- Ampurias
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Empúries
Empúries, en espagnol Ampurias, est un port antique gréco-romain, situé sur la commune de L'Escala, près de Gérone, en Catalogne (Espagne).
Empúries vient du latin Emporiæ, lui-même du grec Eμποριον, Emporion, signifiant « marché », « entrepôt ».
Fondée vers -580 par des colons phocéens, la ville fut ensuite occupée par les Romains, et presque abandonnée au haut Moyen Âge, après avoir donné son nom au comté d'Empúries.
Sommaire
Histoire et description du site[1]
Le site archéologique présente en réalité trois ensembles radicalement différents et séparés géographiquement, correspondant à trois étapes distinctes d'occupation :
- la Paléopolis, cité des fondateurs ( )
- la Néapolis, nouvelle ville grecque ( )
- la ville romaine, située en hauteur ( )
La période grecque
Vers -600, les Phocéens, venant de la cité grecque de Phocée, en Ionie (Asie mineure), fondent les villes de Massalia (Marseille) et Alalia (Aléria, Corse).
Entre -585 et -575, ces colons partent de ces nouvelles cités pour fonder d'autres comptoirs, comme Emporion (Ampurias).
La Paléopolis
Ces fondateurs phocéens choisissent de s'établir sur une île proche de la côte, de dimensions modestes et facile à défendre, dominant une anse aménageable en port, ce qui est loin d'être un cas isolé en Méditerranée : Syracuse, Tarente et bien d'autres cités présentent ce caractère géographique au moment de leur fondation.
Cette Paléopolis - nom donné par les archéologues - ancien îlot aujourd'hui rattaché au continent par l'envasement du port antique, reste mal connue, car occupée en totalité par le village de Sant Martí d'Empúries. Très peu de fouilles ont pu être entreprises en cet endroit habité et très resserré. Elles ont révélé quelques vestiges romains et médiévaux, ainsi qu'une courte section d'enceinte grecque, probablement du -IVe siècle.
La Néapolis
En -546, les habitants de Phocée sont chassés de leur cité ionienne détruite par les conquérants perses de Cyrus le Grand. Forcés de se replier vers leurs colonies, ils affluent, parmi celles-ci, vers Emporion : l'îlot fondateur se trouve alors surpeuplé, et les nouveaux habitants vont s'établir de l'autre côté du port, dans des maisons à la grecque, faites de petites pièces construites selon la place disponible : cela finit par former des ruelles, une nouvelle ville (que les archéologues nomment la « Néapolis »), et crée le besoin de se protéger par une enceinte digne de ce nom.
Le visiteur moderne entre donc dans le site par une porte de cette nouvelle enceinte grecque, d'aspect très redoutable, avec ses tours et murailles en grand appareil. Puis il parcourt le dédale des ruelles, rencontrant un habitat simple et accueillant : l'entrée des maisons conserve des mosaïques de petits galets, parfois avec des paroles de bienvenue encore lisibles, comme cet « HΔY KOITOΣ » (èdu koïtos), qui signifie en grec « agréable repos ».
La période romaine
Emporion, de par sa parenté et ses relations avec Massalia, se trouvait aux IIIe et IIe siècle av. J.-C. une cité alliée aux Romains. Scipion l'Africain débarqua à Emporion en -218 avec l'intention de couper l'arrière-garde de l'armée d'Hannibal qui s'avançait vers l'Italie. C'est aussi à partir d'Emporion que Caton l'Ancien, en -195, pacifie les indigènes de toute la région[2].
Puis la ville finit par perdre son autonomie, et l'installation des vétérans de Pompée, en -45, en fait la très romaine Emporiæ.
La ville romaine
La ville romaine est bien différente des deux premiers établissements grecs, qui continuent cependant à vivre. On imagine bien les artisans et le petit peuple du port s'activant dans les ruelles basses sous le regard des riches négociants romains établis en hauteur dans leurs vastes et somptueuses villas.
Cette nouvelle ville romaine est établie sur le large plateau qui domine le port et l'établissement grec. À peine un cinquième de l'ensemble romain a été fouillé : on y voit de vastes pièces, avec de luxueuses mosaïques de sol à décors artistiques souvent polychromes. La ville est à son apogée aux Ier et IIe siècles.
On découvre encore un forum, avec huit petits temples et un macellum (marché couvert). Les larges rues rectilignes et orthogonales (cardo, decumanus), sont parfaitement tracées.
L'enceinte romaine
L'enceinte romaine a de quoi surprendre le visiteur, d'abord par son excellent état de conservation - sur tout le côté sud, on la suit de toute sa hauteur sur une longueur de plus de 300 m -, mais surtout par l'originalité de sa structure : trois assises en grand appareil dignes des plus puissantes murailles grecques, surmontées d'une très originale structure en béton entièrement creuse et couverte, que l'on peut parcourir intérieurement. (date et usage à préciser)
L'amphithéâtre
L'amphithéâtre, extérieur à la muraille ( ), est très modeste, mais bien lisible au sol : on voit bien la forme assez allongée de l'arène, ainsi que les murs rayonnants des fondations de la cavea.
Le port antique
Le port antique est situé entre les deux villes grecques. Il est totalement ensablé, mais présente un môle antique d'une longueur de 80 m environ ( ). Le môle est constitué d'un double parement en grand appareil (opus quadratum) avec remplissage en mortier (opus caementicium).
Du fait de la forte exposition du port aux houles d'Est, on peut imaginer la présence impérative d'un brise-lames pour protéger les quais du port. Selon J.M. De La Pena[3] ce môle protégeait un canal reliant le "vieux port" (phocéen) au Nord et le "nouveau port" (romain) au Sud.
On distingue par ailleurs des restes submergés du port antique sur les photos aériennes.
Du Moyen Âge à nos jours
La ville est détruite à la fin du IIIe siècle par une invasion venue du nord, à l'origine de la basilique paléochrétienne visible de nos jours, siège d'un épiscopat wisigothique. Cet établissement est à son tour saccagé par une invasion normande.
Les musulmans arrivent en 718 et trouvent des habitants dans l'ancien îlot fondateur qui supporte encore le village actuel. Ils l'occupent donc un temps, puis ce furent les Francs, et Charlemagne, qui établit là une garnison solide. C'est ainsi, nous dit Eginhard (tome I) que le comte Ermengol mit les musulmans en déroute, capturant huit navires et repoussant les autres vers Majorque.
L'endroit étant devenu peu à peu insalubre, les populations des alentours se regroupèrent pour fonder, à 15 km vers le nord, la cité épiscopale de Castelló d'Empúries, où l'on vit se construire une magnifique cathédrale, d'abord romane, puis gothique.
Des moines, établis sur le site antique, fondèrent le couvent de Sainte Marie de Grâce, au-dessus de la Néapolis, là où se trouve actuellement le musée monographique.
Visite du musée
Les fouilles archéologiques ont commencé à la fin du XIXe siècle. Elles se poursuivent encore de nos jours : le musée présente le mobilier découvert dans les trois parties de la cité, ainsi que des expositions thématiques.
Au centre de la salle principale est exposé le grand cratère à figures rouges du IVe siècle av. J.-C. montrant une ménade poursuivie par un satyre, dans le style du peintre de Capoue.
Notes et références
- ↑ Source : (fr) Eduardo Ripoll Perelló, Ampurias, description des ruines et musée monographique, Institut de préhistoire et archéologie de Barcelone, 1982
- ↑ Tite-Live, 34,3.
- ↑ J.M. De La Pena, E.J.M. Prada, M.C. Redondo, Mediterranean ports in ancient times. PIANC Bulletin N° 83/84, pp 227-237, Brussels, 1994.
Bibliographie
- Martin Almagro Basch, Ampurias, historia de la ciudad y guía de las excavaciones, 1951.
- Martin Almagro Basch, Guía breve de las excavaciones y museo, 1971.
- Eduardo Ripoll Perelló, Ampurias, description des ruines et musée monographique, Institut de préhistoire et archéologie de Barcelone, 1982.
Liens externes
- (fr) (ca) (es) (en) (de) Page touristique sur les fouilles, Cap Creus, journal d'informations culturelles et touristiques
- (ca) Empúries, site officiel du Museu d'Arqueologia de Catalunya
- (ca) Site pédagogique en dessins et images
- (en) Fiche touristique du parc archéologique, Europe for visitors
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