Jean-louis cheynet

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Jean-Louis Cheynet

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Jean-Louis Cheynet (Montélimar, 4 mars 1741Montélimar, 29 novembre 1809) est un homme politique français.

Biographie

Issu d'une famille de la haute bourgeoisie de Montélimar originaire du Vivarais, dont certaines branches accédèrent à la noblesse au cours des XVIIe et XVIIIe siècles (dont la branche des Cheynet de Beaupré), Jean-Louis Cheynet naquit à Montélimar le 4 mars 1741 et y fut baptisé le lendemain, en la collégiale Sainte-Croix[1]. L'un de ses arrière-grands-oncles, Charles Cheynet, né à Montélimar en 1668, décédé à Lyon en 1762, président en la Cour des Monnaies de cette ville, mathématicien, musicologue et correspondant de Jean-Philippe Rameau, fut en 1700 l'un des fondateurs de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de la ville de Lyon[2], membre de l'Académie du Concert et le premier, établit la théorie de l'authentique génération de la tierce mineure[3]. Louis Cheynet (1714-1791), père du député, fut consul de Montélimar, notamment en l'année 1754[4]. La mère du député, Magdeleine Louise Michel, était la fille de Jean-André Michel, notaire royal à Montélimar, et de Louise Loubaud. Son grand-père Jacques Cheynet (1679-1760), son bisaïeul Charles Cheynet, décédé en 1707 furent consuls de Montélimar, tout comme le furent son frère et nombre de ses cousins, oncles ou grands-oncles Cheynet.

Jean-Louis Cheynet suivit tout d'abord des études de droit à Grenoble, où il obtint son diplôme de bachelier, puis de licencié en droit de l'université. À l'issue de ses études, il fut reçu avocat au parlement de Grenoble puis revint habiter sa ville natale, dont il était premier échevin en 1768, lors de son mariage avec Jeanne Claudine Élisabeth Nicolas du Roure, fille de Jacques-Daniel, avocat du roi en l'échevinage de Montélimar, seigneur du Roure à Châteauneuf-du-Rhône, capitaine des chasses du prince de Monaco, et de Jeanne Monique Laurans[5].

En 1789, Arthur Young, le fameux agronome anglais, rendit visite à Montélimar à Mme Cheynet, entrevue qu'il raconte dans son Voyage en France : « 22 août 1789 : « Ayant une lettre pour M. Faujas de Saint-Fond, le célèbre naturaliste qui a doté le monde de maints ouvrages sur les volcans, l'aérostation et diverses autres branches de l'histoire naturelle, j'ai eu la satisfaction, après m'en être enquis, d'apprendre qu'il était à Montélimar, et, ayant été le trouver, de voir que cet homme d'un mérite distingué était gentiment logé et que tout ce qui l'entourait dénotait une réelle aisance. Il me reçut avec la franche politesse qui est conforme à son caractère ; il me présenta sur le champ à M. l'abbé Béranger, qui habitait près de sa maison de campagne et était, me disait-il, un excellent cultivateur, ainsi qu'à un autre Monsieur, dont le goût a pris la même louable direction. Le soir, M. Faujas vint me prendre pour me mener chez une amie[6] qui s'adonne aux mêmes recherches, Mme Cheynet, dont le mari est membre de l'Assemblée Nationale ; s'il a la bonne fortune de trouver à Versailles une autre dame aussi agréable que celle qu'il a laissée à Montélimar, sa mission ne sera pas stérile et il pourra peut-être s'employer mieux qu'à voter des régénérations. Cette dame nous accompagna dans une promenade que nous fîmes pour visiter les environs de Montélimar, et j'eus le grand plaisir de voir qu'elle était une excellente cultivatrice, avec une grande pratique de cet art ; elle eut la bonté de répondre à maintes de mes questions, particulièrement sur la culture de la soie. Je fus si charmé de la naïveté [en Français dans le texte] de caractère et de l'aimable conversation de cette charmante dame qu'un plus long séjour en cette ville aurait été délicieux ; - mais la charrue ! »[7]

En 1774, Jean-Louis Cheynet avait acquis l'office d'avocat du roi au siège de la sénéchaussée, laissé vacant par le décès de Claude-Bernard Boisset, charge qu'il revendit en 1785 à Mathieu-Barthélémy Odouard, son cousin, futur chevalier de l'Empire[8]. En janvier 1787, il devint maire de Montélimar au terme d'un brevet du duc d'Orléans, futur Philippe-Égalité, gouverneur du Dauphiné. En 1788, il se rendit à Grenoble pour complimenter le parlement, de retour d'exil.

Lieutenant général au grand bailliage de Valence à la suite de l'éphémère réforme de Lamoignon et des édits du 8 mai 1788 - office qu'il n'exerça pas dans les faits -, il participa à l'Assemblée de Vizille puis, le 24 août 1788, fut député par la ville de Montélimar à l'Assemblée de Romans[9]. Élu député du Dauphiné aux États Généraux le 5 janvier 1789[10], il figure à l'Almanach du Dauphiné pour 1789 comme "colonel honoraire de la milice citoyenne de Montélimar, maire et député". Le 20 juin 1789, il prêta le Serment du Jeu de Paume et signa le procès-verbal de la séance[11]. En août, il reçut la médaille offerte à tous les députés pour commémorer l'abandon des privilèges. Modéré, il était monarchien et siégea presque constamment avec la majorité de la Constituante, appuyant dans les premiers temps Jean-Joseph Mounier. Il vota en faveur de l'établissement des assignats et vota blanc sur la question du rattachement d'Avignon. Le 4 décembre 1790, il devint président du tribunal de Montélimar, position qu'il n'occupa en fait qu'après la dissolution de l'Assemblée constituante, mais ses compatriotes ne l'en appelèrent pas moins à la présidence de la "Société des Amis de la Liberté et de l'Égalité" de Montélimar"[12], club qui regroupa dans la suite les "enragés" de la ville, ce qui lui valut quelque inquiétude lors de la réaction thermidorienne[13]. Il en céda la présidence, le 23 février 1794, à Louis Pellapra[14]. Le 8 brumaire an IV, le Conseil des Cinq-Cents ne l'en comprenait pas moins parmi ses candidats pour l'élection des membres du Directoire. Le 8 avril 1800, Bonaparte, premier consul, le nomma premier adjoint au maire de Montélimar, place qu'il abandonna à la fin de la même année, conjointement avec le maire, M. de Saulces de Freycinet, pour protester contre l'énormité des impôts. Il était également, depuis le 1er juin 1800 (12 prairial an VIII), commissaire du gouvernement près le tribunal de Montélimar. En 1803, il présidait l'assemblée du canton et était membre du conseil d'arrondissement[15]. Il fut enfin, sous l'Empire, procureur impérial auprès du tribunal de première instance de Montélimar.

Sa maison de la rue Montant-au-château, où il mourut le 29 novembre 1809 et que l'on peut encore voir aujourd'hui, à l'angle de la place aux Herbes, avait été restaurée par ses soins. Il l'avait enrichie de meubles et objets achetés à Paris lors de sa députation. La cage d'escalier, carrée et très claire, dans le goût du XVIIIe siècle finissant, est ornée d'une noble et belle rampe en fer forgé. Elle mène au grand salon, situé au premier étage, où se trouve une admirable cheminée régence en marqueterie de marbre, laquelle provient du château de Grignan[16]. De son mariage avec Élisabeth Nicolas du Roure, Jean-Louis Cheynet avait eu trois enfants, un garçon et deux filles. Depuis 1989, une place de sa ville de Montélimar commémore son souvenir et en 2006, une plaque a été apposée sur sa demeure par M. Franck Reynier, maire de Montélimar.

Notes et références

  1. Archives Municipales de Montélimar, registres paroissiaux de la collégiale Sainte-Croix.
  2. Archives Municipales de la ville de Lyon, Almanachs royaux de la ville de Lyon [1732-1762], Liste de académiciens, comprenant la date de leur entrée à l'Académie.
  3. Léon Vallas, Un siècle de musique et de théâtre à Lyon [1688-1789], Lyon, 1932.
  4. Baron de Coston, Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville, tome III, p. 446.
  5. Archives Municipales de Montélimar, registres paroissiaux de la collégiale Sainte-Croix. Chacune des deux familles, Nicolas et Laurans, donnera un maire à la ville de Montélimar au XIXe siècle.
  6. Les deux familles, Faujas et Cheynet, étaient en fait proches parentes, Louis Cheynet (1697-1774), oncle du député - moulinier en soie et l'un des premiers industriels de Montélimar, consul de Montélimar en 1763, dont le nom est inscrit sur la Porte Saint-Martin, édifiée en cette même année 1763 à l'est de la ville -, ayant épousé en 1721 Claudine Faujas, tante du naturaliste. En 1724, avec la permission du roi Louis XV, Louis Cheynet avait acquis de Guy Pape, marquis de Saint-Auban, la maison dite « de Diane de Poitiers » située à Montélimar, face à l'hôtel de ville. Cette demeure Renaissance est restée dans la descendance de la famille Cheynet jusqu'à l'aube du XXIe siècle, passant successivement, par mariage, aux Rivière de Nocaze puis aux Rousset et Rousset de Pina de Saint-Didier (Cf. Marc Cheynet de Beaupré, Notice sur Jean-Louis Cheynet et sa famille, « Héraldique et Généalogie » n° 108, Septembre-octobre 1988, p. 259).
  7. Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788 et 1789, Paris, Librairie Armand Colin, 1931, tome I, pp. 403-404.
  8. Baron de Coston, Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville, tome IV, p. 14.
  9. Ibid., p. 19.
  10. Edna Hindie Lemay, Dictionnaire des Constituants, Paris, "Universitas", 1991, p. 208.
  11. A. Brette, Le Serment du Jeu de Paume, planche II, p. 12.
  12. J. Brun-Durand, Dictionaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme, Grenoble, Librairie Dauphinoise, 1900, deux volumes in 4°, tome I, p. 186.
  13. Baron de Coston, Histoire de Montélimar et des principales familles qui ont habité cette ville, tome IV, p. 320.
  14. Ibid., tome IV, p. 231.
  15. Grands notables du Premier Empire, Drôme, Éditions du C.N.R.S., 1980, notice concernant Jean-Louis Cheynet, p. 190.
  16. Marc Cheynet de Beaupré, Notice sur Jean-Louis Cheynet et sa famille, Héraldique et Généalogie n° 108, Septembre-octobre 1988, pp. 258-262.
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