Jurg Kreienbühl

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Jürg Kreienbühl

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Jürg Kreienbühl, né à Bâle le 12 août 1932 et décédé à Cormeilles-en-Parisis le 30 octobre 2007 est un peintre suisse et français.

Sommaire

Biographie sommaire

La première formation de Jürg Krienbühl aura été la biologie. Pour l'ornithologue Hans Noll, il parcourra la Suisse à la recherche de milliers de pelotes de réjection de rapaces. En 1951, ayant abandonné la voie scientifique, il s'inscrit à l'école des Beaux-Arts de Bâle.

À la même époque il est employé par une entreprise de peinture en bâtiment où il apprend à peindre des faux marbres et des faux bois.

Les bidonvilles

À sa sortie des Beaux-Arts, il peint des tas d'ordures et des cadavres d'animaux. Un peu extrême pour la Suisse peut-être : la ville de Bâle lui octroie une bourse pour qu'il s'installe en banlieue parisienne, à Colombes, où il peint des cimetières et des décharges d'ordures. La bourse sera prolongée mais finalement, faute d'argent, le peintre devra retourner à Bâle en 1958. Après avoir vendu quelques toiles exposées dans une maison en voie de démolition, il retourne en France et s'établit dans un bidonville de Bezons où il achète un vieil autobus. Il fait le portrait des habitants du bidonville : Arabes, Gitans, Polonais. En 1962 il achète un petit appartement à Argenteuil (et plus tard un maison paysanne à Cormeilles-en-Parisis, ville située près d'Argenteuil) et épouse la peintre Suzane Lopata. Son fils Stéphane (le futur peintre Stéphane Belzère) naîtra en 1963. Son atelier est alors une roulotte installée dans un terrain vague de Carrières-sur-Seine. À la fin des années soixante, début des années soixante-dix, Jürg Kreienbühl peindra notamment en Normandie et au Havre tout en revenant à ses bidonvilles de la région parisienne. Il expose à Zurich, Berne et Bâle.

En 1973 a lieu sa première grande rétrospective au musée des beaux-arts d'Aarau.

En 1974, Kreienbühl peint un « hommage à Cuvier » au Jardin des Plantes. À cette époque, il ira aussi peindre dans le village de Hérisson (Allier) puis dans une ancienne usine de saints d'église en terre cuite. En 1976, il expose à la galerie du Luxembourg (aujourd'hui Galerie Alain Blondel) et à Zurich. Vers la fin des années soixante-dix, les grands bidonvilles qui entourent Paris sont démantelés. Kreienbühl peint alors le paquebot France, la pollution, etc. À La Défense, il peint le monument du sculpteur Barrias, abandonné sur un terrain vague. Expositions à Bâle, Zurich, Neuchâtel, et à la Galerie Blondel, à Paris.

La Galerie de Zoologie

En 1982, il découvre la Galerie de Zoologie au Muséum d'histoire naturelle de Paris, un lieu monumental, fermé au public depuis des années, complètement laissé à l'abandon. Il y travaillera sans relâche jusqu'à ce qu'une exposition de ses peintures soit organisée au Jardin des Plantes en 1985[1]. La même année, il expose au musée des Beaux-Arts d'Aarau. L'année suivante, il expose au musée d'histoire naturelle de Lausanne ses peintures exécutées à la Galerie de Zoologie. Deux ans plus tard, ce sera au musée d'histoire naturelle de Bâle.

Les années 1990-2000

À partir des années quatre-vingt dix, il peindra successivement dans la brasserie Warteck à Bâle, au musée d'histoire naturelle de Bâle et dans le jardin du sculpteur Bernhard Luginbühl. Chaque hiver il rentrera en France se consacrer à l'estampe - taille-douce et lithographie. En France, il peindra aussi autour de Paris, au musée des monuments français, dans le port de Dunkerque ou autour de la centrale nucléaire de Gravelines.

En 1998, le musée de l'estampe à Gravelines organise une rétrospective de son œuvre gravée et lithographiée. En 2001, c'est le Centre culturel suisse, à Paris, qui organise une rétrospective de son œuvre peinte. À la même époque, Jacques Tardi et Daniel Pennac glissent un portrait de Kreienbühl dans leur album La Débauche (Gallimard). Le même Daniel Pennac publie en 2007 une interview de Kreienbühl dans son livre Chagrin d'école.

Œuvre

La peinture de Jürg Kreienbühl est, et ce depuis ses débuts, une juxtaposition brutale des concepts de tradition et de modernité.

Tradition, car il peint contre tous les courants artistiques de la seconde moitié du XXe siècle : se référant plus volontiers à Gustave Caillebotte ou même à des peintres aujourd'hui considérés comme pompiers, comme Meissonnier, qu'aux modernes, abstraits ou conceptuels. Mais dans le même temps, ses sujets ne sont pas des meules de foin joliment composées sous un soleil couchant : il peint les constructions contemporaines, comme La Défense, les déchets que produit l'homme, ou encore ses épaves, ce qu'on laisse se perdre... Paquebots autrefois légendaires, hauts lieux de l'industrie abandonnés, etc.

Du point de vue des techniques de la peinture, le même conflit s'opère : malgré une technique picturale qui se réfère volontiers à la peinture du XIXe siècle, Kreienbühl peint la plupart de ses tableaux non sur toile mais sur Isorel, et il n'utilise pas de l'huile mais des peintures vinyles - il fait d'ailleurs partie du petit groupe des premiers peintres à avoir choisi cette technique, pendant les années soixante.

Selon le critique Philippe Dagen, Jürg Kreienbühl « pourrait être tenu pour le premier hyperréaliste de la peinture parisienne dans les années 1960. Il peut aussi apparaître comme le prédécesseur de ceux qui font aujourd'hui de leur art les moyens d'une chronique sociale et architecturale désenchantée. »[2]

Bibliographie

  • Jürg Kreienbühl, éditions Galerie zem Specht, Basel, 1982 (ISBN 3-85696-005-8)
  • Le Monde merveilleux de la Galerie de Zoologie, éditions Galerie zem Specht, Basel, 1988. Textes de Léonard Ginsburg, Carl Gans, Aurel Schmidt et Jürg Kreienbühl.
  • Les éléphants sont parmi nous, musée de Dieppe, 1987
  • Jürg Kreienbühl, l'œuvre gravé et lithographié 1952-1997, Roland Plumart, Musée de Gravelines. 1998
  • Jürg Kreienbühl, Malerei der Leindenschaft / Peinture de la passion, Freidrich Reinhardt Verlag, Basel, 1998
  • Chagrin d'école, Daniel Pennac, 2007 (interview)

Note

  1. Cette exposition fut en fait un guet-apens pour le ministre de tutelle de cet établissement, celui-ci convié au vernissage, découvrit avec stupeur l'état de délabrement d'un lieu dont il y avait la charge. Par la suite ce ministre trouva des fonds pour la rénovation du Muséum.
  2. Jurg Kreienbühl, peintre, par Philippe Dagen, Le Monde, 16 novembre 2007 ([1])

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