La cellule nerveuse

La cellule nerveuse

Neurone

Neurosciences
Brain Surface Gyri.SVG
Niveaux d'analyse

Moléculaire Synaptique Neuronal Réseau neuronal Organique Systémique

Méthodes

Imagerie cérébrale Électrophysiologie Lésion cérébrale Intelligence artificielle

Branches d'études

Neuroanatomie Neurophysiologie Neuroendocrinologie Psychophysiologie Neurosciences cognitives

Concepts majeurs

Neurone Potentiel d'action Synapse et transmission synaptique Réseau neuronal Neuromédiateur Plasticité neuronale Plasticité synaptique Précablage Réflexe Récompense Cognition Modularité de l'esprit

Chercheurs

Ramón y Cajal C.S. Sherrington P. Broca J. Olds J. LeDoux D.H. Hubel T. Wiesel E. Candel J.P. Changeux

Champs d'application

Neurologie Neurochirurgie Neuropsychologie Psychiatrie Neuropharmacologie Chronobiologie

Voir aussi

Catégorie Neurosciences

Le neurone est un type de cellule constituant l'unité fonctionnelle du système nerveux. Les neurones sont 10 à 50 fois moins nombreux que les cellules gliales, seconds composants du tissu nerveux assurant plusieurs fonctions dont le soutien et la nutrition des neurones.

On estime que le cerveau humain comprend environ 100 milliards (1011)[1] de neurones. Les neurones assurent la transmission d'un signal que l'on nomme influx nerveux.

Sommaire

Structure

Vue d'artiste : un neurone observé au microscope électronique à balayage.
Schéma d'un neurone
  • Le neurone est composé d'un corps appelé péricaryon ou corps cellulaire ou encore soma, et de deux types de prolongements : l'axone qui conduit « l'influx nerveux » (ou potentiel d'action) de manière centrifuge, et le ou les dendrites. La morphologie, la localisation et le nombre de ces prolongements, ainsi que la forme du soma, varient et contribuent à définir différentes familles morphologiques de neurones. Par exemple, il existe des neurones unipolaires ou multipolaires.
  • Les prolongements sont de deux types : l'axone, unique, et les dendrites.
    • L'axone (ou fibre nerveuse) a un diamètre compris entre 1 et 15 μm, sa longueur varie d'un millimètre à plus d'un mètre. Le cône d'émergence, région extrêmement riche en microtubules, constitue l'origine de l'axone. Il est également appelé zone gâchette car il participe à la genèse du potentiel d'action. Il décrit un trajet plus ou moins long avant de se terminer en se ramifiant (c'est l'arborisation terminale). Cependant, s'observent aussi des « enfilades » de renflements synaptiques sur un même segment axoxal constituant des synapes en passant. Chaque ramification se termine par un renflement, le bouton terminal ou bouton synaptique. La membrane plasmique de l'axone, ou axolemme, contient l'axoplasmeen continuité avec le cytoplasme du péricaryon. Il est constitué de neurofilaments, de microtubules et de microvésicules (celles-ci sont produites par le réticulum endoplasmique rugueux et les appareils de Golgi). Certains axones sont recouverts d'une gaine de myéline, formée par des cellules gliales, les cellules de Schwann dans le système nerveux périphérique, et les oligodendrocytes dans le système nerveux central. On estime qu' environ 1 axone sur trois est recouvert de myéline (le recouvrement est en fait discontinu, séparé par les noeuds de Ranvier)lesquels sont isolés par des astrocytes. Le recouvrement de l'axone par la myéline permet une plus grande vitesse de passage de l'information nerveuse.
    • Les dendrites sont nombreuses (environ 100 000), courtes et très ramifiées dès leur origine. Elles sont parfois recouvertes d'épines dendritiques. Contrairement à l'axone, elles ne contiennent pas de microvésicules permettant la transmission de l'information à l'extérieur du neurone. La dendrite conduit l'influx nerveux, induit à son extrémité, jusqu'au péricaryon : c'est un prolongement afférent.

Les axones (autrement dit les fibres nerveuses) sont rassemblés en faisceaux, eux-mêmes reliés par du tissu conjonctif (endonèvre et périnèvre) formant les tractus et les nerfs. Si le corps cellulaire était un pamplemousse, les dendrites auraient 2 à 5 cm de long, et l'axone 1 km !

Certains neurones (unipolaires) n'ont pas de dendrites, mais tous ont un unique axone, plus ou moins ramifié.

Des marqueurs sont utilisés en biologie pour détecter les neurones, on utilise par exemple des anticorps dirigés contre les neurofilaments ou contre la protéine tau.

L'influx nerveux

Au repos, il existe une différence de potentiel négative (de l'ordre de -60 mV à -90 mV, c'est le potentiel de repos) entre la face intracellulaire de la membrane du neurone et sa face extracellulaire. Cette différence de potentiel résulte d'une différence de concentration en ions entre l'intérieur et l'extérieur du neurone secondaire à une perméabilité sélective de la membrane plasmique et d'autre part à des courants ioniques actifs transmembranaires (par exemple, la pompe sodium-potassium ATP-asique). Il existe également des courants de fuite intéressant les ions potassium vers le milieu extracellulaire par des canaux ioniques spécifiques transitoirement ouverts (à cause des fluctuations électro-chimiques locales). L'influx nerveux se caractérise par une modification instantanée et localisée de la perméabilité de la membrane du neurone : des ions sodium (Na+) pénètrent dans la cellule en passant à travers de canaux ioniques sélectivement perméables au sodium. Le potentiel de membrane prend alors une valeur positive (environ +35 mV)proche du potentiel électro-chimique d'équilibre du sodium (ENA). Ce phénomène porte le nom de dépolarisation. Puis, très rapidement des ions potassium (K+) sortent de la cellule en passant à travers d'autres canaux ioniques, perméables au potassium. Le potentiel de membrane décroît pour aboutir à une valeur plus basse que la valeur du potentiel de repos : on parle de repolarisation puis d'hyperpolaristion. Puis il y a une phase de retour à la normale grâce à l'action d'une pompe ionique ATP-asique sodium-potatium dépendante. La variation locale, transitoire et stéréotypée du potentiel transmembranaire de l'axone comprenant la dépolarisation etla repolarisation, s'appelle le potentiel d'action. Il ne dure que quelques millisecondes. Le potentiel d'action, ou influx nerveux, se propage de proche en proche le long de l'axone du neurone, ou d'un noeud de Ranvier à l'autre (conduction saltatoire) .

Les synapses

Schéma complet d’un neurone
Article détaillé : synapse.

Il y a de 1 à plus de 100 000 synapses par neurone (moyenne 10 000). Les neurones sont les cellules championnes de la connectivité et de l'interdépendance.

Le relais qui assure la transmission de l'influx nerveux est la synapse. Il existe deux sortes de synapse.

La synapse est constituée d'un élément présynaptique, d'une fente synaptique et d'un élément postsynaptique.

  • L'élément présynaptique est soit la membrane du bouton terminal de l'axone, soit la membrane d'une dendrite. C'est le lieu de synthèse et souvent d'accumulation du neuromédiateur. Il assure la libération du neuromédiateur sous l'influence d'un potentiel d'action. Il contient les vésicules présynaptiques, contenant le neuromédiateur. Il existe 4 types de vésicules:
    • Les vésicules arrondies à centre clair, sphériques, de diamètre de 40 à 60 nm. Elles contiennent l'acétylcholine, l'acide glutamique, et la substance P
    • Les vésicules aplaties à centre clair, de forme plutôt ovale, avec un diamètre de 50 nm. Elles contiennent le GABA et la glycine, donc des neurotransmetteurs inhibiteurs.
    • Les petites vésicules à centre dense, de forme sphérique, et de diamètre de 40 à 60 nm. Elles contiennent la noradrénaline, la dopamine, et la sérotonine.
    • Les grandes vésicules à centre dense, sphériques, de 80 à 100 nm de diamètre.
  • L'élément postsynaptique peut être la membrane d'un axone, d'un péricaryon, d'une dendrite, d'une cellule somatique (exemple : cellule musculaire). Suivant leur effet, on différencie les synapses excitatrices et les synapses inhibitrices. Il y a un épaississement de la membrane postsynaptique, qui devient très large et très dense (ceci permet, au microscope électronique, de repérer aisément le sens de propagation de l'information)
  • La fente synaptique, qui mesure environ 20 nm de large. Elle est remplie de matériel dense parallèle aux membranes.

D'habitude, le lieu initial de la dépolarisation est la membrane postsynaptique. L'influx nerveux se propage ensuite le long de la membrane de la dendrite puis du péricaryon en s'atténuant peu à peu. Si au niveau du cône d'émergence, le potentiel est suffisant (loi du tout ou rien), des potentiels d'action sont générés qui se propageront le long de l'axone sans déperdition. En arrivant à la membrane du bouton terminal, ils déclencheront la libération des microvésicules contenant les neurotransmetteurs, qui diffuseront dans la fente synaptique avant d'être captés par les récepteurs de la membrane postsynaptique.

La propagation de l'influx nerveux est un phénomène qui consomme de l'énergie, en particulier pour activer les pompes qui rétablissent l'équilibre ionique, après la re-perméabilisation de la membrane aux ions (fermeture des canaux ioniques). Cette énergie est fournie par la dégradation de l'adénosine-triphosphate (ATP) en adénosine-diphosphate (ADP). L'ATP sera ensuite régénéré par les mitochondries.

On peut classer topographiquement les différents types de synapses chimiques.

  • Axodendritique, les plus fréquentes,
  • Axosomatique,
  • Axoaxonique, pour la régulation du neurone postsynaptique,
  • Dendrodendritique et Dendrosomatique, pour le transfert latéral d'influx,
  • Somatosomatique.

Neurone formel

Article détaillé : Neurone formel.

Un neurone formel est une représentation mathématique et informatique du neurone biologique. Il reproduit certaines caractéristiques biologiques, en particulier les dendrites, axone et synapses, au moyen de fonctions et de valeurs numériques. Les neurones formels sont regroupés en réseaux de neurones. Grâce à des algorithmes d'apprentissage automatique, on peut régler un réseau de neurones pour lui faire accomplir des tâches qui relèvent de l'intelligence artificielle.

Transformation de cellules souches en neurones

En 2008, la transformation de cellules souches en neurones du cortex et leur greffe réussie dans le cerveau de souris (la majorité des nouveaux neurones s’étant connectés avec de nombreuses parties du cerveau des souris), effectuées à l’Université Libre de Bruxelles), constitue une piste sérieuse pour la guérison de diverses maladies neurologiques et psychiatriques comme les épilepsies, les accidents vasculaires cérébraux, la maladie d’Alzheimer ou la schizophrénie.

Voir les articles du quotidien Le Soir du 18 août 2008 (résumé des pages 2 et 3 de la version papier dans: [1]) :

Page 2 : « Comment des cellules souches peuvent soutenir le cortex - Leur recherche est publiée aujourd’hui dans la revue ‘Nature’ » : extrait : « Menée par Pierre Vanderhaeghen, chercheur FNRS à l’Institut de recherche interdisciplinaire en biologie humaine et moléculaire de l’Université libre de Bruxelles, une équipe de chercheurs européens vient d’observer pour la première fois le mécanisme interne d’une cellule souche qui évolue en neurone du cortex. Et comment en injecter de nouvelles dans un cerveau afin de tenter de l’aider à mieux fonctionner! »

Page 3 : « Bloquer Alzheimer » : extrait : « Il va sans dire que la découverte de la possibilité de transformer des cellules souches en nouveaux neurones capables de remplacer ou épauler les neurones existants pourrait représenter une piste sérieuse pour soigner les malades (ndlr : d’Alzheimer) actuels. »

Page 3 : « L’épilepsie traquée » : extrait : « La synchronisation des neurones est une propriété intrinsèque des réseaux neuronaux. L’observation d’EEG de sujets sains révèle l’existence de différentes fréquences propres à l’activité cérébrale qui correspondent à des synchronisations de groupes de neurones. Il semblerait que dans le cas de l’épilepsie, cette synchronisation s’emballerait. Caractériser les neurones qui auraient une activité normale face à ceux qui s’emballent permettrait de tenter de réduire l’ampleur des crises d’épilepsie. »

Page 3 : « L’accident vasculaire » : extrait : « Ce déficit concerne généralement un territoire bien défini du cerveau. C’est pourquoi comprendre comment on pourrait, à terme, « fabriquer » des pièces de rechange qui pourraient remplacer les neurones détruits donne l’espoir de diminuer la lourdeur des séquelles de cette maladie. »

Notes et références

  1. Williams, R and Herrup, K (2001). "The Control of Neuron Number." Originally published in The Annual Review of Neuroscience 11:423–453 (1988). Last revised Sept 28, 2001. Retrieved from http://www.nervenet.org/papers/NUMBER_REV_1988.html on May 12, 2007.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Qu'est-ce qu'un neurone ? B. Calvino (Le Pommier, 2006) (ISBN 2746502801)
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