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Jacques-André Naigeon
Pour les articles homonymes, voir Naigeon.Jacques-André Naigeon, né le 15 juillet 1738 à Paris, où il est mort le 28 février 1810, est un homme de lettres et philosophe français.
Ayant commencé par être dessinateur, sculpteur et peintre, Naigeon se lia de très bonne heure avec Diderot, dont il devint le disciple, l’admirateur et l’imitateur. « Il est, disait La Harpe, qui ne l’aimait pas, le singe de Diderot, dont il répète sans cesse les conversations, comme il copie son ton et ses manières… Il joint à la gravité d’un savant la coiffure d’un petit-maître, et les précautions d’une mauvaise santé avec l’apparence de la force. »
À l’école de Denis Diderot, l’ancien apprenti de Lemoyne et de Vanloo sentit s’éveiller en lui le goût de la littérature et de la philosophie. Avant d’écrire et de publier des livres pour son propre compte, Naigeon en publia pour le compte d’autrui. Familier de la maison d’Holbach et de l’officine philosophique qui s’y tenait, il avait pour emploi de revoir les manuscrits du baron, d’en augmenter la dose d’athéisme, quand il ne la trouvait pas suffisante, puis de les faire recopier et imprimer. Prudent, le baron d’Holbach ne voulait pas que son écriture fût livrée à aucun éditeur ; et ses manuscrits, quoique fort lisibles, étaient tous recopiés avant de passer à l’imprimerie. Le copiste de ces écrits, dont l’auteur n’osait pas s’avouer, n’était autre que le frère de Naigeon, alors contrôleur des vivres à Sedan. Le contrôleur venait chaque année passer six mois de congé à Paris, et il y transcrivait les manuscrits du baron, qui de là passaient chez l’éditeur et chez l’imprimeur. C’est ainsi que furent préparées et disposées pour la publication la plupart des productions philosophiques du baron d’Holbach, et en particulier son Système de la nature, qui parut sous le pseudonyme de feu Mirabaud.
Plus tard, ce sont ses propres œuvres que publia Naigeon. Agréé, comme disciple de d’Holbach et de Diderot, dans le groupe des philosophes et des encyclopédistes, il prend une part active, à côté de ses maîtres, à cette guerre sans relâche, dirigée non seulement contre les dogmes, les mystères et les rites de la religion révélée, mais encore contre les principes essentiels de la religion naturelle, tels que l’existence de Dieu, la Providence, les peines et les récompenses à venir, l’immatérialité et l’immortalité de l’âme, le libre arbitre.
Chargé de la partie philosophique de l’Encyclopédie méthodique, Naigeon y prêcha le fatalisme, le matérialisme, l’athéisme, notamment dans les articles consacrés à Collins, à Campanella, à Vanini et au curé Meslier. Il trouva pourtant mauvais, à une époque où il voulait devenir membre du Corps législatif, en 1804, que Sylvain Maréchal et Lalande lui eussent donné place dans leur Dictionnaire des Athées. À défaut du Corps législatif, Naigeon devint membre de l’Institut de France en 1795, section de morale de la classe des sciences morales et politiques où il joua entièrement passif.
Naigeon laissa à sa mort, dit Damiron, « la réputation que l’on sait, mais en même temps, comme homme, des souvenirs de probité, de droiture, de franchise, non sans grande rudesse, de simplicité de mœurs, de goûts sérieux et studieux, dont il faut lui tenir compte, afin de décharger sa mémoire, au moins pour une part, de la fâcheuse célébrité qui pèse, pour une autre part, sur elle. »
Voyant successivement se relever en France tout ce qu’il avait combattu autrefois, ses dernières années avaient été tristes et sombres. Avec l’âge étaient venues la solitude, la maladie, et sinon le dénuement, au moins la gêne, qui le força à se séparer de la belle et riche bibliothèque qu’il avait formée avec tant d’amour et de soin.
Œuvres
- Le Militaire philosophe (1768) ;
- Dictionnaire de philosophie ancienne et moderne (1791) ;
- Mémoire sur la vie et les œuvres de Diderot (1832).
II a en outre donné une collection des Moralistes anciens et a publié plusieurs opuscules de d'Holbach.
On doit à Jean Philibert Damiron un Mémoire sur Naigeon en 1857.
Sources
- Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 37, Paris, Firmin-Didot, 1863, p. 133-8.
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