Komala

Komala

Le Komala-ye Shoreshgari-ye Zahmat Keshan-e Kordestan-e Iran, ou Komala (« Comité des révolutionnaires du Kurdistan iranien ») est une organisation marxiste-léniniste formée en 1969 au Kurdistan d'Iran pour lutter contre le régime du Shah, puis une puissante guérilla qui a lutté contre le régime islamique en Iran.

Sommaire

Création

Komala est un mot Kurde qui signifie « société », au sens large comme au sens restreint dassociation, de comité ; cest aussi, depuis 1969, le sigle de l« Organisation révolutionnaire du peuple ouvrier du Kurdistan ». Le choix de ce nom nest évident pas neutre, car il évoque le Komala y Jiyanenewe-y Kurd, l« Association pour la renaissance Kurde ». Cette organisation fondée en 1942, avait favorisé création de léphémère République de Mahabad en 1946-47, à la faveur de loccupation du nord de lIran par les troupes soviétiques. Cest aussi, symboliquement, reprendre lhéritage du « Parti démocratique du Kurdistan Iranien » (PDKI), lui-même issu de ce premier Komala, et par ce geste, symboliquement proclamer sa mort en temps quorganisation révolutionnaire, en reprendre le flambeau.

A lorigine, il sagit dun groupe étudiant dinspiration maoïste créé à Téhéran par des étudiants kurdes. Il ne compte, à sa création, guère plus de cinq personnes. Lorganisation se caractérise par le refus de la guérilla, le rejet du révisionnisme soviétique et celui du nationalisme Kurde. Après quelques années de gestation intellectuelle, Komala va sengager dans le travail de masse en direction de la classe ouvrière. Elle mène une activité de propagande clandestine, qui lui vaut lemprisonnement de nombreux militants en 1975. La révolution de 1978 va lui permettre de se développer au grand jour, jusquà lintervention militaire des troupes iraniennes dans la province occidentale. Les militants de Komala vont alors saisir loccasion historique, en appelant à la résistance armée face au régime islamiste. A la faveur de linsurrection contre le chah, les Komalistes séquipent en armes saisies dans les casernes et mettent sur pied un embryon dorganisation militaire.

L'insurrection du 1er février 1979

Komala sétait fait connaître par des accrochages violents avec les forces de lordre dans la région de Bokan, lorganisation est bien implantée, et par des manifestations ouvrières habilement maquillées en fêtes religieuses, à loccasion de lAïd, la fin du jeune de ramadan. Cette agitation lui vaut immédiatement les foudres du PDKI, qui voit dans la nouvelle république un espoir pour lautonomie du Kurdistan. Le soulèvement qui éclate le 1er février 1979 au Kurdistan, le jour même du retour de lAyatollah Khomeiny de son exil français, va servir de déclencheur[1] .

Cest un chef religieux Kurde, Cheick Ezzedine Hosseiny, qui va simposer comme le porte-parole des revendications à lautonomie. Il est ouvertement progressiste, démocrate et laïque, ce qui lui vaut régulièrement les foudres de layatollah Khomeiny. Au départ, cest un allié du PDKI, qui va utiliser son autorité comme caisse de résonance de son orientation politique. Il devient rapidement très populaire, mais sémancipe progressivement du PDKI pour se rapprocher de Komala, dont le discours radical cadre mieux avec son opposition à Khomeiny. Son entourage, sa garde rapprochée et son staff politique deviennent un repaire de Komalistes, malgré lindépendance quil persiste à afficher[2].

Le 14 février, une délégation formée de Cheick Ezzedine et de représentants du PDKI, de Komala et des Fedayin, est reçue à Mahabad par le ministre du travail et des affaires sociales[1]. Les délégués présentent une déclaration en six points, qui pose les bases de la revendication « dautonomie du Kurdistan dans un Iran démocratique. Le lendemain, un membre du Comité central de Komala est tué dans lassaut de la sous-préfecture de Sanandaj, lors de linsurrection. Ce 15 février restera considéré comme « le jour de Komala »[2].

Au même moment, les insurgés distribuent aux civils les armes saisies dans les casernes lors de la chute du Chah. Les affrontements avec les pasdaran, les « Gardiens de la révolution islamique », se multiplient. Lorsque Téhéran annonce la nomination de dignitaires religieux aux postes de responsabilité à Sanandaj, cest lémeute. Il y aura plusieurs morts. A la fin du mois de mars, 90% des habitants du Kurdistan boycottent le référendum. Comment choisir, lorsque la question posée est « Êtes vous pour la monarchie ou pour la république islamique ? ».

La réaction à Téhéran est extrêmement brutale, puisque dès le mois, layatollah Khomeiny envoie larmée occuper les villes du Kurdistan, reprenant Sanandaj. Le 19 août 1979, il annonce la guerre sainte contre « les groupuscules athées du Kurdistan ». Malgré cela, Abdul Rahman Ghassemlou, le célèbre leader du PDKI, tente de maintenir le dialogue. Il reste persuadé quil est possible de négocier avec Khomeiny, même sil est entouré de jeunes loups plus dangereux que lui. A sa manière, le vieux social-démocrate Kurde considère le religieux comme représentant de la « bourgeoisie nationale progressiste ». En novembre 1979, il fait acclamer Khomeiny par la foule à Mahabad. Son entêtement à dialoguer avec ladversaire se terminera de manière tragique, lorsquen 1989 il sera assassiné par les services secrets iraniens au cours de négociations discrètes à Vienne (Autriche). Au contraire, la ligne radicale de Komala va sillustrer dans le refus des négociations, le combat pour la dissolution de lassemblée des experts (assemblée constitutionnelle) et pour une nouvelle constitution.

L'insurrection du 19 avril 1980

Linsurrection reprend le 19 avril 1980 à Sanandaj, dans laquelle conseils et comités sorganisent en une véritable Commune, qui puise ouvertement son inspiration dans celle de Paris. Bani Sadr, président de la république et commandant des forces armées, renforce la pression militaire sur le Kurdistan. Lethnologue Gérard Heuzé, qui a traversé lIran durant cette année 1980, a dressé un portrait de la situation et des militants de Komala[3]. Dans les villages les plus reculés, ils soccupent dalphabétisation et de réforme agraire, parvenant à vaincre la méfiance envers la scolarisation des filles. La réforme agraire nest pas un vain mot : ils expulsent les propriétaires terriens dans les villages quils contrôlent. Mais malgré leur athéisme militant, ils conservent les Mollahs, qui bénéficient toujours de la confiance des paysans. Cette attitude leur vaut un certain soutien populaire, y compris dans les familles musulmanes traditionnelles : les Komalistes sinscrivent sans trop de problème dans la tradition des bandes armées kurdes hostiles au pouvoir centralle marxisme-léninisme en plus[3].

À Marivan, petite cité située à proximité de la frontière irakienne, les locaux de Komala sont installés dans lancien palais de justice, tandis que les Feyadinune autre organisation d'extrême-gauche - sont installés dans la gendarmerie. Les peshmergas des deux groupes agiront volontiers ensemble durant toute la guerre, malgré des désaccords idéologiquessur lappréciation de la nature de lURSS. De fait, les organisations révolutionnaires gèrent la ville selon leurs propres normes. On discute beaucoup durant ces journées révolutionnaires, de la nature de lURSS, de lAlbanie socialiste, ce petit pays rural et montagneux qui nest pas sans ressemblances avec le Kurdistan, et de la place de linsurrection Kurde dans la révolution mondiale, alors même que la majeure partie de lextrême-gauche mondiale continue de regarder avec sympathie la république islamique naissante[3].

La ville kurde de Sanandaj et les collines alentour, zone d'implantation de Komala.

Les militants de Komala sont également bien implantés à Sanandaj, bénéficiant de la méfiance de la jeunesse à légard des manœuvres de Ghassemlou en direction du régime de Téhéran. Ils simplantent en milieu ouvrier, notamment dans les carrières de pierre une grève de 43 jours va éclater. Lorsquau mois de mai, larmée iranienne assiège Sanandaj, ils lancent le slogan « Faire de Sanandaj un nouveau Stalingrad », entendant par mettre un coup darrêt à la réaction, quelque en soit le prix. Cette résistance désespérée va contraindre le PDKI, partisan de quitter la ville, à rester contre son grès jusquà lévacuation finale. Bien organisés, sérieux dans leur travail militant, solidement armé et surtout animé dune volonté claire, les Komalistes jouent un rôle clef dans linsurrection. Se moquant de leur sérieux, Ghassemlou prétend réussir à distinguer ses peshmergas de ceux de Komala par leur expression : « celui qui ne sourit jamais est membre de Komala »[2].

En guerre contre la république islamique dIran

Au plus fort de son activité, Komala dispose dune force armée de deux à trois mille combattants peshmergas (combattants) dans le nord de lIran, en pays kurde. Pour comparaison, à la même époque, PDKI de Ghassemlou, son principal concurrent, dispose de 10000 combattants, et les Mujaheddin-e-Khalq (« Organisation des moudjahiddines du peuple iranien »), environ un millier[4] . Dans ses rangs, fait unique dans les organisations Kurdes de lépoque, les femmes ont accès à toutes les fonctions militaires.

Komala dispose dune véritable zone libérée dans laquelle elle organise la vie des villages, et contrôle de fait les villes de la région. De septembre 1980 au printemps 1984, ce nest pas moins de 60 000 km2 qui échappent à lautorité de Téhéran, contrôlés entre les différentes organisations de la guérilla. Mahabad, lancienne capitale de la République du Kurdistan proclamée en 1945, avec le soutien de larmée rouge, Sadacht et Bokan, sont complètement contrôlées par les organisations Kurdes.

Dans cette zone, Komala dispose de nombreuses écoles ; hôpital, avec le soutien de Médecins sans frontièresBernard Kouchner viendra lui-même rendre visite aux Komalistes, malgré sa préférence marquée pour le PDKI de Ghassemlou ; dune école de formation des cadres, lon enseigne le marxisme-léninisme, le programme de Komala et celui des autres organisations ; dune station de radio « La voix de la révolution dIran », qui émet en Persan et en Kurde. Cette dernière est vitale pour la propagande mais aussi la transmission des consignes politiques et militaires. Son journal, Pishro (« lavant-garde ») parait de manière très régulière, et est diffusé clandestinement jusque Téhéran et en Europe. Villes et villages sont organisés en shuras, en conseils qui gèrent selon les principes de démocratie directe. Avec quelques mois de retard, le PDKI organisera lui-même sa zone libérée en conseils de village sur le modèle de Komala[2].

Encouragés par ces succès, un petit groupe de militants proposent dexporter la guérilla en installant un foyer au Luristan. La direction hésite, car la situation ny est pas du tout la même : Komala a pu sappuyer sur linsurrection populaire, mais ne la pas crée artificiellement. Malgré cela, une dizaine de peshmergas tente laventure : ils sont rapidement découverts et massacrés par les militaires. Cela témoigne tout de même du refus des Komalistes de rester isolés au Kurdistan, alors quils se voient comme partie intégrante du mouvement révolutionnaire iranien.

Larmée iranienne se lance lentement dans la reconquête, en raison de la sympathie que nombre de soldats éprouvent pour les insurgés. Certains pilotes dhélicoptères préfèrent épuiser leurs munitions dans le vide, puis passer sur les villages rebelles en saluant les peshmergas, que de participer à la répression. Mais à partir de septembre 1982, leur mise au pas ouvre la place aux militaires islamistes, qui ne font pas de quartier et font bombarder systématiquement les villages liés à la guérilla. Cependant, peu préparée à affrontée une insurrection en zone de montagne, dénuée de véritables spécialistes de la contre-guérilla, larmée encaisse les défaites en se contenant de submerger ses adversaires par un nombre croissant des soldats et un quadrillage systématique de la région : au cœur de la guerre Iran-Irak, Téhéran consacre pas moins de 150 000 hommes à boucler le Kurdistan pour anéantir la rébellion, ce qui immobilise une part non négligeable de son armée en plein conflit contre lIrak[4]. La nécessité de défendre la zone libérée, les villes et les structures (radio, écoles, hôpital) va faire du confit une guerre de position, très éloignée de la conception classique de la guérilla. Lorsque la perte de ces positions va contraindre les insurgés à reprendre la lutte sous une forme plus mobile, la défaite nest plus très loin. Lors de son congrès de février 1984, Komala est obligée de constater quils ont reculé militairement, perdu les villes et subi plus de 200 morts de Newroz 1982 à 1983. La guérilla aurait infligés 20 000 pertes humaines au régime islamique, en subissant environ 1000 pertes humaines sur toute la durée de linsurrection .

Larmée iranienne nhésite pas à parachuter des jeunes filles fanatisées par la révolution islamique, qui mènent des opérations de sabotage et dempoisonnement des sources dans la zone libérée. Ces actions posent problème au commandement militaire de Komala, qui hésite sur la conduite à tenir. La première fois quils capturent des prisonniers, ils les font traduire devant un « tribunal révolutionnaire » avant de les exécuter. Mais cette pratique leur paraît incompatible avec leurs propres principes. Ils envoient une délégation auprès de létat major iranien afin de négocier les échanges de prisonniers, une pratique quils maintiendront durant toute la guerre. Ainsi, ayant capturé un hélicoptère dont ils nont pas usage, faute de savoir le piloter, ils le rendent à ladversaire en léchange de la libération de prisonniers. Par contre, ils conservent pour leur usage les dix neuf blindés quils ont capturés.

Lessentiel de larmement vient des saisies opérées sur ladversaire. Néanmoins, lapprovisionnement en munitions pose problème, dautant que les soutiens extérieurs sont maigres. Saddam Hussein, qui soutient systématiquement les opposants au régime iranien avec lequel il est en guerre, leur en propose. Komala commence par refuser, puis, alors que la pression militaire saccentue et que leur zone libérée commence à se réduire, finit par négocier ses conditions : ils acceptent armes, munitions et bases de repli au Kurdistan dIrak, mais refuse toute pression politique et tout soutien au régime baasiste. Bagdad accepte, naturellement, car son objectif est avant tout de renforcer lépine dans le pied iranien que constitue la guérilla. Cest cette compromission, qui ne va pas sans débat et qui fera ensuite lobjet dune sévère autocritique, qui permettra bientôt aux idées de Komala de se diffuser en Irak.

La guerre avec le PDKI

Quant aux relations avec le Parti démocratique du Kurdistan Iranien (PDKI), elles vont senvenimer jusquà la guerre civile Les désaccords portaient sur lappréciation de Khomeiny, sur les négociations avec le pouvoir central, mais aussi sur le rôle de lIslam. Quoique officiellement socialiste, le PDKI se présente volontiers aux paysans comme un parti musulman et réserve aux religieux un créneau radiophonique. Mais cest ladhésion du PDKI au « Conseil national de la résistance », un front mis eu point par la secte islamo-gauchiste des Mujahidins e-Khalq, et lacceptation du principe dune « république démocratique islamique », qui va envenimer les relations entre les eux organisations. Dès septembre 1982, trois responsables de Komala sont assassinés près de Mahabad, entraînant des affrontements armés entre les peshmergas des deux organisations, qui font plusieurs morts. A lissue dune négociation entre Ghassemlou et Jaffar Shaffri, représentant de Komala, perme de calmer le jeu. Les prisonniers sont échangés, les armes restituées et, au nom de la démocratie révolutionnaire, Komala est autorisée à diffuser sa propagande dans les villages contrôlés par le PDKI. Une unité tactique se met en place entre les deux partis adverses, dans la défense du Kurdistan révolutionnaire contre larmée iranienne.

Mais guerre qui nallait pas tarder à reprendre entre le PDKI et son rival communiste. Au printemps 1984, les nationalistes lancent une attaque armée contre les bases militaires de Komala. Ceux-ci réagissent dabord par une tentative de négociation de paix, qui échoue. Les nationalistes mènent alors une seconde offensive, qui entraîne cette fois une réaction immédiate : les peshmergas rouges prennent dassaut le quartier général de PDKI. La guerre va durer trois ans. Comme les peshmergas ne portent pas duniforme, les confusions sont fréquentes entre les eux camps, que seuls distinguent lusage du drapeau, rouge pour les uns, kurde pour les autres. Cest un période difficile pour Komala, car contrairement à larmée iranienne qui maîtrise mal le combat en montagne, les peshmergas nationalistes ont une excellente maîtrise du terrain et des techniques dembuscade, et cette guerre civile va se révéler aussi meurtrière quéprouvante. En même temps, la rupture de lunité entre communistes et nationalistes facilite la reconquête de larmée iranienne. Fin 1984, il ne reste rien du Kurdistan libéré, même si les guérillas sont toujours actives.

La création du Parti communiste dIran

Dinspiration maoïste, puis pro-albanaise, Komala avait à lorigine des conceptions nettement populistes. Leur emblème est une carte de lIran, recouverte dun fusil et dune charrue. Le peuple des campagnes, la réforme agraire et le droit des minorités nationales sont leurs principaux axes dintervention. Mais face à lévolution de la situation, les militants acceptent de les remettre en cause. Or, les polémiques de Mansoor Hekmat à lencontre des impasses du populisme convergeaient avec leurs propres doutes. Les premiers contacts ont sans doute eu lieu à luniversité de Téhéran, se diffuse la presse de Komala. Rapidement après les premiers contacts, lUnion des combattants communistes trouva refuge dans ce « sanctuaire », pour y tenir son premier congrès. Dès 1982, la majeure partie de la direction de lUnion des combattants communistes est venue se réfugier au Kurdistan, y compris Mansoor Hekmat et sa compagne Azar Majedi. En septembre 1983, la fusion avec Komala et dautres fractions qui sétaient rapprochées du marxisme révolutionnaire de Mansoor Hekmat, alias Nader, permettait la création du Parti communiste dIran. Malgré un certain nombre de points de convergences, la fusion entre Komala et lUnion des combattantscommunistes nétait pas quelque chose qui allait de soi, comme allait le révéler la suite des événements.

Article détaillé : Union des combattants communistes.

Quest-ce qui a rendu possible la fusion ? La convergence des deux organisations repose en réalité sur des préoccupations communes antérieures à la révolution. Dabord, le lien avec la classe ouvrière. Dès 1972, Komala avait mis laccent sur la nécessité de simplanter dans la classe ouvrière, alors que les autres organisations de gauche sen préoccupent moins. Puis en 1975, les Komalistes commencèrent à critiquer la conception selon laquelle lIran était un pays « semi-colonial et semi-féodal », analyse importée de Chine et dAlbanie, pour mettre laccent sur le rôle de la bourgeoisie comprador, cest-à-dire de la fraction de la bourgeoisie qui tient sa position de son rôle dintermédiaire avec le marché capitaliste mondial.

Sensibles à lévolution réelle du capitalisme en Iran, ils sont donc amenés à rompre avec la conception dominante au sein lextrême-gauche. Mansoor Hekmat, en insistant sur la notion de dépendance de la bourgeoisie iranienne vis-à-vis de limpérialisme, se situe donc dans la même lignée théorique. Avait-t-il déjà connaissance de lanalyse de Komala lorsquil rédigea ses premiers textes sur la question ? Difficile de le savoir. Enfin, la résistance armée de Komala dès 1979, son irréductible opposition aux islamistes et son refus de toute forme de soutien ou de reconnaissance à layatollah Khomeiny, allaient dans le même sens que le refus de Mansoor Hekmat de voir dans ces mêmes islamistes lexpression de la « bourgeoisie nationale progressiste ».

La convergence était facilitée par des bases théoriques communes suffisamment larges. Lors de son deuxième congrès en avril 1981, Komala procède à une vaste autocritique de ses conceptions, dont elle fit largement la publicité. Cela amorçait le rapprochement officiel avec lUnion des militants communistes. Le travail commun entre les deux organisations commence donc alors que la guerre fait rage au Kurdistan. Lors du IIIe congrès de Komala, les deux organisations adoptent un même programme communiste. Puis en avril 1983, est formé un comité chargé dorganiser le congrès de fusion. Il comprend sept membres, quatre pour Komala et trois pour l'Union des combattants communistes. Dernière étape enfin, en août 1983, le Parti communiste dIran est fondé. Komala devient son Organisation du Kurdistan, et lun de ses fondateurs, Abdulah Mohtadi, est élu secrétaire général. Des courants et militants issus dautres organisations de gauche, de Pekyar ou des Feyadin, vont rejoindre la nouvelle organisation[2].

Article détaillé : Parti communiste dIran.

La rupture au sein du Parti communiste d'Iran

En 1984, lors de la guerre avec le PDKI, Mansoor Hekmat lui-même est contraint à fuir en Suède, puis en Grande-Bretagne[5] . De nombreux militants ont déjà du quitter lIran, rejoignant les étudiants qui avaient animé le soutien à lUnion des militants communistes dès le début des années quatre-vingt.

Dans lémigration, Mansoor Hekmat va développer ses théories, jusquà remettre en cause certains des fondements de lidéologie du Parti communiste dIran. Le premier épisode de cette lutte prend place en 1989, à la faveur de la retraite militaire de Komala. Mansoor décide de démissionner de toutes ses responsabilités à la direction et de retourner militer à la base. Il crée une Fraction communiste ouvrière au sein du parti, qui exprime les vues de la gauche anti-nationaliste. Celle-ci emporte un succès massif lors du congrès, il est réélu à la direction. Mais à loccasion de la première guerre du Golfe, le courant nationaliste kurde au sein du Parti communiste dIran, resté relativement silencieux jusque-, se réveille et proposedans une motion proposée par le secrétaire général Abdullah Mohtadide soutenir lUnion patriotique du Kurdistan, qui est au même moment en train de négocier son rapprochement avec larmée américaine. Mansoor Hekmat est conscient que cette position nexprime pas seulement lavis de quelques nationalistes venus de Komala, mais les limites du parti lui-même. Il démissionne de nouveau, non plus de la direction, mais du parti lui-même. La majorité des militants décide de la suivre : ce nest donc pas réellement une scission qui sopère, mais un retrait à lamiable, qui évite des affrontements.

Rapidement après, le Parti communiste-ouvrier dIran est créé, sur la base du communisme-ouvrier[6]. Au sein de Komala, lorganisation au Kurdistan, la direction militaire se rallie pour lessentiel au nouveau parti, mais la majorité des peshmergas reste avec Abdullah Mohtadi.

Komala après la scission

De 2001 à 2005, Komala a mené des opérations de « propagande armée », envoyant des commandos de peshmergas distribuer de la propagande sans faire usages de leurs armes. Ils ont mis fin à cette pratique sur la demande du gouvernement régional kurde en Irak, sont stationnés leurs forces[7]. le parti se présente désormais comme fédéraliste, social-démocrate favorable au modèle scandinave, et aspire à rejoindre l'Internationale socialiste. Abdullah Mohtadi n'est pas hostile à l'idée de recevoir un soutien financier des États-Unis, mais déclarait en 2007 n'en avoir jamais reçu[7].

Notes et références

  1. a et b Chris Kutschera (1997), Le défi kurde ou le rêve fou de lindépendance.
  2. a, b, c, d et e Christiane More (1984), Les Kurdes aujourdhui. Mouvement national et partis politiques, LHarmattan.
  3. a, b et c Gérard Heuzé (1990), Iran au fil des jours, LHarmattan.
  4. a et b Paul Balta (1987), Iran-Irak, une guerre de 5000 ans, Anthropos.
  5. Soheila Sharifi (2003), "Portrait of a leader, Mansoor Hekmat (1951-2002)".
  6. Hamid Taqavee (2003), “Qui était Mansoor Hekmat ?”
  7. a et b Reese Erlich, The Iran Agenda: The Real Story of U.S. Policy and the Middle East Crisis, PoliPointPress, 2007, pp. 134-135.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Komala de Wikipédia en français (auteurs)

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