- International Telephone and Telegraph
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International Telephone and Telegraph, abrégé en ITT, était un conglomérat d'origine américaine.
Sommaire
Histoire
Fondé en 1920, ITT s'était, par sa politique d'acquisitions, hissé au premier rang dans les techniques de pointe à l'époque de la Seconde Guerre mondiale, période à laquelle elle équipe déjà les chasseurs de nuit Focke-Wulf de la Luftwaffe . Diversifiant ses activités à l'extrême sous la direction de Harold Geneen, achetant par exemple la chaîne d'hôtels Sheraton en 1968. Dans les années 70, on lui attribuait la propriété de 250 marques et entreprises[1].
Elle s'était assurée le monopole des télécommunications dans différents pays. Par exemple, le groupe acquit 70 % de Chitelco (Chilean Telephone Company) en 1970. Membre du Business Group for Latin America avec le PDG de la Chase Manhattan, David Rockefeller, ainsi que celui d'Anaconda Copper, la compagnie a activement soutenu le coup d'État de 1973 avec l'aide de la CIA pour renverser le régime de Salvador Allende qui menaçait ses intérêts. Les faits sont officiellement reconnus sur des sites gouvernementaux et consignés dans deux documents officiels :
- La déclassification d'un rapport du Sénat américain (rapport Church Covert action in Chile 1963-1973 daté de 1975 fondé sur des documents de la CIA)[2]
- En 2000, le rapport Hinchey CIA activities in Chile[3]
Ses agissements en Amérique du Sud, en particulier au Chili où elle a activement participé à l'installation du régime d'Augusto Pinochet et à la préparation du coup d'état, ainsi que dans d'autres pays où elle a appuyé l'opération Condor : Chili, Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay au milieu des années 1970, et enfin son soutien, dès les années 1920, au régime fasciste d' Adolf Hitler ont été relativement oubliés, bien que rappelés dans les ouvrages d'Anthony Sampson (1973) et de Robert Sobel (1999-2001)[4], ainsi que dans le film Mille milliards de dollars d'Henri Verneuil (1982) où la firme apparaît sous les traits de la société GTI.
« Dès le milieu des années 1970, deux organisations internationales ont adopté des codes de conduite destinés aux multinationales (…).Ce gentlemen's agreement devait faire oublier les agissements d'ITT et rétablir l'honorabilité des autres multinationales. Il était donc exclu par principe que le respect des normes édictées dans ces codes puisse avoir un effet coercitif. Il ne devait pas en aller de même avec la décision des Nations Unies de créer une commission sur les activités des société transnationales (…). La disparition tragique du président Salvador Allende a joué un rôle important dans l'initiative de l'Assemblée générale. Plus de dix ans après, le code n'est toujours pas adopté[5]. »
Dans les années 1970, ces faits avaient donné lieu, en France, à des défilés de protestations de la part de militants de gauche qui demandaient de boycotter ITT en donnant la liste de toutes les entreprises qui lui appartenaient. On a vu ressurgir ce type de manifestation lors de la guerre d'Irak, avec une tournure franchement anti-américaine[6]
Et aux États-Unis, le grand enjeu des manifestations d'alors était contre la guerre au Viêt nam, le sort de l'Amérique latine restait une affaire d'état gardée secrète et qui sera dévoilée plus tard par la déclassification de documents relatifs à cette période. La question de la collusion entre la CIA et ITT sont décrits par Howard Zinn :
« En 1970, John McCone (un responsable d'ITT, ancien directeur de la CIA) disait à Henry Kissinger (secrétaire d'état), et à Richard Helms (directeur de la CIA), que ITT souhaitait verser un million de dollars au gouvernement pour l'aider à renverser le gouvernement de Salvador Allende au Chili[7] »
« En 1995, la compagnie mère, ITT Corporation, se divise en trois compagnies distinctes : ITT Corporation, ITT Hartford et ITT Industries. Sous la tutelle de cette dernière on retrouve ITT Fluid Technology Corporation, ITT Automotive et ITT Defense &Electronics[8]. ».
ITT a été condamné en 2007, pour trafic d'armes, à une amende de 100 millions de dollars pour des exportations à destination de la Chine, de Singapour et du Royaume-Uni [9].
En 2011 le groupe se scinde en trois entités cotées séparément à Wall Street. La première gardant le nom d'ITT Corporation regroupe les activités de réseau (ferroviaires, aériens), la seconde ITT Exelis regroupant les activités de défense et enfin Xylem regroupant les activités de gestion de l'eau.
Voir aussi
Liens externes
Notes et références
- Sampson p.279
- AARC Public Library - Volume 7: Covert Action
- U.S. Dept. of State FOIA Electronic Reading Room - Hinchey Report (CIA Activities in Chile)
- Sobel p.307,314,315
- Michalet p.828
- appel au boycotte et rappel du passé manifestation boycotte des produits américains ITT figure sur la liste
- Zinn p.615
- [1]
- ITT fined $100m for shipping night vision goggles to China, The Register, 27 mars 2007
Bibliographie
- (fr) Anthony Sampson, ITT, l'état souverain, Paris, Alain Moreau, 1973, 112e éd., 473 p. (ISBN ISBN 0-340-17195-2)
L'ouvrage expose avec précision les agissements d'ITT, avant et pendant la seconde guerre mondiale et jusqu'à la préparation du Coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili qui a mis en place Augusto Pinochet- (en) Robert Sobel, The Rise and Fall of the Conglomerate Kings, New York, Beard Books, 1999 et 2001, 448 p. (ISBN 1893122441) [lire en ligne (page consultée le 27 octobre 2010)]
- (fr) Charles-Albert Michalet, L'évolution du débat multinationales et Tiers Monde. Guerres et paix ou le grand retournement, t. 28, Paris, Tiers-Monde, 1987, 112e éd., 448 p. [lire en ligne (page consultée le 27 octobre 2010)]
- (fr) Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Paris, Agone éditions, 2002, 811 p. (ISBN 2-910846-79-2)
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