Kampuchéa Krom

Kampuchéa Krom

Cochinchine

Drapeau de République de Cochinchine

La Cochinchine était la partie la plus méridionale (au sud) du Viêt Nam à l'est du Cambodge, formant surtout le delta du fleuve Mékong (Les deux autres parties du Viêt Nam étaient l'Annam et le Tonkin.

A l'origine nommé Jiaozhi (交阯 ou 交趾) par ses dirigeants chinois, Cochin est la phonétique pour le caractère chinois signifiant collines à base croisées ou orteils croisés. Localement il est appelé Nam Bộ (南圻), signifiant « frontière sud. »

Histoire

Grâce à des fouilles archéologiques conduites depuis la fin des années 1990, on sait que la région est habitée depuis plus de 2 000 ans[1]. Des royaumes qui gravitaient autour de l’antique cité d’Angkor Borey (actuellement dans la province cambodgienne de Takev) et l’ancien port d’Óc Eo (aujourd’hui dans la province vietnamienne d’An Giang) sont postérieurs au IIe siècle av. J.-C..

En -111, sous le règne de Wudi de la Chine Han, le commandement Jiaozhi (交趾郡) fut établi, parmi deux autres commandements dans le reste du Viêt Nam: Jiuzhen 九真郡) et Ri'nan (日南郡).

Au IIIe siècle de notre ère, des émissaires chinois qui visitèrent la région décrirent un royaume qu'ils appelèrent Fou-nan[2].

L’archéologue Miriam Stark, qui a dirigé des recherches depuis 1999 dans la région, déclare que l’empire khmer qui régna sur la zone du IXe au XVIIe siècle, n’est que l’un des derniers régimes qui se sont succédé au sud du delta du Mékong[3].

En 1623, alors que l’empire khmer a amorcé son déclin, le roi Chey Chettha II du Cambodge (1618-1628) autorise des réfugiés annamites qui fuient la guerre civile entre les Trinh et les Nguyen à s'installer dans la région de Prey Nokor, un ancien village de pêcheurs bâti sur des marécages et devenu le principal port maritime de l’empire[4].

En 1698, le prince Nguyễn Hữu Cảnh est envoyé par la cour de Hué pour établir une administration annamite sur la région et la détacher de la tutelle du Cambodge alors en pleine déliquescence[5]. Très vite, Prey Nokor devient Sài Gòn, avant d’être rebaptisée bien plus tard (1975) Hô-Chi-Minh-Ville.

En 1757, l’expansion annamite se poursuit avec la colonisation des provinces de Psar Dèk (renommée Sa Đéc, rattachée aujourd’hui à la province de Đồng Tháp ) et Moat Chrouk (qui deviendra Châu Dôc)[4].

En décembre 1845, un traité est conclu entre le roi cambodgien Ang Duong et les commandants des forces annamites et siamoises qui confirme l’annexion définitive du delta du Mékong au profit du premier nommé[6] [7] [8].

Mais la donne change le 17 février 1859, lorsqu’un corps expéditionnaire français débarque dans le delta du Mékong[9]. Le 5 juillet 1862, l'empereur annamite Tự Đức doit par le premier traité de Sài Gòn, cèder à la France les provinces de Đồng Nai, Gia Dinh et Vinh Tuong[10].

Très vite, l'amiral de la Grandière, nommé gouverneur, veut assoir la présence française et développer le port de Sài Gòn afin de contrer l'influence grandissante de Singapour, au mains des Anglais[11].

A partir de mars 1866, les forces françaises jouent des antagonismes interethniques et utilisent notamment des combattants Khmer Krom[12] pour investir les provinces de Vĩnh Long, Hà Tiên et Châu Dôc qui sont annexées aux possessions françaises en 1867. Le 15 mars 1874, un second traité de Sài Gòn confirme la pleine souveraineté de la France sur ces trois provinces nouvellement annexées : la colonie française de Cochinchine vient de naître[13].

L’exploitation de cette nouvelle colonie exigera rapidement l’utilisation d’une main d’œuvre nombreuse que la région n’était pas en mesure de fournir. La France puisa alors les bras qui lui manquaient dans les plaines surpeuplées du Tonkin[14].

La colonie perdurera jusqu’au 4 juin 1949, date à laquelle l’empire colonial français se transforme en Union française qui donne des pouvoirs, toutefois très limités, aux anciennes dépendances. A cette occasion, la Cochinchine est réintégrée à l’Etat du Viêt Nam[15]. Mais, devant les réserves du roi Norodom Sihanouk, qui affirme les prétentions cambodgiennes sur la région, une clause du traité d’indépendance rendra ce rattachement provisoire et susceptible d’être remis en cause si le statut du Viêt Nam venait à changer[16].

Ce changement interviendra le 21 juillet 1954 lors des accords de Genève qui scellent l’indépendance totale du Viêt Nam, mais sans toutefois que le statut de la Cochinchine, intégrée à la République du Sud - Viêt Nam, ne soit rediscuté.

La Cochinchine actuelle

L'ancien territoire de la Cochinchine regroupe les régions administratives vietnamiennes actuelles du Delta du Mékong et du Sud-Est[17], soit, d'après le dernier recensement[18], 27 840 598 habitants vivant sur 74 445 km² et répartis dans les provinces suivantes:

Liste des références

  1. (en) Dr Miriam T. Stark, Lower Mekong Archaeological Project University of Hawai’i at Manoa, Department of Anthropology
  2. (en) Peregrine, P.N. & Melvin Ember, Encyclopedia of Prehistory: East Asia and Oceania, Springer, 2001 (ISBN 978-0306462573)
  3. (en) Dr Miriam T. Stark, Excavating the Delta, Humanities, Septembre/Octobre 2001
  4. a  et b (en) Nicholas Tarling, The Cambridge History of Southeast Asia, Cambridge University Press, 2000, (ISBN 978-0521663709)
  5. (fr) Mathieu Guérin, Andrew Hardy, Nguyen Van Chinh, Stan-Tan Boon Hwee & Yves Goudineau, Des montagnards aux minorités ethniques : Quelle intégration nationale pour les habitants des hautes terres du Viêt Nam et du Cambodge ?, L'Harmattan, 1er novembre 2003, (ISBN 978-2747532884)
  6. (fr) A. Dauphin-MeunierHistoire du Cambodge, PUF, 1961
  7. (fr) Phung Van DanLa formation territoriale du Vietnam, Revue du Sud-Est Asiatique, Bruxelles, 1964
  8. (fr) Obayawath Wasana - Les relations entre la Thaïlande et le Cambodge depuis 1863, thèse, Université d’Aix-Marseille, 1968
  9. (fr) Alain Forest, Cambodge contemporain, Les Indes savantes, 21 novembre 2008, (ISBN 978-2846541930)
  10. (en) Oscar Chapuis, The Last Emperors of Vietnam: From Tu Duc to Bao Dai, Greenwood Press, 30 mars 2000, (ISBN 978-0313311703)
  11. (fr) Dr A. Benoist de La Grandière, Souvenirs de campagne. Les ports de l'Extrême-Orient, débuts de l'occupation française en Cochinchine, Le Chevalier, 1869
  12. (fr) Charles Andre Julien et Robert Delavignette, Les constructeurs de la France d'outre-mer, Correa, 1946
  13. (fr) Raoul Marc Jennar - ka-Set – Célébrer les 4 et 5 juin : entretenir une fiction, 4 Juin 2008
  14. (fr) Marc Ferro, Le livre noir du colonialisme, Hachette, 17 mars 2004(ISBN 978-2012791831)
  15. (en) Pierre Brocheux, The Mekong Delta: Ecology, Economy, and Revolution, 1860-1960, University of Wisconsin, 15 Juin 2009(ISBN 978-1881261131)
  16. (fr) Journal officiel de la République française du 5 juin 1949, page 05502 – Loi n° 49-733 du 4 juin 1949 modifiant le statut de la Cochinchine dans l’Union française
  17. (fr) Indochine-souvenir.com - Cartes et plans Cochinchine française
  18. (en) TONG CUC THONG KE - General Statistics Office - Population as of 1 April 1999 by province
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