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Jean-Marie Geoffroy
Pour les articles homonymes, voir Geoffroy.Jean-Marie Joseph Geoffroy, dit simplement Geoffroy, né à Paris en 1813 et mort à Paris le 6 septembre 1883, est un acteur français.
Ses débuts
Son père était un ouvrier bijoutier, qui tint à ce que son fils apprît ce métier. Mais ce dernier était bien plus intéressé par le théâtre, et il se fit engager en 1838 dans une troupe ambulante contre la volonté de ses parents. Il commença par jouer dans les environs de Paris, puis circula en province, à Paris, et jusqu’en Italie, à Florence et à Naples.
Le Théâtre du Gymnase
Il ne se fixa qu’en juin 1844, alors qu'il était âgé de plus de trente ans, obtenant enfin un engagement au Théâtre du Gymnase à Paris. Il allait y rester 19 ans, devenant un des acteurs de premier plan de cette troupe.
Quelques-uns de ses rôles à cette époque :
- Antoine dans Rodolphe ou frère et sœur, drame en 1 acte d’après Goethe, de Scribe et Mélesville en 1844 (créé le 20 novembre 1823). Ce fut le premier rôle de Geoffroy au Gymnase
- Pepito dans Rebecca de Scribe le 2 décembre 1844
- Pierre Mauclerc dans L’Image, vaudeville de Scribe et François Sauvage, création le 17 avril 1845, où il fit une vive impression à Scribe
- Anatole dans Jeanne et Jeanneton de Scribe et Varner le 29 avril 1845
- Decius dans L'Enfant de la maison de Labiche, Varin et Nyon le 21 novembre 1845 ; premier rôle de Geoffroy dans une pièce de Labiche ; il allait devenir l’acteur fétiche de ce dernier.
- Daniel dans La Loi salique de Scribe le 30 décembre 1845
- Crosby dans La Protégée sans le savoir de Scribe le 5 décembre 1846
- Simoun dans La Déesse de Scribe le 30 octobre 1847
- Charlot Canigou dans Didier l’honnête homme de Scribe le 19 novembre 1847
- Thouvenel dans L'Art de ne pas donner d'étrennes de Labiche et Lefranc le 29 décembre 1847
- dans La Comtesse de Sennecey, drame en 3 actes mêlé de chants de Bayard et Dennery le 11 septembre 1848
- Moucheron dans À bas la famille ou les Banquets de Labiche et Lefranc le 12 décembre 1848
- dans Le Bourgeois de Paris ou la Leçon au pouvoir de Clairville en 1850
- dans Le Mariage de Victorine, comédie de George Sand le 26 novembre 1851
- Mercadet dans Mercadet le faiseur, de Balzac et Dennery, créé le 24 avril 1851, où il fut, selon Henry Lyonnet, au-dessus de tout éloge
- dans Le Démon du foyer, de George Sand en 1852
- dans Le Camp des bourgeoises, comédie en 1 acte de Dumanoir (Gymnase en 1855)
- Le Baron de Fourchevif dans la comédie-homonyme de Labiche et Alphonse Jolly le 15 juin 1859
- Perrichon dans Le Voyage de Monsieur Perrichon de Labiche et Édouard Martin le 10 septembre 1860
- Verdinet dans J'ai compromis ma femme de Labiche et Delacour le 13 février 1861
- Ratinois dans La Poudre aux yeux de Labiche et Édouard Martin le 19 octobre 1861
- dans Les Invalides du mariage, comédie en 3 actes de Dumanoir et Lafargue (Gymnase en 1862)
Geoffroy était alors devenu un des plus solides soutiens du Gymnase, surtout depuis les succès de Mercadet, du Voyage de Monsieur Perrichon et de La Poudre aux yeux. En 1862, le Gymnase proposa dans la même soirée Les Pattes de mouche de Victorien Sardou, et la reprise du succès vieux de deux ans, Le Voyage de Monsieur Perrichon, où Geoffroy tenait toujours le rôle principal. La direction estima bon de placer cette pièce en lever de rideau. Geoffroy se sentit froissé de ce traitement, et son caractère, autoritaire, grognon et peu sociable, fit le reste : pour une question d’amour-propre, il rompit son contrat avec le Gymnase.
Le Théâtre du Palais-Royal
Le Théâtre du Palais-Royal fut ravi de récupérer ce comédien exceptionnel, d'autant que la troupe avait été amputée par les décès de Sainville en 1854, et de Grassot en 1860. Geoffroy en devint rapidement le premier acteur, avec un salaire de trente mille francs par an, ce qui était, à l’époque, très confortable, et correspondait au traitement d’un sénateur.
Si, à la ville, il était un ours, qui évitait le contact avec ses camarades, à la scène, en vrai professionnel, il se transformait. Il devenait alors ce que son rôle lui disait d’être, un bourgeois fat et poltron, un père sentencieux ou un mari débonnaire et satisfait de lui-même. Il savait avec beaucoup de finesse donner vie aux personnages les plus grotesques. Henry Lyonnet a rapporté de lui : « Il a un rire à lui, un rire sympathique qui se répand dans la salle. Les autres comiques tirent leurs effets du sérieux avec lequel ils débitent les bonnes ou mauvaises plaisanteries dont leurs rôles sont semés ; Geoffroy procède par le moyen contraire. »
À la différence de beaucoup d’acteurs tels que Grassot, Gil-Pérès ou Hyacinthe, il possédait un jeu franc, naturel, relativement sobre pour l’époque, tout comme celui de Lhéritier, avec qui il fut souvent associé.
Il savait également chanter agréablement, se présentait sur scène avec beaucoup d’aisance et avait la science des effets. Son jeu sûr et constant faisait dire de lui qu’il était aussi bon à la première représentation d’une pièce qu’à la centième.
Il sut surtout incarner avec beaucoup de bonheur le « bourgeois », dont l’archétype fut le personnage de Joseph Prudhomme, créé par Henri Monnier.
Geoffroy fut l’interprète de nombreuses variations ultérieures autour de ce thème, créées à de multiples occasions par Balzac (Mercadet), Labiche (Perrichon, Célimare, etc.), Gondinet (Marjavel, Pontérisson), Meilhac et Halévy (le comte Escarbonnier).
Labiche lui bâtit des rôles sur mesure et reconnut plus tard tout ce qu’il lui devait. Le jour de son élection à l’Académie française, il lui écrivit : « On m'a donné un fauteuil, mais je t'en dois bien au moins un bras ! »
Curieusement, une fois la rampe éteinte, le personnage bonhomme et sympathique, qui venait d’égayer le public avec tant de naturel, disparaissait. Il retrouvait alors le léger bégaiement dont il n’avait pu se défaire à la ville. Bourru et grognon, il se déshabillait en une minute et quittait le théâtre. Pour cette raison, il n’était guère apprécié de ses camarades de scène.
On se demanda souvent pourquoi Geoffroy, vu sa qualité d’acteur, ne postula jamais à la Comédie-Française. À cela, on émit plusieurs hypothèses, qui ont le mérite d’éclairer un peu plus le personnage :
- tel César, il préférait être le premier dans son village que le second à Rome ;
- il aimait émailler son texte d’interjections variées, qui accroissaient son naturel, mais qui n’auraient pas été admises à la Comédie-Française ;
- il se prétendait incapable de dire des vers.
Quelques-uns des rôles qu’il tint au Théâtre du Palais-Royal :
- Montaudouin dans Les 37 sous de M. Montaudoin de Labiche et Édouard Martin le 30 décembre 1862
- Célimare dans Célimare le bien-aimé de Labiche et Delacour le 27 février 1863
- Poparel dans La Commode de Victorine de Labiche et Édouard Martin le 23 décembre 1863
- Champbourcy dans La Cagnotte de Labiche et Delacour le 22 février 1864
- Dégodin dans Premier Prix de piano de Labiche et Delacour le 8 mai 1865
- Moulinfrou dans La Bergère de la rue Monthabor de Labiche et Delacour le 1er décembre 1865
- Gatinais dans Un pied dans le crime de Labiche et Adolphe Choler le 21 août 1866
- Caboussat dans La Grammaire de Labiche et Alphonse Jolly le 26 juillet 1867
- Ginginet dans Les Chemins de fer de Labiche, Delacour et Adolphe Choler le 25 novembre 1867
- Gabaille dans Le Papa du Prix d’Honneur de Labiche et Théodore Barrière le 6 février 1868
- Godivais dans Le Dossier de Rosafol de Labiche et Delacour le 20 mars 1869
- Gavaut dans Gavaut Minard et cie de Gondinet le 17 avril 1869
- Marjavel dans Le plus heureux des trois de Labiche et Gondinet le 11 janvier 1870
- Beaufrisard dans Le Livre bleu de Labiche et Ernest Blum le 15 juillet 1871
- Picaud dans Le Chef de division de Gondinet le 15 novembre 1873
- Trempard dans La Pièce de Chambertin de Labiche et Jules Dufresnois le 1er avril 1874
- Montacabère dans Le Homard de Gondinet le 2 avril 1874
- Savouret dans Les Samedis de Madame de Labiche et Duru le 15 septembre 1874
- Pontérisson dans Le Panache de Gondinet le 12 octobre 1875
- Ferdinand dans Le Prix Martin de Labiche et Émile Augier le 5 février 1876
- Champagnolles dans Le Tunnel de Gondinet le 16 mars 1877
- Lavignac dans Les Convictions de Papa de Gondinet le 13 avril 1877
- Le comte Escarbonnier dans Le Mari de la débutante de Meilhac et Halévy le 5 février 1879
- dans Le Mari à Babette de Meilhac et Philippe Gille le 31 décembre 1881
Il mourut le 6 septembre 1883 dans sa petite maison de Belleville, située fort à propos rue des Solitaires, et qu’il appelait son « palais de chaume ». Il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise, 56e division, et René Luguet prononça un discours au nom de la Société des acteurs.
Il fut marié à Louisa Kersent, elle-même comédienne, qui débuta à Marseille, puis tint à partir de 1839 des rôles de soubrettes au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Elle mourut en 1864, au moment où son mari connaissait de grands succès au Théâtre du Palais-Royal. Cette disparition peut expliquer en partie la misanthropie de Geoffroy.
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