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Jean-Baptiste Doumeng
Jean-Baptiste Doumeng (1919-1987), né à Lavernose-Lacasse Haute-Garonne, est un homme d'affaires français (groupe Interagra) et communiste surnommé "le Milliardaire rouge".
Sommaire
Biographie
Ce tout petit paysan de Noé, un village de Haute-Garonne, adhéra au Parti communiste français à seize ans et lui resta fidèle jusqu’à sa mort. Il devint un des plus grands patrons de l’agroalimentaire mondial.
Son allure d'homme fruste et simple aurait masqué une vaste et fine culture d’autodidacte curieux de tout, qui souffrait de n’avoir pas pu poursuivre ses études. Ses diatribes contre les intellectuels et les diplômés étaient l’affirmation d’une revanche. Louis Althusser comptait parmi ses proches. Ils dînaient en tête à tête deux ou trois fois par an, et la philosophie était au menu.
Sa « foi terrestre » fut aussi essentielle que la fidélité à ses origines. Il répétait : « Si je n’étais pas communiste, je ne serais plus rien. » A Michel Poniatowski, qui l’interrogeait sur ses convictions, ce militant d’un genre particulier répondit : « Mon jugement sur l’application soviétique du marxisme a beau être dur, je demeure fondamentalement communiste. De raison et de cœur. Je pense aussi qu’il est bon et nécessaire qu’en régime capitaliste il y ait des gens pour se poser en défenseurs des plus faibles et des plus démunis. Cela dit, je conçois à présent fort bien qu’un homme de droite, capitaliste de surcroît, puisse se montrer férocement anticommuniste. »
Cet "homme d’honneur", selon certains, était au service des relations commerciales de la France avec d’autres pays.
Lui rendant hommage lors de ses obsèques, Gaston Plissonnier trouva les mots justes : « Ce vétéran du Parti, qui a passé toutes les tempêtes, était surtout un homme passionné. Passionné par la vie paysanne, passionné par l’intérêt national (...). Avant tout profondément bon, il savait écouter les autres. Cet homme d’honneur ne participait pas à l’activité organisationnelle du Parti. Il était au service des relations commerciales de la France avec d’autres pays, un dirigeant international du mouvement coopératif. » "Jean", comme l’appelait les siens, soulignait lui-même : « Je préfère agir pour la convergence économique internationale, qui me sélectionne pour une activité particulière, plutôt que d’assumer une tâche de propagande, disons le mot, dans un milieu condamné à rester témoin. »
Dans son ouvrage, René Mauriès fait litière des ragots sur le prétendu banquier occulte du PCF. « Son étiquette communiste était devenue indispensable à son image de marque (...). Mais, sans nul doute, il dépensa finalement plus d’argent dans des engagements plus ou moins heureux : football, cinéma, immobilier notamment, que pour sa foi politique. » Ne pas oublier aussi les fêtes de "La Belle Gaillarde" de Noé qu'il a soutenues matériellement. Il faisait table ouverte et accueillait des artistes de "sensibilité" communiste; par exemple Fernand Raynaud qui, quelques temps plus tard, créa le personnage de Crésus [:" Je suis qu'un pôvrrre paysan..."][1],dans lequel on peut reconnaitre notre "sympathique milliardaire rouge". Les témoignages abondent :
- « L’un des plus grands businessmen du monde, doublé d’un homme foncièrement bon », juge un de ses principaux concurrents, l’éleveur américain Franck Seckler.
- Ancien vice-président de la Chambre de commerce franco-soviétique, Evgueni Golanov renchérit : « Il était un très grand commerçant. »
Jean-Baptiste Doumeng était aussi un « messager Est-Ouest », « agent de liaison secret entre l’Elysée et le Kremlin », de De Gaulle à Francois Mitterrand. Selon Jacques Attali cité par Mauriès : « Il nous serait, aujourd’hui, plus utile que jamais et nous fait bigrement défaut ».
Ancien conseiller de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République, François de Combret assure : « Politiquement, il était, bien avant l’heure, le Gorbatchev français. » L’ancien chef d’État de l’ex-URSS était encore en fonctions quand il souligna dans une courte préface son amitié vieille de vingt ans pour le défunt. René Mauries pense que le président de la firme Interagra s’était fait « l’imprésario de Gorbatchev en Occident ». Il le présente même comme un conseiller de la perestroïka, lucide sur le blocage de l’économie soviétique.
Un grand échec : celui du projet de « pain mondial » afin de lutter contre la famine en Afrique.
Voir aussi
Livres
- René Mauriès, préface de Mikhaïl Gorbatchev, Jean-Baptiste Doumeng : le grand absent, Toulouse, Milan, coll. Les gens d'ici, 1992 ISBN 2-86726-800-1
- Serge Coumont, La balade de J.B.D. le milliardaire rouge, éditions Atlantica, 2006
Liens externes
- Article sur Jean-Baptiste Doumeng sur russomania.com
- Le révolté de Noé Article paru dans L'Humanité le 25 juin 1992
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