- Haine de soi
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Haine
Pour les articles homonymes, voir Haine (homonymie).La haine est un sentiment de répulsion intense éprouvé à l'égard de quelqu'un (parfois quelque chose). Il s'agit en définitive d'une intention de destruction de l'objet (être ou chose) sur lequel il porte.
Le philosophe espagnol José Ortega y Gasset précise la nature de la haine : "Haïr, c'est tuer virtuellement, détruire en intention, supprimer le droit de vivre. Haïr quelqu'un, c'est ressentir de l'irritation du seul fait de son existence, c'est vouloir sa disparition radicale." et "La haine sécrète une suc virulent et corrosif.[...] La haine est annulation et assassinat virtuel - non pas un assassinat qui se fait d'un coup ; haïr, c'est assassiner sans relâche, effacer l'être haï de l'existence ." (El Sol, 1926.)
La haine a à de nombreuses époques été présentée presque exclusivement sous l'angle d'une pulsion terrible, destructrice et aliénante.
La haine est parfois confondue avec la rage, comme une réaction à une situation (notre entourage ou notre environnement) ou à la perception que l'on en a. Elle est alors plutôt saine et preuve de la capacité à ne pas subir et à agir.
Dans le langage courant, "avoir la haine" est un état de fureur qui est expliqué par une réaction incontrôlable à une situation ou une personne qui a porté un tort considérable à celui ou celle qui "a la haine". Il s'agit simplement d'une forme argotique de la colère ou de la rage. Terminologie plutôt originaire des banlieues, l'expression "avoir la haine" est certainement en passe de se répandre plus largement dans la société française.
L'amour est communément considéré - à tort - comme le sentiment antagoniste de la haine. Cet antagonisme est cependant versatile, le vécu des passions basculant de l'un à l'autre selon les perceptions de l'affect. Plus précisément c'est la compassion qui est l'antagoniste de la haine par l'universalité intrinsèque de sa nature : la compassion, en s'adressant forcément à tous, est bien l'opposé de la haine. quand au contraire de l'amour, le psychanalyste C.G. Jung précisait qu'il s'agissait du pouvoir...
En ce sens, c'est la compassion qui définit le mieux le fondement de la morale, et qui constitue la singularité téléologique de toute forme de religion dite "de salut". La haine, pour sa part, procède essentiellement d'un aspect passionnel et d'un refus, d'une exclusion de l'autre, qu'il soit sujet ou objet de l'expérience.
Le préjugé, le rejet, le repli sur soi, la colère et l'intolérance sont souvent associés à la haine. Le nettoyage ethnique est une forme de haine qui a des prétextes ethniques et religieux.
Bibliographie
- Nicole Jeammet, La haine nécessaire, PUF, 1989, ISBN 2-13-042248-9.
- José Ortega y Gasset, Etudes sur l'amour, Payot, 2004 (surtout les pages 36 à 41).
- Heitor O'Dwyer de Macedo, Lettres à une jeune psychanalyste, Stock, 2008, pages 335 à 349.
Voir aussi
- Misologie, la haine de la raison.
Liens externes
- (fr) La haine dans la position dépressive
- (fr) Haine, envie et jalousie : psychanalyse du désastre ?
- (fr) La question de la haine : quelques repérages...
Catégorie : Émotion
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