Jean Dessès

Jean Dessès, né Jean Dimitre Virginie, est un couturier, né de parents grecs à Alexandrie, en Égypte, le 6 août 1904 et mort à Athènes le 2 août 1970. Il est mondialement reconnu comme un des plus importants créateurs de mode des années 1940, 1950 et 1960. Son travail, basé sur ses voyages, est principalement inspiré des costumes traditionnels des antiquités romaine et égyptienne. Dessès se spécialise dans la création de robes du soir en chiffon et mousseline.

Biographie

Jean Dimitre Virginie naît à Alexandrie, en Égypte, le 6 août 1904. Il poursuit des études de droit afin d'entrer dans la carrière diplomatique. Attiré par la mode, il commence à dessiner des robes qu'il vend à la Maison Jane, studio de couture de la rue de la Paix, à Paris. En 1925, il arrête ses études pour prendre la direction de la Maison. En 1937, à l'âge de 33 ans, il ouvre sa propre maison de couture sous le nom de Jean Dessès, 37 avenue George V, tout près de ses amis Balenciaga et du styliste Raphaël.

En 1948, la maison de couture Jean Dessès investit l'Hôtel particulier du baron Eiffel, sis 1 rue Rabelais et 17 avenue Matignon, avec, situées au rez-de-chaussée, deux boutiques jumelles baptisées Hortenzia, une bleue et une rose, respectivement pour les accessoires et colifichets. Le but affiché est d'élargir le marché en touchant une clientèle moins fortunée ne pouvant pas se permettre le sur-mesure, formule reprise de Paul Poiret. Après la fermeture de la Maison Lucien Lelong, la Première de l'atelier tailleur, Germaine Devaucou, rejoint Jean Dessès. L'année suivante, la maison de couture a 12 ans d'existence. Entre octobre 1949 et 1956, Jean Dessès a effectué 12 voyages à New York pour vendre ses créations exclusives aux grands magasins de luxe Bergdorf Goodman, Neiman Marcus, Saks etc. et des patronages aux confectionneurs des séries destinées au grand public. C'est alors le début du prêt-à-porter.

À la fin des années quarante, la presse américaine proclame la naissance du New Look. Mais le style « corole » , lancé par Mr. Dior est qualifié par certaines femmes de l'époque de « trop encombrant et peu pratique » et il est dit qu'il ne résisterait pas aux temps modernes. Avec la collection Cerfs volants de 1949, définie par la ligne « lasso », Dessès prend la direction d'une mode conceptuelle et s’oppose à la suprématie de Christian Dior. Les créations de Jean Dessès assurent la transition entre la mode d’après guerre et les temps nouveaux des années cinquante. Collectionneur et amateur d’art, Dessès se laisse influencer par des mouvements avant-gardistes afin d'innover et lancer de nouvelles tendances. À partir de 1950, Dessès conçoit des modèles pour la fabrication en série pour le marché américain.

Jean Dessès crée la boutique Bazar en 1953, pour vendre des robes sur mesures plus abordables que les modèles de haute couture. Elle remplace les magasins Hortensia et inspire à d’autres couturiers de nouvelles voies de distribution : Mary Quant reprend le nom pour la boutique à King's Road (Londres), Christian Lacroix l'utilise pour nommer sa collection de prêt-à-porter. En 1955, influencé par Jacques Fath et sa ligne Université, Jean Dessès lance la ligne Diffusion, basée sur un système américain de confection en séries distribuées par la société qui les produit dans un certain nombre de magasins en France et en Afrique du Nord. C'est la première ligne de prêt-à-porter en France. Également il s'entoure d'assistants, le modéliste en renom Guy Laroche et le styliste Valentino qui au sein de la maison débute sa carrière de grand couturier. La même année s'ouvre une boutique Jean Dessès à Athènes.

En 1958, la maison de couture Jean Dessès, avec un chiffre d'affaires annuel de 275 000 000 francs, emploie un personnel de 200 ouvriers. Le personnel de production compte alors 157 personnes, réparties ainsi :

• Création avec 2 modélistes et un dessinateur ;
• Manutention (4 personnes pour les commandes, la distribution des matières premières, les tissus)
• Fabrication avec 150 personnes, maîtrise et ouvrières, réparties dans 4 ateliers ;

Le personnel commercial et administratif est composé d'un directeur, une directrice de salon et deux vendeuses, une directrice de la boutique, un service publicité - deux responsables de cabine et six mannequins -, deux secrétaires, quatre secondes vendeuses et vérificatrices affectées à la réception des clientes, trois pour l'emballage et les livraisons, un téléphoniste, un huissier, un service d'entretien/conciergerie, quatre comptables et une caisse, huit premières vendeuses pour la Haute couture et deux pour la boutique.

Les prévisions budgétaires annoncées par le directeur de la société, M. A.Gridel, pour une maison de couture de cinq ateliers, se montent à 2 millions plus 6 millions de francs d'aide couture. Dans ce budget, 93 600 000 francs sont destinés au paiement des salaires se montant finalement à plus de 139 825 000 FF en incluant charges sociales et impôts. Pendant les années 1954, 1955 et 1956, le compte courant de Jean Dessès a été alimenté par un salaire mensuel de 125 000 francs et des frais de représentation de 75 000 francs, soit au total 200 000 francs par mois. Mais ce crédit ne couvrait pas les dépenses de Dessès, qui a prélevé en compte courant, durant les années précitées, un total supplémentaire de 4 633 555 francs. Ces avances par la société pour le compte personnel de Dessès sont considérées comme des distributions de dividendes anticipées, donc des revenus venant s'ajouter aux salaires perçus.

Dessès refuse, jusqu'en juin 1958, certaines commodités qui lui ont été offertes, désirant conserver une égalité d'intérêts. Néanmoins, à la suite d'une opération immobilière, l'hôtel particulier du baron Eiffel est détruit pour laisser place à une banque et, alors qu'elle est en pleine élaboration d'une nouvelle collection, la maison de couture doit déménager. La même année, Jean Dessès avec Antoine Gridel, Nicole Fournier-Baronne Le Vasseur, Marina Veselowska, Suzanne Pichard, Marie-Louise Givonnet-Robin , Andréas Embirikos, Robert Lang, Guy Laroche, et Marcel Nicouleau, monte la Société Nouvelle Jean Dessès, 12 Rond-point des Champs-Élysées.

L'année suivante, le capital social est fortement augmenté et les fonds versés sont portés sur le compte courant de Jean Dessès. La nouvelle maison de couture comporte, en dehors du rayon robes, tailleurs et manteaux (prêt-à porter et sur mesure), dix nouveaux rayons qui, tout en s'incorporant dans l'ensemble de l'affaire, bénéficient d'une certaine autonomie : fourrure de luxe et boutique, chapeaux sur mesure et boutique, plage et sports d'hiver, sweaters et jersey coupés, chaussures de luxe sur mesure et prêt-à-porter, sacs, gants, lingerie et corps de maison, bijoux vrais et faux, objets, cadeaux et gadgets.

Le département de robes, tailleurs et manteaux comporte plusieurs rayons très distincts, dont le rayon de prêt-à-porter Maria Carine, qui vend à des prix assez bas et présente des collections de prêt-à-porter avec du stock dans plusieurs tailles. Ce rayon ne fait jamais sur commande ni aux mesures mais dispose d'un atelier de rectifications. La collection complète est présentée à la presse et aux acheteurs aux dates habituelles pour la Haute Couture. Les 2/3, voire les 3/4 de cette collection sont composés d'un prêt-à-porter de très haute qualité, créé et conçu exactement comme les créations des modèles de Haute couture. Les prix sont à peu près moitié moins élevés que ceux qui sont pratiqués pour le sur-mesure.

C'est la fin des années cinquante, âge d'or de la haute couture en France et Jean Dessès en est l'un des acteurs principaux. Jean Dessès sait nouer des liens durables avec ses clientes fortunées, la reine Frederica de Grèce, sa fille, Sophie de Grèce, la Duchesse de Kent, Farah Diba, Tina Onassis, Maria Callas, Marlène Dietrich, Rita Hayworth, Marika Rökk, Maria Felix, Michelle Morgan, Martine Carol, etc. Dessès bénéficie alors de la confiance de ses amis, associés et financiers : Andréas Embirikos, Aristote Onassis, Paul Boniface, René Burrus, et Christiane Leconte Meyer, marquise de Sourdis d'Escoubleau.

Une succursale ouvre à Athènes en 1960, en collaboration avec les frères Sistovaris, fourreurs, 9 avenue de l'Université.

Touché par la situation économique mondiale en 1963 et pour plaire à la jeunesse française, qui affiche un certain dégoût pour le luxe, Jean Dessès redresse sa Maison. La boutique prend le devant. La haute couture se retire, le luxe se déplace et la clientèle est triée sur le volet. Jean Dessès publie un communiqué annonçant l'arrêt d'exploitation du rayon « Fait sur mesure-Haute Couture » afin de moderniser les bases et les principes de la haute couture et ainsi pouvoir contrôler les prix de vente actuels. La maison d'Athènes subit une réduction de personnel et poursuit la vente de parfums, sweaters, cravates, foulards et prêt-à-porter. Dessès affirme : « La haute couture, c’est démodé, le prêt-à-porter, c’est l’avenir ».

En 1968, alors que Jean Dessès est âgé de 64 ans, la société est placée en liquidation judiciaire. Le 17 octobre paraît un article dans le journal grec Apoyevmatini (en grec moderne Απογευματινή), présentant les collections de prêt-à-porter de Dessès-Sistovaris.

Le 2 août 1970, Jean Dessès meurt à Athènes à l'âge de 66 ans.

Parfumerie

Les Parfums Jean Dessès sont lancés le 1^er avril 1959, pour exploiter le nom de Jean Dessès par un engagement réciproque. Dessès assure la fonction de conseiller artistique, rémunéré par des honoraires dont le montant ne sera pas inférieur à trois pour cent du chiffre d'affaires hors taxes. La durée du dit contrat est fixé à trente années, renouvelables par tacite reconduction pour des périodes successives d'une durée de dix ans chacune. La société parfums Jean Dessès est une société anonyme au capital de trois cent mille francs ayant son siège social à Paris, 4 rue Berruyer, représentée par son président directeur général, monsieur Paul Boniface, ancien de la maison Dior.

Jean Dessès a lancé trois parfums :

• Celui de Jean Dessès
• Gymkana
• Kalispera

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