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Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert
Pour les articles homonymes, voir Guibert.Jacques-Antoine-Hippolyte, comte de Guibert, né le 12 novembre 1743 à Montauban et mort le 6 mai 1790 à Paris, est un général et auteur militaire français.
Sommaire
Biographie
Guibert entre en 1756, à l'âge de treize ans, au régiment d'Auvergne avec le grade de lieutenant. Il est capitaine en 1758 et prend part à la guerre de Sept Ans. Il y accompagnait son père, Charles-Benoît, comte de Guibert (1715-1786), chef de camp du maréchal de Broglie. Son père, d'extraction modeste et officier de fortune, parvient au grade de lieutenant général et aux fonctions de gouverneur des Invalides en 1786. Il est décoré de la Croix de Saint-Louis lors des opérations en Corse. À l’issue de la campagne, il est nommé colonel et reçoit le commandement de la Légion corse qui vient d'être créée. En 1773, lors d'un voyage en Allemagne, Frédéric II le Grand reconnaît en lui un grand tacticien avec lequel il converse souvent sur les question militaires. Toulongeon publie son Journal d'un voyage en Allemagne en 1803. Sa Défense du système de guerre moderne, une réponse aux critiques mettait en lumière les méthodes de défense raisonnée et scientifique utilisées par l'armée prussienne. Ce fut la base de son travail lorsqu'en 1775 il coopéra avec le comte de Saint-Germain dans une série de réformes nécessaires et probantes de l'armée française, notamment du règlement d'exercice et de manœuvre de 1776.
En 1777, à la disgrâce de Saint-Germain, Guibert est également éloigné du ministère, et il reçoit le commandement du régiment de Neustrie. Dans cette semi-retraite, il défend vigoureusement son ancien chef Saint-Germain contre ses détracteurs. Il est élu à l'Académie française le 15 décembre 1785, et est reçu par le marquis de Saint-Lambert le 13 février 1786. À la veille de la Révolution, il est rappelé au conseil de l'administration de la guerre en 1787 dont il est la cheville ouvrière. Mais il est devenu à son tour l'objet d'attaques : les réformes qu'il introduit le rendent très impopulaire, au point qu'il est hué et obligé de quitter l'assemblée de la noblesse du bailliage de Bourges en janvier 1789. Il est mort, pratiquement de déception, le 6 mai 1790, âgé de 47 ans seulement. L'œuvre de Guibert a eu une grande influence sur les conceptions militaires de Napoléon, qui avait lu et médité ses écrits.
Écrits
En 1770, il publia à Londres Essai général de tactique qui fut un succès en Angleterre et en Allemagne et fut même traduit en persan. De ce travail, on peut dire que c'était l'un des meilleurs essais sur la guerre qui fut produit par un soldat durant cette période. Il fut abondamment commenté dans les salons jusqu'en 1871. Indépendamment des questions techniques, son point de vue éclairé fut largement repris à travers toute l'Europe, spécialement dans la période 1763-1792. Il présentait ainsi la révolution imminente dans l'art de la guerre, une révolution que les tacticiens, eux-mêmes, n'avaient pas vu venir comme le service militaire. Une prévision accomplie presque à la lettre vingt ans après la mort de Guibert.
Auteur dramatique médiocre, il a néanmoins laissé des éloges, entre autres ceux de Julie de Lespinasse et du roi de Prusse. Le triste sort de sa pièce le Connétable de Bourbon, écrite en 1775, était le point prépondérant dans le refus de Guibert de faire jouer ses autres tragédies: Les Gracques et Anne de Boleyn. La réception paradoxale de Connétable de Bourbon démontre l'hiatus qui sépare l'esthétique mondaine des salons de celle qui concerne la sphère de la Cour de Louis XVI. En fait, cette œuvre a d'abord connu un grand succès dans les salons de l'époque et fut même vantée auprès de la reine Marie-Antoinette, qui a fini par la soutenir et la faire jouer à la Cour où elle tomba.
Principales publications
- Essai général de tactique, précédé d'un discours sur l'état actuel de la politique et de la science militaire en Europe ; avec le plan d'un ouvrage intitulé : La France politique et militaire (1770, 1772) Réédition : 2004.
- Éloge du maréchal de Catinat (1775) Réédition : 1978.
- Observations sur la constitution militaire et politique des armées de S. M. prussienne, avec quelques anecdotes de la vie privée de ce monarque (1777)
- Éloge historique de Michel de L'Hospital, chancelier de France (1777) Réédition : 1978.
- Défense du système de guerre moderne, ou réfutation complète du système de M. de M... D... (1779)
- Le Connétable de Bourbon, tragédie en 5 actes (1785)
- Éloge du roi de Prusse (1787) Réédition : 1978.
- De la Force publique considérée dans tous ses rapports (1790)
- Journal d'un voyage militaire fait en Prusse dans l'année 1787 (1790)
- Journal d'un voyage en Allemagne fait en 1773 par G.-A.-H. Guibert, ouvrage posthume publié par sa veuve et précédé d'une notice historique sur la vie de l'auteur (2 volumes, 1803)
- Œuvres militaires de Guibert, publiées par sa veuve sur les manuscrits et d'après les corrections de l'auteur (5 volumes, 1803)
- Voyages de Guibert dans diverses parties de la France et en Suisse, faits en 1775, 1778, 1784 et 1785, ouvrage posthume publié par sa veuve (1806)
- Œuvres dramatiques de Guibert, publiées par sa veuve sur les manuscrits et d'après les corrections de l'auteur (1822)
- Écrits militaires : 1772-1790 (1977)
Référence
- Ethel Groffier, Le Stratège des Lumières : Le comte de Guibert (1743-1790), Honoré Champion, Paris, 2005 (ISBN 2745311166)
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