Jacques Coictier

Jacques Coictier

Jacques Coitier

Jacques Coitier

Jacques Coitier est né vers 1430 à Poligny, en Franche-Comté, et est mort le 22 octobre 1506 à Paris. Il fut premier médecin de Louis XI et aussi président de la Chambre des comptes.

Son nom a été diversement orthographié, le plus souvent Coictier[1], mais aussi Coittier, Cotier, Coytier ou Coctier. C'est l'analyse approfondie de ses signatures par Achille Chereau qui a permis de la fixer en Coitier, nom sous lequel il est le plus souvent cité dans les annales médicales.

Sommaire

Biographie

Des origines incertaines

On ne sait presque rien de la naissance de Jacques Coitier, sinon qu'elle eut lieu vers 1430 à Poligny, petite ville du Comté de Bourgogne. De même, on connaît peu de choses de son enfance dans un milieu bourgeois et de ses études. Quelle faculté lui délivra son titre de docteur ? Les recherches effectuées à la Faculté de médecine de Paris ainsi qu'à celle de Montpellier sont restées vaines. On peut éventuellement envisager la Faculté de Dole, comtoise, mais son premier client attitré ayant été Philippe de Bresse, fils du duc de Savoie Louis Ier et beau-frère de Louis XI, incarcéré à Loches de 1463 à 1466, il est aussi possible qu'il ait fait ses études en Italie, peut-être à Turin[2]. On peut alors penser que c'est à cette occasion qu'il fut remarqué par Louis XI. C'est en tous cas à cette époque qu'il l'engagea comme médecin personnel pour 400 livres tournois par an.

Le médecin de Louis XI

L'ascension du médecin dans les faveurs du roi fut rapide et son emprise sur le souverain dura pendant les dix-sept ans qui suivirent, jusqu'au décès de Louis XI le 30 août 1483. Outre ses indéniables talents médicaux, le docteur Coitier sût trouver la faille de son protecteur, notoirement connu pour son caractère hypocondriaque et sa superstition. Il sut le convaincre que sa santé était précaire et que lui seul pouvait le maintenir à l'abri d'une mort précoce. Si l'on en croit Philippe de Commines, il traitait sans ménagement son royal patient :

« Il avoit son médecin, appellé maistre Jacques Coctier, à qui, en cinq mois, il donna cinquante quatre mil escus comptans (qui estoit à la raison de dix mil escus le mois) et l'évesché d'Amyens pour son neveu, et autres offices et terres pour luy, et pour ses amys. Ledit médecin luy estoit si bien rude, que l'on ne diroit point à un valet les outrageuses et rudes paroles qu'il luy disoit, et si le craignoit tant ledit seigneur, qu'il ne l'eust osé renvoyer hors d'avec luy, et si s'en plaignoit à ceux à qui il parloit; mais il ne l'eust osé changer comme il faisoit tous autres serviteurs, parce que ledit médecin luy disoit audacieusement ces mots : "Je scays bien qu'un matin vous m'envoyerez comme tant d'autres, mais par la... (un grand serment qu'il juroit), vous ne vivrez point huit jours après." De ce mot-là s'espouventoit tant qu'après ne faisoit que flatter[3]. »

Ce qui fit écrire à Voltaire ce jugement aussi abrupt que définitif :

« L'impudent charlatanisme du médecin était aussi grand que l'imbécillité de Louis XI et son imbécillité était égale à sa tyrannie. »

Les faveurs royales

Blason de Jacques Coitier : d'or à l'abricotier de sinople

Si ces connaissances médicales sont attestées par une vingtaine de lettres qui lui furent envoyées, il sut tirer d'immenses profits de sa situation auprès du roi mais aussi de beaucoup d'autres ; Louis XI le couvrant d'or, de titres et d'honneurs à chaque occasion. La première faveur royale fut sa naturalisation accordée par une ordonnance en août 1473 :

« Louis XI, par la grâce de Dieu, roi de France. Savoir faisons à tous, présent et avenir. Nous avons reçu l'humble supplication de notre ami et féal conseiller et médecin ordinaire, Maître Jacques de Coitier, écuyer, docteur en médecine, natif de Poligny au comté de Bourgogne, compte tenu qu'il est venu depuis demeurer en notre royaume auquel il s'est depuis tenu et vit encore à notre service, y a acquis des biens, en espérant d'y faire sa résidence toute sa vie. »

Suivirent sa nomination comme clerc à la Chambre des comptes (30 septembre 1476), son anoblissement (14 juillet 1478), la vice-présidence de ladite Chambre (1480) [4], la charge de bailli et concierge du Palais (septembre 1482)[5], puis, enfin, sa nomination à la présidence à cette Chambre des comptes (17 octobre 1482) après en avoir fait destituer son prédécesseur, Jean de la Drièche. En outre, il reçut la châtellenie de Rouvres[6], domaine des derniers ducs de Bourgogne, (mai 1482), les châtellenies de Saint-Germain-en-Laye, Poissy, Triel et Saint-James (septembre 1482), celles de Grimont et de Poligny (novembre 1482). Toujours en novembre 1482, il reçut la clergie et le greffe du bailliage d'Aval. Il reçut encore, en Bourgogne, les châtellenies de Saint-Jean-de-Losne et de Brazey (février 1483)... Au regard des dates, on s'aperçoit que la plus grande partie de ces bénéfices ont été accordés dans les derniers mois de la vie du souverain, alors qu'il était déjà gravement malade.

Après Louis XI

A la mort de Louis XI (30 août 1483), qu'il assista jusqu'au dernier moment, Jacques Coitier était si riche qu'il put prêter à Charles VIII 23 100 livres tournois. Ce dernier le rétrograda cependant au titre de vice-président de la Chambre des comptes mais lui conserva ses autres titres et possessions en lui reconnaissant :

« Les grands et agréables services que Maitres Jacques de Coitier a fait a feu notre seigneur et père, durant sa maladie, en grande cure, peine, travail et assiduité de sa personne, de jour et de nuit. »

A son tour, Louis XII lui conserva les mêmes avantages.

Jacques Coitier acquit en 1482, de ses propres deniers cette fois, la seigneurie d'Aulnay et un terrain à Paris, rue Saint-André-des-Arts, où il fit construire la maison où il se retira en 1490. Il y mourut le 22 octobre 1506 et fut inhumé en l'église Saint-André-des-Arts, dans la chapelle dédiée à Saint Nicolas qu'il avait fait ériger.

Bibliographie

  • Mémoires de Philippe de Commines in Mémoires pour servir à l'histoire de France, Michaud et Poujalat, Paris, 1837
  • Nouvelle Biographie Générale, t.11, Firmin Didot, 1855, pp. 86-89
  • Masson et Asselin, Dictionnaire Encyclopédique des Sciences Médicales, t. 18, 1876, pp 717-718
  • Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine, n°11, 1912, pp 315/322
  • Aron (Émile), Louis XI et ses guérisseurs, CLD, 1983
  • Victor Advielle, "Discussion historique sur le véritable lieu de naissance de Jacques Coitier, médecin du roi Louis XI", H. Damelet, 1865

Notes et références

  1. Orthographe employée notamment par Victor Hugo dans son roman Notre-Dame de Paris.
  2. Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine, n°11, 1912, pp 315/322.
  3. Philippe de Commines, Mémoire des faits du feu roy Louis onziesme, livre sixième, chapitre 11.
  4. Fonction crée spécialement pour lui avec dispense d'en assumer les obligations tout en conservant les revenus.
  5. Place qui lui rapportait 1200 livres tournois sans compter les revenus locatifs des échoppes qui entouraient la cour du Palais
  6. Aujourd'hui, Rouvres-en-Plaine, en Côte-d'Or.
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