cabaret new-yorkais : Prolégomènes à l’analyse d’un genre spectaculaire, thèse de doctorat, Université de Bourgogne, Faculté de sciences humaines, École doctorale 202, Département de sciences de l’information et de la communication, déc. 2004, 716 p., p. 41.
  6. Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, Lettre 36. Usbek à Rhédi, à Venise.
  7. Les hommes pourront lire sur le mur de leurs commodités une citation attribuée à Voltaire : « Les femmes sont comme les girouettes ; quand elles sont rouillées elle se fixent » (d'après une réplique de Lisette dans Le Dépositaire, acte IV, scène 1). Voltaire a utilisé cette image à plusieurs reprises, l'appliquant à lui-même : « Je suis assez semblable aux girouettes, qui ne se fixent que quand elles sont rouillées », écrit-il au comte d'Albaret dans une lettre du 10 avril 1760.
  8. Notice no PA00088496, sur la base Mérimée, ministère de la Culture.

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