- Jean De Werth
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Jean de Werth
Pour les articles homonymes, voir Werth.Le comte Jean de Werth (en allemand : Johann von Werth) né en 1595, à Büttgen dans le duché de Juliers, et mort en Bohème le 6 septembre 1652, bâtard de Horn, seigneur de Nedwert et de Wesem est l’un des plus célèbres mercenaires du XVIIe siècle.
Très jeune, Jean de Werth quitte la maison pour suivre la carrière de soldat dans la cavalerie wallonne au service de l’Espagne. En 1622, à la prise de Jülich, il est promu au rang de lieutenant. Il sert comme colonel de cavalerie dans l’armée bavaroise en 1630. Il obtient le commandement d’un régiment en 1632, et fonde très vite sa réputation de chef de cavalerie. Après la mort d’Aldringer, il lui succéda dans le commandement des troupes bavaroises. Il se fait remarquer lors de la bataille de Nördlingen, au point que l’empereur fait de lui un guide de l’Empire, et que l’électeur de Bavière lui donne le rang de Feldmarschallleutnant.
Il marcha ensuite sur Heidelberg, s’empara d’un des faubourgs et força la ville à capituler ; mais n’ayant pu se rendre maître du château, il se retira à l’approche de Bernard de Saxe-Weimar.
L’année suivante, il reprit Spire aux Suédois, obtint sur eux différents succès et rejoignit le duc Charles IV en Lorraine. Gassion lui fit d’abord éprouver un échec ; mais il n’en intercepta pas moins les convois de l’armée française, battit son arrière-garde et lui enleva une partie de ses bagages.
En 1635 et 1636, il saccage la Lorraine, la Picardie et le Luxembourg, après quoi il projette une expédition au cœur de la France. Commençant en juillet 1636, dans la région de la Meuse-Inférieure, il pille ici et là, invitant le cardinal infant, commandant en chef, "à planter le double aigle sur le Louvre". Puis au coeur de la Picardie, la petite ville de Nesle essaie de se défendre vainement face à une armée de quarante mille combattants qui se livre au pillage. En réalité, l’esprit national français se réveille, et à Compiègne une armée de cinquante mille hommes force les envahisseurs à se retirer. La mémoire de cette incursion persista dans les chants populaires, et le nom de Jean de Werth servit longtemps à calmer les enfants indisciplinés.
En 1637, de Werth est une fois de plus dans la vallée du Rhin, détruisant les convois, soulageant les villes assiégées et étonnant les camps de l’ennemi. En février 1638, il a défait les troupes de Bernard de Saxe-Weimar dans un affrontement à Rheinfelden, mais peu après il est fait prisonnier. Ses espoirs d’être échangé contre le maréchal suédois Gustaf Horn sont déçus lorsque Bernard de Saxe-Weimar livre son prisonnier aux Français. Le terrible Jean de Werth est conduit à Paris. Les Parisiens, qu’il avait fait trembler quelques années auparavant, s’empressèrent d’aller voir ce « redoutable » général. Le cardinal de Richelieu donna, dans son château de Conflans, une fête dont le duc d’Orléans fit lui-même les honneurs. À l’instar du premier ministre, les seigneurs se firent un mérite de lui procurer chaque jour de nouveaux divertissements. La captivité de Jean de Werth dura quatre ans, mais rien ne fut négligé pour la rendre agréable. Sa libération est retardée jusqu’en mars 1642, le gouvernement impérial étant peu désireux de revoir Horn à la tête de l’armée suédoise.
Quand enfin de Werth réapparaît sur les champs de bataille, c’est en tant que général de cavalerie dans les rangs impériaux de Bavière et de Cologne. Sa première campagne contre le maréchal français Guebriant est une défaite, mais la seconde, en 1643 sous le commandement de Franz von Mercy, se termine par la victoire de Tüttlingen, une surprise sur une grande échelle, dans laquelle de Werth tient le rôle principal. En 1644 il est dans la région du Bas-Rhin, mais il revient au quartier général de Franz von Mercy juste à temps pour prendre une brillante part dans la bataille de Fribourg. L’année suivante, sa détermination et sa bravoure, jouent un rôle remarquable à la deuxième bataille de Nordlingen. Von Mercy est tué dans cette action, et de Werth hérite du commandement de l’armée défaite, mais il est bientôt remplacé par le maréchal Geleen. Bien que déçu, Jean de Werth reste fidèle au code d’honneur militaire, et passe sa colère dans une frénésie guerrière.
En 1647 des différends surgissent entre Maximilien de Bavière et Ferdinand III quant à l’allégeance due par les troupes bavaroises. De Werth, craignant que la cause de l’empire et de la religion catholique ne soit ruinée si l’Électeur prend le contrôle de l’armée, essaie de faire passer la frontière autrichienne à ses hommes. Mais ils refusent de suivre, et échappent difficilement à la vengeance de Maximilien. De Werth trouve refuge en Autriche. Reconnaissant pour sa conduite dans cette affaire, l’empereur le fait comte.
La Bataille de Zusmarshausen en 1648, une des dernières de la guerre de Trente Ans est une défaite. De Werth se retire alors pour vivre sur les domaines qu’il avait achetés au cours de sa carrière, et c’est sur un de ces derniers, Benatek près de Königgratz, qu’il meurt le 16 janvier 1652.
Postérité
Jean de Werth est resté longtemps populaire en France où, sous le nom de Jean de Vert, il incarne un croque-mitaine. Plus de cinquante ans après, on le retrouvait encore dans les refrains des chansons. Il y avait un air de trompette qu’on nommait l’air de Jean de Wert. Les nouvellistes et les faiseurs le rendirent célèbre par leurs fameuses chansons de Jean de Wert, dont voici quelques couplets :
- Jean de Vert était un soudard
- De fière et de riche famille,
- Jean de Vert était un trichard
- Moitié prime et moitié bâtard.
- Petits enfants, qui pleurera?
- Voilà Jean de Vert qui s’avance!
- Aucun marmot ne bougera,
- Ou Jean de Vert le mangera !
- Jean de Vert était un brutal
- Qui fit pleurer le roi de France ;
- Jean de Vert étant général
- A fait trembler le cardinal
- Petits enfants, qui pleurera ?
- Voilà Jean de Vert qui s’avance!
- Aucun marmot ne bougera,
- Ou Jean de Vert le mangera!
Il est également passé en proverbe : C’est bon du temps de Jean de Vert, ou bien : Je m’en soucie comme de Jean de Vert pour dire : Cela est passé, je m’en soucie peu.
Sources
- Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, Michaud, 1827, p. 386-7.
- Encyclopædia Britannica
Voir aussi
- Portail de l’histoire militaire
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