- Ière Armée (France, Seconde Guerre mondiale)
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1re armée (France 1944 - 45)
Pour l’article homonyme, voir Ire Armée.1re armée
Insigne régimentairePays France Branche Armée de terre Type Armée Rôle infanterie division blindée Ancienne dénomination Armée B Surnom Rhin et Danube Guerres Seconde Guerre mondiale Commandant historique général de Lattre de Tassigny modifier La 1re armée française est le nom donné aux unités militaires placées sous les ordres du général de Lattre de Tassigny et destinées à la libération du territoire français.
Elle est d'abord connue sous le nom de 2e armée (26 décembre 1943) puis d'armée B à partir du 23 janvier 1944.
C'est la composante principale de l'Armée française de la Libération.La 1re armée comprend deux corps d'armée :
- 1er corps d'armée commandé par le général Martin puis par le général Bethouart ;
- 2e corps d'armée commandé par le général Larminat puis par le général Monsabert.
Elle devient assez hétérogène en même temps que ses effectifs augmentent, les FFI amalgamés étant peu entrainés aux manœuvres offensives. Les uniformes aussi sont assez hétérogènes : battle dress britanniques ou américaines modifiées (insignes et drapeaux français ainsi que certains éléments de l'uniforme) avec des chéchias, des casques Adrian 1926, des casque US de 1917 ou des casque US M1 (en) , des fusils Lee-Enfield, MAS 36 voire M1 Garand, des PM Thompson, Sten ou MAS 38...
Sommaire
Formation de la 1re armée
Création
Avant de porter son nom définitif, la 1re armée est constituée en Afrique du Nord par la fusion, le 31 juillet 1943 :
- d'éléments venus des Forces françaises libres (FFL), engagés aux côtés du général de Gaulle depuis 1940,
- d'unités de l'Armée d'Afrique, restées fidèles au régime de Vichy jusqu'au débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942 (amiral Darlan, général Juin). Elle compte 360 000 hommes lors de l'arrivée en Provence, 280 000 en octobre et plus de 300 000 lors du franchissement du Rhin.
La 2e DB du général Leclerc, fruit d'un amalgame entre un tiers de FFL et deux tiers de soldats de l'Armée d'Afrique, et débarquée en Normandie, restera la plupart du temps en dehors de la chaîne de commandement de la Première Armée française, débarquée en Provence. De même la 1re DFL, quoique combattant avec l'Armée d'Afrique depuis l'Italie, gardera ses spécificités et sera écartée de la campagne d'Allemagne. De ce fait les fidélités respectives envers les généraux Leclerc et de de Lattre (puis envers leurs veuves) formeront des lignes culturelles structurantes de l'armée française dans la seconde moitié du XXe siècle.
L’amalgame
La 1re armée sera ensuite renforcée par la fusion avec les Forces françaises de l'intérieur (FFI).
En Allemagne
En Allemagne, l'armée comptera jusqu'à 500 000 hommes mais à peine plus de la moitié sont des combattants de première ligne, les autres étant destinés à assurer une relative indépendance logistique par rapport aux alliés. De plus, les 18 000 hommes de la 1re DFL seront ensuite affectés en Italie, portant à peu près 50 000 le nombre de soldats français dans les Alpes et en Italie du Nord.
De facto, la 1re armée recouvre alors l'ensemble des forces armées françaises (hormis la 2e DB, les commandos) engagée en Allemagne sous commandement français (plus les SAS, sous commandement britannique et Normandie-Niemen, unité française placée sous commandement soviétique).
Certaines de ses unités, dont la 1re DFL (18 000 hommes) et la 27e division alpine, seront envoyées dans les Alpes et en Italie du Nord en 1945.
Toutefois, malgré les disparités entre unités, c'est une excellente formation, qui accomplira des exploits en Provence et surtout dans les Vosges, en Alsace et en Bade-Wurtemberg, faisant plus de 250 000 prisonniers (remis ensuite aux autorités militaires américaines puis rendus a la France) et neutralisant un nombre important d'ennemis. Les pertes seront lourdes : 56 000 au total pertes dont 14 000 tués.
Composition de la 1re armée
L’armée B en 1944
Début 1944, elle compte 256 000 hommes.
- 5 divisions d’infanterie :
- 2 divisions blindées (DB) :
- 1re DB, général du Vigier, puis général Sudre (à partir du 6 décembre 1944) ;
- 5e DB, général de Vernejoul.
- Éléments non endivisionnés :
- les GTM du général Guillaume ;
- 1er GTM, colonel Leblanc,
- 2e GTM, colonel de Latour,
- 3e GTM, Colonel Massiet-Dubiest ;
- bataillon de Choc, lieutenant colonel Gambiez ;
- groupe de commandos d'Afrique, lieutenant colonel Bouvet ;
- groupe de commandos de France ;
- 16 groupes d'artillerie ;
- 6 régiments de tanks destroyers ;
- 2 régiments blindés de reconnaissance ;
- 4 régiments du génie et 3 régiments de pionniers ;
- 12 groupes d'artillerie antiaérienne ;
- compagnies de transmissions, transports, intendance, matériel, essence, santé...
- les GTM du général Guillaume ;
1re armée automne 1944
L'armée française compte à l'automne 1944 :
- 6 divisions d’infanterie ;
- 3 divisions blindées (DB) ;
ceci sans compter ;
- dans les Alpes, la 27e division alpine créée septembre 1944,
- contre les poches de l'Atlantique, la 19e division d'infanterie, constituée dans le Morbihan.
Grandes unités ayant fait partie de la 1re armée
Corps d’Armée
- 1er corps d'armée
- 2e corps d'armée
- 21e C.A.U.S.
Divisions blindées
Divisions d’infanterie
Constitution d’une division blindée
Il s'agit d'une composition théorique type. Chaque DB pouvant être décomposée en 3 groupements tactiques, les CC (combat command).
- 3 régiments de chars moyens
- 1 régiment de reconnaissance
- 1 régiment d'infanterie portée à 3 bataillons
- 1 régiment de tanks destroyers (TD)
- 1 artillerie divisionnaire (3 groupes de 105 automoteurs)
- 1 groupe d'artillerie antiaérienne
- 1 bataillon du génie
- Des services
Constitution d’un combat command
Subdivision d'une division blindée, il comporte 4 000 à 4 500 hommes et 1 000 à 1 200 véhicules.
- 1 régiment de chars moyens
- 1 escadron de reconnaissance
- 1 bataillon d'infanterie portée
- 1 escadron de tanks destroyers (TD)
- 1 groupe d'artillerie automoteur de 105
- Éléments de service, train, génie, transmissions, FTA...
Constitution d’une division d’infanterie
Il s'agit d'une composition théorique type. Chaque DI pouvant être décomposée en 3 groupements tactiques, les RCT (Regimental Combat Team).
- 3 régiments d'infanterie
- 1 régiment de reconnaissance blindé
- 1 régiment de tanks destroyers (TD)
- 1 artillerie divisionnaire :
- 3 groupes de 105,
- 1 group de 155.
- 1 bataillon du génie
- 1 groupe d'artillerie antiaérienne
- Des services
Constitution d'un Regimental Combat Team
- 1 régiment d'infanterie à 3 bataillons
- 1 groupe d'artillerie
- Éléments de reconnaissance, génie, service...
Principales batailles
Île d’Elbe
La libération de l'île d'Elbe, du 17 au 19 juin 1944, porte le nom de code « Brassard ». Confiée au général Magnan, elle met en œuvre 12 000 hommes, 600 véhicules et 220 navires (transport, protection et appui).
Les forces françaises engagées sont les suivantes :
- deux RCT de la 9e DIC (13e RTS - colonel Chrétien - et 4e RTS - colonel Cariou) ;
- un escadron de chars légers ;
- le 2e GTM ;
- des FTA ;
- le 101e régiment du génie.
Bilan : les pertes françaises sont de 201 tués, 51 disparus et 635 blessés soit 7 % de l'effectif engagé. Les Italiens et les Allemands ont quant à eux perdus 500 hommes et 1 995 prisonniers.
Débarquement en Provence
Le débarquement dans le sud de la France, nom de code Anvil puis Dragoon, a débuté le 15 août 1944. Confié au général Patch de la 7e armée américaine, il comporte trois phases principales.
- J-1 à j : opérations préliminaires
Le groupement de commandos d'Afrique et le groupe naval d'assaut, associés aux forces spéciales américaines sont chargés de neutraliser les batteries côtières (Cap Nègre, plage du Canadel et pointe de l'Esquillon).
Dans un même temps une division aéroportée Rugby Force est parachutée aux alentours du Muy afin de bloquer la nationale 98. - Jour j : débarquement
La Kodak Force, 3e, 45e et 36e DIUS appuyées par le CC1 de la 1re DB, , débarquent sur les plages de Saint-Tropez, Sainte-Maxime, Saint-Raphaël et Cavalaire. - Jour j+1 et suivants : débarquement de la 1rearmée française
Toulon
Compte tenu de la réussite du débarquement allié, de Lattre décide de hâter la libération de Toulon et n’attend pas le débarquement de son second échelon. La mission est confiée à la 3e DIA (au nord) et à la 1re DFL (au sud) avec pour appui le 2nd CC de la 1re DB et le 2e RSAR. Le centre du dispositif est donné à la 9e DIC.
Pour cette opération on peut distinguer trois phases distinctes :- investissement du secteur : à partir du 19 août, le 3e RSAR, le 2e RSAR puis le 7e RCA partent de Puget et contournent Toulon par le nord pour se placer à l’ouest (Bandol) et au nord-ouest de la ville (Quatre Chemins). Le 3e RTA quant à lui progresse en direction du nord de la ville et est rejoint le 21 par le bataillon de choc et le détachement de chars (3e RSAR). De son côté, la 1re DFL a progressé sur l’est de Toulon mais est accrochée en plusieurs points (Les Pousselons, Mont Redon, Golf Hotel). Pour le 6e RTS de la 9e DIC avec les chars du 2e RCA les accrochages ont lieu sur Solliès. Toujours à l’est, les commandos d’Afrique prennent le fort de Coudon ;
- démantellement : la 9e DIC et la 1re DFL progressent à l’est de Toulon mais sont accrochées sévèrement (Massif du Touar, La Garde, Le Pradet et La Valette). Au nord, le bataillon de choc et le 3e RTA aidés de FFI investissent la ville et le fort de la Croix du Faron. L’accrochage le plus sérieux étant celui de la Poudrière. Néanmoins, les forces françaises parviennent à investir la ville et à couper les liaisons vers l’ouest ;
- la réduction définitive : le nettoyage de la ville est confié à la 9e DIC (4e, 6e et 13e RTS). La reddition de la ville à lieu le 26 août 1944.
Le bilan côté français est de 2 700 tués ou blessés dont 100 officiers.
Marseille
La prise de Marseille est anticipée du fait de la rapidité du déroulement des opérations sur Toulon. Ces deux batailles sont d’ailleurs très similaires dans leur déroulement en trois phases (investissement, resserrement et assaut final).
L’opération débute le matin du 20 août 1944 par la prise du carrefour du Camp par le 2e cuirassiers (CC1 de la 1re DB) qui ouvre ainsi la route au 7e RTA et aux trois GTM. Après de durs combats les 21 et 22 août, le 2e cuirassiers et le 3e bataillon porté de zouaves, renforcés par le 2e GTM, s’emparent d'Aubagne.
Le 22 août, la ville de Peypin est investie par les CC1 (partiel), CC2 et le 1er GTM.
Ce même jour, outrepassant les ordres, le colonel Chappuis avec le 1er bataillon du 7e RTA et un escadron du 2e cuirassiers s’introduisent dans Marseille. Les 2e et 3e bataillons du 7e RTA sont quant à eux sérieusement accrochés respectivement au nord et au nord-est de la ville.
Malgré le soulèvement FFI et la pénétration du 7e RTA et du 2e cuirassiers jusqu’au centre de la ville les Allemands résistent et leurs défenses restent intactes notamment en périphérie.
Après une tentative infructueuse de règlement à l’amiable le 23 août, les combats reprennent dès le 24. De Lattre engage alors le 3e RTA en provenance de Toulon.
Les affrontements des jours suivants sont violents et meurtriers notamment pour la prise de la colline de Notre-Dame-de-La-Garde (25 et 26 août – FFI, 82e bataillon du génie, 2e cuirassiers, II/3e RTA et I/7e RTA) et de la gare Saint-Charle (III/7e RTA). Mais c’est au nord, au carrefour de la Gavotte, que les défenses sont les plus sérieuses avec l’ouvrage en béton de la « Feste » Fouresta (1er GTM et II/7e RTA).
Au sud, malgré quelques accrochages (6e tabor à Saint-Loup), la progression est plus aisée pour les 2e et 3e GTM. Ce dernier, après un dernier combat au Fort Napoléon du cap Croisette, contrôle le 28 août l’ensemble du littoral sud. Le 2e GTM quant à lui remonte sur le centre ville et vient renforcer les tirailleurs algériens.
Le 27 août la plus grande partie de la ville est libérée, l’ennemi ne tient plus que les installations portuaires et quelques points au nord de la ville. Il se rend finalement le 28 août au 1er GTM qui vient d’être renforcé par des éléments blindés du CC1 de la 1re DB.Ronchamp
Belfort
Mulhouse
La poche de Colmar
Lexique
- CC : Combat Command
- DB : division blindée
- GCA : groupe de commandos d'Afrique
- GTM : groupement de tabors marocains
- DFL : division française libre
- DI : division d'infanterie
- DIA : division d'infanterie algérienne
- DIC : division d'infanterie coloniale
- DIM : division d'infanterie marocaine
- DMI : division de marche d'infanterie
- DMM : division marocaine de montagne
- FTA : forces terrestres antiaériennes
- RCA : régiment de chasseurs d'Afrique
- RCCC : régiment de chasseurs de chars coloniaux
- RCT : Regiment Combat Team
- RICM : régiment d'infanterie coloniale du Maroc
- RSAR : régiment de spahis Algériens de reconnaissance
- RSM : régiment de spahis Marocains
- RTM : régiment de tirailleurs Marocains
- RTS : régiment de tirailleurs Sénégalais
- RTT : régiment de tirailleurs Tunisiens
Notes et références
- Jean de Lattre de Tassigny, Histoire de la première armée française, Plon, 1949.
- Ouvrage collectif, Histoire Générale Illustrée de la Deuxième Guerre mondiale, Quillet, 1948.
- Jean-Christophe Notin, La campagne d'Italie 1943-1945 : Les victoires oubliées de la France
- Jean-Christophe Notin, Les vaincus seront les vainqueurs : Les français en Allemagne (1945).
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