Jacky Imbert

Jacky Imbert
Jacques Imbert
Surnom Jacky Le Mat
Le Matou
Le Pacha
L'immortel
Naissance 30 décembre 1929
Toulouse (France)
Nationalité Drapeau de la France Française,
Profession -Militaire (tirailleurs sénégalais)
- Entraineur et driver en trot attelé
- Cascadeur
- Chargé de communication de la discothèque Le Bus Palladium
-Directeur du chantier naval du Frioul
Famille Christine Imbert (épouse), Jean-Louis Imbert (fils)
Compléments
Champion de France 1973 en trot attelé

Jacques Imbert, né le 30 décembre 1929[1], dit Jacky Le Mat (« le fou » en provençal) alias le Pacha, alias le Matou.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Jacques Imbert est né le 30 décembre 1929 à Toulouse[2], d'un père ouvrier dans l'aéronautique et passionné d'opéra. En 1947, il fait un court passage en prison pour avoir frappé l'amant de sa belle-mère, dans un bar de Montpellier[3]. Il est condamné à 5 ans de prison. Il ne fait que deux ans suite à sa collaboration. À propos de sa condamnation, il déclarera des années plus tard : « La première vraie connerie de ma vie, j'avais tapé un peu trop fort sur l'amant de ma belle-mère. J'ai pris cinq ans ! La prison, c'est l'endroit où j'ai rencontré le plus grand nombre d'enfoirés. Un ramassis de minables, de ratés. Mais je me suis trouvé en cellule avec un vrai dur. Je me suis dit : "C'est ça, ma voie" »[1]. Ce "dur" en question est Gustave Méla dit « Gu le Terrible ». Il décide de prendre le surnom de Jacky le Mat. Cela signifie le fondu ou le fou, dans l'argot de l'époque. En 1948, il passe 4 ans dans le 15e régiment de tirailleurs sénégalais à Oran, en Algérie. Il est réformé pour caractère incompatible avec les règlements militaires.

Les années avec « les Trois Canards »

Au début des années 1950, il est présenté à la la Bande des Trois Canards, du nom de leur cabaret à Paris[3]. Cette bande est spécialisée dans le casse et le braquage, mais surtout le racket. L'endroit est aussi connu pour sa cave où les personnes rétives au racket sont travaillées à la moyen-âgeuse. Sauf que dans les faits, aucune cave n'a jamais été retrouvée. Est-ce une légende urbaine ou a t-elle été rebouchée ? Nul ne le sait. En 1958, c'est au sein de cette bande, essentiellement formée d'Italiens de Marseille, qu'il rencontre un autre futur caïd marseillais: Tany Zampa. Les deux hommes se lient d'amitié. Les Trois Canards : c'est aussi Marius Bertella, Gégène le Manchot et Gaétan Alboréo. C'est parmi eux que le jeune Jacques Imbert apprend les ficelles du métier. Il devient un élément central de l'équipe grâce à son sang-froid et sa détermination d'expert.

La vie du Mat, à cette époque, se résume à une accumulation de sensations fortes. Lorsqu'il travaille, il est cascadeur, expert en conduite automobile. Il participe à des courses automobiles sur les quais du Vieux Port[1] aime faire des dérapages contrôlés sur la Place de la Concorde à Paris et relève toutes sortes de défis. Comme le jour où il traverse un bras de mer au large de Marseille, du Canal du Rove à la Pointe Rouge, les deux points les plus éloignés de Marseille[1]. Il flambe et passe pour être un homme à femmes, deux mariages et six maîtresses. En 1961, la police le coince pour proxénétisme. Il est condamné à 6 mois de prison à Oran dans cette affaire qui implique aussi Raymond Infantes, le baron des bordels d'Oran. Ce dernier fait jouer ses réseaux pour échapper à la prison, en oubliant "Le Mat", qui ne lui pardonnera pas[4].

Certains actes permettent à Jacques Imbert d'asseoir sa réputation d'homme dangereux. Quelques mois après, il enlève Infantes[3]. Ce dernier tente de résister. Le Mat, à bord d'un avion Cessna qu'il conduit lui-même, traverse la Méditerranée de nuit, kidnappe le pied-noir, le ramène, le torture et le somme de payer une rançon en échange de sa liberté. Effrayé, Infantes se soumettra. C'est ce magot qui aurait permis au Mat de s'installer à Marseille[4]. Après la connaissance de Zampa, Le Mat, tout en restant dans les Trois Canards, se met à faire des affaires à Marseille. Il crée sa propre équipe de vingt truands, qui sont sous ses ordres. Chef de bande incontesté, il évolue sous la houlette de Zampa mais reste indépendant vis-à-vis de lui. Le 14 avril 1963, un caïd des jeux parisiens, Jean-Baptiste Andréani reçoit deux coups de fusil de chasse tirés par Le Mat, il survivra. Le mobile de la tentative de meurtre n'est pas bien défini. Peut-être que ce dernier refusait de se soumettre au racket imposé par les Trois Canards de 500 000 nouveaux francs, ou bien était-ce un contrat de son rival, Marcel Francisci.

La Bande des Trois Canards se sépare vers 1965. Le 23 juin 1967, Antoine Guérini est assassiné, sûrement par Le Mat pour le compte de Tany Zampa qui est toujours son patron. Cet acte est largement soutenu par une grande partie du Milieu, qui n'a pas accepté l'assassinat de Robert Blémant par le clan Guérini. La vieille génération laisse place à la nouvelle.

En 1968, Le Mat est fiché au grand banditisme sous le matricule 909/68[2].

Jacques Imbert dans le monde hippique et le Show-Business

La même année, il change d'orientation de carrière et il devient entraineur. Il a en charge les chevaux du maître incontesté du trot attelé des années 1970, Pierre-Désiré Allaire, qui connaîtra des ennuis d'ordre judiciaire. Il fonde un haras avec Alain Delon et Mireille Darc à Aix-en-Provence[3]. L'acteur, sur les conseils de son mentor se porte acquéreur d'une quinzaine de pur-sangs avec comme co-propriétaire Pierre-Désiré Allaire et Imbert comme entraineur. Par la suite, il devient jockey professionnel en trot attelé avec un palmarès de 29 victoires. Imbert gagne le prestigieux Prix de la Côte d'Azur. En 1973, Il devient champion de France. Mais un nouveau scandale éclate, le 9 décembre 1973, un groupe de parieurs a misé ce jour-là sur la combinaison Toulois, Right Ho, Bodensee, soit le 3, 1, 14 dans le prix Bride Abattue. Trois semi-toquards. Stupeur, ils gagnent une somme colossale, cinq millions et demi de francs. Parmi les gagnants, qui sont au nombre de 22, Jacques Imbert. Résultat, 14 jockeys sont inquiétés, dont Pierre Costes, cravache d'or 1973. Son fils, Jean-Louis Imbert, jockey, est radié à vie. Imbert subit le même sort quelques années plus tard. Sa fiche d'interdiction porte le numéro C.75.46. qui a pris effet le 24 mai 1977. Elle le fait renvoyer du monde hippique, avec une interdiction formelle, à vie, d'approcher d'un champ de course[5]. Sans effet notoire car les tribunes du Parc Borelly se sont vues honorées de sa présence après sa tentative d'assassinat en 1977. Parallèlement, il évolue aussi, toujours dans le sillage d'Alain Delon, dans le show-business[1].

Rivalité avec le clan Zampa

Après cette parenthèse de quelques années, Le Mat revient aux affaires. Il devient de plus en plus indépendant vis-à-vis de Tany Zampa, véritable et unique parrain du Marseille, notamment au niveau du racket. Jusqu'au litige, en 1977, le clan du Mat rackette le même client que le clan Zampa, pour un montant de 8 millions de francs. En effet, Zampa n'aurait pas supporté que l'un de ses amis, un Arménien qui protégeait un homme d'affaires israélite, Sammy Flatto, se soit fait "casser la baraque" par un concurrent qu'il avait désigné comme étant « Le Mat ». Il fallait en avoir le cœur net. Sommé de s'expliquer sur cette ténébreuse affaire, Imbert aurait préféré se cacher de prendre du champ en voyant qu'on avait érigé une sorte de tribunal dont la sentence risquait de lui être défavorable. De plus, Imbert et Zampa, ainsi que beaucoup du milieu de l'époque, s'opposent pour le contrôle des casinos de Nice. Mais la sentence ne se fait pas attendre[6].

Le 1er février 1977, Jacques Imbert est laissé pour mort sur le parking de sa résidence Les Trois Caravelles, à Cassis (Bouches-du-Rhône), flingué par 3 hommes[7],[3]. À ce sujet, il déclare :« C'était le 1er février, le soir. J'étais allé faire une belote et je rentrais chez moi, à Cassis. J'ai garé la voiture, une BMW orange qu'on m'avait prêtée, sur le parking de la résidence. Au moment où j'ai ouvert la portière, ils ont commencé à tirer. C'est là où ils ont fait une erreur. Quant on veut descendre quelqu'un, on attend qu'il soit sorti de la voiture... Ils étaient trois, avec des cagoules. L'un des types s'est approché pour m'achever, tout près, il a braqué son fusil vers moi. Je me suis jeté en arrière pour l'éviter, et en levant la jambe, j'ai dévié la trajectoire de l'arme. Il a voulu recharger mais là, le fusil s'est enrayé et ils se sont enfuis ». Il se pourrait que c'eut été Tany Zampa, Gaby Reggazy et Bimbo Roche. Au moment de l'achever, l'un d'eux, présumément Zampa, lance: « Une salope pareille ne vaut pas le coup de grâce, laisse-le crever comme un chien ». Véritable miraculé, Le Mat survivra. À l'hôpital de la Timone à Marseille, les médecins lui retireront 22 projectiles (7 balles de 11.43 et 15 plombs de chevrotine)[8]. De cette altercation, il restera handicapé de la main droite. Plus tard, Le Monde écrira à ce sujet: « Rien de grave, il apprit à tirer de la gauche ».

Durant ses trois mois de rétablissement, où il change de chambre tous les jours, il est supposé mettre au point sa vengeance. Des rumeurs circulent, à ce sujet, Jacques Imbert déclare: « Je crois en la justice divine. Je n'ai jamais su qui étaient ceux qui m'ont tiré dessus, mais la rumeur a désigné des coupables. Ils sont morts quelque temps plus tard »[1]. Les hostilités commencent, le 3 mars 1977, avec l'assassinat de Gaby Reggazi, qui se rend sur la tombe de son fils tué dans un accident de moto[8]. Le 4, c'est un proche du Mat qui tombe. Le 30 juillet, Bimbo Roche meurt, abattu au volant de sa Mercedes, sur la route de la Corniche. Il est ensuite suivi de Jean-Claude Regazzi, neveu de Gaby, assassiné de 30 balles de mitraillettes. En novembre 1977, Le Mat est arrêté par la police à proximité du domicile de Tany Zampa. Il est condamné à 18 mois et il est incarcéré durant 6 mois pour port d'armes prohibées. Durant son incarcération, 8 hommes des deux clans mourront, dont Serge Cassone, fils spirituel de Jacky et frère de Roland Cassone[9], ainsi que Jean-René Reggazi. À sa sortie de prison. Il est censé avoir amassé des sommes telles qu'elles seront réinvesties dans l'immobilier dans les Caraïbes, la Floride et l'Italie. Membre du Yacht Club de France, il s'essaiera au Yachting avec l'achat d'un voilier, « Le Kallisté ».

En juillet 1984, Tany Zampa, incarcéré, se suicide. Le Mat de crainte et de peur que le clan déchu de Zampa et ses lieutenants ne cherchent à récupérer leur puissance perdue. Le Mat et Francis Le Belge, qui sont amis et alliés pour l'occasion, décident de les éliminer un à un. Entre avril 1985 et février 1987, une douzaine d'ex-lieutenants de Zampa tomberont, le dernier étant Gérard Vigier, assassiné à Toulouse. Le reste du Milieu reste à l'écart de ce nettoyage méthodique.

Le Mat : retraité du show-business ?

Archipels du Frioul

Après cette période mouvementée, Jacques Imbert semble mener une vie rangée entre Paris et Marseille. En 1974, il devient attaché de presse officiel du Bus Palladium, une discothèque tenue par son ami Richard Erman. Dans les années 1980, il s'installe à Neuilly, près de Paris. Après le Bus Palladium, il travaille dans une parfumerie de la Place Vendôme[10]. Mais il semblerait qu'il ait prêté main-forte à son ami Francis Le Belge durant la sanglante guerre des boîtes, qui dura de 1989 à 1994. La justice le plaça en détention provisoire de novembre 1993 à 1995. Mais il est libéré, faute de preuves. Pour l'anecdote, durant son incarcération, il avait placé un écriteau « Ne Pas Déranger » sur la porte de sa cellule.

En 1993, au Nouvel Observateur au sujet de la guerre des boîtes, il déclare: « Les flics sont toujours venus me chercher pour des coups que je n'avais pas faits. Pour ceux que j'ai faits, je n'ai jamais vu personne. »[2]

Après s'être installé sur la Côte d'Azur, il revient définitivement dans la cité phocéenne. Il reprend, sur l'Archipel du Frioul, un chantier naval dont il est le directeur[3]. Il est marié à une trentenaire, Christine. En dehors de son activité, ses principaux loisirs sont la belote dans le quartier de l'Opéra et l'opéra, le vrai. Sa femme distribue la marque Le Matou, au 16 rue Glandeves à Marseille, une ligne de vêtements inspirée de la vie rocambolesque de son mari Le Matou.com[11].

Procès récents

Le 14 décembre 2004, Jacques Imbert est jugé devant le tribunal correctionnel pour un projet d'un trafic présumé de cigarettes avec la mafia russe par l'intermédiaire de Richard Erman, patron de discothèque[2],[3]. Quatre autres personnes sont inculpées dans cette affaire (Sauveur Ruellou, Marcel Ballestracci, Antoine Ballestracci et Alexander Mirlas). Pour ces faits, il est d'abord condamné à quatre ans de prison, en première instance. Incarcéré à Lyunes, il est accueilli de manière triomphale par les autres détenus[3]. Mais en avril 2005, le procès en appel débouchant sur un non-lieu et fautes d'éléments de preuves, il est relâché[12]. Le projet était d'importer du tabac des Pays-Bas et roulé par des machines, venues de Russie, dans un local installé dans la zone industrielle de Gignac-la-Nerthe. Le tabac devait être transporté dans cinq camions réfrigérants, volés en Allemagne pour être convoyé en Grande-Bretagne[13].

Le 15 juin 2006, Jacky le mat a été condamné à quatre ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Marseille pour une extorsion de 540 000 francs (83 000 euros) au marchand de biens parisien Pierre Ossana, ainsi que d'autres extorsions contre des gérants d'établissements de nuit, toutes commises entre 1992 et 1993[14].

Mais le 14 janvier 2008, il est finalement condamné à deux ans de prison en appel, la plupart des charges retenues contre lui étant abandonnées. Il ne sera condamné que pour une extorsion de fond contre le propriétaire de la discothèque parisienne La Place. Ayant fait 18 mois de préventive, il ne retournera pas en prison[15]. À noter que c'est la seule condamnation inscrite à son casier judiciaire du fait des prescriptions instinctives et autres amnisties présidentielles[16]. À ce sujet son avocate évoque un dossier de "rumeurs"[17]. Jacques Imbert, souhaitant faire table rase du passé, déclare: "Ne me parlez plus de Jacky Le Mat, moi c'est Jacques Imbert"[17].

Notoriété

  • Le 30 avril 2007 parait un polar de Franz-Olivier Giesbert L'Immortel. Ce dernier se fonde sur la rivalité romancée de Jacques Imbert contre son vieil ami devenu rival, Gaëtan Zampa, sur les quais du vieux port de Marseille, à la fin des années 1970[18],[19].
  • En 2008, un documentaire, diffusé sur France 3, intitulé Les Parrains de la Côte, tiré d'un livre éponyme, retrace les itinéraires de parrains présumés ou réels du sud de la France. Le documentaire se divise en trois épisodes de 50 minutes chacun, narré par Olivier Marchal. La 2e partie du 3e épisodes est consacrée à Jacky Le Mat, intitulé Le Mythe ou Le Mat[20],[21],[22].
  • Le 6 mai 2009 parait Le lessiveur de Franz-Olivier Giesbert. Un tueur solitaire et insaisissable nettoie Marseille de sa pollution "la Mafia". Sur sa liste, Charly Garlaban, l'Immortel qui ne souhaite pas se faire lessiver. Pour cela, il oriente la police...
  • Nouvelle collection 2010 de la marque « Le Matou »[11].

Notes et références

Bibliographie

Voir aussi


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jacky Imbert de Wikipédia en français (auteurs)

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