- La Cinquième Colonne
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Cinquième Colonne
Pour l’article homonyme, voir Cinquième colonne.Cinquième Colonne (Saboteur) est un film américain d'Alfred Hitchcock, sorti en 1942.
Sommaire
Synopsis
Barry Kane, un ouvrier de l'aéronautique, est accusé à tort d'avoir saboté l'usine d'armement où il travaille et d'avoir provoqué la mort de son meilleur ami. Pour prouver son innocence, il entame une course-poursuite acharnée à travers le pays à la recherche du véritable saboteur.
Fiche technique
Sauf mention contraire, cette fiche est établie à partir du générique du film.
- Titre : Cinquième Colonne
- Titre original : Saboteur
- Réalisation : Alfred Hitchcock
- Scénario : Peter Viertel, Joan Harrison, Dorothy Parker et John Houseman[1] (non crédité), d'après une histoire d'Alfred Hitchcock[1] (non crédité)
- Production : Alfred Hitchcock, Frank Lloyd et Jack H. Skirball
- Sociétés de production : Frank Lloyd Productions et Universal Pictures
- Musique : Frank Skinner
- Direction artistique : Jack Otterson
- Photographie : Joseph A. Valentine
- Son : Bernard B. Brown
- Montage : Otto Ludwig
- Distributeur : Universal Pictures
- Format : Noir et blanc - 1,37:1[2] - Mono (Western Electric Mirrophonic Recording) - 35 mm[2]
- Genre : thriller
- Durées : Montage International : 104 min / Montage Français : 93 min
- Pays d'origine : États-Unis
- Dates de sortie[3] :
Distribution
- Robert Cummings : Barry Kane
- Priscilla Lane : Patricia « Pat » Martin
- Otto Kruger : Charles Tobin
- Alan Baxter : M. Freeman
- Clem Bevans : Neilson
- Norman Lloyd : Frank Fry
- Alma Kruger : Henrietta Sutton
- Vaughan Glaser : Phillip Miller
- Dorothy Peterson : Mlle Mason
- Ian Wolfe : Robert, l'homme de maison
- Murray Alper : Mac, le camionneur
- Kathryn Adams Doty : Mlle Brown
- Pedro de Cordoba : L'homme squelette
- Billy Curtis : Major, le nain
- Marie LeDeaux : Tatania, la femme de poids
- Anita Sharp-Bolster : Lorelei (Esmeralda)
- Jean et Lynne Romer : Marigold et Annette, les sœurs siamoises
Production
C'est David O. Selznick qui est à l'origine du projet[4] en souhaitant produire l'histoire de Cinquième colonne imaginée par Alfred Hitchcock[1]. Il engage Joan Harrison avec qui il avait déjà travaillé sur Rebecca pour écrire le scénario. Elle se retire peu de temps après pour écrire Les Mains qui tuent, film qu'elle produira et c'est Peter Viertel qui est engagé pour finir le scénario[4].
Cependant en novembre 1941, Selznick tente de vendre le film à plusieurs sociétés de production[1] car jugeant le scénario médiocre, il ne souhaite plus le faire lui-même[5]. Il éprouve des difficultés à trouver preneur et c'est finalement Frank Lloyd et Jack H. Skirball qui se portent acquéreur[4] pour 20 000 $[1].
Le film rentre en phase de production au moment où la guerre éclate aux États-Unis avec l'attaque sur Pearl Harbor. Les critiques commencent à s'abattre sur Alfred Hitchcock et les britanniques qui ne rentrent pas en Angleterre, aussi en guerre[4]. Les États-Unis en guerre, il est alors impossible de prévoir des scènes dans les usines qui sont en pleine production militaire. Le film doit être fait en studio[4].Les comédiens
Avant de se retirer du projet, Selznick arrête son choix sur Gene Kelly pour jouer le rôle principal[1]. Hitchcock, quant à lui, souhaite engager Gary Cooper et Barbara Stanwyck mais Universal Pictures choisit finalement Robert Cummings et Priscilla Lane.
Pour le saboteur, Hitchcock demande à John Houseman, qui a contribué à l'ébauche du scénario[1], de trouver un jeune comédien encore inconnu. Houseman recommande alors au réalisateur Norman Lloyd[4]. Hitchcock lui fait passer une audition après avoir présenté le personnage. Lloyd joue alors un extrait d'une pièce de théâtre appelé Blind Alley dans laquelle il tenait dernièrement le rôle d'un tueur. En comédien de théâtre très expressif qu'il est, Norman Lloyd surjoue mais Hitchcock trouve en l'acteur ce qu'il recherchait[4].
Virgil Summers fait partie de l'équipe technique du film en qualité de « Best boy »[6] et est remarqué par Hitchcock qui le choisit pour jouer la victime de l'incendie au début du film[4].
Malgré sa répulsion envers la politique et les messages porteurs de valeurs sociales, Alfred Hitchcock profite du personnage joué par Vaughan Glaser, l'homme aveugle qui réfugie Barry Kane, pour dénoncer et condamner la méchanceté qui règne dans le monde à ce moment là. En effet le personnage, paisible et gentil, revendique des valeurs politiques guidées par ses bons sentiments[4].
La caractérisation des traîtres rend parfaitement compte du soin particulier qu'Hitchcock prend pour dessiner ses « méchants » sur lesquels il fait largement reposer la réussite de ses films. Il prend le contre-pied des convenances en les situant dans les classes supérieures, parmi ces gens dont la droiture et l'intégrité sont communément admises. Ce point est appuyé dans certaines lignes de dialogues que l'on peut attribuer à Dorothy Parker, auteur très marqué à gauche dans une période où un patriotisme aveugle s'impose. Son apport très contrôlé (de nombreuses scènes alternatives furent tournées ou envisagées pour s'arranger ultérieurement avec la censure) est significatif, sa signature étant parfaitement perceptible dans la scène du routier ou le discours de l'ermite aveugle sur les dérives patriotiques et le devoir de se soustraire parfois à la loi[7],[8].
Saboteur est le premier film américain d'Hitchcock dont la distribution est entièrement américaine[réf. nécessaire].
Le caméo d'Alfred Hitchcock
Comme à son habitude, Hitchcock fait une apparition furtive dans son film. Pour le tournage de sa petite scène il demande à Carol Stevens, sa secretaire de l'époque, de jouer ce qu'il a mit au point. Norman Lloyd se souvient : « Ils devaient jouer des sourds et muets marchant dans la rue. Hitchcock devait utiliser la langue des signes et Stevens devait le gifler en retour car il lui aurait fait une proposition peu convenable »[4]. La scène est alors tournée mais n'est pas retenue car les dirigeants du studio ne trouve pas correct de donner une telle image de personnes handicapées[4]. Il se résigne finalement à faire une simple apparition visible à la 55e minute dans une rue de New York lorsque la voiture des comploteurs s'arrête près d'un kiosque à journaux.
Effets spéciaux
Compte tenu d'un budget serré, Hitchcock et son chef décorateur Robert Boyle (avec lequel Hitchcock débute une longue et fructueuse collaboration) retrouvent la nécessité d'user de tous les trucages éprouvés durant la période anglaise[5]. On pense tout particulièrement aux 39 marches dont ce film emprunte clairement la construction[4].
Hitchcock imagine un procédé simple pour donner l'impression de personnes s'envolant. Il filme de haut en bas toutes celles censées se trouver près du bateau lors de la tentative de destruction du saboteur, donnant ainsi l'illusion qu'elles sont projeté en l'air par le souffle de l'explosion. Un peu plus tard dans le film, le saboteur aperçoit le bateau sur le flan qui est en fait le Normandie filmé par la télévision lors de son incendie dont les images ont été réutilisé par Hitchcock[4]. L'United States Navy se retourna contre Universal Pictures, l'accusant d'insinuer que le paquebot avait été la cible d'un sabotage[1]. Cet apport d'un Hitchcock opportuniste et réactif est souvent mis en avant pour discuter du bien-fondé du mythe du « film construit le papier » entretenu par le réalisateur[9].
Lors de la séquence où les héros se cachent dans la caravane du cirque, Alfred Hitchcock utilise la perspective forcée pour donner l'impression d'un grand nombre de roulottes lors de la fouille par les policiers. Dans le plan où l'on voit toute la caravane, c'est en fait des hommes de petites tailles que l'on voit fouiller des petites roulottes dans le fond. Quand ils arrivent au premier plan, au niveau de la dernière voiture, se sont des policiers de taille « normale » qui rentrent dans une roulotte grandeur nature[4].
Pour la chute du saboteur, c'est en fait la caméra qui s'élève à douze mètres de hauteur. L'acteur est lui sur un siège et simule la chute par des gestes. Le montage effectué donne l'impression que le saboteur tombe de la Statue de la Liberté[4].
L'épilogue
Le film terminé, Alfred Hitchcock éprouve un regret : c'est d'avoir suspendu le saboteur au bras de la Statue de la Liberté plutôt que le héros. Il pensait que le public se serait plus identifié à Barry Kane s'il avait été à la place du méchant[4].
Film réalisé durant la période la moins fastueuse du réalisateur qui ne s'est pas encore imposé aux États-Unis, La Cinquième colonne n'en reste pas moins un film très important pour Hitchcock du fait de sa réussite commerciale dans un contexte difficile où le marché européen est fermé[9]. Première étape dans l'affirmation de sa singularité et de son indépendance qu'il concrétise l'année suivante avec le même producteur indépendant. C'est en effet avec L'Ombre d'un doute, qu'Hitchcock s'épanouit enfin en tant que « réalisateur américain ».
Voir aussi
Source
- Bill Krohn et Simone Mouton di Giovanni, Alfred Hitchcock au travail, Cahiers du cinéma, 1999, 287 p. (ISBN 2866422422)
Notes et références
- ↑ a , b , c , d , e , f , g et h La Cinquième colonne, page consacrée au film dans le livret du coffret « La Collection Hitchcock » noir.
- ↑ a et b (en) Spécification technique du film sur IMDb.
- ↑ (en) Dates de sortie sur IMDb.
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o et p Saboteur : a closer look de Laurent Bouzereau, disponible sur le DVD du film.
- ↑ a et b Alfred Hitchcock au travail, p.41.
- ↑ Voir Lexique SFX.
- ↑ Alfred Hitchcock au travail, p.46.
- ↑ Alfred Hitchcock au travail, p.48.
- ↑ a et b Alfred Hitchcock au travail, p.42.
Liens externes
(fr+en) Saboteur sur l’Internet Movie Database
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